Dans le cadre d'un champ universitaire dont l'organisation et la régulation connaissent des changements majeurs, cette thèse analyse les évolutions du travail d'enseignant-chercheur et les spécificités de leur développement professionnel à travers l'étude des activités de communication et de diffusion de la recherche, définies comme des activités de valorisation. Trois modes de valorisation de la recherche sont définis au regard des différents types de formalisation des travaux : la valorisation « scientifique » (communication des travaux dans la communauté de pairs), la valorisation « pédagogique » (interactions recherche-formation du modèle d'université humboldtien) et la valorisation « sociale » (ensemble des activités d'intervention et de diffusion des savoirs dans les terrains sociaux et professionnels). <br />Les enquêtes réalisées ont tout d'abord contribué à accroître le degré d'intelligibilité des activités de valorisation et à caractériser les compétences et les savoir-faire que les universitaires estiment requis pour les mettre en oeuvre. Par-là même, la diversité des voies d'acquisition et de consolidation de leur professionnalité en la matière est également mise en exergue. Ainsi, cette recherche met en évidence différentes figures de développement professionnel, promues au sein de la communauté de pairs et définies par des configurations spécifiques d'activités, de compétences et de valeurs attachées au rôle de la valorisation des travaux dans l'environnement scientifique et social des Sciences de l'éducation. En ce sens, cette thèse caractérise la tension des démarches d'évaluation et de régulation réalisées par les instances internes au groupe professionnel entre reconnaissance de certaines variantes dans le développement professionnel et préservation de l'unité de la professionnalité d'universitaire. L'enjeu de l'évaluation des modes de valorisation serait par-là même de générer une communauté professionnelle tout en permettant aux enseignants-chercheurs d'assurer la diversité des tâches effectivement requises par le métier, de faire face à leurs nouvelles missions et de contribuer au renouvellement des paradigmes et des terrains de recherche.

Ce travail de recherche, en se référant au cadre théorique de Pierre Bourdieu, montre que l'enseignement supérieur peut être considéré comme un champ scientifique défini comme un microcosme, relativement autonome du macrocosme économique et social, mais néanmoins fortement pénétré par les valeurs et l'évolution de ce dernier vers le libéralisme. Cette évolution est clairement perceptible dans les réformes structurelles (contractualisation, décentralisation, autonomie accrue...), induites notamment par la construction de l'espace européen de l'enseignement supérieur et de la recherche. L'enseignement supérieur est structuré en sous champs disciplinaires hiérarchisés avec au centre les disciplines dominantes (sciences dures) et à la périphérie les disciplines dominées (SHS). Cette hiérarchisation est tangible dans la formation doctorale, centre de cette recherche : La mise en oeuvre d'une enquête sur la formation doctorale à l'Université de Bourgogne sous forme de deux questionnaires destinés aux doctorants et aux directeurs de thèse des écoles doctorales de cette université, a permis de mettre en évidence que les habitus et la socialisation professionnelle des doctorants sont très différents selon les champs disciplinaires autant au niveau des conditions matérielles et sociales de travail des doctorants, de l'importance des rôles joués par les acteurs, que des outils de la formation- socialisation professionnelle des doctorants.