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La représentation du souillé et de l’impur dans la littérature française narrative des XIIe et XIIIe siècles : idéologie, anthropologie, poétique / Representing the soiled and the impure in French narrative literature of the twelfth and thirteenth centuries : Ideology, anthropology and poetics

L’étude interroge les représentations du souillé et de l’impur à travers les œuvres littéraires des XIIe et XIIIe siècles. Présent dans tous les genres narratifs profanes (chansons de geste, romans arthuriens, fabliaux, théâtre, Roman de Renart) le goût – ou le dégoût – médiéval pour le répugnant revêt de multiples facettes dont la prolixité et la diversité interpellent. De la boue aux excrétions du corps, de la lèpre aux tabous du sang, de la macule de la honte à celle du péché, l’expression de la souillure oscille entre sens propre et sens figuré pour énoncer et penser, en les ancrant dans la matérialité la plus concrète, des systèmes de valeur. Servant à établir des frontières, à définir des champs d’inclusion et d’exclusion, les manifestations de l’immonde révèlent, autant qu’elles contribuent à les forger et à les concilier, les ordres idéologiques imbriqués de la société médiévale. Par la place accordée à l’abjection, la littérature expérimente ainsi la manière de dire et de représenter le désordre – pour mieux le circonscrire. Les poétiques contrastées de la souillure élaborées par les différents genres montrent alors combien la mise en scène de l’impur rejoint une interrogation littéraire sur les pouvoirs du langage et la capacité des textes à exprimer le monde : idéologique, esthétique, la question de la souillure est aussi sémiotique. Tendues entre le concret et l’abstrait, le mot et la chose, le rire et l’horreur, les représentations du souillé et de l’impur dévoilent ainsi un univers où le rapport à la souillure, loin de la simple éviction, peut aussi aller dans le sens d’une réappropriation et d’une réhabilitation – voire, même, d’une rédemption. / This study explores the representations of the soiled and the impure through literary works of the 12th and 13th centuries. Present in all profane narrative genres (chansons de geste, Arthurian novels, fabliaux, drama, Roman de Renart), the medieval taste – or distaste – for what is repulsive manifests itself in a startling multiplicity of ways. From mud to body fluids, from leprosy to blood-related taboos, from the stigma of shame to the stigma of sin, the designation of what is soiled oscillates between the literal and the figurative in order to articulate and process value systems by anchoring them in the most tangible materiality. The manifestations of what is vile and squalid are instrumental in drawing boundaries and defining fields of inclusion and exclusion; they also reveal, shape and reconcile the different ideological orders built into medieval society. By giving abjection pride of place, literature experiments with the expression and representation of disorder – the better to circumscribe it. This contrasted poetics of what is soiled took shape across the different genres, which shows the extent to which the staging of what is impure corresponds to a literary attempt to question the powers of language and the capacity of texts to express the world: an exploration of what is soiled has ideological, aesthetical, but also semiotic implications. Between the tangible and the abstract, the word and the thing, laughter and horror, these representations unveil a medieval universe where the relationship with what is soiled goes far beyond mere rejection and can also lead to a form of reappropriation, rehabilitation, and even redemption.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016PA040078
Date04 July 2016
CreatorsChalumeau, Chloé
ContributorsParis 4, Boutet, Dominique
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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