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L’utérus artificiel ou l’effacement du corps maternel : de l’obstétrique à la machinique

Martin, Sylvie 11 1900 (has links)
Face au projet de l’utérus artificiel, ce mémoire est consacré à comprendre et expliquer les tenants sociohistoriques bornant son développement. Employant une méthode de « cartographie du présent », nous établissons en premier lieu la solidité empirique de l’ectogenèse, telle qu’exprimée en laboratoire et par les discours experts actuels. Cette analyse préliminaire permet de dégager la question névralgique de l’effacement du corps maternel dans la procréation, ce que nous problématisons suivant une perspective sociohistorique et anthropologique. L’hypothèse principale de ce mémoire est que l’utérus artificiel constitue l’extension radicale de représentations et pratiques existantes qui effacent de maintes façons le corps; ainsi nous cherchons à repérer le cheminement de cette radicalisation. En fouillant l’archéologie de l’assistance à la procréation – des accoucheuses médiévales à la techno-maternité contemporaine en passant par l’obstétrique moderne – notre objectif est de bien identifier la généalogie de la médicalisation, de la pathologisation et de la technicisation croissantes du corps maternel et de l’engendrement afin de caractériser la construction sociale d’une maternité machinique. Autrement dit, il s’agit de jalonner les représentations et pratiques sociales à l’oeuvre dans l’approche contemporaine de la procréation qui participent à l’oblitération du corps et ainsi créent un terreau fertile pour l’implantation de l’UA. / Faced with the present development of artificial womb technology, this master thesis aims to comprehend its sociohistorical origins and logic. Making use of a « cartography of the present » method of analysis, we start off by establishing the empirical constitution of ectogenesis, such as it is expressed in laboratory research and actual expert discourses on the subject. This preliminary analysis enables us to draw the problematic question of the erasure of the maternal body from the scene of reproduction, which we frame in a sociohistorical and anthropological perspective. Our principal hypothesis states that the artificial womb represents a radical outcome of current social representations and practices. Therefore, we try to trace the path of this radicalization by scrutinizing assisted procreation, from the medieval midwives’ practice to modern obstetrics and contemporary techno-maternity. Thus the genealogy of the increasing medicalization, pathologization, and technicization of the maternal body serves to identify the social construction of a mechanical maternity. In other words, we argue that our present mode of procreation continually erases the body and thus sets the scene for the implantation of the artificial womb.
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L'autoconservation des ovocytes : l'infertilité anticipée comme mode de gestion de l'horloge biologique

Gervais, Maude 04 1900 (has links)
Ce mémoire porte sur les représentations sociales de la maternité présentes dans les discours publicitaires entourant la pratique de l’autoconservation des ovocytes. C’est à travers l’analyse de discours promotionnel des cliniques de fertilité que je montrerai comment cette pratique reproduit une vision idéalisée de la maternité et de la procréation. L’autoconservation des ovocytes promet aux femmes de prolonger leur capacité procréative au-delà de la temporalité biologique. Avec la transformation des modes de vie, des valeurs et des exigences professionnelles, un écart sociologique important s’est instauré, pour plusieurs femmes, entre la fertilité biologique et la fertilité sociale. On assiste alors à la marchandisation de la temporalité biologique dans le but de réaliser certains idéaux professionnels et affectifs. La littérature est abondante sur les raisons qui poussent les femmes à s’engager dans le processus de l’autoconservation des ovocytes, mais peu de recherches s’intéressent à la manière dont les normes en matière de maternité sont produites et reproduites à travers l’usage des technologies de la reproduction. Dans ce mémoire, je souhaite porter une réflexion tant sur les valeurs promues par les cliniques de fertilité que sur les impacts inattendus de la pratique de l’autoconservation des ovocytes sur la culture reproductive et sur le rapport au corps féminin, tout en considérant les enjeux socio-économiques qu’elle sous-tend. Je montrerai que l’industrie de la préservation de la fertilité révèle un tout nouveau rapport au temps productif et au temps reproductif. / This thesis focuses on the social representations of motherhood present in advertising discourse surrounding the practice of social egg freezing. It is through the analysis of promotional discourse from fertility clinics that we will show how this practice reproduces an idealized vision of motherhood and procreation. The self-preservation of oocytes aims to allow women to extend their reproductive capacity beyond biological temporality. The transformation of lifestyles, values and professional requirements caused a significant sociological gap between biological fertility and social fertility. We are then witnessing the commodification of biological temporality in order to realize certain professional and emotional ideals. The literature is plentiful on the reasons that lead women to engage in the process of social egg freezing, but little research is focused on how standards in maternity are produced and reproduced throughout the use of egg freezing and the use of reproductive technologies. In this thesis, we wish to reflect both the values promoted by fertility clinics and the unexpected impacts of the practice of social egg freezing on reproductive culture as well as the relationship to the female body, while considering the socio-economic issues that it underlies.
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Un labo à soi : l’idéologie DIYbio de démocratie des biotechnologies et la conjonction entre facultés manuelles et autonomie

