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Les confessions silencieuses du cadavre : de la fiction d’autopsie aux figures du mort dans les séries et films policiers contemporains (1991-2013) / A corpse's silent confessions : from autopsy fiction to figures of the dead in contemporary crime series and films (1991-2013)

Desmet, Maud 14 March 2014 (has links)
Sans corps, pas d'histoires. Vecteur d'action, instrument de la narration, et support d'un lien d'identification fort entre le spectateur et le personnage, le corps est la principale figure des médiums cinématographique et télévisuel. Si le cinéma a toujours, depuis ses balbutiements, glorifié la vivacité inépuisable des corps, parallèlement déjà, planait la face inversée de cette exposition, la menace muette de la mort. Mais si le dernier souffle avant la mort est bien souvent encore, au cinéma et à la télévision, synonyme d'ultime communion avec la vie et de résistance à la mort, qu'en est-il du corps et du personnage quand la mort s'en est saisi à jamais et qu'il ne reste plus aux vivants, personnages et spectateurs, qu'à se confronter au cadavre ? Figure parasitaire, le cadavre n'est ni un personnage ni même un figurant. A la fois signe vide et noyau narratif, c'est à partir de lui et de son examen pendant l'autopsie ou sur les lieux du crime que va se nourrir et se développer l'intrigue policière. Et s'il peut paraître secondaire, voire accessoire, à regarder les fictions policières sous l'angle de son non-regard fixe et opaque, il donne à voir quelque chose du crime, de son caractère profondément injuste, et des rapports qu'entretiennent les vivants avec une mort qui se présente sur la table d'autopsie, sous ses traits les plus abjects. L'enjeu de cette thèse sera d'envisager la façon dont les fictions policières mettent en scène le cadavre comme le reflet, d'une troublante précision, d'un défaut contemporain de distanciation face à la mort. Il s'agira bien pour nous, et selon un principe analogue à celui qu'applique le philosophe Maxime Coulombe dans son essai sur les zombies, de considérer le cadavre fictionnel comme « analyseur de la société contemporaine » et comme « symptôme de ce qui taraude la conscience de notre époque » / Without bodies, no stories. A vehicle of action, a narrative agent, and the support of a strong identification link between the audience and the character, the body is the main figure of cinematographic and television mediums.If cinema has always, from its early stages, glorified the endless liveliness of bodies, the reverse side of this exposure has simultaneously been lingering: the mute threat of death. However, in films or in television series, if the last breath before death is often synonymous with a ultimate communion with life and with a resistance to death, what happens to the body and the character when death has seized them for ever, and the living – characters and audience – are only left facing the corpse? As a parasite figure, the corpse is neither a character nor even an extra. Both an empty sign and a narrative core, the crime plot will indeed develop from the corpse and its examination, during the autopsy or on the crime scene. And whereas the corpse may seem secondary, even minor, if we look at crime fictions from the angle of its fixed and opaque non-look, it still allows us to see something of the crime and of its deeply unfair nature, and of the relations between the living and a death that appears in its most abject features on the autopsy table. In this study, we will examine how crime fictions stage corpses as disturbingly precise reflects of a contemporary lack of perspective in front of death. Similarly to the philosopher Maxime Coulombe in his essay on zombies, we will consider the fictional corpse as an "analyser of contemporary society" and as a "symptom of what is tormenting the consciousness of our time"
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La criminalistique et le procès pénal / The Forensic Science and the Criminal Trial

Daoust, François 17 January 2018 (has links)
La France s’inscrit dans une vision idéalisée de la criminalistique dont la force probante apporterait les réponses incontestables au procès pénal. Cette croyance est historique et s’appuie sur les travaux des pionniers français qui ont ouvert la voie à ce que d’aucuns ont appelé, par abus de langage, l’apport de la preuve scientifique. Mais le paysage de la criminalistique n’est pas aussi simple que les acteurs au procès pénal le supposent. Le système criminalistique existant, la formation des intervenants, la connaissance de la valeur informationnelle de la trace avec sa vie juridique comme sa traçabilité scientifique, parfois soumise à un cadre normatif extérieur au droit, sont autant de domaines rarement abordés. À travers les différentes matières composant la criminalistique, en percevoir le contenu et leur puissance scientifique, mais également leurs limites, apportent un éclairage particulier de ce qu’est l’interprétation des résultats analytiques en France, et ce qu’elle devrait être