Les hépatites B (VHB) et C (VHC) constituent un problème de santé publique, particulièrement dans les pays à faible ou moyen revenu. Au Mali, Afrique de l'Ouest, peu de données existent sur la prévalence de la co-infection par ces hépatites et le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) chez les groupes vulnérables comme les travailleuses du sexe (TS). Cette étude transversale conduite à Bamako (ville principale du Mali), chez 400 TS (200 VIH+ et 200 VIH-) avait pour but de déterminer la prévalence et les facteurs associés à l'antigène HBs d'une part et aux anticorps anti-VHC d'autre part. Un questionnaire a été administré, des prélèvements sanguins et un auto-prélèvement vaginal ont été effectués. Les prévalences ont été présentées selon le statut par rapport au VIH avec un intervalle de confiance (IC) à 95% et la régression logistique multivariée a été utilisée pour les mesures d'association. La prévalence de l'antigène HBs et des anticorps anti-VHC étaient, respectivement, de 6,5% et 4,5 % chez les VIH+ et 8,5 % et 6,0 % chez les VIH-. En analyses multivariées, l'âge au premier rapport sexuel payant (moins de 18 ans) et la présence d'anti-VHC étaient fortement associés au VHB (Rapport de Cote ajusté [RCa]; Intervalle de Confiance à 95% [IC95%] : 3,3; 1,24, 8,63) et 3,7; 1,21, 11,54, respectivement). Seul, l'antigène HBs était associé aux anticorps anti-VHC (RCa; IC95% : 4,1; 1,29, 12,56). La fréquence relativement élevée des hépatites virales B et C chez les TS vivant ou non avec le VIH au Mali nécessiterait un programme de prévention mieux adapté à leur condition de vie et de travail. / Hepatitis B (HBV) and C (HCV) are a public health problem, particularly in low- and middle-income countries. In Mali, West Africa, few data exist on the prevalence of co-infection with these hepatitis and Human Immunodeficiency Virus (HIV) among vulnerable groups such as female sex workers (FSWs). This cross-sectional study conducted in Bamako (main city of Mali), among 400 FSWs (200 HIV+ and 200 HIV-) aimed to determine the prevalence and factors associated with HBs antigen on one hand and HCV antibodies on the other. A questionnaire was administered, blood samples were taken and a vaginal self-sample was collected. Prevalences are presented according to HIV status with 95% Confidence Intervals (CI) and multivariate logistic regression was used for measures of association. The prevalence of HBsAg and HCV antibodies were 6.5% and 4.5% in HIV+ and 8.5% and 6.0% in HIV- women, respectively. In multivariate analyses, age at first sexual intercourse (less than 18 years) and presence of anti-HCV were strongly associated with HBV (adjusted Odds Ratio [aOR]; 95%[CI]: 3.3; 1.24, 8.63 and 3.7; 1.21, 11.54, respectively). Only HBsAg was associated with HCV antibodies (aOR; 95%CI: 4.1; 1.29, 12.56). The relatively high frequency of viral hepatitis B and C among FSWs living with or without HIV in Mali would require a targeted prevention programme.

Cette étude vise à examiner les facteurs de risque et les circonstances menant aux décès prématurés de femmes québécoises suivant une maladie cardiovasculaire (MCV), à différents stades reproductifs. Quarante-sept rapports provenant du Bureau du Coroner du Québec ont servi de source empirique. Le processus d’analyse de données est inspiré du modèle conceptuel de Fawcett et Ellenbecker. La manière dont les femmes perçoivent leurs risques de MCV et comment les soignant(e)s les ont pris en charge, lors de leur visite à l’urgence, sont également examinés. Les résultats démontrent la présence de biais implicites et de préjugés chez le personnel médical ainsi qu’une forte tendance à la consommation de médicaments psychotropes chez les femmes décédées. Des recommandations sont émises et une grille est proposée comme outil supplémentaire de dépistage des facteurs de risque de MCV chez les femmes. Leur mise en pratique clinique cible autant les étudiant(e)s infirmier(ère)s que les infirmier(ère)s.

