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Des femmes se souviennent, d'autres se taisent : incorporation et transmission de la mémoire post-conflictuelle : le cas de Cayara, Pérou.Martinak, Émilie 08 1900 (has links)
Le Pérou a sombré pendant vingt ans dans un climat de violence politique, opposant des groupes subversifs, comme le Sentier Lumineux, à l’armée péruvienne. Ce conflit a causé la disparition de 70 000 personnes, majoritairement des paysans andins quechuaphone. Poussés à fuir pour survivre, ils ont dû abandonner leurs terres pour migrer dans des centres urbains où l’adaptation n’a pas toujours été facile. C'est pourquoi on remarque, dès les années 90, avec la mise en place d'une politique de repeuplement par Fujimori, un retour des paysans dans leur communauté. Le retour, et par conséquent le déplacement, ont généré une nouvelle dynamique dans les communautés et perturbé les relations sociales. Les liens de confiance ont été rompus, les liens sociaux brisés et sont remplacés par un ressentiment qui déstructure l’organisation des communautés et principalement celle de Cayara. Le traumatisme pesant incite les Cayarinos au silence. Un silence qui ne peut être associé à l’oubli, mais qui a pour fonction de protéger les générations futures des horreurs du passé.
Tout traitement de la souffrance causé par la violence suppose une politique de la mémoire. À cette mémoire silencieuse, que je qualifierai de traumatique s’oppose une mémoire active qui opère dans la ville d'Ayacucho.
Les hommes représentant 80% des disparus, ce sont les femmes qui ont dû prendre en charge la gestion des communautés, en assumant de nouvelles responsabilités. Ce sont elles qui se sont battues pour amener la paix en dénonçant les horreurs commises. Et ce sont elles qui aujourd’hui luttent pour préserver la mémoire du conflit, afin que celui-ci ne se répète pas. À l’inverse du silence des communautés, à Ayacucho les femmes agissent activement, ce qui nous amène à penser que la transmission de la mémoire passerait par une spécialisation de celle-ci. On qualifierait la mémoire vive, de mémoire féminine. / For the last two decades, Peru has fallen into a stream of political violence, opposing subversive groups, as the Shining Path, to the Peruvian army. This conflict has caused the disappearance of 70 000 people, mostly Andean quechuaphone peasants. To survive, they had to flee, and give up their land to migrate in big urban centers where adaptation was never easy. Thus we observe, from the 90s, especially with the Fujimori's repopulation policy, a return of peasants to their community. This return, and the migration it involves, has created a new dynamic in the communities and has disturbed social relations. Trust and social ties have been broken and replaced by a resentment that fractures the organization of the communities, mostly the community of Cavara. The burden of trauma has pushed Cavarinos into silence, a silence that does not mean forgetting, but whose function is to protect future generations from the horrors of the past.
Dealing with suffering caused by violence supposes a way of handling memory. This silent, traumatized memory, is opposed to an active memory that operates in the city of Ayacucho.
As men represent 80% of those lost, women had to take charge of running the communities by taking new responsabilities. Women who fought to bring back peace by denouncing the horrors committed in the past. Women who today fight to preserve the memory of the conflict, to prevent its repetition. In conrast to the silence of the peasant communities, the women of Ayacucho are actively implicated, in a way that leads me to think that memory transmission happens through a specialization that we would describe as a living, feminine memory. We would qualifie it as a living memory, a feminine memory. / Perú vivió durante veinte años en un ambiente de violencia política, oponiendo grupos subversivos, como el Sendero Luminoso, al ejército peruano. Este conflicto causó la desaparición de 70 000 personas, mayoritariamente de campesinos andinos quechuas. Teniendo que huir para sobrevivir, ellos tuvieron que abandonar sus tierras para migrar a los grandes centros urbanos en donde la adaptación no fue siempre fácil. Es por ello que desde los años 1990 se presenta un retorno de los campesinos a su comunidad, particularmente a partir de la aplicación de una política de reasentamiento por Fujimori. El retorno, y por consecuencia el desplazamiento, generaron toda una nueva dinámica en las comunidades y perturbaron las relaciones sociales. Las relaciones de confianza se rompieron, las relaciones sociales fueron afectadas y remplazadas por un resentimiento que desestructura la organización de las comunidades y principalmente la comunidad de Cayara. El traumatismo pesante incita a los Cayarinos al silencio. Un silencio, que no puede ser asociado al olvido, sino que cumple la función de proteger a las generaciones futuras de los horrores del pasado.
Todo tratamiento del sufrimiento causado por la violencia supone una política de la memoria. A esta memoria silenciosa, que yo calificaría de traumatismo, se opone una memoria activa que opera en la ciudad de Ayacucho.
Los hombres representan el 80% de los desaparecidos. Fueron las mujeres quienes debieron hacerse cargo de la gestión de las comunidades, asumiendo nuevas responsabilidades. Fueron ellas quienes pelearon por traer la paz, denunciando los horrores cometidos. Son ellas, quienes hoy luchan por preservar la memoria del conflicto, para que este no se repita. Contrariamente al silencio de las comunidades, en Ayacucho las mujeres están activas, lo que nos lleva a pensar que la transmisión de la memoria pasaría por una especialización de la misma. Podríamos calificar la memoria viva, de memoria femenina.
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Des femmes se souviennent, d'autres se taisent : incorporation et transmission de la mémoire post-conflictuelle : le cas de Cayara, PérouMartinak, Émilie 08 1900 (has links)
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