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Entre terre et ville : migrations internes, réseaux sociaux et fécondité idéationnelle en région rurale sénégalaise

Boujija, Yacine 04 1900 (has links)
La migration interne est la principale forme de migration humaine et est sensible aux changements environnementaux, économiques et politiques. En Afrique de l'Ouest, les pressions environnementales et démographiques entraînent une précarité croissante pour les populations rurales dépendantes de l'agriculture pluviale, qui optent pour la migration temporaire vers les zones urbaines pour diversifier leurs moyens de subsistance. Ceci soulève deux questions : d’une part, il est important d’identifier les facteurs facilitant la migration et donc, la capacité d’adaptation des ménages vulnérables. Par ailleurs, dans les pays en pleine transition démographique, les écarts dans les niveaux de fécondité entre régions rurales et urbaines sont généralement élevés et les migrations entre ces milieux peuvent contribuer à la diffusion et l’homogénéisation de la fécondité. Ceci soulève la seconde question de comprendre si et comment la migration interne, surtout temporaire, s’associe à des changements dans les croyances et préférences de fécondité et de contraception chez les migrants. Malgré la pertinence de ces questions, nous constatons que la migration interne demeure le ‘parent pauvre’ en démographie et dans l’étude plus large des migrations; une position qui ne reflète pas son importance. Ainsi, pour contribuer à nos connaissances sur la migration interne dans le contexte de pays à faible et moyen revenu, cette thèse propose trois articles abordant les deux problématiques précédemment étalées. Pour y répondre, nous accordons une attention particulière au concept de réseaux sociaux; un concept central dans l’étude de la prise de décision de migrer et de la diffusion de la fécondité, mais qui fut mal intégré à l’étude de la migration interne et virtuellement absent du champ d’étude s’intéressant à la fécondité des populations migrantes. Nous utilisons un jumelage inédit de données, croisant les données longitudinales de l’observatoire de population de Niakhar, au Sénégal, à celles du projet Réseaux Sociaux et Santé à Niakhar. Conjointement, ces données permettent une analyse approfondie des trajectoires des migrants, leurs réseaux sociaux, ainsi que leur croyances et préférences de fécondité. Nos études se focalisent sur un seul village situé dans la zone d’étude de l’observatoire de population de Niakhar et s’intéressent aux migrants se dirigeant vers la capitale, Dakar. Dans le premier article, nous profitons des outils descriptifs et multivariés de l’analyse de survie afin d’explorer l’association entre l'exposition à du capital social migratoire dans les réseaux et la probabilité d’une première migration vers Dakar. Nous avons décomposé les réseaux de migrants selon les liens à des migrants de retour, des migrants actuels et des résidents non-migrants de la destination afin de capturer l'hétérogénéité du capital social lié à la migration. Nous testons également l'influence de la force des liens, évaluée subjectivement, et des liens structurellement faibles mesurés par les connexions de second ordre ("ami d'un ami"). Nous arrivons ainsi à revisiter certains des principaux postulats des théories de la causalité cumulative, du capital social (en migration) et de la force des liens. Par exemple, alors que les réseaux sont considérés être moins importants pour la migration interne, surtout dans des contextes où elle est généralisée, cette étude permet de revoir de tels constats en adoptant une définition élargie et plus complète du capital social migratoire, incluant des catégories de liens généralement sous-représentées ou absente dans la littérature empirique : les liens avec des non-migrants au lieu de destination et les liens faibles. Dans le second article, nous avons examiné comment la migration rurale-urbaine s’associe à des différences durables dans les croyances et les préférences en matière de fécondité et de contraception. À l’aide de quelques innovations méthodologiques et conceptuelles, nous avons distingué les effets d’adaptation et de sélection sur la fécondité des migrants temporaires à Dakar à l’aide de modèles de régression, malgré une approche transversale. Ceci fut notamment accompli grâce à l’inclusion d’un groupe de contrôle composé de futurs migrants et l’utilisation comme variables dépendantes de mesures idéationnelles de la fécondité, celle-ci étant moindrement affectées par les facteurs perturbants le calendrier génésique. Nous nous sommes également attardé aux migrants de retour, afin d’évaluer si l’adaptation persiste, une fois que les migrants réintègrent leur communauté d’origine. Enfin, nous avons ajouté une mesure des réseaux sociaux en ville, afin de tester son effet sur l’adaptation. Dans le dernier article, nous adoptons une approche ‘translocale’, mesurant les réseaux sociaux aux lieux de destination et d’origine, pour explorer à l’aide de modèles de régression, leur association avec la fécondité idéationnelle des migrants actuels à Dakar. L’analyse accorde une attention particulière aux liens maintenus avec la