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Le présent mémoire a pour objectif d'analyser le processus de transition école-travail de récents diplômés universitaires canadiens. A l'aide des données de l’Enquête nationale de 1997 auprès des diplômés de 1995, les facteurs qui favorisent une transition réussie vers le marché du travail seront dégagés. Plus spécifiquement, les déterminants de la durée de transition vers un premier vrai emploi d'un diplômé universitaire canadien seront examinés. Suite à un survol de la littérature sur l'accumulation du capital humain et les transitions école-travail, l'étude se concentre plus particulièrement sur l'analyse de la durée de transition pour les « nouveaux entrants ». Pour ce faire, diverses modélisations de la durée de transition vers le premier emploi sont étudiées. Ces modélisations ont pour fondement l'application de fonctions de survie et de hasard à l'analyse de variables de durée. Dans cette étude, nous poussons plus loin l'analyse de Betts, Ferrall et Fiimie (2000) de la durée de transition vers le premier emploi des diplômés universitaires canadiens en utilisant des méthodes paramétriques et en portant une attention particulière à l'analyse des durées par domaine d'études. Les résultats nous apprennent notamment que les diplômés universitaires masculins réussissent à trouver leur premier « vrai » emploi plus rapidement que les femmes. Les détenteurs d'un doctorat et les étudiants de certains domaines d'études comme l'administration, le génie et la santé sont également plus susceptibles de trouver un emploi rapidement après l'obtention de leur diplôme. Par contre, les programmes généraux d'études en arts en sciences, les beaux-arts et les sciences humaines n'offrent pas la même probabilité de succès. L'analyse nous apprend également que la durée de transition varie sensiblement d'une province à l'autre. L'information tirée de telles analyses de durée pourrait s'avérer très utile dans le choix du domaine d'études et du niveau de scolarité des personnes désirant poursuivre des études universitaires.

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal. / Les rares recherches qui se sont penchées sur la performance scolaire des élèves d'origine haïtienne au primaire font état d'une situation plutôt alarmante en ce qui concerne le taux d'échec de ces élèves. Nous voulions donc explorer la problématique très vaste de l'échec scolaire des élèves d'origine haïtienne et nous avons choisi de la traiter sous I'angle des interactions. Selon nous, la fréquence et la qualité des contacts qu'un élève entretient avec son enseignant peut peut-être avoir un impact sur son rendement scolaire. Nous avons donc tenté, dans le cadre de ce mémoire, d'explorer un élément de l'environnement scolaire des élèves d'origine haïtienne, à savoir la qualité et la quantité des interactions que ces élèves ont avec leur enseignant d'origine canadienne-française. Nous voulions déterminer si la race ou l'origine ethnique des élèves d'origine haïtienne ainsi que leur sexe pouvaient avoir un impact sur les interactions qu'ils ont avec ces enseignants. Afin d'analyser les interactions élèves d'origine haïtienne enseignants d'origine canadienne-française, nous avons choisi un "pôle de comparaison" : les interactions que ces mêmes enseignants avaient avec leurs élèves d'origine canadienne-française. Notre question de recherche était la suivante : existe-t-il des différences dans la quantité et la qualité des interactions qu'ont les enseignants blanc d'origine canadienne-française avec leurs élèves noirs d'origine haïtienne et leurs élèves blancs d'origine canadienne- française? Afin de comparer les interactions que les enseignants avaient avec leurs élèves d'origine haïtienne ou canadienne -française, nous avons utilisé un outil quantitatif, une grille d'observation, qui nous permettait de coder chaque fois qu'un enseignant avait un contact verbal avec un élève concernant soit le contenu couvert en classe, soit le comportement. La grille nous permettait d'identifier l'ethnie, la race et le sexe des élèves désignés pour répondre aux questions. L'outil d'observation permettait aussi de coder la réaction des enseignantes en fonction des réponses des élèves ou de leur comportement. Il est à noter que nous avons observé les interactions entre trois enseignantes de sexe féminin et d'origine canadienne-française et 59 élèves d'origine haïtienne ou canadienne-française de trois classes différentes, 15 fois en tout. Nous avons été en mesure de coder 551 observations qui ont servi de base à nos analyses. La première constatation à laquelle nous sommes arrivées est que tes enseignantes interagissaient de manière différente avec les élèves selon leur race ou leur ethnie et aussi selon leur sexe. En deuxième lieu, nous avons observé que le traitement différentiel accordé aux élèves en fonction de leur race et de leur ethnie était à la fois favorable et défavorable en ce