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Les blogs personnels de mode en tant que nouvelles technologies de genre : Construction/déconstruction de l’éthos féminin / Personal fashion blogs as new gender technologies : Construction / deconstruction of the feminine ethosIrimescu, Alexandra 06 July 2017 (has links)
Le blog est un catalyseur idéal des transformations sociales et technologiques définitoires pour les sociétés occidentales. Il traduit une double prise de distance des individus: la première anti-hégémonique, par le refus du monopole de la production de modèles de genre et de l’information, et la deuxième expressiviste et identitaire liée à la prise de parole non-médiée des femmes dans l’espace public digital. Cette recherche prolonge les questionnements sur la possibilité de manifestation dans le numérique d’un expressivisme de genre. En ce sens, le blog personnel de mode est questionné comme une voie d’intervention dans la culture, un nouveau média de mode et un genre discursif émergent, un espace d’affirmation des contre-publics et une nouvelle technologie de genre qui permet la redéfinition de la féminité contemporaine. Son objectif majeur a été de comprendre comment les femmes se présentent, parlent et agissent dans le numérique en rapport avec le contexte, leur condition de femmes et surtout leurs intentions. Il s’agit de la mise en question de leur investissement numérique en tant qu’actrices qui assument les épreuves de la nouvelle socialité féminine.L’analyse exploratoire, qui a été à la base de la construction du corpus d’analyse, dévoile l’ampleur de la fragmentation de la blogosphère de mode. Il s’agit d’un travail de pionnier qui a le grand avantage de ne pas rester à la surface du phénomène investigué. La fragmentation de la blogosphère annonce moins la disparition du phénomène, mais son évolution dans des tendances qui anticipent des changements futurs et qui sont en synergie avec le développement d’Internet. Les blogs sont une source riche de données qualitatives qui nous a permis une triangulation méthodologique efficace: une observation ethnographique en ligne, une analyse de discours cadrée par l’éthos et une analyse visuelle. Ainsi, nous avons analysé un répertoire diversifié de l’éthos féminin (corporel, contestataire, professionnel et familial), dont l’intérêt a été de prouver qu’il y a une forme de détachement du modèle dominant de la féminité. A partir d’un corpus international de blogs personnels écrits par des femmes, nous avons identifié et analysé le modèle dominant de la blogueuse de mode, défini par la vision consensuelle sur la féminité et un positionnement de partenariat avec l’industrie de la mode, et toute une série de positionnements contre-hégémoniques. Cette recherche indique le passage de la féminité comme identité imaginée à une féminité conçue en relation avec le statut de l’acteur social. Dans ce basculement réside l’intérêt d’une pratique qui recèle un pouvoir représentationnel.Cette recherche propose la redéfinition des blogs personnels de mode en tant que nouvelles technologies de genre et contribue à l’analyse générique du blog de mode par l’identification des différentes scénographies dans la sous-catégorie visée. Celle-ci a produit la première typologie des blogs personnels de mode qui implique les catégories suivantes: male gaze, pratiques hédonistes, posture critique, activisme social. Suite à la neutralisation du social, à la réactivation persistante de la mascarade féminine et l’enfermement dans l’identité unique de femme, le blog personnel de mode devient un instrument d’aliénation participative. Par contre, suite au défigement de la mascarade féminine, la construction des communautés diasporiques en ligne, la mobilisation des identités féminine plurielles et des degrés variables d’ancrage social, le blog personnel de mode devient un instrument de soft power qui atteste de la prise en charge des femmes des représentations de leur propre genre. L’approche interdisciplinaire nous a permis d’analyser cet objet d’étude syncrétique qui est le résultat du développement technologique, de la transformation des conditions et des formes de communication et, finalement, des mutations sociales en cours. / Nowadays, the blog actively mobilizes social and technological transformations that are characteristic for the Western society. As such, it encompasses two directions: a counter- hegemonic one, dismissing the monopoly of gender models and of information production, and an identity-related one, aspiring to the promise of unaltered self-expressionin the public sphere. This study aims to contribute to the body of research about the online manifestation of gender expressivism. Personal fashion blogs are analyzed as a form of cultural intervention, an emergent discourse, and a space of affirmation for contra-audiences, as well as a new gender technology, that facilitates the redefinition of contemporary femininity. The purpose is to explore how women represent themselves, how they relate to their social context, their gendered status, and how they communicate their intentions. To this end, I depart from the premise that their interventions in the digital space are enacted as agents seeking to validate new forms of feminine sociality. The corpus is built on an exploratory analysis revealing the fragmentation characterizing personal fashion blogs. Although this is a pioneering work, it does not treat superficially the investigated phenomena. Beyond the analysis, it emphasizes the future shifts of personal fashion blogs, in synergy with Internet developments. The blogosphere has constituted a rich source of qualitative data, which has allowed a methodological triangulation: an online ethnographical observation, a discourse analysis centering on the notion of ethos and a visual analysis. I selected and analyzed a varied repertoire of the contemporary feminine ethos (physical, disruptive, professional and familial), which demonstrates that in this media there is a trend to detach oneself from dominant model of femininity. By employing a cross-national corpus of fashion blogs, owned by women, I have identified the traits of the dominant fashion blog – presenting what it appears to be a consensual view on femininity, in partnership with the fashion industry - but also a series of counterhegemonic positionings. This research signals the transition from an imaginary femininity towards a feminine identity which materializes in close relationship with social status. In this shift of perspective resides our interest in a practice which grants access to self-representation.The study suggests defining personal fashion blogs as new gender technologies. It starts with a generic analysis of fashion blogs by circumscribing various scenographies based on which a series of visual sub-categories can be distinguished. Thus, I introduce an original typology of personal fashion blogs: male gaze, hedonistic practices, critical stance and social activism. On the one hand, personal fashion blogs neutralize the social context through the continuous activation of the feminine masquerade and by claiming a monolithic feminine identity, the blog becomes an instrument of participative alienation. On the other hand, through the deconstruction of the feminine masquerade, by building online diasporic communities, and shifting between identities, personal fashion blogs become an instrument of soft power, a place of resistance that establishes women’s representations as something achieved by them, not imposed upon them. An inter-disciplinary approach has made possible the analysis of this syncretic object of study, which is the result of digital technologies, but also of existing social transformations / of evolving gender relations.
