Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.

Les guides de pratique sont généralement définis comme des guides élaborés par une méthode systématique pour aider les praticiens et les patients à prendre des décisions concernant les soins de santé appropriés. Utilisés pour améliorer les pratiques, orienter les soins et diminuer les coûts, ils jouent un rôle de plus en plus central dans le système de santé et des services sociaux. Toutefois, ceux-ci présentent de nombreux défis, que ce soit au niveau de la qualité de leur contenu ou de leur utilisation par les intervenants. Afin de brosser un portrait de la situation des guides de pratique dans le domaine de la psychoéducation, deux études ont été réalisées. La première a pour objectif d’approfondir notre compréhension de la qualité des guides de pratique de l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ). Celle- ci est constituée de deux volets : une évaluation quantitative de la qualité de ces guides avec la grille AGREE II et une évaluation qualitative de leur qualité à partir de la perception des psychoéducateurs concernant de tels guides, leur définition, leurs objectifs et leurs caractéristiques. Les résultats indiquent que les guides en psychoéducation offrent des informations claires et simples d’utilisation. Toutefois, ils présentent également des lacunes importantes dans plusieurs aspects : la rigueur d’élaboration, la participation des groupes concernés, l’applicabilité et l’indépendance éditoriale. De plus, d’autres critères spécifiques à la psychoéducation dont l’intégration des modèles théoriques, la sensibilisation des clients et des collègues, la précision des cadres légaux, sont nécessaires. Ces résultats permettent d’ores et déjà d’émettre des recommandations pour l’évaluation des guides de pratique en psychoéducation, l’amélioration de la qualité des guides actuels de l’OPPQ et assurer la qualité des guides futurs de l’OPPQ. La deuxième étude vise à mieux comprendre les facteurs personnels et environnementaux favorisant l’utilisation des guides par les psychoéducateurs. Nous avons effectué une recherche à devis mixte constituée de deux volets : 1- évaluation quantitative des facteurs influençant l’utilisation des guides de pratique à partir des réponses de 386 psychoéducateurs au questionnaire d’utilisation des connaissances (QUC ; en ligne) et 2- évaluation qualitative des mêmes facteurs à partir de la perception de 18 psychoéducateurs rencontrés individuellement, en ligne, après leur participation au premier volet. Il ressort des deux analyses qu’il est difficile d’isoler un facteur unique déterminant l’utilisation des guides de pratique. Celle-ci est plutôtexpliquée par un ensemble de facteurs en relation dynamique et complexe. L’analyse de régression logistique semble faire ressortir le rôle central des variables mesurant les opinions des intervenants sur les connaissances issues de la recherche. De plus, les résultats qualitatifs obtenus mettent de l’avant un ensemble d’autres éléments personnels et environnementaux, notamment le rôle de la formation dans l’utilisation des guides. Une meilleure connaissance de ces variables peut offrir des pistes pour favoriser l’utilisation des guides, notamment des recommandations pour la formation des psychoéducateurs. Les résultats des deux études permettent de dégager des recommandations complémentaires autant pour l’amélioration de l’utilisation des guides en psychoéducation que pour le développement de futurs outils de transfert de connaissances. En particulier, ils permettent d’identifier les caractéristiques principales pour développer des outils informatiques d’aide à la décision qui répondent spécifiquement aux besoins des psychoéducateurs. Ce point est d’autant plus important, étant donné l’augmentation importante de ces outils dans le domaine psychosocial dans les dernières années. / Practice guidelines are typically defined as guides developed using a systematic method to assist practitioners and patients in making informed health care decisions. They are used to improve practices, direct patient care and reduce costs, and are playing an increasingly pivotal role in the health care and social services system. The guidelines have many shortcomings, however, both in terms of quality and use by practitioners. Two studies were conducted to provide a picture of the current situation regarding practice guidelines in psychoeducation. The purpose of the first study was to gain a deeper understanding of the quality of the practice guidelines developed by the Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (OPPQ) [Quebec order of psychoeducators]. The study consisted of two parts: a quantitative assessment of the quality of the guidelines using AGREE II; and a qualitative