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La théorie de l’art pour l’art : étude généalogique d’un nouveau paradigme éthique de l’art

Tougas, Kevin 12 1900 (has links)
L’objectif de ce mémoire est de proposer une généalogie de la théorie de l’art pour l’art, élaborée dans le contexte historique du romantisme. En prenant pour point de départ le double mouvement d’autonomisation des beaux-arts et de l’esthétique du XVIIIe siècle, cette recherche vise à reconstituer les grands axes de cette nouvelle doxa artistique apparue sous la Monarchie de Juillet. S’inscrivant dans la même démarche de dissociation entre les notions du Beau et du Bien qui caractérise la naissance de la discipline esthétique au siècle des Lumières, la théorie de l’art pour l’art est généralement reconnue en raison de son rejet radical de toute forme de moralité. Or, derrière cet aspect, il apparaît que certains de ses tenants ont fait preuve d’une très forte rigueur éthique dans l’exercice de leur art. Cela est notablement le cas de Gustave Flaubert, dont la Correspondance déploie le programme complet d’une « morale de l’art ». La reconstitution des fondements de cette dernière occupera la seconde et dernière grande partie de ce travail. La première partie sera quant à elle pour une large part consacrée à la pensée esthétique de Karl Philipp Moritz. Personnage parfois méconnu, cet écrivain philosophe mérite sans l’ombre d’un doute d’être considéré dans la genèse des idées de l’art pour l’art. Sa conception autotélique du Beau offre très certainement l’une des versions les plus radicales de l’indépendance des beaux-arts à l’égard de la morale au XVIIIe siècle. De plus, son concept d’imitation formatrice du beau annonce les changements profonds qui affecteront la conception romantique de l’artiste et de l’acte de création au XIXe siècle. / The aim of this study is to propose a genealogy of the theory of “l’art pour l’art”, elaborated in the historical context of Romanticism. Taking as a starting point the movement of autonomy of the Fine Arts and aesthetics of the 18th century, this research is an attempt to reconstruct the main lines of this new artistic doxa that appeared under the July Monarchy. Following the same approach of dissociation between the notions of Beauty and Good that characterized the birth of the aesthetic discipline in the Enlightenment, the theory of “l’art pour l’art” is generally recognized because of its radical rejection of all forms of morality. Yet, behind this aspect, it appears that some of its proponents have shown a very strong ethical rigour in the exercise of their art. Gustave Flaubert is definitely one of them. In his Correspondance, a complete program of a “moral of art” is deployed. Rebuilding the foundations of this program will occupy the second and final major part of this work when the first part will be largely devoted to the aesthetic thought of Karl Philipp Moritz, a character who is sometimes misunderstood. This philosophical writer undoubtedly deserves to be considered in the genesis of the ideas of the theory of “l’art pour l’art”. His autotelic conception of Beauty certainly offers one of the most radical versions of the independence of the fine arts from morality on the 18th century. Moreover, his concept of formative imitation of beauty announces the profound changes that will affect the romantic conception of the artist and the act of creation in the 19th century.

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