communauté du lieu d’origine, leur composition et leur structure, afin d’explorer la socialisation, ou l’influence des valeurs et normes acquises avant la migration, une hypothèse souvent peu approfondie dans l’étude de la fécondité des migrants. Plutôt que de concevoir la socialisation comme l’hypothèse nulle, nous l’identifions comme un phénomène continuant après la migration et s’opérant simultanément à l’adaptation. Dans l’ensemble, nos résultats confirment l’importance du rôle des réseaux sociaux comme déterminants de la migration interne, même dans des contextes où elle est généralisée. La migration semble aussi se placer comme un important vecteur de diffusion de la fécondité, par son influence sur les croyances et préférences des migrants actuels et de retour. Cette association est toutefois modérée par les relations maintenues au lieu d’origine. Plus largement nos résultats soulèvent quelques (re)questionnements théoriques et insistent sur l’importance d’adopter une approche centrée sur les réseaux sociaux multilocalisés dans l’étude de la migration interne. Enfin, nos résultats ont des implications substantielles sur le rôle potentiel des migrations rurales-urbaines dans les transformations sociodémographiques des pays du Sud et mettent en évidence les contradictions qui existent entre certaines politiques visant à limiter les migrations rurales-urbaines et celles voulant réduire la fécondité. / Internal migration is the main form of human migration and is sensitive to environmental, economic, and political changes. In West Africa, environmental stresses and rapid population growth are pressuring rural populations dependent on rain-fed agriculture into diversifying their livelihood strategies; this diversification largely depends on migration to urban areas. This raises two questions: firstly, it is important to identify the factors that facilitate migration and therefore the adaptation of vulnerable households. Secondly, in countries undergoing demographic transition, the gaps in fertility rates between rural and urban areas are generally high, and migrations between these regions can contribute to the diffusion and homogenization of fertility. This raises the second question of whether and how internal migration, especially temporary migration, is associated with changes in fertility and contraceptive beliefs and preferences among migrants. Despite the relevance of these questions, we find that internal migration remains the “stepchild” in demography and in the broader study of migration; a position that does not reflect its importance. Thus, to contribute to our understanding of internal migration in the context of low- and middle-income countries, this thesis proposes three papers addressing the two issues previously discussed. To answer them, we focus on the concept of social networks; a central concept in the study of the determinants of migration and the diffusion of fertility, but which was poorly integrated into the study of internal migration and virtually absent from the study of migrant fertility. We combine longitudinal data from the Niakhar Health and Demographic Surveillance System (NHDSS), in Senegal, with data from the Niakhar Social Networks and Health Project (NSNHP). Together, these data allow for an in-depth analysis of migrant trajectories, their social networks, as well as their fertility and contraceptive beliefs and preferences. Our studies focus on a single village located in the NHDSS study area and exclusively examine migrants to the capital, Dakar. In the first paper, we use descriptive and multivariate tools from survival analysis to explore the association between exposure to migratory social capital in networks and the probability of a first migration to Dakar. Taking advantage of our rich data, we disaggregated migrant networks into ties to returning migrants, current migrants, and non-migrant residents of the destination to capture the heterogeneity of social capital related to migration. We also tested the influence of the strength of ties, subjectively measured, and structurally weak ties measured by second-order connections ("friend of a friend"). We thus revisit some of the main hypotheses of the theories of cumulative causation, social capital (in migration), and strength of ties. For example, while networks are considered to be of lesser importance for internal migration, especially in contexts where it is widespread, this study allows us to reconsider such findings by adopting a broader and more comprehensive definition of migrant social capital, including categories of ties that are generally underrepresented or absent in empirical literature, such as ties to non-migrants at the destination and weak ties. In the second paper, we examined how rural-urban migration is associated with lasting differences in fertility and contraceptive beliefs and preferences. Using methodological and conceptual innovations, we distinguished the effects of adaptation and selection on the fertility of temporary migrants in Dakar through linear regression models, despite using a cross-sectional approach. This was achieved by including a control group consisting of future migrants and using ideational measures of