Cette thèse porte sur la lutte contre les discriminations ethno-raciales en France de 1998 à fin 2011. L'analyse s'inscrit dans une approche constructiviste et culturelle des problèmes publics. Elle s'appuie sur des documents, des enquêtes et des observations à différentes échelles d'intervention : européenne, nationale et locale. La prise en charge politique et institutionnelle des discriminations ethno-raciales en France est d'abord étudiée. Impulsée par l'agenda européen, celle-ci se caractérise par la faiblesse du portage politique, une euphémisation de la question raciale et en parallèle une territorialisation de l'action publique. La lutte contre les discriminations, menée sous le sceau de l'expérimentation, essentiellement dans le domaine de l'emploi, se traduit par un outillage conséquent et un évitement du débat politique. Dans un second temps, la thèse analyse la carrière du problème des discriminations dans une commune. Elle met en évidence les fortes dénégations des discriminations et montre que l'action publique locale est avant tout une lutte pour la reconnaissance du problème. L'analyse porte ensuite sur les stratégies mises en place par les acteurs locaux pour asseoir la légitimité des discriminations : une politique du témoignage pour aider les minoritaires à construire leurs expériences discriminatoires et tenter d'en faire des partenaires de l'action publique et une stratégie légaliste qui pénètre le discours politique. Mais le droit de la non-discrimination, fortement concurrencé, ne parvient pas à fonder un « ordre symbolique » s'imposant à tous. Les stratégies pour construire une « culture de la non-discrimination » s'avèrent fragiles / This thesis focuses on the fight against ethno-racial discrimination in France between 1998 and 2011. The analysis uses a constructivist and cultural approach to public problems. It is based on documents, enquiries and observations from various sources of European, national and local level. We first study the political and institutional approaches to the problem of ethno-racial discrimination in France. Driven by the European agenda these approaches are characterized by a lack of political support, a playing-down and understatement of racial issues, along with a territorialisation of public action. The fight against discrimination, led on a basis of experimentation essentially in the field of employment, results in an abundance of tools and an avoidance of public debate. The thesis goes on to monitor the “career” of the discrimination problem as experienced in one municipality. It highlights the strong disownment of the problem and demonstrates that local public action is above all a struggle for the recognition of the problem of ethno-racial discrimination. The analysis then focuses on the strategies put in place to legitimize the existence of such acts of discrimination: a witnessing policy to help minorities formulate their discriminatory experiences, and a legalistic strategy aimed at piercing political discourse and encouraging the sharing of responsibilities. But the right to non-discrimination, faced with strong competition, is unable to found a « symbolic order » recognized by all. In the end, the weaknesses of strategies aimed at building a « culture of non-discrimination » are brought to light.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013AIXM1075 |
Date | 03 June 2013 |
Creators | Cerrato Debenedetti, Marie-Christine |
Contributors | Aix-Marseille, Lorcerie, Françoise |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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