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L’épistémologie de Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu : littérature et savoirs en 1900 : une pensée de l’imprévisibleSafa, Anne-Marie 08 1900 (has links)
La somme romanesque que représente À la recherche du temps perdu se constitue au prix d’une « recherche » qui est à prendre au pied de la lettre, et qui instaure le sujet connaissant en savant-chercheur face à son objet de savoir. Proust fait en effet du « savoir » la condition même du talent, et fait entreprendre à son héros une exploration qui se présente en priorité comme étant une quête de savoirs.
Ce travail se situe dans le sillage de l’épistémocritique qui étudie l’inscription dans le texte littéraire des savoirs en général, tout en insistant sur les savoirs qui relèvent de la science. Notre but est de dégager la posture épistémique qui caractérise le narrateur de la Recherche face aux divers savoirs qu’il récolte au cours de ses observations.
Le parcours cognitif du narrateur est examiné suivant les quatre grandes étapes de sa recherche, que nous redéfinissons en termes de paradigmes : le paradigme de l’Exploration, qui définit une « épistémologie de l’observateur » ; le paradigme de la Communication, qui définit une « épistémologie de l’homme social » et une « épistémologie de l’homme moderne » ; le paradigme de l’Introspection, qui prépare à l’élaboration d’une « épistémologie du personnage intérieur » ; et enfin, le paradigme de la Vocation, qui rassemble les réponses trouvées par le narrateur à la plupart des questionnements qui auront jalonné son parcours cognitif. Ce dernier paradigme se présente sous la forme d’une « épistémologie de la création », d’une « épistémologie du réel » et d’une « épistémologie du hasard ». Car en dépit d’une démarche qui apparaît soumise aux médiations culturelles, la recherche du héros proustien se présente comme une « pensée de l’imprévisible » : fortement déterminée par la recherche cognitive du protagoniste, elle demeure pourtant irréductible à cette seule recherche.
Nous dégageons, pour terminer, le statut réservé à la science et aux savoirs positifs en regard de la découverte de la vocation, mais aussi par rapport à l’élaboration d’une théorie de la création littéraire : ces deux grands domaines du savoir sont-ils considérés par Proust comme inconciliables avec une priorité évidente de l’un sur l’autre ou, au contraire, participent-ils tous deux d’une manière égale à la connaissance et à la création artistique ? / The comprehensive novelistic survey presented by À la recherche du temps perdu is worth a research to be taken literally and establishes the knowledgeable subject as a scholar-researcher against his object of knowledge. Proust makes of “knowledge” the condition of talent and engages his hero in an exploration that presents itself as a priority for being a quest for knowledge.
The present essay follows in the wake of Epistemocritique, a discipline that studies the inscription of knowledge in the literary text in general, with a specific focus on knowledge related to science. Our aim is to bring forward the epistemic position that characterizes the narrator of À la recherche du temps perdu as he acquires various forms of knowledge in the course of his observations.
The narrator’s cognitive path is examined with regard to the four main pillars of his quest, which we redefine in terms of paradigms: the paradigm of exploration, which defines an “epistemology of the observer”; the paradigm of communication, which defines an “epistemology of the social being”; the paradigm of Introspection which prepares for the elaboration of an “epistemology of the internal character”; and finally, the paradigm of vocation, which combines the answers to most of the questions that have marked the narrator’s cognitive path. This last paradigm presents itself as an “epistemology of creation”, an “epistemology of reality”, and an “epistemology of chance”. For, in spite of an approach that appears to be subject to cultural interventions, the quest by Proust’s main character appears as a thought of the unpredictable. Although strongly determined by the cognitive quest of the protagonist, it nevertheless remains irreducible to this sole quest.
In conclusion, we emphasize the status reserved to science and to positive knowledge from the perspective of the discovery of vocation, but also in view of the elaboration of a theory of literary creation: does Proust consider these two areas of knowledge as irreconcilable, with one having an evident priority over the other, or, to the contrary, does he considers them as equal factors in knowledge and artistic creation?
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L’épistémologie de Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu : littérature et savoirs en 1900 : une pensée de l’imprévisibleSafa, Anne-Marie 08 1900 (has links)
La somme romanesque que représente À la recherche du temps perdu se constitue au prix d’une « recherche » qui est à prendre au pied de la lettre, et qui instaure le sujet connaissant en savant-chercheur face à son objet de savoir. Proust fait en effet du « savoir » la condition même du talent, et fait entreprendre à son héros une exploration qui se présente en priorité comme étant une quête de savoirs.
Ce travail se situe dans le sillage de l’épistémocritique qui étudie l’inscription dans le texte littéraire des savoirs en général, tout en insistant sur les savoirs qui relèvent de la science. Notre but est de dégager la posture épistémique qui caractérise le narrateur de la Recherche face aux divers savoirs qu’il récolte au cours de ses observations.
Le parcours cognitif du narrateur est examiné suivant les quatre grandes étapes de sa recherche, que nous redéfinissons en termes de paradigmes : le paradigme de l’Exploration, qui définit une « épistémologie de l’observateur » ; le paradigme de la Communication, qui définit une « épistémologie de l’homme social » et une « épistémologie de l’homme moderne » ; le paradigme de l’Introspection, qui prépare à l’élaboration d’une « épistémologie du personnage intérieur » ; et enfin, le paradigme de la Vocation, qui rassemble les réponses trouvées par le narrateur à la plupart des questionnements qui auront jalonné son parcours cognitif. Ce dernier paradigme se présente sous la forme d’une « épistémologie de la création », d’une « épistémologie du réel » et d’une « épistémologie du hasard ». Car en dépit d’une démarche qui apparaît soumise aux médiations culturelles, la recherche du héros proustien se présente comme une « pensée de l’imprévisible » : fortement déterminée par la recherche cognitive du protagoniste, elle demeure pourtant irréductible à cette seule recherche.
