La République française est, dès sa naissance, étroitement liée au principe de la démocratie : la Première République a réalisé la souveraineté nationale ; la Deuxième République a institué le suffrage universel masculin, accordant le droit de vote aux citoyens, riches ou pauvres, et leur permettant de participer à titre égal aux affaires politiques. La spécificité de la Troisième République réside dans le fait qu’elle s’enracine dans les mœurs et conserve donc les acquis légués par ses prédécesseurs, en recourant à l’éducation nationale, ou autrement dit, à l’instruction gratuite et obligatoire, et à l’école laïque instituée par les « lois Ferry ». L’« instruction morale et civique », qui remplace l’ « instruction morale et religieuse », constitue une mesure cruciale, afin de former les enfants du milieu défavorisé à la démocratie républicaine. La religion devient ainsi une affaire privée et familiale. Les parents ont le droit d’initier leurs enfants à croire ou à ne pas croire, et de les envoyer pratiquer quelle religion que ce soit, en suivant leurs propres vœux. L’école publique, qui devient donc indépendante de l’Église, s’occupe des connaissances scientifiques qui sont indispensables à chacun des enfants à l’âge scolaire. Les instituteurs sont libérés de l’enseignement religieux, dorénavant confié aux ministres du culte, ce qui constitue toute la révolution pour Jules Ferry. L’école laïque n’est pourtant pas déchargée de l’éducation morale. De ce fait, pour que les enfants rattachés aux différentes confessions religieuses puissent recevoir à titre égal l’éducation sur le même banc, quelle morale sera enseignée à l’école laïque ? Quel rôle les instituteurs joueront-ils dans la formation des citoyens à la démocratie républicaine ? À quels procédés d’enseignement recourront-ils ? Nous utiliserons principalement trois catégories de sources pour répondre à ces questions : les discours de Jules Ferry en 1881-1882 relatifs à l’enseignement primaire gratuit, obligatoire et laïque, les grandes revues consacrées à l’éducation entre 1870 et 1914, ainsi que les manuels en usage dans l’école laïque. / The French Republic is closely linked to the principle of democracy : the First Republic has achieved national sovereignty; the Second Republic has introduced universal male suffrage, granting the right to vote to citizens, rich or poor, and allowing them to participate as equals in political affairs. The specificity of the Third Republic consists in that it is to be rooted in the mores and thus preserves the achievements bequeathed by its predecessors, using national education, in other words, the free and compulsory education and secular school instituted by the "Ferry laws". The "moral and civic education", which replaces the "moral and religious education", is a crucial measure to train children from disadvantaged backgrounds to republican democracy. Religion becomes a private and family matter. Parents have the right to introduce their children to believe or not to believe, and send them to practice any religion, following their own desires. The public school, independent of the Church, deals with scientific knowledge that is essential to each child at school age. Teachers are freed from religious education, now entrusted to the Ministers of Religion, which is the whole revolution for Jules Ferry. However, secular school is not relieved of moral education. Since children attached to various religious denominations may receive equal education, what morality will be taught in public school? What role will play the teachers in the training of citizens for republican democracy? Which teaching methods will be suggested? We use mainly three categories of sources to answer these questions: Jules Ferry’s speech in 1881-1882 relating to free, compulsory and secular primary education, major journals on education between 1870 and 1914, and the textbooks used in secular schools.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016TOU20102 |
Date | 17 December 2016 |
Creators | Meng, Yali |
Contributors | Toulouse 2, Université des études internationales de Shanghai, Cabanel, Patrick, Xiao, Yunshang |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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