Dans une approche superficielle de l’Histoire péruvienne récente, la violence a d’abord eu pour nom Sentier Lumineux ; elle s’appelle aussi « armée » et « groupes para-militaires ». Chronologiquement, elle peut être située entre 1980 et 1992 (date de l’arrestation d’Abimael Guzmán, le leader incontesté du groupe maoïste). Une façon de dénoncer cette violence a été de faire appel à une forme discursive dont le premier sens est juridique : le témoignage. Les témoignages, alors réunis du temps de cette guerre sale (appelée aussi « conflit interne ») et dans les années qui ont suivi, ont permis à la Commission de la Vérité et de la Réconciliation (C.V.R., créée en 2001) de mettre en évidence des mécanismes qui tiennent autant à cette expérience de la violence qu’à une mise en mots de cette expérience. La réalité de ces décennies de terreur engendre donc deux réactions. Une réaction politique, journalistique et juridique (par exemple, la commission présidée par Mario Vargas Llosa en 1984, après le massacre de journalistes à Uchuraccay), d’abord. Ensuite, une réaction artistique et littéraire, souvent en décalage par rapport à la chronologie historique. Dans tous les cas, on pourrait dire que le témoignage est une forme privilégiée de ce dire. Ainsi, l’écriture des écrivains péruviens, empreinte du contexte national, tente d’informer le lecteur à l’aide de données historiographiques, journalistiques, politiques et/ou personnelles plus ou moins avérées, et au-delà cherche à réfléchir sur la crédibilité du politique, sur la légitimité du pouvoir, sur la permanence de l’Humain. Dans la plupart de ces œuvres, dont notre corpus est un échantillon, nous nous interrogeons sur les formes littéraires que peut prendre cette violence. Mêlant prose, vers et bande dessinée, on trouve chez les auteurs, d’une part, la nécessité de dire ce que l’on a vu ou entendu -le témoin de cette Histoire s’impose donc souvent comme protagoniste de l’œuvre littéraire- mais aussi, d’autre part, la nécessité de guider le lecteur dans la fiction proposée. Pour ce faire, nous avons choisi dix auteurs, consacrés ou relativement inconnus, dont une partie de l’œuvre traite de cette problématique. Ce sont les romanciers Mario Vargas Llosa (Lituma en los Andes, 1993), Alonso Cueto (La hora azul, 2005) et Santiago Roncagliolo (Abril rojo, 2007). Dans le domaine de la nouvelle, nous avons retenu aussi trois auteurs : Julián Pérez (« Los alzados », 1986), Pilar Dughi (« El cazador », 1989) et Sócrates Huaita Zuzunaga (« Ayataki », 1989). Quant à la poésie, elle est représentée ici par Rodrigo Quijano (Una procesión entera va por dentro, 1998), Rocío Silva Santisteban (Las hijas del terror, 2005) et Luis Rodríguez Castillo (El monstruo de los cerros, 2005). Enfin, nous avons sélectionné la bande dessinée de Jesús Cossío, Alfredo Villar et Luis Rossell (Rupay, 2008). / In Peru’s recent History, violence can first be superficially referred to under the name of Shining Path, or synonyms such as « army » and « paramilitary groups ». Chronologically speaking, this violence can be dated from 1980 until 1992–the year when the Maoist group’s undisputed leader, AG, was arrested. One way to denounce such violence has been to use a discursive (though originally legal) form: witness statements. All the witness statements gathered over the years of this dirty war (also named « internal conflict ») and over the following years, have made it possible for the Truth and Reconciliation Commission (T. R. C., established in 2003) to highlight mechanisms owing to both the experience of violence and the voicing of such experience. The reality of these decades of terror therefore triggered two reactions: first, a political, journalistic and legal reaction–for example, the committee chaired by MVL in 1984, after some journalists were murdered in Uchurracay; then, an artistic and literary reaction often taking a distance with historical chronology. In both cases, witness statement is the form chosen to best express such commitment. The writing of Peruvian authors, relying on national context, thus wishes to inform the reader through the use of more or less reliable historiographical, journalistic, political and/or personal data. It further intends to ponder over the credibility of politics, the legitimacy of power, and human resistance. The selection from these works we have made in our corpus wishes to question the literary forms such violence can take. Writing in prose, in verse and under the form of comic books, the authors express on the one hand the necessity to say what was seen or heard–the witness of this History often becomes in this case the protagonist of the work – but also, on the other hand, the necessity to guide the reader through the fiction itself. Our selection thus includes ten established or relatively unknown authors whose work partly tackles such issue: three novelists, Mario Vargas Llosa (Lituma en los Andes, 1993), Alonso Cueto (La hora azul, 2005) and Santiago Roncagliolo (Abril rojo, 2007), and three short-story writers, Julián Pérez (Los alzados, 1986), Pilar Dughi (El cazador, 1989) and Sócrates Huaita Zuzunaga (Ayataki, 1989). Poetry is represented through the work of Rodrigo Quijano (Una procesión entera va por dentro, 1998), Rocío Silva Santisteban (Las hijas del terror, 2005) and Luis Rodríguez Castillo (El monstruo de los cerros, 2005), and the comic book we have selected is that of Jesús Cossío, Alfredo Villar and Luis Rossell (Rupay, 2008).
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013TOU20142 |
Date | 07 December 2013 |
Creators | Herry, Mylène |
Contributors | Toulouse 2, Suárez, Modesta |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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