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Changements démographiques et inégalités éducatives à OuagadougouLachaud, James 08 1900 (has links)
Depuis plusieurs décennies, des études empiriques réalisées sur plusieurs pays développés ou en émergence ont montré que la baisse de la taille de la famille favorise l’investissement dans l’éducation des enfants, expliquant qu’un nombre élevé d’enfants a un effet d’amenuisement des ressources familiales. Les retombées positives de la baisse de la fécondité sur l’éducation sont largement étudiées et connues. En dépit des résultats controversés des premières études portant sur les pays de l’Afrique de l’Ouest, les récentes études empiriques tendent à confirmer l’effet positif de la baisse de la taille de la famille dans le contexte africain, du moins en milieu urbain. Par contre, jusqu’à présent, très peu d’études semblent intéressées à analyser la répartition de ces retombées entre les enfants, et encore moins à comprendre comment ces dernières affecteraient la structure des inégalités éducatives existantes.
Notre étude s’intéresse à explorer la potentielle dimension démographique des inégalités socioéconomiques, notamment les inégalités éducatives dans le contexte de la baisse de la fécondité. Elle vise à apporter des évidences empiriques sur le lien entre la réduction de la taille de la famille et les inégalités éducatives au sein des ménages dans le contexte d’Ouagadougou, Capitale du Burkina Faso, qui connait depuis quelques décennies la chute de la fécondité. Elle analyse aussi l’effet de cette réduction sur la transmission intergénérationnelle des désavantages éducatifs. Pour ce faire, nous proposons un cadre conceptuel pour comprendre les mécanismes par lesquels la relation entre la réduction de la taille de la famille et les inégalités éducatives se tisse. Ce cadre conceptuel s’appuie sur une recension des écrits de divers auteurs à ce sujet. Par la suite, nous procédons à des analyses empiriques permettant de tester ces liens en utilisant les données du projet Demtrend collectées. Les résultats empiriques sont présentés sous forme d’articles scientifiques.
Les conclusions du premier article indiquent que la relation entre le nombre d’enfants de la famille et l’éducation varie selon le contexte socioéconomique. En effet, pour les générations qui ont grandi dans un contexte socioéconomique colonial et postcolonial, où le mode de production était essentiellement agricole et l’éducation formelle n’était pas encore valorisée sur le marché du travail, la relation est très faible et positive. Par contre, pour les récentes générations, nous avons observé que la relation devient négative et fortement significative. De plus, les résultats de cet article suggèrent aussi que la famille d’origine des femmes a une incidence significative sur leur comportement de fécondité. Les femmes dont la mère avait un niveau de scolarité élevé (et étaient de statut socioéconomique aisé) ont moins d’enfants comparativement à celles dont leurs parents avaient un faible niveau de scolarité (et pauvres). En retour, leurs enfants sont aussi les plus éduqués. Ce qui sous-tend à un éventuel effet de levier de la réduction de la taille de la famille dans le processus de transmission intergénérationnelle des désavantages éducatifs.
Le second article fait une comparaison entre les ménages de grande taille et ceux de petite taille en matière d’inégalités éducatives entre les enfants au sein des ménages familiaux, en considérant le sexe, l’ordre de naissance et les termes d’interaction entre ces deux variables. Les résultats de cet article montrent que généralement les enfants des familles de petite taille sont plus scolarisés et atteignent un niveau d’éducation plus élevé que ceux des grandes familles. Toutefois, les filles ainées des petites familles s’avèrent moins éduquées que leurs pairs. Ce déficit persiste après avoir considéré seulement les ménages familiaux monogames ou encore après le contrôle de la composition de la fratrie. L’émancipation des femmes sur le marché du travail résultant de la réduction de la taille de la famille et la faible contribution des pères dans les activités domestiques expliqueraient en partie cette situation. Malheureusement, nous n’avons pas pu contrôler l’activité économique des mères dans les analyses.