Esquivel Sada, Daphné 06 1900 (has links)
Après des décennies de luttes sociales engagées pour la démocratisation des biotechnologies, des pays des quatre coins du globe assistent à l’essor de la « Do-It-Yourself Biology » (DIYbio). Dans le prolongement des mouvements source ouverte et DIY/Maker, la DIYbio entreprend de démocratiser les biotechnologies en les livrant aux mains du public. Le principe en étant que chaque citoyen doit pouvoir s’approprier et fabriquer librement des bio-artefacts. L’objectif de la présente thèse est de comprendre ce modèle démocratique, de saisir les enjeux sociaux et culturels soulevés par l’imbrication entre autonomie individuelle et bio-innovation sur laquelle il s’appuie, ainsi que ses résonnances à l’ère néolibérale. À la croisée des études sur la science et de la théorie critique, cette étude interroge la démocratie DIYbio à partir de son idéologie, une notion entendue non pas en un sens péjoratif, mais en tant qu’une vision du monde. L’hypothèse déployée à travers les chapitres pose que la démocratie DIYbio repose sur un déplacement de l’idéal d’autonomie politique, des facultés réflexives vers les facultés manuelles de bio-expérimentation, donnant lieu à ce que je nomme, en analogie avec le concept d’espace public, le « laboratoire autonome ». L’idéologie du laboratoire autonome y est examinée en dialogue permanent avec son alter ego technoscientifique, le programme de la biologie synthétique. Cette double focale fait ressortir l’engouement commun des domaines socio-politique et scientifique, pour les facultés manuelles comme médium privilégié de leurs activités. Conceptuellement, cette thèse puise dans les assises épistémologiques de la culture hacker, alors que son corpus analytique est composé d’entretiens qualitatifs menés auprès d’acteurs du réseau DIYbio, d’observations réalisées au sein de groupes DIYbio canadiens et de données documentaires. À l’aide de l’analyse du discours, six grands piliers de la structure idéologique du laboratoire autonome y sont mis à nu: l’articulation entre les inscriptions socio-culturelles des adeptes (artistes, techies et universitaires en biotechnosciences) et leur quête d’autonomie individuelle dans le travail de laboratoire; l’idéal d’une modalité de recherche présidée par des valeurs d’auto-référentialité et d’autodétermination normative, ouvrant par là à l’instauration d’un processus de laissez-faire bio-expérimental aux dépens de médiations sociales (telles que le savoir théorique, le jugement des pairs et l’enseignement universitaire) qui assoient la pratique de la science en tant qu’entreprise collective; la capacité d’innovation comme condition à l’autonomisation bio-expérimentale; le mode d’existence technologique assigné à la matière vivante et la conception de l’éthique comme conduite individuelle responsable; la démocratisation de la propriété intellectuelle sur les entités biotiques; et enfin, une lutte socio-politique en faveur du génie génétique conjuguée à une perspective positiviste de l’opposition publique aux biotechnologies. Je suggère que les soubassements idéologiques du laboratoire autonome répondent aux impératifs d’une « démocratisation néolibérale » des biotechnologies. L’approche manuelle de la démocratie DIYbio révèle somme toute une déprise des exigences de la démocratie délibérative, dans la mesure où y est promulgué non pas l’idéal de l’éthique de la discussion, mais plutôt l’ethos hacker de la source ouverte et sa défense de la souveraineté individuelle dans l’innovation. / After decades of social struggles over the democratization of biotechnologies, societies from all corners of the globe witness the burgeoning of « Do-It-Yourself Biology » (DIYbio). In the wake of the open-source and DIY/Maker movements, DIYbio claims that every citizen should be able to freely appropriate and make bio-artefacts. Accordingly, it undertakes the democratization of biotechnologies by putting them in the hands of the public. This doctoral dissertation seeks to understand this democratic model, to grasp the social and cultural stakes of the intertwining between individual autonomy and bio-innovation on which it is grounded, as well as and its neoliberal echoes. At the crossroads between science studies and critical theory, this study delves into the DIYbio democracy through its ideological content, understood here not in a derogatory sense, but rather as a vision of the world. Each chapiter explores the hypothesis that the democratic model of DIYbio rests on a displacement of the ideal of political autonomy, its center of gravity moving from mental towards manual faculties. This gives rise to what I call the « autonomous laboratory », a notion analogous to the concept of public sphere. The ideology of the autonomous laboratory is examined in constant dialogue with its technoscientific alter ego, namely synthetic biology. This twofold perspective highlights how both the sociopolitical and the scientific domains share a common cherishing of manual faculties as the prime medium of their activities. Conceptually, this study draws on the epistemological foundations of the hacker culture. The corpus analysed consists of qualitative interviews conducted with actors of the DIYbio network, of observations within Canadian DIYbio groups, and of documentary data. Through discourse analysis, this dissertation brings to light six pillars of the ideological structure of the autonomous laboratory: the sociocultural identities of the adherents—grouped as artists, techies and biotechnoscience academics—and their quest for individual autonomy in bio-experimental work; the ideal of a research model rooted on self-referentiality and normative self-determination, which fosters a bio-experimental laissez-faire process at the expense of social mediations (such as abstract knowledge, peer judgement, academic education) that ground the practice of science as a collective activity; the reliance of bio-experimental autonomy on the innovation regime; the technological mode of existence ascribed to living entities and the view of ethics as an individual responsible act of conduct; the democratization of intellectual property over biological entities; and lastly, the combination between a sociopolitical commitment to genetic engineering and a positivist representation of the public opposition to gene technologies. I suggest that the ideological cornerstones of the autonomous laboratory meet the exigencies of a “neoliberal democratization” of biotechnologies, and that the DIYbio hands-on approach to democracy reveals, all in all, a disengagement from deliberative democracy biddings. Rather than the ideal ethics of discussion, it favors the open-source hacker ethos ingrained in the individual autonomy on innovation.

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