qui concerne tes élèves d'origine haïtienne. En effet, les résultats de la recherche dans les trois classes révèlent que les enseignantes félicitaient beaucoup plus souvent les élèves d'origine haïtienne lorsque leurs réponses étaient justes. Cependant, lorsque les réponses de ces élèves étaient fausses, ils étaient plus souvent la cible de leurs critiques. L'analyse de la variable "sexe" démontre que ces résultats sont plus frappants dans le cas des garçons d'origine haïtienne. Au niveau des interactions sur le comportement, nous avons remarqué que le groupe d'élèves d'origine haïtienne (particulièrement les garçons) a été la cible d'un nombre de commentaires négatifs très élevé. Notre recherche ne permet pas de dire quels facteurs sont à l'origine de ces différences de traitement. Elle démontre toutefois que les enseignantes observées ont eu des réactions plus fortes à regard des élèves d'origine haïtienne : ce qui pourrait être le point de départ de nouvelles investigations.

***Contexte.*** Alors que la population des personnes non-binaires est significativement plus jeune que celle des personnes trans, la première tend toutefois à comprendre et à affirmer leur identité de genre de façon plus tardive, et ce, que ce soit via une transition sociale, légale ou médicale. Dans un contexte où la plupart des recherches ne distinguent pas le vécu de ces deux groupes, ce mémoire vise à mieux comprendre comment les jeunes adultes non-binaires construisent et affirment leur identité de genre. Pour ce faire, il a pour objectif : 1) d'éclairer les expériences associées à la construction de l'identité de genre des jeunes adultes non-binaires et; 2) d'explorer les facteurs qui ont influencé leur recours aux transitions sociales, légales et médicales. ***Méthodologie.*** À partir de données extraites d'une recherche plus large, soit le projet de recherche Savoirs sur l'inclusion et l'exclusion des personnes LGBTQ (SAVIE-LGBTQ), cette étude qualitative exploratoire procède à l'analyse du récit de vie de 15 jeunes adultes non-binaires de 18 à 29 ans qui ont été interviewé·es lors de deux entrevues semi-dirigées. ***Résultats.*** Les récits analysés exposent comment la construction et l'affirmation de l'identité de genre des jeunes adultes non-binaires interviewé·es est fortement influencée par le contexte hétérocisnormatif dans lequel iels évoluent. De fait, plusieurs personnes se sont rapidement trouvées en marge de ce système normatif à l'enfance ou à l'adolescence. En plus de susciter des malaises, de la détresse et du rejet face à leur orientation sexuelle ou leur expression de genre, ces expériences se sont aussi accompagnées de difficultés à comprendre leur genre. Pour la majorité des personnes interviewées, l'accès à des modèles de pluralité des genres a représenté un point tournant puisqu'il a : 1) alimenté des remises en question face à l'identité de genre assignée à leur naissance, en plus de les amener ; 2) à éprouver des sentiments de validité identitaire, une acceptation grandissante de leur non-binarité, de même; 3) qu'une clarification de leur ressenti identitaire. Les personnes non-binaires interviewées rapportent toutefois que vivre plus ouvertement leur identité ou leur expression de genre les amène à être confrontées à d'importantes situations d'exclusion sociale, et ce, dans plusieurs dimensions de leur vie en société. Ces expériences, combinées à différents facteurs personnels, interpersonnels et structuraux, font en sorte que la majorité des participant·es ont un recours varié aux transitions sociales, de même qu'un recours quasi inexistant aux transitions légales et médicales. ***Discussion.*** Les résultats obtenus sont analysés sous le prisme des constats de la recension des écrits, de même que celui de notre cadre d'analyse qui combine les modèles de construction identitaire de Bajoit et de Mellini, de même que les concepts d'hétérocisnormativité, de transnormativité et d'exclusion sociale. Alors que cet exercice a permis de relever des convergences et des divergences, il a aussi nourri diverses hypothèses explicatives. / ***Context.*** While the population of non-binary people is significantly younger than that of trans people, the former tend to understand and affirm their gender identity later, whether through social, legal or medical transition. In a context where most studies do not distinguish the experiences of these two groups, this thesis aims to better understand how non-binary young adults construct and affirm their gender identity. To this end, it has the following objectives: 1) to shed light on the experiences associated with the gender identity construction of non-binary young adults and; 2) to explore the factors that have influenced their use of social, legal or medical transitions. ***Methodology.