Cette recherche vise à tracer une généalogie des rationalités de gouvernement et d’identification de la mobilité du travail dans la France métropolitaine et coloniale du XIXème siècle. Gouverner la mobilité ne comporte pas un pouvoir simplement coercitif, mais plutôt un certain degré de liberté nécessaire à canaliser et orienter la circulation des individus. Plus précisément, la thèse analyse l’histoire du livret ouvrier en tant que révélateur administratif des tensions qui accompagnent la configuration, la crise et la reformulation du contrat civil classique en France. Par cette technologie d’identification on retrace aussi la genèse globale des notions historiques de travail libre, esclavage et domesticité, dont on suit les métamorphoses à la lumière des politiques de la mobilité après l’abolition de l’esclavage. Les derniers chapitres considèrent la naissance de l’État Providence et des nouvelles pratiques d’identification, telles que l’anthropométrie et les empreintes digitales, en tant que reformulations historiques du problème à la base de notre recherche : comment contrôler la force de travail sans insérer une coercition illégitime sur les corps qui en sont les porteurs? La généalogie du régime de mobilité montre la nécessité paradoxale du libéralisme de cycliquement relancer un projet universel (la généralisation de la personne juridique) afin de pouvoir définir des hiérarchies en son sein (multipliant les statuts par lesquelles l’accès à l’usage de la liberté est filtré). À partir de cette complication on peut repenser le rapport entre souveraineté, État et marché mondial. / In this research, we genealogically trace the emergence of modern rationality in the government of the mobility of labor in France and its colonies in the XIX century. Governing mobility does not imply a purely coercive power, but rather a certain degree of freedom, necessary to channel and orient the circulation of individuals. More precisely, this PhD thesis analyses the history of the livret ouvrier as administrative markers of the tensions characterizing the configuration, the crisis, and the reformulation of classic civil contract in France. This technology of identification also allows us to trace the global genesis of the historical notions of free labor, slavery, and domesticity, following their evolution through the politics of mobility after the abolition of slavery. The last chapters survey the birth of the welfare state and of new forms of identification, such as anthropometry and fingerprinting, as historical reconfigurations of the underlying question of our investigation: how to control labor power without introducing an illegitimate coercion on the bodies carrying it? The genealogy of mobility regime shows the paradoxical necessity of liberalism to periodically reformulate a universal project (the generalization of the juridical person) in order to organize internal hierarchies (by multiplying the statutes through which the effective access to freedom is filtered). Through the lens of this co-implication we can rethink the relationship between sovereignty, State and world market.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019PA01H021 |
Date | 26 March 2019 |
Creators | Sacchi Landriani, Martino |
Contributors | Paris 1, Università degli studi (Bologne, Italie), Denis, Vincent, Laudani, Raffaele |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | Italian |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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