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Mos wiyas sasigwan acitc sasipatakan : la contemporanéité alimentaire des Anicinabek de Lac Simon et leurs stratégies d’adaptation face au colonialisme alimentaireHamel-Charest, Laurence 03 1900 (has links)
Cette thèse analyse la contemporanéité alimentaire de la communauté anicinabe de Lac Simon de manière à comprendre comment ces Anicinabek ont fait face, d’un point de vue alimentaire, aux bouleversements engendrés par la colonisation. Je soutiens que les changements alimentaires qu’ils ont vécus n’ont pas abouti à une acculturation alimentaire complète et que l’on peut constater autre chose qu’une dégradation alimentaire. Se situant dans l’anthropologie dynamique, cette thèse se penche sur le changement social qui est appréhendé par l’entremise de l’alimentation, faisant ainsi de l’anthropologie par l’alimentation. La recherche est encadrée par une approche relationnelle dont sont empreintes la méthodologie et l’axiologie. L’analyse s’appuie sur une ethnographie alimentaire exploratoire et rend compte de savoirs acquis par l’intermédiaire de l’intersubjectivité établie entre les Anicinabek et la chercheuse qui a adopté une approche participante et un engagement expérientiel.
Un souci d’historiciser les transformations alimentaires découle de la mobilisation de l’approche dynamique et l’approche adaptative. La première partie de la thèse analyse les composantes du colonialisme alimentaire vécu par les Anicinabek et situe le contexte catalyseur de bouleversements, la colonisation au Canada. En mobilisant le concept de situation coloniale, la dépossession de l’autonomie alimentaire des Anicinabek, et plus largement des Autochtones, est démontrée. Les effets des actions économique, missionnaire et administrative sur la culture alimentaire anicinabe sont examinés. La continuité des dynamiques de contrôle et de pouvoir est mise de l’avant alors qu’il est exposé qu’une assistance contemporaine en matière alimentaire, incarnée par la santé publique, aliène toujours en partie la capacité des Anicinabek de retrouver une autonomie alimentaire et qu’en ce sens, une forme de colonialisme alimentaire s’observe toujours. Cette assistance s’incarne dans le transfert d’une normativité alimentaire pensée dans une optique biomédicale idéale.
La deuxième partie présente quatre stratégies d’adaptation mise en place par les Anicinabek pour assurer l’inscription de leur culture alimentaire dans un nouveau contexte de vie: la modulation alimentaire en fonction des territorialités alimentaires; la redéfinition des unités de commensalité et des modalités d’échange; l’adoption d’une conceptualisation dynamique de l’alimentation traditionnelle; la redéfinition des instances de transmission notamment par le biais de l’anicinabéisation de l’école. Chacune de ces stratégies révèle l’adaptation de relations: aux lieux et aux territoires, aux commensaux, à la tradition et à la mémoire, aux savoirs et aux connaissances. À travers cet examen, il est démontré que la relationnalité alimentaire des Anicinabek, c’est-à-dire leur réseau de relations alimentaires, s’est reconfigurée.
La thèse met délibérément l’accent sur une facette positive d’une culture alimentaire autochtone se détachant ainsi du vaste corpus d’études qui se penche sur les problèmes qui leur sont souvent associés et qui caractérisent négativement l’état de santé des peuples autochtones au Canada. La thèse témoigne plutôt de l’agentivité des Anicinabek, de leur capacité d’adaptation ainsi que de leur inscription dans un processus de reprise de pouvoir alimentaire. / This thesis analyzes the food contemporaneity of the Anicinabe community of Lac Simon in order to understand from a dietary perspective how these Anicinabek have coped with the changes caused by colonization. I argue that the dietary changes they experienced did not result in complete dietary acculturation and that something other than foodways decline can be observed. Situated in dynamic anthropology, this thesis looks at social change as understood through food; ie., by doing anthropology through food. The research is framed in a relational approach that informs the methodology and axiology. The analysis is based on an exploratory food ethnography and reports knowledge acquired through the intersubjectivity established between the Anicinabek and the researcher who adopted a participatory approach and an experiential engagement.
A concern for historicizing dietary transformations stems from my mobilization of the dynamic and adaptive approaches. In the first part of the thesis, I analyze the components of food colonialism experienced by the Anicinabek and situate them in the context of Canadian colonization. By mobilizing the concept of colonial situation, I seek to demonstrate the dispossession of the Anicinabek food autonomy, and more broadly, that of indigenous people in Canada. I put forward the effect of economic, missionary and administrative actions on Anicinabe foodways, showing continuity of colonial dynamics of control and power. Contemporary food assistance, embodied in public health, still alienates in part the capacity of the Anicinabek to reclaim food autonomy and that, in this sense, a form of food colonialism is ongoing. This assistance is embodied in the transfer of a food normativity thought from a biomedical perspective.
