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Suzanne Lilar : configurations d'une image auctorialeCristea, Carmen 09 1900 (has links)
Cette thèse pose la question du positionnement identitaire difficile qui marque la trajectoire littéraire de l’écrivaine belge Suzanne Lilar (1901-1992). Le tiraillement vécu par l’écrivaine entre sa vocation artistique et la nécessité de préserver une image de soi conforme aux normes du milieu social dans lequel elle s’inscrit se reflète dans les scénographies construites par ses œuvres littéraires, mais également dans son discours réflexif et paratextuel ainsi que dans la manière dont son œuvre est accueilli par la presse de l’époque. Le premier volet de cette analyse s’attache à circonscrire la position occupée par Suzanne Lilar sur la scène littéraire belge, dont la proximité avec le centre parisien a toujours entretenu la menace de l’assimilation, et sur la scène de l’écriture féminine. Le deuxième volet de cette thèse porte sur l’analyse des scénographies construites par les textes de fiction et les textes à tendance autobiographique de Suzanne Lilar. Les doubles scénographies que donnent à lire ces œuvres montrent que la démarche esthétique de Suzanne Lilar, sous-tendue par le besoin de légitimation de son entreprise, est basée principalement sur la multiplication des perspectives et des moyens d’expression. Le dédoublement de la scène énonciative des récits, la mise en abyme de la figure auctoriale ainsi que le travail d’autoréécriture témoignent de la nécessité de se positionner dans le champ littéraire, mais également de la méfiance de l’écrivaine envers l’écriture littéraire. Le troisième volet de cette recherche analyse l’éthos et la posture que Lilar construit à l’aide du discours réflexif et paratextuel par lequel elle assoit sa légitimité sur la scène littéraire et sociale. Enfin, la dernière partie de cette thèse capte les échos de l’œuvre de Lilar dans la presse de son temps. L’image de l’auteure construite par les médias permet de placer Lilar au sein de l’institution et du champ littéraire, mais également au sein du groupe social dans lequel elle s’inscrit. L’accueil réservé à l’écrivaine par la presse de son époque semble suivre les fluctuations de la posture construite par l’écrivaine elle-même. Cela confirme l’hypothèse selon laquelle Lilar est une auteure qui a éprouvé de la difficulté à assumer pleinement son rôle. Le positionnement en porte-à-faux – dont témoigne la figure du trompe-l’œil qui définit sa poétique – semble avoir représenté, pour Lilar, la seule manière d’assumer l’incontournable paratopie créatrice. / This thesis investigates the difficult positioning of identity in Belgian writer Suzanne Lilar's literary trajectory. The conflict between the writer's art and her need to project an image consistent with her environment is reflected not only in the set-pieces of her literary works, but also in her essays and paratext, and in the way her works were received by the press of the day. The first part of the analysis describes Lilar's position in Belgian literary circles, whose proximity to the mainstream was always threatened by assimilation, and within feminist writings. The second part analyzes the storylines in her fictional and more biographical works. The parallel viewpoints in these works demonstrate that Lilar's aesthetic approach, which is based on the need to legitimize her enterprise, is based mainly on multiple perspectives and forms of expression. The duplication of the plot line in her stories, the mise en abyme of the author's voice, and the constant rewriting illustrate her need to make a place for herself in the literary landscape, but also her mistrust of literary writing. The third part of this research analyzes the ethos and position Lilar constructs through her essays and paratext, upon which she bases her literary and social legitimacy. The final part of the thesis reports on how Lilar's work was received in its day. The image of Lilar propounded by the media positioned her within the literary establishment and also within her own chosen social stratum. The press of the time viewed her as she variously presented herself. This corroborates the hypothesis that Lilar had trouble in fully assuming her role as a writer. Her presentation of herself as being out of step with society − in the trompe-l'oeil manner of her poetics − appears to have been the only way for Lilar to shoulder the displacement essential to her creative work.
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