*** Using data extracted from a larger research project called *Savoirs sur l'inclusion et l'exclusion des personnes LGBTQ (SAVIE-LGBTQ)*, this exploratory qualitative study analyzes the life stories of 15 non-binary young adults aged 18 to 29. Ttwo semi-structured interviews were done with each of these young adults. ***Results.*** The analyzed narratives reveal how the construction and the affirmation of the gender identity among the non-binary young adults interviewed is strongly influenced by the heterocisnormative context in which they evolve. As a result, many individuals marginalized from this normative system during childhood or adolescence. In addition to causing discomfort, distress and rejection in relation to their sexual orientation or gender expression, these experiences were also accompanied by difficulties in understanding their gender. For the majority of the individuals interviewed, access to models of gender diversity represented a turning point as it: 1) fueled their questions regarding the gender identity assigned to them at birth, and led them; 2) to experience feelings of identity validation, an increasing acceptance of their non-binarity, as well as; 3) a clarification of their own identity feelings. However, the non-binary people interviewed report that living more openly with their gender identity or expression leads them to face significant situations of social exclusion, in several dimensions of their life in society. These experiences, combined with various personal, interpersonal and structural factors, mean that the majority of participants have varied recourse to social transitions, as well as virtually no recourse to legal and medical transitions. ***Discussion.*** The results are discussed through the lens of the findings from the literature review, as well as our analytical framework, which combines Bajoit's and Mellini's models of identity construction, along with the concepts of heterocisnormativity, transnormativity and social exclusion. While this exercise identified both convergences and divergences, it also generated various explanatory hypotheses. / ***Contexto.*** Aunque la población de personas no binarias es significativamente más joven que la de personas trans, las primeras entienden y afirman su identidad de género más tarde, que sea a través de una transición social, legal o médica. En un contexto en el qual la mayoría de las investigaciones no distinguen las experiencias de los dos grupos, esta tesis tiene por objectivo de comprender mejor cómo les jóvenes no binaries construyen y afirman su identidad de género. Para ello, pretende: 1) aclarar las experiencias asociadas con la construcción de la identidad de género de les jóvenes adultes no binarias y; 2) explorar los factores que han influido su uso de las transiciones sociales, legales y médicas. ***Metodología.*** Basado en datos extraídos de un proyecto de investigación más amplio, el proyecto Savoirs sur l'inclusion et l'exclusion des personnes LGBTQ (SAVIE-LGBTQ), este estudio cualitativo exploratorio analiza las historias de vida de 15 jóvenes adultes no binaries (18-29 años) que fueron entrevistades en dos entrevistas semiestructuradas. ***Los resultados.*** Las historias analizadas muestran cómo la construcción y la afirmación de la identidad de género de les jóvenes adultes no binarios entrevistades están fuertemente influenciada por el contexto heterocisnormativo en el que crecieron. De hecho, muches de elles se encontraron rápidamente al margen de este sistema normativo durante la infancia o la adolescencia. Además de generar malestar, angustia y rechazo por su orientación sexual o su expresión de género, estas experiencias estuvieron también acompañadas de dificultades para comprender su género. Para la mayoría de las personas entrevistadas, el acceso a modelos de pluralidad de género a reprensentato un punto de inflexión, ya que : 1) alimentó el cuestionamiento de la identidad de género que les fue asignada al nacer, además de llevarles; 2) a experimentar sentimientos de validez identitaria, una aceptación creciente de su no binaridad, así como; 3) una clarificación de su sentido de identidad. Sin embargo, las personas no binarias entrevistadas afirman que vivir más abiertamente con su identidad o expresión de género les lleva a experimentar situaciones de exclusión social significativa en varios aspectos de su vida en sociedad. Estas experiencias, combinadas con varios factores personales, interpersonales y estructurales, hacen que la mayoría de les participantes recurran de diversas maneras a las transiciones sociales, y prácticamente no recurran a la transiciones legales y médicas. ***Conclusiones.*** Los resultados se analizaron a través de las conclusiones de la revisión bibliográfica, así como de nuestro marco analítico, que combina los modelos de construcción de la identidad de Bajoit y Mellini, así como los conceptos de heterocisnormatividad, transnormatividad y exclusión social. Si bien este ejercicio ha puesto de manifiesto convergencias y divergencias, también ha dado lugar a diversas hipótesis explicativas.