In the second part of the thesis, I present four adaptive strategies the Anicinabek have developed to ensure that their foodways is inscribed in their new life context: the food modulation according to food territorialities; the redefinition of units of commensality and exchange modalities; the adoption of a dynamic conceptualization of the traditional food; the redefinition of the instances of transmission, in particular by the means of anicinabeization in schooling. Each of these strategies reveals the adaptation of relationships: to places and territories, commensality, tradition and memory, knowledge and skills. I show that the Anicinabeks’ food relationality, that is, their network of food relationships, has been reconfigured.
The thesis deliberately focuses on a positive facet of an indigenous foodways in contrast to the large body of research that focuses on the problems often associated with them and that negatively characterize the health status of indigenous peoples in Canada. Instead, I seek to highlight the Anicinabek agency, their adaptive capacity, and their inclusion in the process of reclaiming their food power.
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La résilience par le terroir : une sociologie du bien-vivre dans les Hautes-LaurentidesRainville, Rosalie 08 1900 (has links)
Cette étude sociologique porte sur la Municipalité régionale de comté (MRC) Antoine-Labelle dans la région des Hautes-Laurentides au Québec. Historiquement, depuis le début des années 1900, la forêt a constitué la principale assise économique et sociale de la MRC. Depuis 2005, « la crise forestière » frappe durement cette région québécoise. Un mouvement de la transition s’est installé au sein de la communauté régionale. À l’intersection de la nature et de la culture, le terroir se présente depuis lors comme l’une des voies privilégiées de la résilience. À travers le terroir, c’est le « vivre de » et le « bien vivre ensemble » que les habitants cherchent à repenser dans leur région. Aujourd’hui, plusieurs initiatives mettant en valeur le terroir régional, notamment des projets d’agriculture biologique, sont repérables à l’ensemble du territoire des Hautes-Laurentides. Plus qu’une simple ouverture économique, le terroir est porteur de nouveaux récits sociaux et symboliques dans la région. Dans ce mémoire de maîtrise, notre objectif est précisément de mettre en lumière les représentations sociales du terroir de certains acteurs du domaine agroalimentaire de la MRC Antoine-Labelle. Nous cherchons à comprendre comment le terroir se construit, se pense, se vit et se raconte dans cette région. En interrogeant dix-sept acteurs, notamment des agriculteurs, des artisans du domaine alimentaire, des chefs, des restaurateurs et des représentants de la gouvernance régionale, ceux-ci montrent que ce concept est porteur de valeurs sociales et environnementales qui répondent à de nouvelles aspirations au sein de la communauté. Non sans difficultés, le terroir renvoie pour les acteurs interrogés à des valeurs d’autonomie, de qualité de vie, de convivialité, de conscience écologique, d’éducation et d’espoir pour la relève à venir. Cette étude sociologique du terroir dans les Hautes-Laurentides jette finalement un éclairage nouveau sur le bien-vivre en région rurale au Québec. / This sociological study is about the Regional County Municipality (RCM) of Antoine-Labelle in the Hautes-Laurentides region of Quebec. Since the early 1900s, the forest has been the main economic and social base of the MRC. Since 2005, "the forestry crisis" has heavily affected this region of Quebec. A transition movement has emerged within the regional community. At the intersection of nature and culture, the terroir has appeared as one of the preferred pathways toward resilience. Through the terroir, it’s the ideas of "living" and "living together" that inhabitants are sinking to rethink in their region. Today, several initiatives which highlight the regional terroir, including organic farming projects, have emerged throughout the territory of the Hautes-Laurentides. More than just an economic opportunity, the terroir brings with it new social and symbolic narratives in the region. In this master thesis, our goal is precisely to highlight the social representations of the terroir of some actors in this field of activity in the Antoine-Labelle RCM. We seek to understand how the terroir is constructed, conceptualized, lived and told in this region. By interviewing seventeen actors, including farmers, artisans, chefs and representatives of regional governance, we show that this concept carries social and environmental values that express new aspirations within the community. For the actors interviewed and not without its challenges, the terroir refers to values such as autonomy, quality of life, friendliness, environmental awareness, education and hope for the next generation. This sociological study of the terroir in the Hautes-Laurentides sheds new light on what is meant by “living well” in rural Quebec.
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Exploration de la culture alimentaire biomédicalisée québécoise : de l'alimentation « saine » à la production de corps différenciésDurocher, Myriam 12 1900 (has links)
Cette thèse procède, depuis une perspective issue des études culturelles, à une exploration critique et située (Haraway, 1988) de la culture alimentaire québécoise contemporaine et des définitions variables de la « saine » alimentation qu’elle concourt à produire et à rendre effective. Plus précisément, j’analyse les rapports de pouvoir qui l’informent et prennent forme et effectivité à travers les savoirs et pratiques constitutives de la saine alimentation (dans ses multiples formes et modes d’existence). À travers l’analyse critique de la culture alimentaire québécoise contemporaine, je questionne les corps, humains comme plus-qu’humains, qui s’y retrouvent « produits » et différenciés par des rapports de pouvoir inégaux. L’analyse présentée résulte d’une ethnographie dialogique incorporée suivant les méthodes de collecte des matériaux et d’analyses proposées par Probyn (2016).
