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Le solo ou la construction de l'identité comme reflet d'une époque dans les spectacles de Pol Pelletier et de Robert LepagePerrot, Edwige 08 1900 (has links) (PDF)
Depuis les années 1970 - décennie du Moi pour certains - le solo est un phénomène en pleine expansion. La volonté de s'exprimer en son nom propre, la tentation de dévoiler une partie de soi - disséminée dans quelques personnages -, celle, plus vertigineuse encore, de s'exposer aux spectateurs, de les convier à un quasi tête à tête, imprègnent cette forme théâtrale peut-être plus que toute autre. L'artiste est à la fois au centre de la représentation, mais il en est aussi le centre. Tout prête à penser que le solo cristallise certaines dérives de la modernité - tels le narcissisme, l'égocentrisme, l'exhibition du moi ou encore l'individualisme -, dérives qui, d'après Christopher Lasch, caractérisent l'époque contemporaine. Le solo n'est-il que le fruit de cette « culture du narcissisme » dont parle Lasch? Ne peut-on pas y lire, derrière le reflet négatif qu'a priori il renvoie, un rapport singulier du sujet au monde? Ne traduit-il pas une certaine manière de construire son identité? C'est autour de ces questions que cette recherche s'articule. Elle vise à interroger la construction de l'identité dans le solo à une époque et dans une culture particulières, une culture qui se partage entre dérives narcissiques et « idéal d'authenticité », cette dernière notion étant celle avancée par Charles Taylor pour contrer la vision uniformément pessimiste de Lasch. Nous avons souhaité étudier deux démarches diamétralement opposées - en termes d'esthétique - afin de mettre à l'épreuve nos hypothèses. À partir de trois spectacles solos de Robert Lepage (Les aiguilles et l'opium, La face cachée de la lune et Le projet Andersen) et de trois autres de Pol Pelletier (Joie, Océan et Nicole, c'est moi), nous avons tenté de montrer comment les spectacles étudiés mettent enjeu, par le biais des personnages, de la structure de la fiction et des figures identitaires qui se profilent derrière l'artiste, certains malaises de cette modernité décriée par Lasch et Taylor, tout en mettant en place néanmoins deux modèles identitaires au cœur desquels siège la figure de l'Autre. L'esthétique kaléidoscopique de Lepage s'oppose, bien sûr, à l'esthétique quasi monolithique de Pelletier. Multiplicité et transformation chez l'un, quête d'unité et cheminement intérieur chez l'autre. Le premier privilégie l'extériorité et l'objectivation tandis que la seconde nous entraîne sur les chemins, plus intimes, de l'intériorité et de la subjectivation. Au terme du parcours, c'est peut-être un autre visage du monde d'aujourd'hui qui se dessine.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Spectacle solo, Identité, Altérité, Narcissisme, Authenticité, Robert Lepage, Pol Pelletier.
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Les phénomènes d'hypermnésie amnésiante dans le solo 887 de Robert LepageLupien, Jessica 12 1900 (has links)
Avec l’avènement du numérique, nous étions à même de penser que ces avancées technologiques sans précédent assureraient la pérennité archivistique et concrétiseraient le triomphe de la connaissance. Or, force est de constater que rien n’a jamais été autant perdu, oublié. La migration des archives – d’un support vers un autre toujours plus performant – entraine leur effacement, leur perte. L’obsession pour la conservation à outrance fait partie de ces phénomènes d’hypermnésie amnésiante actuels qui conduisent inéluctablement les sociétés vers la disparition de leur historicité.
Le spectacle solo 887 (créé à Québec, en 2015) de Robert Lepage repose sur les traces du passé – mémoire à la fois intime et collective ancrée dans les années 1960 et 1970. Le titre fait référence à l’adresse où l’artiste a vécu son enfance : au 887 de l’avenue Murray, dans le quartier Montcalm, à Québec. La pièce met en lumière un aspect paradoxal de l’oubli soit qu’on doit, par les différentes modalités mémorielles, faire l’effort de ne pas oublier et en même temps qu’on doit oublier pour se souvenir. En effet, de récentes études, au sein des neurosciences, démontrent que l’oubli est non seulement indissociable de la mémoire – étant son corollaire et non un adversaire – mais qu’il est vital. Le solo 887 lutte inlassablement contre les surgissements amnésiques et en ce sens, nous avançons qu’il est une œuvre de résistance contre l’oubli trouvant sa régulation en se remémorant autant qu’il oublie.
C’est sur ce paradoxe que cette recherche portera. Elle interroge l’autobiographie lepagienne révélant que l’authenticité du discours mémoriel nécessite l’adhésion du public et exige sa coprésence pour reconstruire les fragments du passé. Les traces mnésiques jaillissent, dans 887, à travers l’architecture de la scène par les images, les écrans – des surfaces d’inscription s’il en est – les objets et les personnages. Les personnages façonnés par l’artiste s’imposent tels des lieux de mémoire et les interactions qui s’opèrent entre les différentes composantes du plateau scénique – incluant l’acteur – sont des médiations du passé.
Ce mémoire s’appuie sur des considérations diamétralement opposées. D’une part, sur les travaux d’Henri Bergson et de Paul Ricœur pour qui l’oubli est l’anéantissement de toute vie et d’autre part, sur ceux de Friedrich Nietzsche qui le perçoit comme l’une des conditions essentielles de toute action. Au terme de cette étude, c’est une vision renouvelée de l’oubli que nous tentons d’apporter. / With the advent of digital technology, we were in a position to think that these unprecedented technological advances would ensure archival sustainability and make the triumph of knowledge a reality. However, it is clear that nothing has ever been so lost and forgotten. The migration of archives - from one medium to another ever more powerful - leads to their deletion, their loss. The obsession for excessive preservation is part of the current phenomena of “amnesing hypermagnesia,” which inexorably leads societies towards the disappearance of their historicity.
Robert Lepage’s solo show 887 (premiered in Quebec City in 2015) is based on the traces of the past - a memory that is both intimate and collective, rooted in the 1960s and 1970s. The title refers to the address where the artist spent his childhood : 887 Murray Avenue, in the Montcalm district of Quebec City. The piece brings to light a paradoxical aspect of forgetting, namely that one must, through the various modalities of memory, make the effort not to forget and at the same time, one must forget in order to remember. Indeed, recent studies in neuroscience show that forgetting is not only inseparable from memory - being its corollary and not an adversary - but that it is vital. Solo 887 fights tirelessly against amnesic surges. In this sense we argue that it is a work of resistance against forgetting, finding its regulation by remembering as much as it forgets.
It is on this paradox that this research will focus. It questions the Lepagian autobiography revealing that the authenticity of the memorial discourse requires the adhesion of the audience and demands its copresence to reconstruct the fragments of the past. In 887, the mnemonic traces spring up, through the architecture of the scene by the images, the screens - surfaces of inscription if any - the objects and the characters. The characters shaped by the artist stand as places of memory, and the interactions that take place between the different components of the stage - including the actor - are mediations of the past.
This memory is based on opposed considerations. On the one hand, on Henri Bergson and Paul Ricœur’s, for whom forgetting is the destruction of all life, and on the other hand, on the work of Friedrich Nietzsche, who sees it as one of the essential conditions of all action. At the end of this study, it is a renewed vision of oblivion that we are trying to bring about.
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