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Vies et oeuvre de Pierre Michon : de l'absence paternelle aux filiations littérairesFaust, David January 2006 (has links) (PDF)
L'oeuvre de l'écrivain français Pierre Michon (1945-) compte à ce jour dix titres officiels, dont on retrouvera le détail dans la bibliographie qui figure à la fin de ce mémoire. Originaire de la Creuse, un département agricole du centre de la France, Pierre Michon a mis de longues années à surmonter les conflits par lesquels l'écriture lui apparaissait à la fois comme une nécessité absolue et comme un bien, une pratique inaccessibles. Une enfance rurale, marquée par l'absence paternelle et la découverte du langage à travers les fictions des femmes, se pose d'emblée comme la pierre angulaire d'une oeuvre qui, des Vies minuscules (1984) à Corps du roi (2002), a mis dix-huit ans à s'élaborer, se définir et s'affiner au gré d'un parcours d'écriture tout à fait remarquable. Bien qu'il nous soit loisible d'en espérer de nouvelles pages, l'oeuvre de Pierre Michon se laisse déjà appréhender comme un système unique, un monde écrit dont les lois propres invitent le lecteur à remettre en question son rapport intime à l'écrit, sa conception de la chose littéraire, la légitimité du métier d'écrivain. L'objet des pages qui suivent pourrait se formuler ainsi: En quoi consistent ces lois qui fondent la cohésion, le pouvoir d'ébranlement et l'originalité de l'oeuvre de Pierre Michon ? De quelle force, principe ou impérieuse nécessité l'écriture est-elle ici la traduction? Comment
« parler, enfin, des qualités propres du texte de Michon : dire pourquoi il marche si bien, possède un pouvoir si singulier d'emportement, un tel entrain »? Notre étude ne prétend nullement à faire le tour de ces interrogations générales, encore moins à livrer le sens d'une oeuvre aussi complexe. Elle tentera néanmoins d'en expliciter les points forts au moyen, dans une première partie, d'un procédé d'analyse thématique -inspiré notamment de la pensée kleinienne, des positions de Freud et de Lacan au sujet de la fonction paternelle et des travaux de Jean-Pierre Richard en critique littéraire -centré sur la question de l'absence du père dans les Vies minuscules, où la mise en scène de l'arrière-pays tient lieu de cadre métaphorique à l'énigme des origines. Projet d'archéologie mémorielle, voire de mise en récit d'une
« généalogie fantasmatique », l'écriture cherche ici à transcrire dans un registre symbolique ce qui relève d'un imaginaire des commencements, où la métaphore du lieu, investie de connotations primitives (la campagne profonde, l'animalité mise à nu par l'absence de la lettre, la mécanique élémentaire des passions paysannes), campe le récit d'une histoire personnelle et la recherche de repères ancestraux dans l'universalité du mythe. Aussi les motifs de la fuite masculine, de la transmission maternelle du symbolique et de la nostalgie du corps du père, apparaissent-ils comme des symptômes de l'absence même de ce dernier. Celle-ci, croyons-nous, peut être interprétée comme la matrice non seulement des Vies minuscules, mais de l'oeuvre dans son ensemble: les développements de la première partie proposent de voir cette absence fondatrice comme le principe originaire de l'écriture de Pierre Michon, « [I]a part noire sur laquelle, contre laquelle et grâce à laquelle éclate la gloire de l'écrit ». La seconde partie aborde un versant plus technique ou formel de l'oeuvre michonienne, en questionnant les problèmes de la poétique de l'auteur, « rhétorique de l'hésitation » qui fonde sa technique narrative sur le doute et l'ambivalence. La foi variable de l'auteur-narrateur a notamment pour effet de bousculer les normes et les idées reçues, ce dont résulte un travail de brouillage des genres qui donne lieu à des formes littéraires inédites. Ainsi Jean-Pierre Richard propose de considérer les Vies minuscules comme une « autobiographie oblique et éclatée », et Dominique Viart tient les textes de l'auteur pour des « fictions critiques » qui intègrent, de manière arbitraire et non exclusive, un travail de recherche et de narrativisation de l'archive. Autre élément à souligner dans ce métissage des registres et des genres, l'intertexte judéo-chrétien vient mettre en rapport l'écriture profane de l'homme de lettres avec l'autorité des Saintes Écritures. Mais avant tout, la seconde partie se