Titre de l'écran-titre (visionné le 5 juin 2023) / La pensée existentialiste de Beauvoir et les éthiques du care ont été la cible de critiques symétriques de la part des philosophes féministes au cours des dernières décennies. Avec la publication du Deuxième Sexe en 1945, Simone de Beauvoir démontre que l'oppression sexiste entraîne les femmes à la passivité et à la servitude, et exige la transformation nos sociétés pour permettre à toutes les personnes opprimées d'exercer leur liberté. Plusieurs féministes ont reproché à Beauvoir son exaltation de l'exercice de la liberté, qui inciterait les femmes à imiter les hommes, et sa sévère critique des attitudes comme des activités typiquement féminines, qui resterait aveugle à leur potentiel éthique. À partir des années 1980, les éthiques du care ont justement voulu souligner ce potentiel, en revalorisant les dispositions à la sollicitude développées par bien des femmes ainsi que les activités de prise en charge de la vulnérabilité humaine. Pourtant, on leur a reproché de proposer une éthique de la servitude, idéalisant des activités qui ont contribué à l'exploitation des femmes. Ce mémoire s'intéresse à la tension dévoilée par la réception de ces deux pensées féministes : comment prendre au sérieux l'effet nocif des attitudes et activités imposées aux femmes, sans en présenter une description caricaturale qui empêcherait de les considérer comme des sujets moraux ou invisibiliserait des activités essentielles à la survie de nos communautés ? Pour explorer cette tension, nous proposons un dialogue critique entre ses philosophies féministes, parfois afin de souligner leurs lacunes, parfois afin de nuancer les reproches qui leur ont été adressés et de souligner entre elles des points communs inattendus. Ce dialogue abordera trois thèmes : leur vision du sujet moral, leur conception du care, ainsi que leur évaluation des points de vue marginalisés.

La présente étude vise tout d'abord à identifier les prises de conscience liées à la socialisation de genre d'hommes intervenant auprès de conjoints aux comportements violents. Ces prises de conscience ont été nommées dans le cadre d'un projet de recherche-action qui cherchait à inclure la dimension de la socialisation de genre dans leur modèle d'intervention. L'analyse des verbatim des groupes de discussion et des bilans rédigés par les participants à la fin de ce projet permet d'extrapoler sur des liens entre ces prises de conscience et la construction des différents types de savoirs nécessaires à l'intervention en service social. Ces savoirs se divisent en trois catégories : les savoirs formels ou théoriques (savoirs), les savoirs d'action ou professionnels (savoir-faire) et les savoirs de vie ou d'expérience (savoir-être). C'est surtout sur ce dernier type de savoir que l'accent est mis dans cette étude. Tout ceci permet de conclure qu'une réflexion sur la socialisation de genre et une mise en commun de cette réflexion entre intervenants d'un même milieu contribuent à améliorer l'intervention auprès d'hommes aux comportements violents : elles provoquent en effet une croissance personnelle et professionnelle des individus et un progrès du groupe qui mène cette réflexion. L'important pour les milieux de pratique est donc de créer un espace de discussion, soit au sein de l'organisme lui-même, soit par un projet de recherche-action. Pour l'intervenant, une ouverture d'esprit est nécessaire à cette réflexion sur son identité personnelle et son identité professionnelle pour que ces deux dimensions s'influencent mutuellement.