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Le refus de la violence. Vies de femmes, entre l'Algérie et la FranceLebas, Clotilde 15 November 2013 (has links) (PDF)
Ma thèse découle d'un vif intérêt pour les expériences et les explorations à même de brouiller les lignes de partage entre les sexes. Anthropologue, je me suis attachée à saisir ce trouble via une enquête permettant de mettre à jour les modalités de l'incorporation des assignations de l'ordre sexué et les possibles créés par celles qui, à un moment donné de leur vie, les ont rejetées. J'ai tout d'abord observé, aux côtés de féministes algériennes installées à Paris, la formulation d'une énonciation particulière. Tout en relayant l'actualité du mouvement féministe qui, en Algérie, dénonçait publiquement les violences faites aux femmes, elle dévoilait une tentative de dénoncer les violences subies par des femmes se réfugiant en France sans pour autant faire le jeu de l'islamophobie. J'ai ensuite cherché à rencontrer des femmes ayant fui leur domicile en raison des coups, des insultes et des humiliations qu'elles y subissaient. Je me suis alors rendue, en France et en Algérie, dans les associations vers lesquelles m'orientaient mes précédentes rencontres. Enfin, je me suis éloignée de ces cadres pour suivre des femmes dans leur mouvement infini pour reconfigurer leurs vies. Me saisissant de leurs témoignages, j'ai montré comment, dans un contexte de migration, les logiques de l'incorporation des assignations de l'ordre sexué sont troublées par le refus de la brutalité et de l'autorité masculines. Pour appréhender ce refus dans toute sa complexité, il importe de le considérer comme processus. Longtemps, fuite et refus ont semblé se superposer. Ce n'est qu'à mesure que nos relations se tissaient qu'elles m'ont livré la série d'allers-retours ayant précédé un départ irréversible. Revenir n'a pour autant jamais signifier consentir. Cela a nécessité des mesures incessantes visant à anticiper coups et injures. Et pour que la fuite opère, il leur a fallu anéantir ce régime d'anticipation propre à la peur. Ce qui les a poussées à fuir a ainsi excédé la répétition des brimades, des insultes et des humiliations. Si elles ont mis un terme à un quotidien dont elles s'étaient jusque-là accommodées, c'est que des désirs continuaient de les animer - vivre une sexualité épanouie, témoigner pour inciter les femmes des générations suivantes à ne pas reproduire ce qu'elles-mêmes avaient fait (rester en pensant que la situation allait s'arranger)... La fuite a également nécessité un lieu où s'arrêter pour entrevoir un autre sens à donner à leur vie. C'est là qu'histoires individuelle et collective se sont croisées. Toute prise de décision n'est que l'aboutissement d'une série de choix qui s'inscrit dans une conjoncture historique donnée. Dans les années 1990, des militantes algériennes se sont réapproprié la rhétorique étatique de dénonciation des violences commises par des groupes armés pour proposer une autre énonciation : toute forme de violence, et non la seule armée, est intolérable. Elles ont également créé les lieux dans lesquels des femmes ont pu se réfugier. Depuis, des femmes transitant par ces lieux ont pu y trouver un abri, condition d'effectuation du refus. Dès lors, la puissance contenue dans ce refus initial a pu être libérée, créant un nouveau possible : énoncer une multitude d'autres refus, ce qui ne peut se comprendre qu'au regard des épreuves auxquelles ces femmes ont été confrontées. En effet, en se détachant d'une figure d'autorité masculine, elles ont été exposées au stigmate de la rupture, contraintes à vivre une autre forme d'isolement et d'exclusion. Capté par les institutions auxquelles elles demandaient protection, le sens de leur fuite a été inséré dans la catégorie préexistante des victimes d'un ordre sexué rétrograde. Ces mécanismes de captation ont invisibilisé la part du politique contenue dans le refus. De plus, elles ont été reléguées dans la sphère de la domesticité pour survivre. En d'autres termes, la reconfiguration de leurs vies s'est retrouvée piégée par le redéploiement, en France comme en Algérie, des assignations de l'ordre sexué. Refuser de se marier pour obtenir des papiers ou de faire des ménages pour subvenir à ses besoins sont autant de refus qui ont ainsi pris forme et sens dans ce jeu de distance et de rapprochement qu'elles ont instauré avec le reste des sociétés les marginalisant. Et dans les conditions même de la survie, elles ont dû modifier les modalités de leurs déplacements dans la sphère publique, en dépassant leurs peurs. Dans cette distanciation d'avec l'ordre sexué s'est alors opéré un déplacement dans la perception et la qualification d'elles-mêmes comme sujets. Objets de volontés masculines d'appropriation, elles sont devenues sujets de désirs et de projections dans l'avenir. À partir des multiples bifurcations empruntées par des vies irrémédiablement transformées par le rejet de l'autorité et de la brutalité masculines, ma thèse a ainsi proposé une exploration de la mémoire de corps qui portent en eux le résidu des assignations de l'ordre sexué.
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