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Déportation pour motif d'homosexualité et mouvement LGBT en France : évocations du passé, entre engagement militant et cadre institutionnel / Deportation for reason of homosexuality and the LGBT movement in France : evocations of the past, between activist commitment and institutional framework

Seydieh, Reza Sam 24 November 2016 (has links)
Cette thèse interroge le sens donné à l'évocation d'un passé de persécutions au sein du mouvement LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel, Trans*) en France. Ce passé, communément appréhendé dans l'espace militant par le terme de déportation pour motif d'homosexualité, désigne la répression et la persécution des homosexuels et des lesbiennes pendant la période nazie et la Seconde Guerre mondiale. À partir d'entretiens biographiques avec des militant.e.s d'une dizaine d'associations LGBT, d'observations et de dépouillement d'un corpus de productions militantes (textes emblématiques, magazines, revues, productions internes des associations) depuis les années 1970, notre travail analyse l'articulation de l'évocation de ce passé à l'engagement dans ce mouvement. D'une part, notre recherche s'appuie sur les acquis de la sociologie de la mémoire pour examiner les formes de présence de ce passé (traces, souvenirs, évocations et commémorations) dans la sphère militante LGBT où il se transmet par divers canaux. D'autre part, nous nous appuyons sur la sociologie du militantisme. Mobilisant la notion de « carrière militante », nous examinons les logiques d'un engagement basé sur la référence à ce passé et les raisons d'agir des militant.e.s qui s'investissent dans des actions visant à faire reconnaître officiellement la déportation pour motif d'homosexualité. Tout d'abord, une analyse des discours et des pratiques liés au rappel de ce passé dans l'histoire du militantisme LGBT montre que les références communes élaborées autour de ce passé participent à la formation d'un registre d'engagement singulier. Il conjugue les évocations du passé de persécution avec la problématisation de l'expérience homosexuelle dans le présent. Les formes d'action et les dispositifs déployés par les militant.e.s LGBT pour inscrire le récit de cette déportation au sein des récits publics, notamment à travers l'investissement de la « Journée du souvenir des victimes et des héros de la déportation », se modifient au cours de l'histoire du militantisme LGBT. Ces transformations dépendent des contextes d'interaction avec la sphère des entrepreneurs de mémoire institutionnalisés et de l'évolution des politiques publiques de la mémoire. Les transformations historiques des actions visant l'inscription de la déportation pour motif d'homosexualité au sein des récits publics et l'hétérogénéité des carrières militantes de personnes impliquées dans ce processus rendent ainsi possible une analyse des évocations du passé dans leur complexité, qui s'écarte de celles, encore très courantes, qui appréhendent ces pratiques et discours en termes de « concurrence ». Ensuite, l'analyse des carrières militantes met en évidence que le processus de socialisation militante opère comme un vecteur de transmission et d'identification. Dans la sphère militante, la mémoire empruntée des enquêté.e.s interagit avec d'autres sources : d'une part, les souvenirs des rares survivants de la déportation pour motif d'homosexualité, d'autre part, les mémoires communes militantes produites au cours des luttes pour la mise en visibilité de ce passé ainsi que la mémoire historique en lien avec cette époque, construite par les militant.e.s au long de l'histoire du mouvement LGBT. Pour l'individu qui se socialise au sein des associations étudiées, le sens de l'évocation de ce passé s'élabore en interaction avec ces différents niveaux de la mémoire. Dans ce processus, les expériences individuelles de discrimination et d'homophobie peuvent être mises en perspective et historicisées en se référant à ce passé. L'investissement dans ce registre d'engagement et la construction du sens de son engagement reposent sur plusieurs facteurs : pluralité des expériences socialisatrices, caractéristiques des espaces d'engagement, engagements multiples des militant.e.s. Recourant à de multiples dispositifs, les militant.e.s aspirent à transmettre ce passé et d'y sensibiliser les gays et les lesbiennes et un public plus large. / This thesis examines the meaning given to past persecutions in the LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual, Trans*) in France. This past, commonly understood in activist spaces by the term, deportation for reason of homosexuality, denotes the repression and persecution of homosexuals and lesbians during the Nazi period of the Second World War. Based on biographical interviews with activists from French LGBT organizations, observations and the analysis of a body of activist work (key texts, magazines, journals and internal activist writings) since the 1970s, our study analyzes the ways in which the evocation of this past is linked to the involvement in this movement. First, our study relies on the field of the sociology of memory in order to examine the present forms of this past (traces, memories, evocations and commemorations) in the LGBT activist sphere where it gets transmitted in different ways. Second, we rely on the field of the sociology of activism. Using the notion of "activist career" we examine the logics of an activist based on reference to this past and the reasons for being activists that are part of gaining official recognition of the deportation for reason of homosexuality. First of all, an analysis of these discourses and practices linked to the reminder of this past in the history of LGBT activism shows that the common references made about this past contribute to the formation of a singular register of commitment. This register structures the references to the past of persecution with the problematizing of the homosexual experience in the present. The forms of activism and the apparatuses deployed by LGBT activists to inscribe this specific deportation into public deportation narratives, particularly around the "Remembrance Day of the Victims and Heroes of Deportation" change throughout the history of LGBT activism. These shifts depend on the contexts of interacting with the sphere of institutionalized memory entrepreneurs and public policies of memory. Historical transformations of actions aiming at inscribing the deportation for being homosexual in public narratives as well as the heterogeneity of activists' careers implicated in this process thus render possible an analysis of evocations of the past in their complexity, that differ from the main analyses which understand these practices and discourses in terms of "competition". Furthermore, the analysis of activist careers shows that the activist socialization process operates as a vector of transmission and identification. Within the activist space, the borrowed memories of the interviewed activists interact with other sources: the memories of rare survivors of the deportation for being homosexual, but also the common activist memories produced in the struggles for visibility of this past, as well as the historical memory that activists have constructed of this time period. For the individual who is socialized through the organizations studied, the meaning given to the evocation of this past grows in close connection with different levels of memory. In this process, individual experiences of discrimination and homophobia can be put in perspective and historicized with reference to this past. The investment in this register of commitment and the construction of meaning for one's own commitment rely on several factors: the plurality of socializing experiences, the characteristics of the spaces of activism, and multiple forms of activist involvement. Using multiple apparatuses, activists seek to transmit this past and sensitize not only gays and lesbians but also a larger public.
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Sociologie des féministes des années 1970 : analyse localisée, incidences biographiques et transmission familiale d’un engagement pour la cause des femmes en France / Sociology of 1970’s feminist activists : local approach, biographical consequences and family transmission of a commitment for women’s cause in France