La présente étude vise à évaluer dans quelle mesure l’appréciation que les hommes nouvellement pères se font d’eux-mêmes dans leur rôle de père et dans celui de travailleur explique leur bien-être. La quantification de l’écart entre ce qu’ils croient être et ce qu’ils souhaitent et estiment devoir être en tant que père et en tant que travailleur est mesurée, pour obtenir des mesures d’écarts entre les sois (ÉS; Higgins, 1987) pour les rôles de père (ÉS-père) et de travailleur (ÉS-travailleur). L’importance relative accordée à ces rôles et les attitudes traditionnelles à l’égard du rôle de père sont envisagés comme modérateurs du lien entre chaque ÉS et le bien-être. La médiatisation de l’association entre le conflit travaille famille et le bien-être par les ÉS est examinée. Soixante-quatorze pères d’un premier enfant de 0 à 2 ans, occupant un emploi, ont répondu à un questionnaire en ligne. Après le contrôle d’autres prédicteurs du bien-être (revenu familial, satisfaction conjugale, conflit travail-famille), l’ÉS-père ajoute 10% à la variance expliquée du bien-être global, alors que l’ÉS-travailleur n’y contribue pas significativement. Aucune des modérations envisagées des liens entre les ÉS et le bien-être n'atteignent le seuil de signification, sauf pour la satisfaction de vie. Chez les pères les moins traditionnels et non chez les autres, l’ÉS-travailleur explique 6% de variance supplémentaire de la satisfaction de vie. Les analyses complémentaires vérifiant la présence possible d’un lien indirect entre le conflit travail-famille et le bien-être par la médiation des ÉS indiquent un lien indirect modeste statistiquement non significatif. Les résultats suggèrent que le sentiment de succès et de compétence des hommes dans leur rôle de père lors de la transition à la paternité est d’une importance majeure dans leur bien-être, alors que ce n’est pas le cas concernant leur rôle de travailleur.

Les écrits scientifiques montrent un intérêt grandissant pour comprendre l'expérience parentale LGBT, centré principalement sur les couples de même sexe. Les personnes LGBT peuvent être confrontées à des défis particuliers lorsqu'il s'agit de devenir parents ; financiers, médicaux, sociaux et même juridiques. Ils sont aussi susceptibles d'être confrontés à des réactions préjudiciables vis-à-vis leur identité et leur désir de parentalité. Afin de mieux comprendre l'environnement actuel ayant un impact sur l'élaboration d'un projet parental chez des individus LGBT, la présente étude vise à comparer, au moyen de vignettes, les caractéristiques associées aux personnes LGBT à celles de personnes hétérosexuelles et cisgenres lorsque celles-ci expriment le souhait devenir parents. Un total de 264 adultes canadiens a été recruté dans le cadre d'une étude en ligne intitulée « La formation d'impression dans la société contemporaine ». Les participants ont été affectés aléatoirement à l'une des huit vignettes. Chaque vignette dépeint une personne qui désire devenir parent, se distinguant uniquement par son identité de genre et son identification hétérosexuelle ou LGBT (modèle 2 x 4). Les participants ont évalué la cible sur des caractéristiques préétablies (incluant des caractéristiques valorisées pour des parents). L'homonégativité, l'essentialisme psychologique et la motivation à contrôler l'expression de préjugés (MCEP) ont été évalués. Des ANOVAs ont permis de comparer les perceptions des futurs parents de chaque groupe. L'homonégativité et l'essentialisme psychologique chez les participants ont été mesurés, mais n'ont pas expliqué les évaluations. Les résultats ne montrent aucune différence significative entre les cibles pour les évaluations parentales, l'homonégativité et l'essentialisme psychologique, mais la MCEP s'est révélée être une covariable significative. Les implications de ces résultats sur l'expérience parentale LGBT nécessitent de plus amples investigations afin de mieux orienter les interventions utiles aux parents, aux enseignants et à tout adulte significatif d'enfants et de jeunes adultes LGBT+ sur les voies à suivre pour contrer les barrières institutionnelles et systémiques. / The scientific literature shows a growing interest in understanding the LGBT parenthood experience, focusing primarily on same-sex couples. LGBT individuals may face particular challenges in becoming parents; financial, social, and even legal. They are also likely to face prejudicial reactions to their identity and desire for parenthood. To better understand the current environment impacting the development of parenthood among LGBT individuals, the present study aims to determine if young LGBT adults who express a desire to become a parent are perceived less positively or more negatively than similar heterosexual cisgender individuals using vignettes. A total of 264 Canadian adults were recruited for an online study on "Impression Formation in