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Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

Titre de l'écran-titre (visionné le 26 juin 2023) / Cette thèse prend pour objet d'étude les sciences du « mindfulness ». Elle s'intéresse tout particulièrement à l'enchevêtrement de la morale et de la science dans le milieu nord-américain (Canada, États-Unis) de la recherche psychologique et neuroscientifique sur le mindfulness. Le point de départ de cette thèse est que le mindfulness est présenté à la fois comme une pratique méditative aux origines bouddhiques et une pratique thérapeutique laïque acceptée par les milieux clinique et scientifique. Pour qu'une pratique religieuse comme le mindfulness puisse être considérée comme une thérapie laïque, diverses stratégies de légitimation ont dû être mobilisées. À la lumière de données issues d'entretiens semi-dirigés et d'un corpus documentaire, je soutiens dans cette thèse que des éléments moraux ont résisté aux tentatives de distanciation des origines et représentations religieuses du mindfulness. Par la formation d'« économies morales », de nouvelles formes d'enchevêtrement du religieux et du scientifique ont été produites dans les sciences du mindfulness. Dans cette recherche, je montre d'abord qu'au travers d'une conception du mindfulness comme « manière de vivre » s'exprime une vision morale du mindfulness qui se traduit jusque dans la littérature scientifique sur le mindfulness. Mon regard se tourne ensuite vers les pratiques scientifiques qui révèlent une autre forme d'articulation de la morale et de la science en accordant un rôle central à l'« expérience personnelle » du mindfulness par les chercheurs et chercheuses. Enfin, la promotion de la valeur de la « compassion » est abordée comme l'une des finalités souvent associées à l'étude du mindfulness, laquelle aspire souvent à la création d'un monde plus « compatissant » et plus « juste ». La valeur de la compassion est pensée comme orientant non seulement la pratique de mindfulness, mais aussi la manière de faire de la science. Ma recherche m'amène, en conclusion, à avancer que le croisement de la morale et de la science dans les sciences du mindfulness a non seulement persisté, mais semble même représenter une caractéristique distinctive de ce champ d'études. / This thesis takes as its object of study the sciences of "mindfulness". It is particularly interested in the entanglement of morality and science in psychological and neuroscientific research on mindfulness in North American (Canada, United States). The starting point of this thesis is that mindfulness is presented as both a meditative practice with Buddhist origins and a secular therapeutic practice accepted in clinical and scientific communities. In order for a religious practice such as mindfulness to be considered a secular therapy, various legitimization strategies have been mobilized by its proponents. However, based on data from semi-structured interviews and scientific publications, I argue that the moral elements of mindfulness have resisted attempts to distance it from its religious origins and representations. This manifests itself through the formation of "moral economies," new forms of religious and scientific entanglements that have been produced in the sciences of mindfulness. In this thesis, I first demonstrate that through a conception of mindfulness as a "way of life", researchers advance a moral vision of mindfulness, which translates into research agendas and publications in the contemplative sciences. I then adopt a different approach to analyse the intersection of morality and science through attention to researchers' personal experience of mindfulness practice. Finally, the promotion of the value of "compassion" is discussed as one of the purposes often associated with the study of mindfulness, which often aspires to the creation of a more "compassionate" and "just" world. The value of compassion, according to mindfulness researchers, is seen as a value that should guide not only the practice of mindfulness, but also the practice of the sciences of mindfulness. In closing, I argue that the entanglement of morality and science in mindfulness science has not only persisted, but remains central to the approach and represents a distinctive feature of this field of study.

Le présent mémoire interroge le mode de lecture des Méditations métaphysiques de Descartes. Leur auteur a souligné en plusieurs endroits que, pour bien comprendre son texte, il fallait le « méditer sérieusement ». Il faut nous demander quel sens avait cette recommandation pour lui. Descartes avait connaissance des origines de la méditation dans la philosophie antique ; il y a lieu de croire que c'est avant tout de ce point de vue qu'il en envisageait l'exercice. Il a par ailleurs donné à son texte une forme qui rappelle celle des manuels chrétiens de dévotion ; il a trouvé là un moyen de doter son texte d'une structure reconnaissable mais également d'établir un rapport d'autorité avec son lecteur. Des indices font enfin croire qu'il avait une connaissance pratique des modèles de méditation proposés dans les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola et dans les écrits d'Augustin d'Hippone. Il a pu trouver dans le premier des procédés permettant de surmonter les obstacles posés dans la méditation par l'union de l'âme et du corps. Il a pu trouver dans le second un itinéraire capable de mener à la connaissance intuitive de l'âme et de Dieu ; de manière à fonder et à garantir la mathesis universalis. Il faut avoir ce contexte à l'esprit au moment de lire les Méditations de Descartes. Nous devons nous défaire de nos propres préjugés si nous voulons pouvoir méditer avec lui.

Les Méditations cartésiennes exposent sommairement le rôle de la phénoménologie dans le projet de refondation des sciences. Husserl y discutera, à partir du doute cartésien, une sortie du scepticisme vers une fondation de la connaissance. Pour cela, deux choses devront être exposées : premièrement, le principe central à la subjectivité nommé « l’ego transcendantal » qui permettra de comprendre ce qui constitue l’essence de la subjectivité. Deuxièmement, la communauté intersubjective elle-même qui, une fois atteinte, permettra la constitution d’une connaissance certaine. Ce mémoire retracera le développement fait entre la première réduction, qui semble restreindre le phénoménologue à sa propre subjectivité, à celle de l’atteinte d’une communauté intersubjective. En exposant méthodiquement l’avancée de Husserl, nous montrerons comment une réelle intersubjectivité est développée, tout en soulevant certaines objections qui limitent la portée de cette entreprise, afin de parvenir à deux choses : premièrement, une remise en contexte d’un argument complexe se laissant trop souvent réduire à une lecture idéaliste au sens classique du terme; deuxièmement, que le corps joue un rôle central dans le projet husserlien et que ce sera sur celui-ci, pris en un sens spécifique, que s’édifiera la communauté existant entre les différentes monades. / Husserl’s Cartesian Meditations shows the role of phenomenology in the project of refoundation of sciences. Husserl exposed, starting from the Cartesian’s doubt, a solution to skepticism through an absolute foundation of knowledge. To do that, two things must be achieved: first, the main component of subjectivity, otherwise known as the “transcendental ego,” must be clarified to expose the essence of the subjectivity. Second, the intersubjective community, if properly constituted, should guarantee apodictic knowledge to phenomenology. This master’s thesis follows the development from the first reduction, which appears to refocus the phenomenologist’s gaze onto his own subjectivity, to the constitution of an intersubjective community. By showing methodically Husserl’s procedure, we will demonstrate how he develops a bona fide intersubjectivity, but also its epistemological limits. This examination will lead us to two things: first, the re-contextualization of what is a complex argument that is often reduced to a simple, classical idealism; second, the central role of the body, understood in a specific sense, in the Husserlian project, which should help to bridge the gap between what he called the different monads (subjects).