Nous dégageons, pour terminer, le statut réservé à la science et aux savoirs positifs en regard de la découverte de la vocation, mais aussi par rapport à l’élaboration d’une théorie de la création littéraire : ces deux grands domaines du savoir sont-ils considérés par Proust comme inconciliables avec une priorité évidente de l’un sur l’autre ou, au contraire, participent-ils tous deux d’une manière égale à la connaissance et à la création artistique ? / The comprehensive novelistic survey presented by À la recherche du temps perdu is worth a research to be taken literally and establishes the knowledgeable subject as a scholar-researcher against his object of knowledge. Proust makes of “knowledge” the condition of talent and engages his hero in an exploration that presents itself as a priority for being a quest for knowledge.
The present essay follows in the wake of Epistemocritique, a discipline that studies the inscription of knowledge in the literary text in general, with a specific focus on knowledge related to science. Our aim is to bring forward the epistemic position that characterizes the narrator of À la recherche du temps perdu as he acquires various forms of knowledge in the course of his observations.
The narrator’s cognitive path is examined with regard to the four main pillars of his quest, which we redefine in terms of paradigms: the paradigm of exploration, which defines an “epistemology of the observer”; the paradigm of communication, which defines an “epistemology of the social being”; the paradigm of Introspection which prepares for the elaboration of an “epistemology of the internal character”; and finally, the paradigm of vocation, which combines the answers to most of the questions that have marked the narrator’s cognitive path. This last paradigm presents itself as an “epistemology of creation”, an “epistemology of reality”, and an “epistemology of chance”. For, in spite of an approach that appears to be subject to cultural interventions, the quest by Proust’s main character appears as a thought of the unpredictable. Although strongly determined by the cognitive quest of the protagonist, it nevertheless remains irreducible to this sole quest.
In conclusion, we emphasize the status reserved to science and to positive knowledge from the perspective of the discovery of vocation, but also in view of the elaboration of a theory of literary creation: does Proust consider these two areas of knowledge as irreconcilable, with one having an evident priority over the other, or, to the contrary, does he considers them as equal factors in knowledge and artistic creation?
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"Histoires de fous". Approche de la folie dans le roman français du XXe siècle / "Histoires de fous". An analysis of madness in the twentieth century French novelTouboul, Anaëlle 02 December 2016 (has links)
Figure obsédante de l’imaginaire collectif, le fou a longtemps été chargé de significations qui le dépassent ; le mythe de la folie fait recette sur la scène littéraire mais les malades n’en sont que des figurants. Alors que le fou réel est maintenu dans les marges de la littérature comme de la société, le fantasme culturel de la folie est nourri et modelé au XIXe siècle par la littérature romantique ou fantastique et exalté au début du siècle suivant par les avant-gardes historiques. Un certain nombre de textes de romanciers du XXe siècle, parmi lesquels Georges Duhamel, André Baillon, Julien Green, Henry de Montherlant ou encore Alexandre Vialatte, mettent au contraire en œuvre un décentrement du regard littéraire de la folie vers le fou – du mythe à l’individu. Ce sont les modalités et les logiques de cette émancipation de la figure du fou et de son affirmation comme sujet – au sens de thème comme de subjectivité – autonome dans l’espace romanesque que ce travail s’applique à éclairer. Ces récits fictionnels qui font de la conscience aliénée à la fois le foyer et l’objet principal de la narration mettent en scène une folie presque familière, où l’idéalisation cède le pas à la représentation de troubles intimes et ordinaires, qui atteignent un personnage banal menant une existence modeste. Par leurs affinités sémantiques, syntaxiques et pragmatiques, ils forment un « sous-genre » romanesque, celui des "histoires de fous". L’enjeu de cette thèse est de déterminer le répertoire générique de ces romans tout en examinant la manière dont la folie interroge les moyens et les pouvoirs de la fiction romanesque. Il s’agit également de mettre au jour ce que la littérature nous aide à comprendre de cet impensable, envers de l’expérience partagée de la raison, et d’observer comment les romanciers contribuent à refléter tout autant qu’à remodeler les formes de cet objet social et culturel. / Haunting our collective imagination, the madman has always been laden with symbolic significance. The myth of madness is abundantly present in literature, however those characters with an actual mental illness are ultimately overshadowed. While mental patients are pushed to the margins of literature, just as they are pushed to the outskirts of society, this particular cultural legend of madness develops during the nineteenth century in Romantic and fantastic literature and stays in the spotlight at the beginning of the following century through the avant-garde artists. In contrast to the aforementioned representation of madness, a number of novelists of the twentieth century, including Georges Duhamel, André Baillon, Julien Green, Henry de Montherlant or Alexandre Vialatte, brought on a literary shift away from “madness” towards “the madman” – from the myth to the individual. The focus of this piece of work is on the modality and logic leading to the emancipation of the figure of the madman and its affirmation as an autonomous subject – in every sense of the world – in the literary field. These fictional stories, where the alienated consciousness is both the focus and the main subject of the narrative, present the reader with an almost familiar madness. They don’t idealize insanity but provide representations of almost ordinary disorders, which affect a banal character living a modest life. Through their semantic, syntactic and pragmatic preferences, these stories form a fictional “sub-genre”, called “histoires de fous”. This research aims at determining the generic features of these novels and at considering the way madness questions the means and powers of fiction. Another purpose is to shed light on how literature helps us understand this inconceivable experience, which represents the other side of the commonly shared human experience of reason and logic, and to study how novelists help to reveal as well as reshape the characterization of this social and cultural topic.
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