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Revendications sociolinguistiques et identitaires de la population caribéenne au Costa Rica / Sociolinguistic and identity claims of the Caribbean population in Costa Rica

Tout au long du XIXe siècle, le Costa Rica a construit son identité nationale sur l’idée de « pureté et de blancheur de la race costaricienne ». C’est dans ce paradigme identitaire qu’une population afro-caribéenne provenant majoritairement de la Jamaïque est arrivée sur la côte caribéenne pour travailler à la construction du chemin de fer et dans les plantations bananières à partir des années 1870. Cette population « noire », qui ne parlait pas l’espagnol, mais l’anglais et un créole à base d’anglais, constituait « un obstacle » au projet d’identité nationale. L’année 2015 marque un tournant, car le Costa Rica vient de se redéfinir comme une « République […] multiethnique et pluriculturelle » par un amendement constitutionnel de l’article premier. Cette thèse retrace le processus complexe d’intégration de la population afro-caribéenne au Costa Rica de 1870 à 2015 et défend l’idée qu’une reconfiguration du paradigme de l’identité nationale costaricienne s’est amorcée depuis la zone la plus périphérique du Costa Rica (la province de Limon) et en grande partie par le biais des revendications sociolinguistiques et identitaires de la population caribéenne. En effet, la politique linguistique concernant l’espagnol et les langues indigènes centrées sur la relation du citoyen à la langue officielle est contrariée par la pratique fortement ancrée du créole de Limon dans la Caraïbe costaricienne. L’apport théorique des linguistes Robert Le Page et Andrée Tabouret-Keller qui ont mis en évidence comment les choix langagiers constituent des « actes d’identités » par lesquels les locuteurs exposent discursivement leur identité personnelle, leurs affiliations à certains groupes et leurs aspirations à certains rôles sociaux a retenu notre attention pour montrer que l’utilisation du créole de Limon avec ses concepts et ses symboles propres dans le contexte plurilinguistique et diglossique de la Caraïbe costaricienne révèle des positionnements identitaires favorisant une reconfiguration de l’identité nationale. En 2010, l’UNESCO a classé le créole de Limon dans son Atlas des langues du monde en danger. Existe-t-il une campagne de revitalisation au Costa Rica ? Dans une perspective intersémiotique de l’étude des reconfigurations identitaires, la littérature et les arts de la Caraïbe costaricienne ont été envisagés comme des espaces privilégiés de représentation des identités plurielles et plurilingues et d’expression des revendications sociolinguistiques et identitaires de la population caribéenne. / Throughout the 20th century, Costa Rica built its own national identity on the “purity and whiteness” of the Costa Rican race. This is the identity paradigm in which the Jamaican population found itself upon arriving on the Caribbean coast in 1870 in order to work on the construction of railways and the banana plantations. This black, non-Spanish-speaking community was a barrier to the Costa Rican national identity project. However, the year 2015, marked a turning point. In virtue of an amendment to the first article of the Constitution, Costa Rica redefined itself as a “multiethnic, multicultural Republic”. This thesis retraces the complex process of integration undergone by the Costa Rican Afro-Caribbean community from 1870 to 2015. This study claims that the existence of this recent reconfiguration of the Costa Rican identity paradigm was in part fostered by one of the country’s most peripheral areas: Limon. The works of linguists such as Robert Le Page and André Tabouret-Keller have proven that linguistic choices can be considered as “identity claims or acts” by means of which a given speaker demonstrates his identity, his background and his aspirations. The people from Limon, by means of their sociolinguistic and identity claims, have thus helped start the aforementioned process of reconfiguration. The well-established use of Creole English clashes with the government’s official policy regarding the use of the official language of Spanish and the indigenous languages. Even though Creole English is spoken in Limon, in 2010 UNESCO classified it in its Atlas of the World’s Endangered Languages. Is there thus a campaign of revitalization in Costa Rica concerning Creole English? In an attempt to analyze the changing identity paradigm from an intersemiotic perspective, this study has chosen to focus on Caribbean literature and art as they both represent powerful mediums through which the expression of the Caribbean identity is portrayed and claimed.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016BOR30012
Date15 June 2016
CreatorsDudreuil, Lucie
ContributorsBordeaux 3, Breton, Dominique
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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