Finalement, dans le cadre du troisième et dernier article, nous avons examiné l’effet d’avoir été confié par le passé sur les inégalités éducatives au sein de la fratrie, en comparant ceux qui ont été confiés aux autres membres de leur fratrie qui n’ont jamais été confiés. Dans cet article, nous avons considéré l’aspect hétérogène du confiage en le différenciant selon le sexe, la relation de la mère avec le chef du ménage d’accueil et l’âge auquel l’enfant a été confié. Les résultats montrent qu’avoir été confié dans le passé influence négativement le parcours scolaire des enfants. Cependant, cet effet négatif reste fort et significatif que pour les filles qui ont été confiées après leurs 10 ans d’âge. Un profil qui correspond à la demande de main-d’œuvre en milieu urbain pour l’accomplissement des tâches domestiques, surtout dans le contexte de la baisse de la taille de la famille et l’émancipation des femmes sur le marché du travail. / The relationship between the family size decline and children human’s capital investment has been well-studied for several decades. In most developed and emergent countries, several studies showed that the reduction in family size seems to increase the investment in the children’s education, arguing the dilution effect of each additional child on family resources. More recently, empirical studies shows this reduction tends also to improve substantially schooling levels in Sub-Saharan Countries, mostly in urban areas. Nevertheless, little is known about the distribution of these potential benefits neither how that may affect existing educational inequalities, particularly in the context of urban sub-Saharan Africa.
Our study focuses on exploring the demographic dimension of educational inequalities in the context of Ouagadougou, Capital of Burkina Faso, where the fertility transition is actually ongoing. More precisely, this study seeks to understand the effect of reduction in family size on intra-family inequalities in education and secondly, on the reproduction of educational inequalities over time and generations. For that purpose, we developed on one hand a conceptual framework to understand the mechanism by which reduction in family could influence on education inequalities. Secondly, we have undertaken empirical analysis to test our hypotheses. The empirical results are presented in three scientific papers, which based on data from the Demographic Surveillance System and Health and Dentrend project.
Findings from the first paper suggest that the relationship between the family size and education has shifted over time, according to the socioeconomic context. Indeed, the generations that are grown in a socioeconomic context where formal education was not valued in the labor market and the economic contributions of children were substantial as farm laborer, the relationship was very low, positive, and not statistically significant. By contrast, for recent generations, we observed that the relationship is negative and highly significant. In addition, the results of this paper also suggest that the family of origin impacts on the women’s reproductive behavior. Those whose original family was not poor and well-educated have smaller families. In turn, their children are also more educated. That suggests a potential leverage effect of the reduction in family size on the intergenerational transmission of socioeconomic disadvantages, particularly in terms of education.
The second paper takes a look at intra-family inequalities in education in Ouagadougou. Do all the children in a family benefit equitably from the improved conditions brought about by limiting their number? The results suggest that generally smaller families allow more investment in children’s education. Nonetheless, oldest girls are less educated than their peers. The deficit remains even after considering only monogamous family households or after controlling the composition of the sibling. The absence of the mothers at home eased by the reduction in family size and the men’s failure to share household chores could explain this situation. Unfortunately, we were unable to control for economic activity of mothers.
Finally, in the last paper, we evaluated the net impact of having been fostered in the past on the education of young adolescents (16-20 years old), comparing those who have been fostered to their sibling who has never been fostered. In this article, contrary to previous studies, we have considered the heterogeneous aspect of fostering by differentiating by sex, the mother's relationship with the host household and the age at the time of fostering. The results show a negative impact of child fostering on education, even after controlling for the endogeneity problem. However, this negative effect is greater on girls. The life’s conditions of fostered girls in host household could explain this differential effect.
Finally, in the third and final article, we examined the effect of having been entrusted the education of children, comparing those who have been entrusted to other members of their siblings who have never been entrusted. In this article, contrary to previous studies, we have considered the heterogeneous aspect of fostering by differentiating by sex, the mother's relationship with the host and the ages at which the child has been entrusted. The results show that having been given in the past adversely affects the schooling of children. However, after considering some interacting variables, this negative effect remains strong and significant only for adolescent girls. These girls seem to fit the profile of additional hands for household chores, which are needed due the demographic deficits consequent to the reduction in family size in urban areas.