penche sur la question des filiations littéraires, laquelle se donne à lire comme la contrepartie, la réponse peut-être ou, à tout le moins, la conséquence logique de l'absence fondatrice où l'écriture puise à la fois sa force, son énergie et sa raison d'être. Du modèle écrasant incarné par Rimbaud à la libération accordée par Faulkner, le parcours littéraire de Pierre Michon est semé des mêmes achoppements que ceux auxquels sont confrontés ses narrateurs et leurs biographés : doute, hésitation, ambivalence, honte des origines et sentiment d'indignité par rapport à la Lettre, au « corps du roi » qu'une basse extraction rend aussi désirable qu'inaccessible. En nous appuyant sur les perspectives théoriques de Melanie Klein au sujet de la notion de réparation, nous verrons comment, et dans quelle mesure, la pratique de Michon obéit au fantasme autobiographique d'une écriture réparatrice fondée sur le « désir de renverser
[l']indignité en son contraire », avec « rien que de la volonté violente de dire, qui fait par miracle quelque chose avec rien [... ] fait une forme dans laquelle s'installe, en plus, du sens ». ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Absence du père, Autobiographie oblique, Écriture justificatrice, Écriture réparatrice, Filiations littéraires, Généalogie fantasmatique, Honte des origines, Intertexte religieux, Pierre Michon, Rhétorique de l'hésitation.
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Sur fond de tableaux : une enquête picturale dans vies minuscules et vie de Joseph Roulin de Pierre MichonHarvey, Virginie January 2008 (has links) (PDF)
La critique a souvent qualifié l'oeuvre de Pierre Michon d'« érudite », en raison de la richesse des références culturelles et historiques qui s'accumulent dans chacun de ses récits, qui se rapportent en effet abondamment aux différents legs de l'histoire pour s'élaborer: reliques familiales, documents patrimoniaux, photographies, peintures, textes littéraires, oeuvres critiques. De tous ces objets hérités, la peinture nous semble mériter une attention particulière. Parce qu'elle est présente par de multiples allusions dès son premier récit, qu'elle sera le sujet central de son deuxième avec le portrait de Joseph Roulin et qu'elle continuera de travailler son imaginaire avec des textes comme MaÎtres et serviteurs et Le Roi du bois, qui s'attachent tous deux à différentes figures de peintres, la peinture insiste chez Michon comme dans son oeuvre. Ce mémoire se propose de préciser les modalités de cette insistance par l'étude des liens que développe Michon entre tableau et écriture dans ses deux premières oeuvres, soit Vies minuscules (1984) et Vie de Joseph Roulin (1988). En confrontant tour à tour ces récits aux oeuvres picturales qu'ils convoquent, les usages multiples que fait Michon des tableaux seront mis au jour, en définissant plus avant cette pratique qui dynamise son écriture en ce qu'elle remet chaque fois en cause l'existence de liens univoques entre le langage et les objets du monde. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Pierre Michon, Vies minuscules, Vie de Joseph Roulin, Tableau, Peinture, Représentation, Figuration, Allusion, Référence, Esthétique.
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L'image de l'écrivain au péril de sa représentation : Corps du roi, de Pierre MichonRioux, Annie 13 April 2018 (has links)
Le présent mémoire étudie la construction de l'image de l'Écrivain dans le recueil Corps du roi, de Pierre Michon (2002). Parce que la représentation est le résultat d'un processus figurai sensible et complexe, et qu'elle s'inscrit dans une riche filiation d'imaginaires littéraires et culturels, l'analyse s'attache à mettre en lumière les trois principaux volets qui lui donnent corps à l'intérieur du livre. La forme recueillistique est d'abord le lieu d'une sérialisation de portraits d'écrivains, qui tisse un propos particulier sur la littérature et la Création. La présence de la photographie, qui convoque un régime de perception distinct, vient ensuite alimenter la dynamique singulière d'une image en constante et fragile élaboration. Enfin, la mise au jour du procès figurai à l'œuvre, abordé du point de vue d'une lecture effective devant une figure d'écrivain donnée, tente de dégager le sens de la représentation qui dépasse de loin la simple mimésis.
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