Return to search

Agir en vertu d'un autre : Thomas d'Aquin et l'ontologie de l'instrument / In virtue of another : Aquinas on instruments

Le présent travail est une analyse du concept d’instrument qui en fait apparaître les exigences théoriques et demande si et dans quelle mesure le système de Thomas d’Aquin les remplit. D’abord, on montre que la notion d’instrument telle que Thomas la définit en général et conformément à l’aristotélisme dont il hérite — à savoir, comme un «moteur mû» — est contradictoire, dans la mesure où rien, d’après Thomas, ne peut être à la fois moteur et mû selon le même mouvement. Ensuite, on montre que la notion d’instrument telle que Thomas la redéfinit dans le contexte restreint de sa théologie sacramentelle — à savoir, comme ce qui «agit en vertu d’un autre» — échappe à cette contradiction, même si elle est, à son tour, problématique, parce qu’elle implique qu’un même pouvoir (virtus) transite de l’agent principal à l’instrument. Il faut étudier le modèle auquel Thomas renvoie — à savoir, l’être intentionnel des espèces sensibles — pour répondre à ce problème : il s’agit alors de montrer comment l’apparence peut être conçue comme une propriété en transit numériquement identique en plusieurs sujets (la chose, le milieu, le percepteur). Enfin, on justifie l’application de ce modèle au pouvoir instrumental grâce à deux thèses centrales de l’ontologie thomasienne des pouvoirs — à savoir, qu’ils sont distincts de la forme substantielle et qu’ils en fluent — qui reviennent à accorder au pouvoir, comme tel, le même statut ontologique qu’à l’espèce sensible, c’est-à-dire un être intentionnel (esse intentionale). On en conclut que ce qui fonde, en définitive, la causalité instrumentale, ce n’est pas tant la physique d’Aristote que l’ontologie des pouvoirs de Thomas. / The aim of this study is to offer a better understanding of instrumental causation in Aquinas. It starts by calling into question the idea that an instrument is a « moved mover ». Behind this apparently innocuous phrase lurks a contradiction, for, as Aquinas states, it is impossible for something to both be a mover and be moved according to the same motion. Having argued that this contradiction may not be satisfyingly solved, an alternate definition is suggested, according to which an instrument acts "in virtue of another". Indeed, according to Aquinas’s sacramental theology, an instrument acts insofar as it contains a certain power (virtus). This power isn’t its own, but the individual property of something else, namely the principal cause. The question here is to account for what seems to be a transferable trope: an individual power present both in the principal and in the instrumental cause. Aquinas does this by comparing the power in the instrument to the species of color in the air. We follow this cue. First, by understanding how a sensible species may be understood as numerically identical across different subjects, namely the sensible object, the medium and the perceiver. Second, by turning to Aquinas’s thesis that powers are distinct and flow from a thing’s substantial form. This, it is argued, amounts to granting powers the same ontological status as sensible species, namely intentional being (esse intentionale). The study concludes that it is not Aristotelian physics but Aquinas’s metaphysics of powers that ultimately grounds instrumental causation.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA01H219
Date23 November 2017
CreatorsEhret, Charles
ContributorsParis 1, Brenet, Jean-Baptiste
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

Page generated in 0.0413 seconds