quel que soit le moment judiciaire qu’exige le déroulement de la procédure pénale. Cette présentation met en exergue l’existence de la réalisation d’actes scientifiques souvent négligés et qui vient relativiser la notion d’examens scientifiques et d’expertises pourtant sacralisés par le droit et la jurisprudence. Cette étude de la criminalistique dans le procès pénal, met en évidence la perception qu’en ont les acteurs, la compréhension réciproque difficile avec les experts, mais également celles d’organismes plus institutionnels, montrant que les intérêts sont parfois divergents entre une vision comptable de la justice et celle de la recherche de la vérité, pourtant inscrite dans les textes. Une présentation de la perception comme de la mise en œuvre de la criminalistique en droit comparé à travers la procédure et la jurisprudence accusatoires donne un éclairage sur des débats juridiques qui frappent à la porte de notre système inquisitoire par l’introduction toujours plus engagée du contradictoire. Mieux comprendre les sciences introduites au procès pénal et les rendre accessibles devrait donner aux acteurs une capacité de discernement et d’interprétation plus pertinente, notamment pour les juges qui doivent à partir de toutes ces connaissances, indices et réponses scientifiques en construire la preuve pénale. / France believes in an idealized vision of forensic science, the probative force of which would provide incontestable answers to the criminal trial. This belief is historical and is based on the work of the French pioneers who paved the way for what some have called, by abuse of language, the contribution of scientific proof. But the forensic landscape is not as simple as the actors in the criminal trial assume. Existing forensic systems, training of stakeholders, knowledge of the informational value of the trace with its legal life as well as its scientific traceability, sometimes subject to a normative framework outside the law are all rarely dealt with. Through the various subjects of forensic science, by perceiving their content and their scientific power, but also by their limitations, they shed particular light on the interpretation of analytical results in France and what it should be the judicial time required for the conduct of criminal proceedings. This presentation highlights the existence of the realization of scientific acts often neglected and that relativizes the notion of scientific examinations and expert appraisals yet sacred by law and jurisprudence. This study of criminalistic in the criminal trial highlights the perception of the actors, the difficult mutual understanding with the experts, but also those of more institutional administrations, showing that the interests are sometimes divergent between an accounting vision Justice and the search for truth, which is nevertheless inscribed in the texts. A presentation of the perception as well as the implementation of forensic science in comparative law through accusatory procedure and jurisprudence sheds light on legal debates that strike the door of our inquisitorial system by the increasingly engaged introduction of contradictory. A better understanding of the sciences introduced into the criminal process and making them accessible should give the actors a more relevant capacity for discernment and interpretation, in particular for judges who must draw up the criminal proof from all these scientific knowledge, answers and evidences.
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L’orientation des stratégies de recherche de traces matérielles par les techniciens en identité judiciaire : entre savoirs occupationnels et pouvoir(s) discrétionnaire(s)

Mousseau, Vincent 07 1900 (has links)
Si les développements technologiques dans le domaine de la science forensique améliorent sans contredit les capacités de détection et la précision des appareils et des analyses effectuées, la qualité, l’intégrité, l’efficacité et l’efficience de l’exploitation des traces matérielles à des fins judiciaires et sécuritaires demeurent avant tout tributaires de décisions humaines prises tout au long du processus forensique, de la scène d’incident au tribunal. À ce sujet, bien qu’ils soient désormais reconnus comme des acteurs au premier plan du déploiement des efforts forensiques, les techniciens en identité judiciaire responsables de l’investigation des scènes d’incident n’ont fait l’objet que de très peu d’études empiriques. Pourtant, les quelques études qui sont disponibles mettent en lumière un degré élevé de variabilité dans leurs pratiques et leurs performances en matière de recherche et de collecte de traces matérielles, suggérant ainsi un processus décisionnel sur lequel nous ne savons toujours que très peu de choses. Dès lors, la thèse se propose de mieux comprendre, à travers une lentille théorique inspirée de certains concepts-clés issus de la sociologie de l’expertise et de la sociologie de la police, l’orientation des stratégies de recherche de traces matérielles par les techniciens en identité judiciaire. Plus précisément, elle