Contemporary Society." Participants were randomly assigned to one of eight vignettes. The vignette depicted a young university student who expressed the goal to become a parent, distinguished only by female or male gender identity and heterosexual or LGBT identification (2 x 4 model). Participants rated the target on pre-determined characteristics (including characteristics valued for parents). Participants rated the target on positive and negative characteristics for parents. LGBT-negativity, psychological essentialism and motivation to control prejudiced reactions (MCPR) were also measured. Results show that there is no significant difference in the positive and negative evaluations of targets as a function of their LGBT or gender identity or participants' level of endorsement of psychological essentialism after controlling for participants' MCPR. However, greater negativity toward LGBT persons tended to be associated with more negative evaluations. The implications of these findings for the LGBT parenthood experience require further investigation to inform beneficial interventions for parents, teachers, and any significant adult of LGBT+ children and young adults on appropriate approaches to counter institutional and systemic barriers.

Cette recherche s’intéresse à la faible représentation des femmes dans la politique haïtienne. Plus précisément, elle cherche à comprendre cette sous-représentation à partir des expériences vécues et des points de vue des femmes ayant accédé à des postes de décision politique dans le pays. À partir d’un cadre théorique mobilisant les concepts de « conscience de genre » et de « représentation politique des femmes » développés par Manon Tremblay (1996), le mémoire propose une analyse compréhensive de ce phénomène social. Une série d’entrevues semi-dirigées a été réalisée auprès de deux sénatrices et cinq anciennes ministres à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes. Les résultats de l’analyse montrent que la socialisation sexo-différentielle, les stéréotypes et les violences de genre sont des éléments pouvant expliquer la faible représentation des femmes haïtiennes dans les postes de décision politique. De plus, l’analyse fait ressortir le lien entre la conscience de genre des élues et la représentation politique des femmes en Haïti. L’analyse révèle que les répondantes ont une conscience de genre et sont notamment conscientes des inégalités de genre qui existent dans la société haïtienne en général et au sein de la classe politique en particulier. En revanche, plusieurs élues ne se considèrent pas comme féministes et disent avoir représenté la population dans son ensemble (hommes et femmes) et non pas les intérêts spécifiques des femmes. À l’inverse, l’analyse montre que certaines élues ont non seulement une conscience de genre, mais qu’elles ont porté les revendications des femmes haïtiennes dans l’arène politique. Pendant qu’elles étaient au pouvoir, les actions qu’elles ont pu poser se sont attaquées aux causes de la faible représentation des femmes en politique et aux obstacles dont elles avaient elles-mêmes fait l’expérience. / This research focuses on the under-representation of women in Haitian politics. More specifically, it seeks to understand this under-representation from the lived experiences and perspectives of women who have reached political decision-making positions in the country. Using a theoretical framework that mobilizes the concepts of “gender consciousness” and “women political representation” developed by Manon Tremblay (1996), the thesis offers a comprehensive analysis of this social phenomenon. A series of semi-structured interviews was carried out with seven Haitian elected officials, including two senators and five former ministers for the Status of Women and Women's Rights. The results of the analysis show that gender-differential socialization, gender stereotypes and gender-based violence can explain the low representation of Haitian women in political decision-making positions. In addition, the analysis highlights the link between the gender consciousness of elected officials and the political representation of women in Haiti. The analysis reveals that the respondents have a gender consciousness and are aware of the gender inequalities that exist in the Haitian society in general and within the political class in particular. On the other hand, several elected officials do not consider themselves as feminists and say that they have represented the population as a whole (men and women) and not the specific interests of women. Conversely, analysis shows that some elected officials are not only gender conscious, but that they have brought the demands of Haitian women into the political arena. While in power, the actions they took addressed the causes of the under-representation of women in politics and the obstacles they had experienced themselves.