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Adversité socioéconomique et pratiques parentales : le rôle des stresseurs contextuels et des caractéristiques de l’enfantLabelle, Laurence 10 1900 (has links)
Thèse de doctorat présenté en vue de l'obtention du doctorat en psychologie - recherche intervention, option psychologie clinique (Ph.D) / L’adversité socioéconomique, définie comme l’expérience de conditions sociales et économiques défavorables, engendrerait des répercussions majeures sur la vie familiale. Un vaste courant de recherche a notamment lié l’adversité socioéconomique à des comportements parentaux sous-optimaux pour le développement des enfants, dont des pratiques plus hostiles, moins structurantes et soutenant moins l’autonomie des enfants, en plus d’être davantage contrôlantes. Toutefois, les études précédentes ont pu surestimer l’association entre l’adversité socioéconomique et les pratiques parentales sous-optimales en omettant de prendre en considération (1) les mécanismes explicatifs sous-tendant cette relation et (2) l’influence d’autres facteurs de risque dont dépend celle-ci. En se basant sur l’approche dimensionnelle des pratiques parentales mise de l’avant par la théorie de l’autodétermination, le modèle du stress familial et le modèle des déterminants des pratiques parentales, la présente thèse a pour objectif de revisiter la relation entre l’adversité socioéconomique, opérationnalisée à l’aide du statut socioéconomique (SSE), et les pratiques parentales en examinant le rôle médiateur des stresseurs contextuels dans cette relation (Étude 1), ainsi qu’en considérant l’influence potentielle des caractéristiques de l’enfant au sein de la relation parent-enfant (Étude 2). Les deux études de la thèse mettent à profit des méthodologies variées et complémentaires. Entre autres, les résultats de l’Étude 1 sont basés sur un échantillon diversifié et une approche multi-répondants, alors que l’Étude 2 examine des données prospectives et des mesures observationnelles des pratiques parentales.
L’Étude 1 a examiné, auprès de 156 dyades mère-enfant (M âge = 11 ans) issues de la classe faible à moyenne, le rôle médiateur potentiel des stresseurs contextuels dans la relation entre le SSE et le soutien à l’autonomie (vs les pratiques contrôlantes). Précisément, les mères rapportaient leur SSE et leurs stresseurs contextuels, alors que les enfants rapportaient leur perception générale des pratiques parentales de leurs mères. L’Étude 2 avait plutôt pour objectif d’examiner le rôle respectif du SSE des mères et des facteurs de risque liés aux caractéristiques de l’enfant (son tempérament et son niveau de compétence) dans l’estimation des pratiques parentales, cette fois observées dans un contexte plus circonscrit, c.-à-d. le domaine de l’apprentissage guidé. Un échantillon de 192 mères et leur enfant de 4 ans, recrutés dans le cadre d’un projet de recherche longitudinal, ont participé à une tâche d’apprentissage guidé durant laquelle leurs interactions furent filmées puis codées. Le SSE et les caractéristiques de l’enfant furent mesurés avant la tâche de résolution de problème, créant ainsi un devis prospectif.
Les analyses acheminatoires de l’Étude 1 n’ont pas soutenu le modèle de médiation proposé lorsque les stresseurs contextuels étaient considérés dans leur ensemble, sans distinction concernant leur nature ou leur gravité. Toutefois, des analyses exploratoires ont suggéré que certains stresseurs contextuels plus sérieux, menaçant les besoins de base des parents, étaient liés au SSE et, qu’en retour, ces stresseurs contextuels plus spécifiques étaient négativement associés au soutien parental à l’autonomie, tout en étant positivement liés aux pratiques parentales contrôlantes. Les analyses acheminatoires de l’Étude 2, quant à elles, ont révélé que certaines relations entre le SSE et les pratiques parentales en contexte d’apprentissage guidé s’avèrent plus faibles que ce que la documentation antérieure permettait de présager lorsque celles-ci sont évaluées en ajustant pour des facteurs de risque plus proximaux. Certaines pratiques parentales sous-optimales semblent donc plus fortement liées aux caractéristiques de l’enfant (c.-à-d., un tempérament difficile ou des niveaux de compétence moindres) qu’au SSE, suggérant que ces défis supplémentaires pourraient affecter ces pratiques parentales de manière plus directe que le SSE. Une analyse des profils de risque de notre échantillon a également suggéré que la présence simultanée des facteurs de risque était généralement associée à des pratiques parentales sous-optimales.
