La thèse porte sur l’étude d’un dispositif d’accompagnement à la mobilité professionnelle au sein d’une ancienne administration d’État devenue société anonyme. Réalisée dans les centres financiers de la Banque Postale, l’enquête ethnographique combine entretiens et observations pour analyser conjointement la mobilité en cours de carrière comme l’agencement subjectif des séquences d’une vie, et la mobilité comme modalité de gestion du personnel d’une entreprise en transformation. Dans un contexte où l’individualisation des politiques de l’emploi se joint à celle des dispositifs de gestion des ressources humaines (Gazier, 2010), la thèse propose une analyse de la mobilité en contexte organisé, qui met en évidence le caractère normatif d’une injonction à la réalisation de soi par le travail. Elle met en avant le caractère multidimensionnel des transactions qui se jouent dans une épreuve de mobilité (sur le plan biographique, sur celui des usages – et détournements – des dispositifs de gestion, sur le rôle joué par les managers ou encore le cadre collectif négocié par les organisations syndicales). Ainsi, la thèse dissout les catégories dichotomiques utilisées pour décrire les parcours professionnels (mobilité subie ou choisie) en montrant que des mobilités dites subies peuvent être l’expression de véritables choix de carrière au service d’un projet de vie et que des mobilités dites choisies peuvent s’avérer foncièrement contraignantes. Au final, la thèse montre que le rapport entretenu par les individus avec leur carrière et l’usage qu’ils font de la mobilité comme outil au service de celle-ci, s’avère bien plus déterminant. / The focus of the thesis is the study of a support mechanism for employee mobility in a former state owned public administration that became a limited company. Carried out in the financial centres of La Banque Postale, the ethnographic inquiry combines qualitative interviews with workplace observations in order to analyse both career mobility as a subjective combination of life sequences, and professional mobility as a way of managing people in a firm in a state of transformation. In a context where both employment policies and human resources management systems tend towards individualized actions (Gazier, 2010), the thesis offers an analysis of professional mobility within an organized and structured context that highlights the normative nature of an injunction to self-realization through work. It emphasizes the multidimensional nature of bargainings involved in the course of mobility (on a biographical level, on the use - and misuse - of management tools, on the role played by managers or the collective framework negotiated by Trade Unions). Thus, the thesis dissolves the dichotomous categories used to describe professional careers (imposed or chosen mobility) by showing that so-called imposed mobility can be the expression of true career choices to serve a life project and that so-called chosen mobility may be fundamentally constraining. Finally, the thesis shows that the relationship maintained by individuals with their career and the use they make of professional mobility as a tool in order to achieve it, is far more decisive.

Cette thèse de doctorat a pour but d'établir une comparaison de l'évolution de la profession et du vécu de la profession enseignante sur la période allant de 1970 à 2000. Cette période permet d'axer la comparaison sur les évolutions politiques, différentes dans les deux zones géographiques : en Allemagne, la Réunification bouleverse l'ensemble de la société et entraîne tout le système scolaire dans une période de réformes ; en France, l'évolution politique et de la société est, en comparaison, linéaire. Les réformes concernant la formation et le statut des enseignants sont ici mises en perspective par rapport aux différents types de modernisation.Après avoir justifié la comparaison entre la France, la RDA et les nouveaux Länder, ce travail entend définir les types de modernisation à l’oeuvre dans les zones géographiques et politiques observées. La méthodologie employée pour la récolte et l'analyse des données est celle de la sociologie interactionniste des professions, et s'appuie sur un matériel empirique composé de récits de carrière récoltés effectués d'enseignants et enseignantes situés à Lyon et à Leipzig, et dont la carrière dans l'enseignement a débuté entre 1970 et 2000.Un deuxième bloc s'attache à l'évolution des systèmes scolaires dans les pays concernés, en se concentrant sur la formation et le statut des enseignants. Les contextes historiques et éducatifs nécessaires à l'étude sont définis ici.La troisième grande partie est composée du traitement des entretiens, et compare l'évolution relatée par les enseignants de la profession. Cette partie est découpée en huit sous-parties, catégories d'analyse construites après analyse des entretiens. Ces sous-parties appelées « items » sont le coeur de la comparaison, en éclairant les catégories construites sous plusieurs angles : évolution temporelle, évolution politique, groupes professionnels, caractères communs et personnels. / The main objective of this thesis is to establish a comparison of the teachers professions evolution and lived careers, in the time period going from 1970 to 2000. This period allows us to concentrate the comparison on the political evolutions, which are different in the two considered geographic areas: in GDR and Germany, the Reunification disrupts the whole society and leads the land in a total reform period; in France, the political and societal evolution is, in comparison, quite linear. The reforms about the teachers education and status are taken in this work under the perspective of the different types of modernization.After the justification of the interest of comparing France, the GDR and the new Länder of Germany, this thesis aims the definition of the types of modernization we can find in the considered geographic and politic contexts. The methodology we used in this work to gather and analyse the data is the interactionist profession sociology, and the empiric data used is a corpus of teachers career interviews realised in Lyon and Leipzig. The interviewed teachers began their career as teacher between 1970 and 2000.A second part is centered in the observation of the evolution of the school systems in the concerned countries, and especially teachers education and status. The historical and educative contexts we used for this study are defined here.The third part is the empiric part, and is about the analysis of the interviews. The evolutions the teachers told about the profession are compared in this part. It is composed of eight categories, built after the interviews analysis. They are at the heart of the comparison, and shows the categories we built under many lights: temporal evolution, political evolution, professional groups, personal and common features.