fertility as dependent variables, which are less influenced by factors affecting the fertility calendar. We also focused on returning migrants to evaluate whether adaptation persists after migrants reintegrate into their community of origin. Additionally, we included a measure of urban social networks to test its effect on adaptation. In the last paper, we adopt a 'translocal' approach by measuring networks at both destination and origin to explore the association between social networks and the fertility ideation of current migrants in Dakar. The analysis pays particular attention to ties maintained with the community of origin and their composition and structure to explore socialization, or the influence of values and norms acquired before migration, an often-underexplored hypothesis in the study of migrant fertility. Rather than conceiving of socialization as the null hypothesis, we identify it as a phenomenon that continues after migration and operates simultaneously and interactively with adaptation. Our results confirm the importance of the role of social networks as a determinant of internal migration, even in contexts where it is widespread. Internal migration also appears to be an important vector for the diffusion of fertility, through its influence on the beliefs and preferences of current and returned migrants. However, this association is moderated by the relationships maintained at the place of origin. More broadly, our results raise some theoretical questions and emphasize the importance of adopting a multilocal social networks approach in the study of internal migration. Finally, our results have substantial implications for the potential role of rural-urban migration in sociodemographic transformations in the LMICs, highlighting the contradictions between public policies aiming to limit rural-urban migration and those aiming to reduce fertility.
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Influence de la famille d’origine sur les préférences des femmes en termes de fécondité à Madagascar en 2008-2009

Rakotovao, Stéphanie 04 1900 (has links)
L'Afrique subsaharienne est actuellement un point focal dans les études démographiques, principalement en raison de ses dynamiques uniques lors de la transition démographique. Au cœur de cette attention, les intentions de fécondité jouent un rôle crucial, justifiant la sélection de cette étude visant à approfondir la compréhension de l'influence de la famille d'origine sur les préférences en matière de fécondité chez les femmes à Madagascar. Cette analyse se concentre sur deux variables dépendantes, à savoir le désir d'enfant et le nombre idéal d'enfants, ainsi que deux variables indépendantes clés, à savoir l'ordre de naissance et la taille de la fratrie. Bien qu'explorée de manière exhaustive dans les pays développés disposant de données complètes accessibles, cette étude apporte une contribution significative à la compréhension de cette relation dans le contexte de la région subsaharienne. En s'appuyant sur les données de l'Enquête Démographique et de Santé (EDS) de 2008-2009, cette étude se base sur un échantillon analytique de femmes en âge de procréer, spécifiquement entre 15 et 49 ans. Des analyses descriptives et des régressions ont été appliquées, et les résultats révèlent un impact négligeable de l'ordre de naissance sur les préférences en matière de fécondité, tandis qu'un effet positif et statistiquement significatif de la taille de la fratrie sur ces préférences est mis en évidence. Cette étude enrichit notre compréhension des déterminants de la fécondité à Madagascar en mettant en lumière le rôle significatif de la famille d'origine, en particulier la taille du groupe de frères et sœurs, dans les préférences en matière de fécondité. / Sub-Saharan Africa is currently a focal point in demographic studies, primarily due to its unique dynamics during the demographic transition. Central to this focus, fertility intentions play a crucial role, justifying the selection of this study aimed at deepening the understanding of the influence of the family of origin on fertility preferences among women in Madagascar. This analysis focuses on two dependent variables, namely the desire for children and the ideal number of children, as well as two key independent variables, namely birth order and sibling size. While extensively explored in developed countries with accessible comprehensive data, this study makes a significant contribution to understanding this relationship in the context of the sub-Saharan region. Leveraging data from the 2008-2009 Demographic and Health Survey (DHS), this study draws on an analytical sample of women of reproductive age, specifically between 15 and 49 years. Descriptive analyses and regressions were applied, and the results reveal a negligible impact of birth order on fertility preferences, while a positive and statistically significant effect of sibling size on these preferences is revealed. This study enhances our understanding of fertility determinants in Madagascar by highlighting the significant role of the family of origin, particularly the size of the sibling group, in fertility preferences.

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