Return to search

La co-rumination en ligne et son interaction avec le bien-être des étudiant·e·s en relation d’aide

Selon certain·e·s chercheur·e·s, la co-rumination en ligne expliquerait en partie la hausse de la détresse psychologique étudiante au cours des dernières années. La co-rumination comporte deux composantes : la rumination et la composante sociale. Jusqu’à présent, le phénomène a essentiellement été étudié à l’aide du questionnaire sur la co-rumination. Dans de rares occasions, il a été étudié en laboratoire auprès d’adolescent·e·s, bien que les chercheur·e·s reconnaissent sa présence chez les adultes. L’objectif général de l’étude est de mieux décrire et comprendre le processus de co-rumination en ligne chez les étudiant·e·s universitaires en relation d’aide, ainsi que son association avec le bien-être psychologique. Pour se faire, quatre angles de la co-rumination en ligne ont été étudiés : 1) la forme qu’elle prend, 2) son association avec le bien-être psychologique, 3) ses interactions sociales et 4) son contenu.
Une méthode mixte a été utilisée, comprenant une approche qualitative au premier plan. Les conversations en ligne comprenant de la co-rumination forment l’objet d’étude. Onze participant·e·s ont transmis quotidiennement des conversations ayant eu lieu en ligne. Au total, 186 journaux de bord ont été recueillis au cours de l’hiver 2022. Les journaux de bord ont permis de récupérer 147 discussions en ligne. Ces échanges ont été analysés à l’aide du manuel de Rose et ses collègues (2014) qui a identifié quatre dimensions à la co-rumination : 1) l’encouragement mutuel à discuter du problème; 2) la spéculation au sujet du problème; 3) le fait de ressasser le problème et 4) l’accent sur les affects négatifs liés au problème.
Les résultats ont confirmé la présence de co-rumination en ligne. Les dimensions de co-rumination ont pu être identifiées dans 67 conversations recueillies. Les résultats ont suggéré de considérer le soutien social et l’encouragement mutuel à discuter d’un problème comme étant caractéristiques de la co-rumination. Une nouvelle dimension de la co-rumination a été proposée, l’introduction d’un nouveau problème, qui s’exprime par la transition, au cours de la discussion, vers un problème distinct de celui initialement discuté. Les résultats ont aussi montré que la co-rumination sur les médias sociaux se distingue de son absence en ce qui concerne les sentiments anxieux et dépressifs, de même que le bien-être psychologique. Les types de réponses observés dans les conversations en ligne comprenant de la co-rumination sont diversifiés et principalement de valence émotionnelle positive (p. ex., le soutien/accord, les expériences connexes). Dans la co-rumination, les réponses ambigües et neutres ont été les plus prévalentes. Quant au contenu de la co-rumination, les résultats ont montré que les problèmes centraux sont de natures interpersonnelle et scolaire. La pandémie de la COVID-19 a également constitué un thème abordé sous plusieurs angles (p. ex. les mesures sanitaires à l’université, le contexte sociétal, la famille malade). Les thèmes personnels (p. ex. l’hygiène de vie, les caractéristiques descriptives, les valeurs personnelles et les émotions) ont presque toujours été présents dans les conversations comprenant de la co-rumination, bien qu’ils n’ont pas nécessairement été abordés en tant que problèmes.
Des critères de rigueur scientifique visant une meilleure validité sont discutés à la lumière de la démarche scientifique employée. La discussion soulève les apports méthodologiques, théoriques et pratiques de l’étude. Elle présente aussi des pistes d’interventions et de recherches futures pour mieux comprendre le phénomène de co-rumination. / According to some researchers, online co-rumination could partly explain the rise in student psychological distress in recent years. Co-rumination has two components: rumination and social. To date, this phenomenon has mainly been studied using the co-rumination questionnaire. On rare occasions, it has been studied in the laboratory with adolescents, although researchers have recognized its presence in adults. The overall aim of the study is to better describe and understand the process of online co-rumination among university students in the helping professions. To this end, four angles of online co-rumination were investigated: 1) the form it takes, 2) its association with psychological well-being, 3) its social component and 4) its content.
A mixed method was used, with a qualitative approach in the foreground. Online conversations involving co-rumination formed the object of study. Eleven participants were asked to transmit conversations that had taken place online on a daily basis. A total of 186 logs were collected during the winter of 2022. Among those, 147 logs included online discussions. These exchanges were then analyzed using Rose & al.’s (2014) manual, which identifies four main dimensions to co-rumination: 1) mutual encouragement to discuss the problem; 2) speculation about the problem; 3) rehashing the problem; and 4) focus on negative affects related to the problem.
The results confirmed the presence of online co-rumination. Co-rumination dimensions were identified in sixty-seven online conversations collected. Among other things, the results suggested that social support and mutual encouragement to discuss a problem were characteristic of co-rumination. A new dimension of co-rumination is proposed, the introduction of a new problem, expressed by the transition, during the discussion, to a problem distinct from the one initially discussed. The results also showed that co-rumination on social media differed from its absence with regard to anxious and depressive feelings, as well as psychological well-being. The types of responses in online conversations involving co-rumination were diverse and predominantly of positive emotional valence (e.g., phrases illustrating support/agreement, related experiences). Within the co-rumination dimensions themselves, ambiguous and neutral responses were the most prevalent. As for the content of online discussions involving co-rumination, the results showed that the central problems were interpersonal and academic in nature. The COVID-19 pandemic was also a theme addressed from several angles (e.g. health measures at university, societal context, sick family). Personal themes (e.g. lifestyle, descriptive characteristics, personal values and emotions) were almost always present in conversations involving co-rumination, although they were not necessarily discussed as problems.
Criteria of scientific rigor aimed at improving validity are discussed in the light of the scientific approach employed. The discussion highlights the study's methodological, theoretical and practical contributions. It also suggests avenues for intervention and future research to better understand the phenomenon of co-rumination.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/33838
Date06 1900
CreatorsAyotte, Emmanuelle
ContributorsTurgeon, Lyse, Marion, Élodie
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

Page generated in 0.0033 seconds