La thèse rend compte d’une tentative de repenser le rapport entre la pudeur et la littérature : non pas la pudeur dans la littérature ou une littérature de la pudeur mais le geste littéraire comme un geste de pudeur. Pour cela, la première partie de la thèse s’emploie à découvrir la pudeur (en français, en Occident), c’est-à-dire à tomber le voile des discours dogmatiques qui forgèrent le mythe d’une « pudeur féminine » depuis l’interprétation canonique de l’épisode biblique du « péché originel », pour mettre en évidence la nudité textuelle du sujet auctorial (du latin augeo qui signifie « augmenter » et qui donne le nom d’« auteur » en français). L’hypothèse est que sous le couvert d’une interdiction sexuelle et du voile posé sur le « féminin », la « pudeur féminine » dissimule une complexité générique : il s’agit de l’articulation problématique dont la littérature transporterait le secret entre les genres biologiques (humain-animal), les genres grammaticaux (masculin-féminin) et les genres du discours (religieux ou philosophique-littéraire). Dans une deuxième partie, la thèse examine les effets de la pudeur auctoriale à partir d’un corpus constitué de textes de Marguerite Duras et de Violette Leduc relevant des genres littéraires de l’intime mais dont la reprise fictionnelle est assumée par les auteurs : l’autobiographie (La Bâtarde et, dans une certaine mesure, L’Amant de la Chine du Nord), le journal et la lettre (Aurélia Steiner et L’Affamée). Cette étude est sous-tendue par deux axes de lecture qui mettent en évidence la déconstruction de « l’intérieur » à laquelle œuvre la pudeur : une responsabilité poétique et une franchise littéraire. / This thesis is an attempt to rethink the relationship between pudeur (a sense of shame) and literature : it is not about shame in literature or about the literature of modesty but about the literary act as an act of pudeur. The first part of the thesis is a discovery of modesty (in French, in the occident) ; in other words it is a dropping of the veil of the discourses which, since the canonical interpretations of « original sin » in the Bible, have forged the myth of a « female modesty ». This will highlight the textual nudity of the auctorial subject (« auctorial » : from the latin augere, meaning « to increase » which is at the root of the word for « author »). Under a covert sexual interdiction and a veil wrapped round the « feminine », female modesty dissimulates a generic complexity : the problematic articulation between species (human-animal), genders (male-female), and genres (religious or philosophical-literary) of which literature might hold the secret. In its second part the thesis examines the effects of pudeur auctoriale as revealed in a series of texts by Marguerite Duras and Violette Leduc. Among the intimate genres that these authors revisit in fiction there are : the autobiography (La Bâtarde and, to a certain extent L’Amant de la Chine du Nord), the diary and correspondence (Aurélia Steiner and L’Affamée). This study underlines the deconstruction from the inside towards which pudeur tends : a poetic responsibility and a literary honesty.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2010PA030081 |
Date | 23 September 2010 |
Creators | Frantz de Spot, Anaïs |
Contributors | Paris 3, Calle-Gruber, Mireille |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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