Notre thèse de doctorat porte sur la correspondance du médecin et antiquaire protestant Jacob Spon. Elle a pour objet de rassembler l’ensemble de ses lettres, afin de réaliser une édition critique. La correspondance de Spon s’inscrit dans l’immense réseau européen que forme la République des Lettres, qui, à l’époque classique, échangeait savoirs, idées, découvertes et services par le biais d’un intense échange épistolaire. Le savoir est un enjeu ; des stratégies résiliaires s’élaborent, au moment où L’Europe initie une critique radicale de l’héritage intellectuel hérité de l’Antiquité et de la tradition chrétienne. Les correspondances sont les vecteurs de l’échange des connaissances entre acteurs individuels ou collectifs.Chronologiquement, la correspondance de Jacob Spon s’étend sur environ vingt ans, de son départ de Lyon pour se former à la médecine, dans les années 1665-1667 à son brusque exil pour le Refuge en 1685 après la révocation de l’Édit de Nantes. Les correspondants résident dans la plupart des grands centres intellectuels de l’Europe occidentale, parmi lesquels Paris, Londres, Rotterdam, Leipzig, Francfort, Genève, Florence, Milan… Les plis du savant protestant, à l’exception de quelques-uns, sont tous rédigés à Lyon. À ce jour, nous avons recensé 425 lettres : 290 lettres reçues par Spon, et 135 envoyées à ses correspondants européens.Nous avons dégagé cinq thèmes principaux présents dans la correspondance du médecin Lyonnais.-Les réseaux et les milieux sociaux fréquentés par Jacob Spon. Le réseau familial constitue le premier cercle de sociabilité et permet d’entrer en relation avec d’autres réseaux plus étendus liés aux affinités intellectuelles, et principalement sur l’héritage antique gréco-romaine sous tous ses aspects : philosophie, religion histoire, artefacts, vestiges... Son rôle de médiateur culturel au sein de la République des Lettres apparaît en filigrane-La sensibilité religieuse. Plus qu’une pratique, la foi définit une partie de l’identité de l’érudit huguenot. Elle est aussi un discours qui se fonde sur deux arguments : le premier est celui de la liberté de conscience ; le second, plus original, tente de justifier la supériorité de l’Eglise Réformée par son ancienneté, en se basant sur l’épigraphie et la numismatique et peu par les textes. Il convient de replacer cette originalité dans le contexte de controverse religieuse qui agite la France du XVIIe siècle.D’autre part, l’articulation religion-antiquarisme a contribué semble-t-il à une approche de l’art différente des conceptions calvinistes traditionnelles.-La tolérance religieuse. Contrairement à l’idéalisation d’une République des Lettres faisant peu de cas de l’appartenance confessionnelle, nous souhaitons éprouver la notion de tolérance religieuse, que nous remettons en question, en nous appuyant sur le cas de Spon, qui souffrit de sa foi réformée dans la France précédant la révocation de l’édit de Nantes et affirma avec force son adhésion à la foi de Calvin.-La production et la diffusion de savoirs. L’érudit lyonnais est un des précurseurs de la démarche scientifique moderne. Il innova dans les domaines de sa compétence, servi par un regard aiguisé et une formation d’honnête homme. Il importe ici de saisir les mécanismes de production savante, et leur diffusion à l’ensemble des curieux par la voie des réseaux épistolaires.-La distinction entre sphère publique et sphère privée. Spon différencie dans sa correspondance ce qui relève de son for intérieur et ce qui concerne sa position d’homme public, c’est-à-dire son for extérieur. Paradoxalement, cette séparation est loin d’être claire dans ses papiers. L’étude de ces axes nous permet de clarifier comment les savoirs savants s’élaborent et se diffusent, mais aussi de replacer la place de la religion, au sein de la République des Lettres dans les stratégies de communication savante à partir du cas particulier de la correspondance de Jacob Spon. / Our thesis focuses on the correspondence of physician and antiquarian Protestant Jacob Spon. To gather all of his letters, in order to achieve a critical edition of its object. Spon correspondence is in the vast European network that form the Republic of Letters, which, in the classical period, trading knowledge, ideas, discoveries and services through an intense exchange of letters. But speaking of "network" in the singular is abusive. Hundreds of networks communicate, create, unmade, confront, overlap. Knowledge is an issue, the résiliaires strategies are developed at a time when Europe introduces a radical critique of the intellectual legacy inherited from antiquity and the Christian tradition. Matches are the vectors of the exchange of knowledge between individual or collective actors.Chronologically, the correspondence of Jacob Spon covers about twenty years of his departure from Lyon to train in medicine, in the years 1665-1667 to his sudden exile to the Refuge in 1685 after the revocation of the Edict of Nantes. The corresponding live in most of the major intellectual centers of Western Europe, including Paris, London, Rotterdam, Leipzig, Frankfurt, Geneva, Florence, Milan ... The folds of Protestant scholar, with the exception of a few, are all written in Lyon. To date, we have identified 425 letters: 290 letters received by Spon and 135 sent to its European correspondents.Our approach is guided by the joint letter correspondence. A letter makes sense that being inserted in a set or series that recounts the lives, conditions, constraints and policy concerns, religious, financial, commercial, intellectual, and cultural of the letter writer. We are thus led to the interpretation of single text linking to this piece with a meaningful whole. Correspondence, witness and agent information exchange suggests a network, that is to say, a complex communication structure which fits individual-author.We have identified five key themes in the correspondence doctor Lyonnais.- Networks and social circles frequented by Jacob Spon. The home network is the first circle of sociability and allows to interact with other larger related intellectual affinity networks, mainly on the ancient Greco-Roman heritage in all its aspects: philosophy, religion, history, artifacts, remains ... Jacob Spon maintains a role of cultural mediator in the Republic of Letters between scholars living in Italy, Paris and Protestants States. - The religious sensibility. More than practical, faith defines a part of the identity of the Huguenot scholar. It is a discourse that is based on two arguments: the first is freedom of conscience, the second most original attempts to justify the superiority of the Reformed Church by seniority, based on epigraphy and numismatics and little by law. It should replace the original in the context of religious controversy stirring seventeenth-century France.On the other hand, the joint-antiquarianism-religion helped-it seems a different approach to the art of traditional Calvinist designs.- The religious tolerance. Unlike the idealization of a republic of letters with little regard to religious affiliation, we would test the concept of religious tolerance in Republic of Letters, relying on the case of Spon, who suffered for his faith in the Seventeeth century Catholic France before the revocation of the Edict of Nantes.- Production and dissemination of knowledge through epistolary networks.- The distinction between public and private spheres. Paradoxically, this separation is far from clear in Jacob Spon's papers. The thesis tries to clarify how knowledge is exchanged among scholars , but also to replace the Religion confrontation between Catholics and Protestants within Republic of Letters and strategies of communication in this learned community.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013LYO30033 |
Date | 02 July 2013 |
Creators | Moreau, Yves |
Contributors | Lyon 3, Krumenacker, Yves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0031 seconds