En 1690, Madame d'Aulnoy fait paraître à Paris un roman intitulé l'Histoire d'Hippolyte, Comte de Duglas, dans lequel est inséré « L'Ile de la Félicité », reconnu comme étant le premier conte de fées littéraire. À ce dernier succèdent bientôt d'autres contes de différents auteurs qui publient souvent leurs récits sous forme de recueils. Le conte de fées devient rapidement une mode qui s'épanouit dans les salons mondains et à la Cour tout au long de la dernière décennie du XVIIe siècle. L'histoire et la critique littéraires, jusqu'au début du XXe siècle, n'ont souvent retenu de cette période le seul nom de Perrault. Pourtant, les contes de fées ont majoritairement été écrits par des femmes qui, sur fond de Querelle entre Anciens et Modernes, ont participé à la constitution d'un genre qui devient dès lors le support privilégié d'une écriture féminine en quête de reconnaissance. Nous aborderons ainsi les questions relatives à la place accordée à la femme-auteure sous l'Ancien régime, aux origines et à la formation du genre féerique, puis à l'esthétique et la rhétorique qui caractérisent l'écriture du conte de fées littéraire féminin de la fin du XVIIe siècle. À cette fin, nous étudierons un corpus constitué des oeuvres de cinq conteuses: Mesdemoiselles Lhéritier (1664-1734), Bernard (1662-1712), de La Force (1650-1724) et de Mesdames d'Aulnoy (1650-1705) et de Murat (1670-1716), publiées durant la dernière décennie du XVIle siècle. Dans un
premier chapitre, nous nous intéresserons aux conditions d'émergence de la femme-auteure dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Nous nous attacherons ensuite à comprendre la corrélation qui existe entre le genre féerique et l'écriture féminine. Nous tenterons alors de définir le conte et de déterminer son statut dans une littérature plus générale de fiction. Nous verrons enfin que le genre a été impliqué dans la Querelle des Anciens et des Modernes et a ainsi participé de l'accession des femmes à un statut d'écrivain. L'examen des enjeux culturels et sociaux du genre permettra de comprendre, dans un deuxième chapitre, le projet esthétique de nos conteuses. Nous verrons notamment que le conte de fées s'inscrit dans une littérature de divertissement mondain. Nous montrerons par ailleurs comment notre groupe de conteuses, influencé par les grands romans de la génération antérieure des précieuses, s'adonnent, dans leurs récits, à une écriture romanesque du sentiment. Notre troisième chapitre sera consacré à la rhétorique du conte de fées féminin de la dernière décennie du XVIIe siècle. Nous en interrogerons ainsi la valeur pédagogique en nous penchant plus précisément sur les questions relatives au merveilleux et aux moralités des contes. Nous montrerons ensuite comment l'argument de la morale, qui s'avère souvent injustifié, représente pour nos conteuses un moyen de déjouer la censure pour dénoncer une hégémonie masculine. L'étude de certaines figures telle que la fée permettra, par la suite, de comprendre les revendications féminines, d'ordre à la fois littéraire et social, qui sous-tendent l'écriture des contes de fées de la dernière décennie du XVIIe siècle. Une telle étude permettra ainsi de déterminer en quoi la naissance d'un genre et d'une poétique propre aux conteuses de la fin du XVIIe siècle ont contribué à l'accès des femmes au statut d'écrivain. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Conte, Femmes, Genre littéraire, Mondanité, Poétique, XVIe siècle.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.1877 |
Date | January 2009 |
Creators | Benureau, Esther |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Detected Language | French |
Type | Mémoire accepté, PeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://www.archipel.uqam.ca/1877/ |
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