Cette thèse montre comment fonctionnent et se déploient, au sein des œuvres littéraires, filmiques et webfilmiques, des scénographies mémorielles et des figurations médiatiques de la guerre d’Algérie. Empruntant sa méthodologie à la sociocritique des textes et aux études intermédiales, l’étude porte sur la manière dont le souvenir de l’évènement se confond avec celle de le relater. Elle examine le rôle du médium qui donne une forme, une matérialité, un dispositif, un type de reconnaissance institutionnelle aux représentations de la guerre et de la mémoire, contribuant aussi à former, modeler le souvenir en le rendant perceptible et intelligible.
Comment les groupes de mémoire de la guerre d’Algérie, (harkis, immigration algérienne, pieds-noirs) vivent-ils – toutes proportions et différences gardées – leur rapport au passé à partir du présent ? Leurs mémoires, médiées par les vecteurs culturels (cinéma, littérature, etc.), se disent à partir de sites d’énonciations plurielles dont les espaces (topographies) et les temps (chronographies) sont communs. Elles s’approprient le souvenir de façon similaire, par les scènes narratives du procès, de la rencontre ou du retour construites par le texte littéraire ou filmique.
La première partie interroge les rapports entre histoire et mémoire ; en France, leurs conceptions et pratiques, se heurtent à une nouvelle économie mémorielle dans laquelle des groupes de mémoire de la guerre d’Algérie réclament que leur histoire soit reconnue et enseignée. Appuyée par une périodisation de la production gigantesque des cinquante dernières années et par une revue critique de la recherche internationale menée à ce sujet, cette réflexion prend acte de la dispute post-coloniale française et considère l’auteur porteur de mémoire de la guerre d’Algérie pour son exemplarité en tant que témoin post-colonial.
Les deuxième, troisième et quatrième parties de cette thèse déplient quant à elles, la scénographie mémorielle spécifique à trois auteurs, tout en la mettant en relation avec d’autres œuvres de genre et médium très différents. Le premier corpus est composé de : Moze de Zahia Rahmani, du tryptique de Mehdi Charef (À-bras-le-cœur, 1962. Le dernier voyage, Cartouches gauloises) et d’Exils de Tony Gatlif. À ces titres s’ajoutent des œuvres qui marquent une série, ensemble aux contours flous auxquels ils se rattachent et qui permettent de mettre à la fois en perspective le commun entretenu entre la série et l’œuvre de l’un des trois auteurs, et la manière dont l’auteur, Rahmani, Charef ou Gatlif s’en distingue de façon significative. Enfin, un troisième type d’œuvres intervient dans l’analyse comme contrepoint souvent paradoxal de cette série. / This dissertation shows how heritage-forming scenarios and media portrayals of the Algerian War have operated and been deployed in literature and cinema, as well as in films on the Web. Taking its methodology from both literary sociocriticism and intermedia studies, the study focuses on how the memory of events becomes confused with how the events are portrayed. The dissertation examines the role of the media that give form, material character, instrumentality and a kind of institutional recognition to depictions of the Algerian War and people’s memories of it, thereby helping to form and model recollections by making them perceptible and intelligible.
How do the corpuses of Algerian War memories (of harkis, Algerian immigrants and pieds-noirs) respectively relate to the past from the standpoint of the present? Mediated by cultural vehicles like cinema and literature, these memories are described through pluralistic “enunciation sites” that nonetheless share common spaces (topographies) and eras (chronographies). The memories appropriate the faculty of memory in a similar fashion – through the narrative scenes of trials, encounters or return portrayed in literature or films.
The first part of the study explores the relationship between history and memory, now that the conceptions and practices of those concerned are clashing with a new “remembering economy” in which groups who remember the Algerian War are demanding that their history be recognized and taught. Based on a chronological framework of the various periods in producing this enormous body of work over the past 50 years as well as on a critical review of international research on this war, the study takes due note of post-colonial conflict in France and considers certain writers as memory-bearers of the Algerian War and even exemplary post-colonial witnesses of it.
The second, third and fourth parts of the dissertation deconstruct the heritage-forming narratives of three writers in particular and relate their narratives to other works in very different genres and media. The three writers, who constitute the primary corpus for this study, are Zahia Rahmani (Moze), Mehdi Charef (his tryptich of À-bras-le-cœur, 1962, le dernier voyage and Cartouches gauloises) and Tony Gatlif (Exils). This basic corpus is supplemented by a number of other works that together constitute a vaguely outlined series that provides perspective on both the commonalities and significant differences of each of the writers (Rahmani, Charef or Gatlif) in relation to the series. In conclusion, a third body of works is adduced as an often paradoxical contrast to the primary series.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/9070 |
Date | 11 1900 |
Creators | Maazouzi, Djemaa |
Contributors | Méchoulan, Éric, Stora, Benjamin |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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