La classe d’accueil est un service offert dans la région métropolitaine de Montréal aux élèves identifiés comme ayant besoin de soutien linguistique en français avant de poursuivre leurs études en classe ordinaire. Ces élèves passent par deux classements : un pour entrer et un autre pour sortir de la classe d’accueil. Peu de recherches se sont penchées jusqu’à présent sur les élèves appartenant à des groupes minorisés en classe d’accueil, des élèves qui se trouvent surreprésentés dans la suite de leur parcours éducatif en classe d’adaptation scolaire et dans d’autres filières moins sélectives.
Dans le but de comprendre les procédures de classement des élèves du secondaire avant et après leur séjour en classe d’accueil dans la région métropolitaine de Montréal, à partir d’un cadre théorique sociologique inspiré des concepts d’habitus, de normalisation, d’altérisation et de stigmatisation intersectionnelle, cette recherche qualitative ethnographique documente les discours des acteurs scolaires impliqués dans les prises de décisions relatives aux classements des élèves avant et après le séjour en classe d’accueil ainsi que les discours des élèves soumis à ces décisions. Pour ce faire, nous avons analysé 28 documents (gouvernementaux, des centres de services scolaires, des échanges via courriel et des publications dans un groupe Facebook), 10 heures d’observation d’interactions sociales à différent moments de la vie scolaire (des rencontres de prévision de classement, une rencontre d’accueil de parents, des cours en classe d’accueil et des observations dans les couloirs d’une école) et 44 entretiens (dont 37 avec des intervenants scolaires – 14 enseignants, 12 conseillers pédagogiques, 3 professionnels dans d’autres types de soutien, 3 directions (adjointes) d’école et 5 professionnels dans d’autres postes administratifs – et 7 avec des élèves qui ont passé par un séjour en classe d’accueil lors de leurs études secondaires).
Les principaux résultats soulignent que les élèves (et leurs parents) ne sont pas suffisamment informés au sujet du système éducatif de leur province d’accueil. Ils tendent ainsi à accepter les décisions de classements, incluant vers d’autres secteurs que la classe ordinaire (adaptation scolaire ou formation générale des adultes). Selon les intervenants scolaires, seule une partie des élèves répondrait à ce qui est exigé par le milieu d’accueil en termes de performance et de comportement et atteindrait donc la réussite éducative. Les élèves qui ne réussissent pas à s’adapter sont ceux jugés comme ayant des enjeux individuels ou liés à leur pays d’origine (ex. difficultés d’apprentissage, retard scolaire). Les intervenants scolaires interrogés mentionneraient peu fréquemment les enjeux structurels du milieu d’accueil, mis à part le manque de ressources. Cela se traduit par : 1) de longs séjours en classe d’accueil; 2) des classements en classe ordinaire en dessous du niveau âge des élèves; 3) des classements dans le secteur de la formation générale des adultes; ou 4) des classements dans le secteur de l’adaptation scolaire. Notre analyse signale une posture suprémaciste d’altérisation derrière le discours du « besoin » d’intégration et une pensée déficitaire en lien avec les préalables de la réussite. Ainsi, le séjour en classe d’accueil serait une forme de disciplinarisation. / The welcoming class is a service offered in the Montreal metropolitan region to students identified as needing French language support before continuing their studies in the mainstream class. These students go through two placements: one to enter and another to leave the welcoming class. Little research has until now focused on students belonging to minority groups in the welcoming class, students who find themselves overrepresented in the rest of their educational journey in special education classes and in other less selective sectors.
In order to understand the procedures for placing secondary students before and after their stay in the welcoming class in the Montreal metropolitan region, from a sociological theoretical framework inspired by the concepts of habitus, normalization, othering and intersectional stigmatization, this qualitative ethnographic research documents the discourses of school actors involved in the decision-making on the placement of students before and after the stay in the welcoming class as well as the discourses of students subject to these decisions. To do this, we analyzed 28 documents (governmental, from school service centers, exchanges via email and publications in a Facebook group), 10 hours of observation of social interactions at different moments of school life (meetings concerning forecast placement, a parents’ welcoming meeting, courses in the welcoming class and observations in the corridors of a school) and 44 interviews (including 37 with school actors – 14 teachers, 12 educational advisers, 3 professionals in other types of support, 3 (deputy) school principals, and 5 professionals in other administrative positions – and 7 with students who went through a stay in the welcoming class during their secondary studies).
The main results highlight that students (and their parents) are not sufficiently informed about the education system in their host province. They thus tend to accept placement decisions, including towards sectors other than the mainstream class (special education or general adult education). According to school workers, only a portion of students meet what is required by the host environment in terms of performance and behavior and would therefore achieve educational success. The students who fail to adapt are those judged as having individual issues or issues related to their country of origin (e.g., learning difficulties, academic delay). The school workers interviewed rarely mentioned the structural issues of the host environment, apart from the lack of resources. This results in: 1) long stays in the welcoming class; 2) placements in mainstream class below the age level of the students; 3) placements in the general adult education sector; or 4) placements in the special education sector. Our analysis points to a supremacist posture of othering behind the discourse of the “need” for integration and a deficit thinking linked to the prerequisites for success. Thus, the stay in the welcoming class would be a form of disciplinarization.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/32976 |
Date | 10 1900 |
Creators | De Oliveira Soares, Roberta |
Contributors | Magnan, Marie-Odile |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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