La thèse est découpée en trois parties distinctes, mais interreliées. La première explore la culture alimentaire québécoise au cœur de laquelle je m’inscris. Elle permet à la fois la présentation de ladite culture et des savoirs, pratiques, événements qu’elle concourt à mettre en forme, mais également la multiplicité des définitions de la saine alimentation qui y émergent, en fonction de ses différents contextes d’émergence. Tout au long de cette partie, je mets en évidence comment sont produits, articulés et légitimés certains savoirs tout autant que comment sont mises en forme et en cause certaines des relations impliquant et liant humains et plus-qu’humains, et qui participent des multiples modes d’émergence de la saine alimentation, au Québec.
Au sein de la culture alimentaire contemporaine, l’alimentation saine est régulièrement réfléchie et problématisée dans son rapport aux corps humains. La deuxième partie de la thèse présente mon analyse de ce que j’ai appelé la culture alimentaire biomédicalisée, et tout particulièrement des relations entre les corps, l’alimentation et la santé qu’elle concourt à produire. J’y mets en évidence comment la culture alimentaire contemporaine ne peut être réfléchie sans considération pour les discours healthists (Crawford, 1980) contemporains, qui informent les manières par lesquelles les corps sont mis en relation avec l’alimentation, à l’aulne de considérations pour la santé. J’y mobilise les outils conceptuels proposés par Clarke et al. (2010) sur la biomédicalisation du champ social pour questionner comment l’alimentation et les corps sont mis en relation dans un contexte où la santé est un objectif moral et individuel à atteindre (Crawford, 1980; Lupton, 1997; Metzl et Kirkland, 2010). J’y critique comment la culture alimentaire biomédicalisée limite le type de relations qui peuvent prendre forme et être considérées entre l’alimentation et les corps, tout autant que les types de corps qui y sont produits et autorisés.
La troisième partie de la thèse s’intéresse aux corps, humains comme plus-qu’humains, qui sont produits au sein de la culture alimentaire biomédicalisée tout autant qu’aux rapports de pouvoir qui participent de leur production - différenciée. Par « produire », j’entends notamment comment des corps se retrouvent discursivement définis, encadrés, contrôlés, etc.; évalués, caractérisés, discriminés, exclus, stigmatisés; matériellement produits (leurs matérialités corporelles, leur biologie, etc.). Je navigue ainsi entre différentes manières d’analyser leur production tout autant qu’entre différents types de corps qui y sont produits, à partir de réflexions (et de littératures) qui les posent et les questionnent depuis des épistémologies variées. / This PhD thesis presents, from a cultural studies perspective, a critical and situated (Haraway, 1988) exploration of Quebec’s contemporary food culture and of the various definitions of “healthy” food it produces and renders effective. More precisely, I analyse the power relationships that inform its development as well as those taking form and effectivity through the knowledge and practices constitutive of healthy food (and its multiple forms and modes of existence). Through critical analysis of the current Quebec food culture, I question the bodies, human and more-than-human ones, that are produced therein, and are differentiated by unequal power relationships. The analysis presented is the result of an embodied and dialogic ethnography following the methods of materials gathering and analysis suggested by Probyn (2016).
The thesis is separated into three distinct, but interrelated, parts. The first part explores Quebec’s food culture, in which I am fully immersed. This part presents the food culture and the knowledge, practices, and events that it contributes to creating, as well as the multiplicity of healthy food definitions that emerge within it, according to their various contexts of emergence. Throughout this part, I highlight how particular kinds of knowledge are produced, articulated and legitimated, as well as how relationships involving and linking humans and more-than-humans are produced and conveyed. I demonstrate how all of these processes participate in the multiple modes of emergence of healthy food in Quebec.
In the current food culture, healthy food is regularly thought and problematized in relationship to human bodies. The second part of the thesis presents my analysis of what I have called the biomedicalized food culture, attending especially to the relationships between bodies, food, and health it contributes to creating. I put at the forefront how the current food culture cannot be analysed without taking into account the contemporary “healthist” (Crawford, 1980) discourses that inform the manners by which bodies are put in relation to food, under health-oriented considerations. I mobilize the conceptual tools proposed by Clarke et al. (2010) on the biomedicalization of the social field to question how food and bodies are put in relation and problematized, in a context where health is a moral and individual objective to reach (Crawford, 1980; Lupton, 1997; Metzl et Kirkland, 2010). I criticize how the biomedicalized food culture limits the type of relationships that can take form and be considered between food and bodies, as well as the types of bodies that are produced and authorized.
The third part of the thesis is concerned with the bodies, human and more-than-human ones, that are produced within the biomedicalized food culture, as much as by the power relationships that participate in their production and differentiation. By “produce”, I mean among other things how bodies are discursively defined, framed, controlled, etc.; evaluated, characterized, discriminated, excluded, stigmatized; materially produced (their corporeal materialities, their biology, etc.). I navigate between different manners of analysing their production as much as I explore the different types of bodies that are produced, drawing on reflections (and literatures) that apprehend and question them from various epistemologies.
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