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Three essays on family, culture and development in Sub-Saharan AfricaGbeholo, Caleb 10 1900 (has links)
Cette présente thèse, organisée en trois chapitres, traite de problématiques liées à la culture, la famille et le développement en Afrique sub-saharienne. Les deux premiers chapitres traitent du confiage des enfants en Afrique. Dans le chapitre 1, que j’ai co-écrit avec Irène Dohouin, nous examinons les déterminants du confiage des enfants et les caractéristiques de l’enfant confié. À cet effet, nous utilisons les données d’une enquête que nous avons organisée et réalisée au Benin en 2022 dans le cadre d’un projet portant sur les conditions de vie dans l’enfance et la qualité de vie a l’âge adulte. Les analyses montrent que le niveau d’éducation des parents et la perte d’un parent pendant l’enfance sont associés au confiage des enfants. En ce qui concerne le choix de l’enfant confié, les résultats montrent que les filles sont généralement les plus confiées et la probabilité d’être confié décroît strictement avec l’ordre de naissance de l’enfant dans la fratrie. Nous trouvons aussi qu’il existe une différence importante dans les raisons de confiage entre les filles et les garçons. En effet, les filles sont confiées en général pour aider dans les travaux domestiques tandis que les garçons sont confiés pour aller à l’école. Le chapitre 2 est co-écrit avec Irène Dohouin, Raphael Godefroy et Joshua Lewis. Nous y analysons les effets de long terme du confiage des enfants. En utilisant les données collectées dans le cadre de l’enquête évoquée précédemment, nous montrons que les per- sonnes adultes qui ont été confiées dans leur enfance sont moins susceptibles de fréquenter une école comparativement à leurs frères et sœurs non confiés. Nous montrons que cette différence du niveau d’ éducation s’est accrue après la réforme du système éducatif dans les années 1990 au Bénin. Toutefois, nous n’avons trouvé aucune évidence que le confiage a des effets négatifs à l’âge adulte. Au contraire, les résultats semblent montrer que les personnes confiées performent mieux sur le marché du travail relativement à leurs frères et sœurs non confiés. Nos résultats suggèrent que les coûts à long terme du placement des enfants peuvent être considérablement attenues grâce à des transferts compensatoires. Dans le troisième chapitre, je m’intéresse à la compréhension du rôle de la culture dans l’assimilation économique des peuples africains en général, et des femmes en particulier. Pour ce faire, j’analyse la contribution de la langue parlée, une composante essentielle de la culture, à l’assimilation économique des femmes sur le marché du travail, et le cas échéant, la persistance de cette contribution dans les temps modernes. Pour répondre à cette question, je combine les données sur l’emploi des femmes provenant des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS), avec les données sur les langues et les ethnies africaines dans une régression par les Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Les résultats montrent qu’il existe une association positive entre la similarité linguistique et l’assimilation économique des femmes sur le marché du travail dans les temps anciens (avant la colonisation). Toutefois, cette contribution historique de la similarité linguistique a disparu avec le temps. Les résultats montrent que c’est plutôt la qualité des institutions qui jouent un rôle prépondérant dans l’assimilation économique des femmes de nos jours. / This thesis, organized into three chapters, addresses issues related to culture, family and development in sub-Saharan Africa.
The first two chapters deal with childhood fostering in Africa. In chapter 1, co- authored with Irene Dohouin, we examine the determinants of child fostering across and within family in Bénin. In this purpose, we rely on a dataset that comes from a unique survey that we designed and conducted in Bénin in 2022 as part of a project on child- hood living conditions and well-being in adulthood. We find that parental education is associated with child fostering. Indeed, less educated parents are more likely to foster one of their children. The fostered child is chosen according to his gender and his birth order, with daughters facing a high risk of fostering during childhood. Also, children who lost one of their parents during childhood are have a higher probability of being fostered than their other biological siblings. Importantly, we find an important gender difference in reasons of child fostering as boys are fostered for schooling whereas girls are fostered to help in domestic tasks. Furthermore, the probability to be fostered during childhood is steady decline by birth order. Chapter 2, co-authored with Irene Dohouin, Joshua Lewis and Raphael Godefroy, studies the long run effect of childhood fostering. Using a dataset derived from the survey that I mentioned above, we estimate that adults who were fostered during childhood are significantly less likely to have attended school than their biological siblings. We show that this difference in education achievement increased after the launch of an education reform in the 1990s. Nevertheless, along a range of socioeconomic outcomes, we find no evidence that childhood fostering had lasting negative impacts into adulthood. Indeed, we find some evidence that fostered siblings enjoyed slightly better labor market outcomes than their non-fostered siblings. Our results suggest that the long-term costs of childhood fostering may be substantially mitigated through compensating transfers. The third chapter aims to understand the role of culture in the economic assimilation of African people in general, and for women in particular. Especially, I study the association between linguistic proximity and ethnic proximity in women labor market participation and I investigate whether this association persisted over a long period of times. By taking advantage of three different datasets and an OLS estimates that ac- count for the geography of ethnic group’s homeland, I find that linguistic proximity is strongly and significantly associated to the ethnic proximity in women historical labor market participation. I find also that there is no association between linguistic proximity and ethnic proximity in women labor market participation in modern days. This finding suggests that the historical relationship does not persist until today. Furthermore, I show evidence that ethnic group pairs inhabiting a high rule of law country are associated with a high degree of proximity in women labor market participation today. This last finding is suggestive of the important role of national institutions in driving economic assimilation across Africa.