cherche à approfondir les mécanismes de prise de décision et le système de savoirs occupationnels auquel se réfèrent les techniciens en identité judiciaire pour guider et justifier leurs actions, les processus de construction et d’acquisition de ces savoirs occupationnels ainsi que l’étendue du pouvoir discrétionnaire des techniciens en identité judiciaire et les conditions sous-jacentes à sa reconnaissance. Pour ce faire, la thèse repose sur une enquête de terrain de type ethnographique réalisée auprès de 19 techniciens en scène de crime du Québec entre 2020 et 2022, combinant 18 entretiens semi-directifs (35 heures) et près de 165 heures d’observation participante (au poste et sur de véritables scènes d’incident). Les résultats de la thèse révèlent, d’une part, que l’orientation de la recherche de traces matérielles par les techniciens en identité judiciaire est dépendante d’un système de savoirs occupationnels tacites largement ambigu, voire contradictoire par endroits, nécessitant l’interprétation des mandats, des normes informelles et des méthodes à privilégier pour prendre ou justifier une décision. D’autre part, ils suggèrent que ces savoirs seraient principalement issus, aux yeux des techniciens en identité judiciaire, de l’expérience pratique (à titre de policier et de technicien en identité judiciaire) et des échanges avec les pairs expérimentés, traduisant un discours soutenant le primat de la socialisation professionnelle informelle sur la formation et l’éducation formalisée. Enfin, les techniciens en identité profiteraient d’un important pouvoir discrétionnaire de facto leur permettant d’exercer plutôt librement leur jugement professionnel et de définir les savoirs qui sont considérés comme légitimes. Mis ensemble, ces constats proposent de comprendre la prise de décisions des techniciens en identité judiciaire en matière de recherche de traces matérielles au prisme de l’interaction entre un pouvoir discrétionnaire dynamique et un système de savoirs occupationnels ambigu et plus ou moins partagé. / While technological developments in the field of forensic science are undoubtedly improving detection capabilities and the accuracy of the equipment and analyses performed, the quality, integrity, effectiveness, and efficiency of the exploitation of material traces for judicial and security purposes remain above all dependent on human decisions made throughout the forensic process, from the crime scene to the courts. In this regard, although they are now recognized as key players in the deployment of forensic resources, crime scene examiners responsible for investigating incident scenes have only been the subject of very few empirical studies. Yet, those that are available highlight a high degree of variability in the practices and performances of crime scene examiners regarding the search for material traces, suggesting a decision-making process about which we still know very little. This thesis therefore aims to gain a better understanding of the orientation of crime scene examiners’ strategies for searching material trace through a theoretical lens inspired by key concepts of the sociology of expertise and the sociology of policing. More specifically, it seeks to investigate the decision-making mechanisms and occupational knowledge system to which crime scene examiners refer, the processes of construction and acquisition of such occupational knowledge, and the extent of crime scene examiners’ discretionary power and the conditions underlying its recognition by other stakeholders. The thesis is based on an ethnographic fieldwork among 19 Quebec crime scene examiners between 2020 and 2022, combining 18 semi-structured interviews (35 hours) and around 165 hours of participant observation (at the office and at actual incident scenes). The results of the thesis reveal, on the one hand, that the orientation of the search for material traces by crime scene examiners depends on a tacit system of occupational knowledge which is largely ambiguous, even contradictory in places, leaving room for interpretation of mandates, norms, and preferred methods for making or justifying a decision. On the other hand, they suggest that such knowledge is mainly acquired, in the eyes of crime scene examiners, from practical experience (as a police officer and crime scene investigator) and exchanges with experienced peers, reflecting a discourse supporting the primacy of informal professional socialization over formalized training and education. Finally, crime scene examiners would benefit from a significant de facto discretionary power, enabling them to exercise their professional judgment rather freely and to define the knowledge that should be considered legitimate. Taken together, these findings suggest that the decision-making process of crime scene examiners in the search for material traces can be understood through the prism of the interaction between a variable discretionary power and an ambiguous, more or less shared, system of occupational knowledge.

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