En somme, les résultats de la thèse soulignent l’importance de décrire avec plus de nuances l’expérience des parents vulnérables notamment en spécifiant la nature des stresseurs avec lesquels ils composent, mais également en contrôlant pour d’autres facteurs de risque pouvant survenir de façon concomitante à l’adversité socioéconomique. Les implications théoriques et pratiques de cette thèse pour les relations parent-enfant en contexte d’adversité, de même que ses limites et des directions pour des recherches futures, sont discutées. / Socioeconomic adversity, defined as the experience of disadvantageous social and economic conditions, carries major implications for family life. A vast body of research has indeed linked socioeconomic adversity to suboptimal parenting practices that may thwart children’s development, including less warm, structuring, and autonomy-supportive practices, along with more controlling ones. However, past studies may have overestimated this association by omitting to consider (1) its underlying explanatory mechanisms and (2) the role of other, potentially confounding, risk factors. Grounded in the dimensional approach to parenting put forth by self-determination theory, the family stress model, and models on parenting determinants, this thesis aims at revisiting the relation between socioeconomic adversityoperationalized as socioeconomic status (SES)and parenting practices, by examining the mediating role of contextual stressors (Study 1) as well as considering the potential influence of child characteristics on parenting practices (Study 2). Two studies using varied and complementary research designs are proposed. Notably, Study 1 was conducted among a diversified sample and adopted a multi-informant approach, whereas Study 2 relied on prospective and observational data.
Study 1, which included 156 mother-child dyads (M age = 11), examined the potentially mediating role of contextual stressors in the relation between SES and autonomy-supportive vs. controlling parenting practices. Specifically, mothers reported their SES and contextual stressors, while their children reported their general perceptions of their mothers’ practices. Study 2 assessed the unique role of SES and child characteristics (i.e., temperament and competence level) in estimating parenting practices, based on observations of parent-child interactions in a more specific context (i.e., guided learning domain). To do so, a sample of 192 mothers and their 4-year-old children, recruited through a longitudinal research project, engaged in a guided learning task during which their interactions were filmed and later coded. SES and child characteristics were assessed before these interactions, yielding a prospective design.
First, path analyses from Study 1 did not confirm the proposed mediational model when contextual stressors were aggregated without distinction in terms of their nature or intensity. However, exploratory analyses suggested that more serious contextual stressors, such as those threatening parents’ basic physical and psychological needs, were linked to SES and, in turn, were negatively associated with autonomy support, while being positively linked to controlling parenting. Path analyses from Study 2 then showed that relations between SES and parenting practices in the guided learning domain may be more modest than previously reported when they are adjusted for more proximal risk factors. Some suboptimal parenting practices were indeed more strongly linked to child characteristics (i.e., difficult temperament and lower level of competence) than to SES, suggesting that these additional risk factors may affect some parenting components more directly. Latent profile analyses also suggested the co-occurrence of SES and demanding child characteristics, which could then lead to suboptimal parenting practices.
Altogether, the present results underline the importance of describing the experience of vulnerable parents with more nuance, particularly by specifying the nature of the stressors they encounter, but also by controlling for other risk factors they might be facing. Theoretical and practical implications of this thesis for parent-child relationships in the context of socioeconomic adversity are discussed, as well as limitations and future research directions.
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Disclosure of Child Sexual Abuse : Impact of Interviewers’ Attitudes & Children's Collaboration during Forensic InterviewsLewy, Jennifer 12 1900 (has links)
L’agression sexuelle (AS) commise envers les enfants est un sujet complexe à enquêter et les allégations reposent souvent exclusivement sur le témoignage de l’enfant. Cependant, même quand l’enfant divulgue une AS, il peut être réticent à révéler certains détails personnels et gênants de l’AS à un étranger. Étant donné qu’il n'est pas toujours possible d'obtenir le consentement de filmer et qu’il est relativement difficile de mesurer l’attitude non verbale de l’enfant et celui de l’enquêteur au cours des entrevues d’investigations, cette recherche a été novatrice dans sa création d’échelles verbales de telles attitudes. Afin de déterminer la corrélation de l’attitude des enquêteurs et la collaboration des enfants, 90 entrevues d’enfants âgés de 4 à 13 ans ont été analysées. Les entrevues ont été enregistrées sur bande audio, transcrites et codifiées à l'aide des sous-échelles verbales d'attitudes soutenantes et non-soutenantes des enquêteurs ainsi que d’attitudes de résistance et de coopération de la part de l'enfant. La proportion des détails sur l’AS fournie par les enfants a également été calculée. Afin de comparer les entrevues avec et sans le protocole du National Institute of Child Health and Human Development (NICHD), une MANCOVA, contrôlant pour l’âge de l’enfant et la proportion de questions ouvertes, démontre tel qu’attendu que les entrevues avec le protocole obtiennent plus de détails fournis à la suite des questions ouvertes que les entrevues sans le protocole. Cependant, aucune différence ne ressort quant aux attitudes de l’enfant et celle de l’enquêteur. Afin de trouver le meilleur prédicteur de la quantité de détails dévoilés par les enfants, une analyse de régression multiple hiérarchique a été faite. Après avoir contrôlé pour l'âge de l’enfant, l’utilisation du protocole et la proportion de questions ouvertes, la résistance de l’enfant et l’attitude non-soutenante de l’enquêteur expliquent 28 % supplémentaire de la variance, tandis que la variance totale expliquée par le modèle est de 58%. De plus, afin de déterminer si la collaboration de l’enfant et l’attitude de l’enquêteur varient en fonction de l’âge des enfants, une MANOVA démontre que les enquêteurs se comportent similairement, quel que soit l'âge des enfants. Ceci, malgré le fait que les jeunes enfants sont généralement plus réticents et coopèrent significativement moins bien que les préadolescents. Finalement, une régression multiple hiérarchique démontre que le soutien de l'enquêteur est le meilleur prédicteur de la collaboration des enfants, au-delà des caractéristiques de l'enfant et de l’AS.