Masclet, Camille 20 June 2017 (has links)
Par une contestation radicale du patriarcat et visant une « libération des femmes », les mouvements féministes qui se développent dans les années 1970 ont contribué à remettre en question les rapports de genre dans de nombreux domaines. À partir d’une recherche combinant travail sur archives, enquête par questionnaire et entretiens, la thèse prend pour objet l’engagement de femmes dans ces mobilisations en France. Elle vise à comprendre comment la participation à ce mouvement social – caractérisé par la politisation de la sphère privée – a transformé les trajectoires de militantes « ordinaires » et celles de leurs enfants. Au moyen d’une approche localisée et comparée, la thèse analyse d’abord les contextes militants dans lesquels les féministes ont circulé et ont été socialisées. Retraçant les mobilisations féministes qui se déploient à Lyon et à Grenoble entre 1970 et 1984, elle revisite l’histoire des féminismes français de la « deuxième vague ». Étudiant ensuite les carrières militantes des féministes, la thèse montre les effets socialisateurs durables de ces engagements et leur empreinte sur les différentes sphères de leur vie. Des analyses séquentielles permettent de mettre au jour leurs principaux devenirs jusqu’à aujourd’hui, sur le plan politique comme sur le plan personnel. Resserrant la focale d’analyse sur les féministes devenues mères, l’enquête révèle finalement par quels pratiques et processus une transmission familiale du féminisme s’est opérée et quels héritages politiques en résultent chez les enfants. Elle dégage plusieurs facteurs pour comprendre les appropriations différenciées de ces héritages parmi la deuxième génération. / The feminist movements that arose in the 1970’s, promoting a radical contestation of patriarchy and committed to “women’s liberation”, helped challenge gender relations in many areas. Built upon an empirical research that combines archival work, questionnaires and interviews, my dissertation focuses on the women who took part in these mobilizations in France. It aims to understand how the involvement in this movement, characterised by the politicization of the private sphere, transformed “common” activists’ trajectories and those of their children. Using a local and comparative approach, this work first analyses the contexts in which the feminists evolved and were socialised. By tracing the feminist mobilizations that unfolded in Lyons and Grenoble between 1970 and 1984, it also revisits the history of the “second wave” French women’s movements. The study of the feminists’ activist careers then highlights the lasting socialising effects of their commitments and the impact they had on different areas of their life. Likewise, the use of sequence analysis reveals the trajectories they followed until present day, both from a political and personal prospect. Finally, a deeper focus on the activists who became mothers uncovers how intergenerational transmission of feminism occurred and which political contents the children inherited. In particular, this dissertation proposes several factors that help understand the differentiated appropriations of this heritage among the second generation.

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