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Three essays on family, education and health in developing countriesDohouin, Irène 04 1900 (has links)
Cette thèse est organisée en trois chapitres et s’articule autour des questions liées à la famille, à l’éducation et à la santé dans les pays en développement. Le premier chapitre s’intéresse à la compréhension de la maladie VIH et de son lien avec les caractéristiques socio-économiques des populations en Afrique subsaharienne. Dans ce chapitre, j’analyse l’existence d’une relation causale entre le niveau d’éducation et le fait d’être porteur du virus VIH chez les femmes. Grâce à la reforme de gratuité de l’éducation primaire adoptée et mise en œuvre en Zambie dès 2002 et qui a contribué à une augmentation substantielle du niveau d’éducation chez les femmes, j’estime une régression sur discontinuité que j’interagis avec la construction de nouvelles écoles. Les résultats montrent qu’une augmentation exogène de l’éducation des filles conduit à une augmentation du taux de VIH chez la femme ; et qu’il n’y a pas d’évidence que la connaissance que les femmes ont du VIH soit liée à l'augmentation de leur niveau d'éducation. Aussi, l’éducation des femmes n’améliore pas leur comportement à risque. Cet effet positif de l’éducation sur le VIH est plutôt dû à l’urbanisation accrue des femmes les plus instruites.
Le deuxième et le troisième chapitre portent sur le confiage des enfants en Afrique. Dans le chapitre 2, co-écrit avec Caleb Gbeholo, nous examinons les déterminants de confiage des enfants et les caractéristiques de l’enfant confié. A cet effet, nous utilisons les données d’une enquête que nous avons organisé et réalisé au Bénin en 2022 et qui porte sur les conditions de vie dans l’enfance et la qualité de vie à l’âge adulte. Les analyses montrent que le niveau d’éducation des parents et la perte d’un parent pendant l’enfance sont associés au confiage des enfants. En ce qui concerne le choix de l’enfant confié, les résultats montrent que les filles sont généralement les plus confiées et la probabilité d’être confié décroît strictement avec l’ordre de naissance de l’enfant dans la fratrie.
Le chapitre 3 est co-écrit avec Caleb Gbeholo, Raphael Godefroy et Joshua Lewis. Il étudie l’effet du confiage sur l’éducation et la fertilité. En utilisant les mêmes données que celle du chapitre 2, nous montrons que les adultes confiés dans leur enfance sont moins susceptibles de fréquenter une école que leurs frères et sœurs non confiés. Nous montrons que cette différence du niveau d’éducation s’est accrue après la réforme du système éducatif dans les années 1990 au Bénin. Par ailleurs, nous trouvons qu’il n’existe aucune différence de fertilité entre les enfants confiés et les frères et sœurs non confiés. Nous estimons que le confiage peut expliquer une part importante de la différence de niveau d’éducation entre les hommes et les femmes. / This dissertation is organized in three chapters and revolves around issues related to family, education and health in developing countries.
The first chapter studies how education affects women's HIV infection. By using an education reform that led to a sharp increase in women's education in Zambia, I estimate RDD, interacted with geographic differences in school supply. I find that an increase in female education led to HIV higher rate. I find no evidence that education affected women's HIV knowledge and their risky behaviors. Instead, the results are driven by the increased urbanization of the better educated women.
The second and third chapters address the practice of child fostering in Sub-saharan Africa. In the chapter 2, co-authored with Caleb Gbeholo, we examine the determinants of child fostering across and within family in Benin. In this purpose, we rely a dataset that comes from a unique survey that we designed and conducted in Benin in 2022. We find that parents' education and the lost of one parent during childhood are associated with child fostering. The fostered child is chosen according his gender and his birth order, with daughters facing a high risk of fostering during childhood. Furthermore, the child probability to be foster is steady decline by birth order.
The chapter 3, co-authored with Caleb Gbeholo, Raphael Godefroy and Joshua Lewis, studies the effect of child fostering on education and fertility. Using the same dataset as in chapter 2, we estimate that adults who were fostered as a child are significantly less likely to have attended school than their siblings. We show that this difference in education achievement increased after the launch of an education reform in the 1990s. We find no difference in fertility. We estimate that the practice of child fostering may account for a substantial share of the gender gap in education.
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