Bien que l’utilisation du protocole NICHD ait permis des progrès considérables dans la manière d’interroger les enfants, augmentant la proportion de détails obtenus par des questions ouvertes/rappel libre et amplifiant la crédibilité du témoignage, l’adhésion au protocole n’est pas en soi suffisante pour convaincre des jeunes enfants de parler en détail d’une AS à un inconnu. Les résultats de cette thèse ont une valeur scientifique et contribuent à enrichir les connaissances théoriques sur les attitudes de l'enfant et de l'enquêteur exprimées lors des entrevues. Même si les enquêteurs de cette étude offrent plus de soutien aux enfants résistants, indépendamment de leur âge, pour promouvoir la divulgation détaillée de l’AS, de meilleures façons de contrer les attitudes de résistance exprimées par les jeunes enfants et une minimisation des attitudes non-soutenantes lors des entrevues sont nécessaires. / Child Sexual Abuse (CSA) is a complex subject to investigate and an alleged victim’s disclosure is crucial as it may be the only substantial evidence for investigators to establish their case. However, even when CSA is revealed, children may be reluctant to reveal personal and often embarrassing details to a stranger during a forensic interview. As it is not always possible to obtain consent to film and it is relatively hard to measure children’s and interviewers’ non-verbal attitudes during forensic interviews, this doctoral dissertation was innovative in its creation of verbal scales of such attitudes. In order to determine whether interviewers’ attitudes correlates with children’s collaboration during forensic interviews, 90 children ranging from 4 to 13 years of age were analysed. Interviews were audio taped, transcribed and then codified using verbal subscales of interviewers’ supportive and non-supportive attitudes as well as children's cooperative and reluctant attitudes. The proportion of details provided by the children in regards to the SA was calculated. To determine if differences exist between National Institute of Child Health and Human Development (NICHD) Protocol and Non-Protocol interviews, a MANCOVA was conducted controlling for children’s age and the proportion of open-ended questions. As expected Protocol interviews obtained significantly more details from open-ended prompts than Non-Protocol interviews. However, it showed no differences according to children’s and interviewer’s attitudes. To find the variable that has the greatest impact on the quantity of detail disclosed by children, a hierarchical multiple regression analysis was conducted. After controlling for children’s age, NICHD Protocol and proportion of open-ended questions which are known to increase the quantity of details disclosed; children’s reluctance and interviewers’ non-supportive attitudes contributed to an additional 28% of the variance, when the total variance explained by the model as a whole was 58%.
Moreover, to determine whether children’s collaboration and interviewers’ attitudes vary according to the child’s age-group a MANOVA was conducted. It revealed that interviewers behaved similarly irrespective of children’s age, even though younger children were generally more reluctant and cooperated significantly less than pre-adolescents. Finally, to determine which variables regarding child and SA characteristics, as well as interviewers’ attitudes, will have a greater chance at predicting children’s collaboration, a hierarchical multiple regression analysis was conducted. It showed that an interviewer’s support was a stronger correlating variable than children’s and SA characteristics in predicting children’s collaboration. While we believe that the development of the NICHD Protocol has enabled considerable progress in the way children are interviewed leading to more details obtained from free recall strategies, and thus leading to more credible testimonies. However, adherence to the Protocol is simply not sufficient to convince young reluctant children to talk in details about the SA to a stranger. This dissertation results have great scientific value as it enhances the theoretical underpinnings of the attitudes expressed by both the child and the interviewer during forensic interviews. Although, interviewers in this study did offer more support to reluctant children, regardless of their age, researchers need to find better ways to deal with young children’s reluctance as well as encourage practitioners to minimize non-supportive attitudes.
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