Si la traduction est simplement définie comme un processus de communication bilingue dont le but général est de reproduire en langue cible un texte qui soit fonctionnellement équivalent au texte de départ (Reiss 2004 : 168-169), l’approche empruntée dans la présente thèse est celle d’une opération interculturelle et systématique qui vise à capturer le message issu d’une langue étrangère, à le décrypter en tenant en compte des nuances culturelles ou inhérentes à la discipline, et à le rendre le plus clairement possible en se servant d'éléments linguistiques et extralinguistiques compréhensibles dans la langue du locuteur cible. L'objectif est de déterminer la contribution de la traduction à l’expansion lexicale du sesotho, domaine qui demeure peu exploré par les spécialistes de cette langue. La problématique de ce travail repose sur la constatation que les néologismes en sesotho ne sont pas documentés de manière satisfaisante, si bien qu’il est difficile d'évaluer la contribution de la traduction à l’expansion lexicale. Les études antérieures sur la morphologie, la dérivation, la composition, l’emprunt et la dénomination s’appuient sur la mesure de la productivité, soulevant la question de savoir si la traduction en soi contribue à l’enrichissement terminologique du sesotho. Le point de départ de la thèse est l'hypothèse selon laquelle l’interaction avec le monde européen a nécessité de traduire de nombreux concepts qui n’existaient pas dans les systèmes traditionnels du Lesotho, ce qui a entraîné un nouveau dynamisme qui a permis de combler des lacunes terminologiques évidentes et de s’ouvrir et de s’adapter aux nouvelles réalités. Pour mettre cette hypothèse à l’épreuve et arriver à des conclusions éclairées et fiables, je cherche à répondre à trois questions : 1) Quelle est la structure des mots sesothos par rapport à celle de l’anglais en tant que langue source de traduction en sesotho, et du français en tant que langue de rédaction de la thèse ? 2) Etant donné que le sesotho est utilisé concomitamment avec l’anglais sans pour autant être la langue d'une culture inventrice en matière technologique, quel est le rôle que joue l’emprunt dans son expansion lexicale ? 3) D’un point de vue lexicologique, comment le sesotho répond-il aux besoins terminologiques dans les domaines de spécialité techno-scientifiques ? Pour y répondre, je m'appuie sur Doke (1954) et Matšela et al. (1981) pour situer le sesotho parmi les langues bantoues, préciser les fonctions du préfixe classificateur et établir la différence entre les composés sesothos d'une part et les composés anglais et français d'autre part. J’utilise ensuite la théorie avancée par Lederer (1990) pour démontrer l’influence syntaxique, sémantique et morphologique que l’anglais a sur le sesotho et pour présenter les différents procédés d’emprunt du sesotho. Diki-Kidiri (2008), Dispaldro et al. (2010) et Baboya (2008) démontrent la nécessité de faire appel aux informateurs-spécialistes pour confirmer l’hypothèse de départ. Les résultats obtenus mettent en évidence qu’en effet, la traduction a contribué à l’expansion du sesotho moderne, bien que cela n’ait pas été documenté, d’où la recommandation d'un travail collaboratif entre lexicologues au Lesotho, au Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud, pour ouvrir de nouvelles perspectives d’études linguistiques sur le sesotho et pouvoir suivre et mesurer l’évolution de la langue. / Whilst translation is simply defined as a communication process whose main objective is to reproduce in the target language a text that is functionally equivalent to the source text (Reiss 2004: 168-169), the approach taken in this study views translation as an intercultural and systematic operation whose objective is to capture the message from the foreign language, to decrypt it taking into account cultural nuances or those inherent in the field at hand and to render it in the clearest possible manner using linguistic and extra linguistic elements which are comprehensible to the speaker of the target language. This study is aimed at determining the contribution of translation to the lexical expansion of Sesotho, an area which has been little explored by specialists of the language. The core issue is centred on the observation that Sesotho neologisms are not well documented, so that it is hard to measure the contribution of translation towards the lexical expansion of Sesotho. Analyses of morphology, derivation, compounding, borrowing and denomination are mainly focused on productivity in order to determine whether translation as a discipline contributes towards the creation of new words in the language.The study begins by positing the hypothesis that the interaction with the Western world necessitated the translation of numerous concepts which were absent from the then existing Sesotho systems. This process of interaction contributed a new dynamism that helped the language to bridge the terminological gap, to open up and adapt to new realities. In order to put this hypothesis to the test and arrive at well-researched and reliable conclusions, I attempt to probe three issues of concern: firstly, what is the structure of the Sesotho language compared to that of the English language as the source language of most translations into Sesotho and compared to that of the French language as the language in which this study is presented? Secondly, considering that Sesotho is used simultaneously with English even though it is not a techno-scientifically inventing language, what is the role played by the processes of borrowing in the lexical expansion of Sesotho? Thirdly, from the word-formation point of view, how does Sesotho respond to the terminological deficiencies in various fields of specialisation?To address these issues, Doke (1954) and Matšela et al. (1981) serve as references to situate Sesotho among the Bantu languages, to highlight the functions of the class prefix and to establish the difference between Sesotho and English and French compounding. Secondly, the theory advanced by Lederer (1990) serves as a springboard to analyse the syntactic, semantic and morphological influences that English has on Sesotho and to present the different borrowing processes. The third issue is addressed based on the theories presented by Diki-Kidiri (2008) while the theories proposed by Dispaldro et al. (2010) and Baboya (2008) led to the decision to call upon specialist informants to confirm the original hypothesis. The results obtained provide evidence that translation has, in fact, contributed to the lexical expansion of modern Sesotho, even though this has not been well documented. The study recommends collaborative work between Lesotho, Botswana, Namibian and South African linguists in order to open new avenues of linguistic studies on Sesotho with the aim to measure and monitor the evolution of the language.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LYSE2121 |
Date | 22 November 2016 |
Creators | Sebotsa, Mosisili |
Contributors | Lyon, Arnaud, Pierre |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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