assessment of their quality based on psychoeducators' perceptions of them, as well as their definition, objectives and characteristics. The results indicate that the psychoeducation guidelines provide clear, easy-to-follow information. However, they also have significant shortcomings, in several respects: thoroughness of guideline development, stakeholder involvement, applicability and editorial independence. Additional criteria specific to psychoeducation are also needed, including the integration of theoretical models, client and colleague awareness, and the detailed definition of legal frameworks. Based on these results, recommendations can already be made for assessing psychoeducational practice guidelines, improving the quality of the current OPPQ guidelines and ensuring the quality of OPPQ guidelines in the future. The second study was designed to better understand the personal and environmental factors that promote guideline use by psychoeducators. We conducted a mixed-methods study that had two components: (1) a quantitative assessment of the factors influencing the use of practice guidelines, based on the responses of 386 psychoeducators to a level of knowledge use survey (KUS; online); and (2) a qualitative assessment of these same factors, based on the perceptions of 18 psychoeducators met individually, online, following their participation in the first component. The two analyses revealed that it is difficult to isolate one single factor that determines the use of practice guidelines. Whether guidelines are followed is instead explained by a set of factors in a dynamic and complex relationship. It does appear that personal and environmental variables influence this use. The logistic regression analysis, highlight the central role of variables measuring the opinions of professionals on the knowledge resultingfrom the research. In addition, the qualitative results obtained highlight a series of other personal and environmental elements, and especially the role of training in practice guideline use. Greater knowledge of these variables may suggest ways to increase guideline use in the future, and especially recommendations for psychoeducator training. Based on the results of the two studies, complementary recommendations can be formulated for improving psychoeducational guideline use and for developing future knowledge transfer tools. Most notably, the findings point to the main characteristics required to develop computer-based decision support tools that meet the specific needs of psychoeducators. This is especially important given the significant increase in the use of these tools in the psychosocial field in recent years.

Les troubles douloureux de l’épaule (TDE) affectent jusqu’à 55% de la population générale et sont souvent difficiles à traiter. L’objectif de cette thèse était de développer une intervention de mobilisation des connaissances permettant d’implanter les recommandations de guides de pratique clinique (GPC) couvrant la prise en charge des TDE. Pour ce faire, un processus basé sur le cadre conceptuel Knowledge-to-Action a été utilisé. D’abord, une revue systématique des recommandations des GPC à implanter pour améliorer la prise en charge des TDE a été effectuée. Puis, les écarts dans la pratique des cliniciens ont été identifiés à l’aide d’un sondage documentant la prise en charge des TDE ainsi qu’une étude évaluant la concordance entre les physiothérapeutes et les orthopédistes au niveau du diagnostic et de la prise en charge des TDE. Ensuite, les déterminants à l’implantation des recommandations des GPC ont été identifiés en procédant à deux études qualitatives ciblant les expériences et les attentes des patients vivant avec un TDE, puis les barrières et facilitateurs à l’implantation des recommandations des GPC identifiés par les cliniciens. Enfin, l’utilisation du Behaviour Change Wheel et des déterminants ont permis d’identifier des stratégies visant à implanter les recommandations de GPC sur la prise en charge des TDE en première ligne de soins. La revue systématique des GPC a permis de déterminer qu’initialement, les TDE ne requièrent généralement pas d’imagerie médicale et de référence à un médecin spécialiste, mais qu’un programme de réadaptation actif est requis. Selon les résultats du sondage, les médecins de famille (n=76) ont recommandé plus d’imagerie que les physiothérapeutes (n=175). Jusqu’à deux physiothérapeutes sur trois ont sélectionné des traitements non recommandés par les GPC. Les résultats de l’étude de concordance démontrent que l’accord entre physiothérapeutes et orthopédistes était bon au niveau du diagnostic et modéré au niveau du triage des candidats chirurgicaux. Les patients souffrant de TDE interrogés (n=13) ont mentionné, dans la première étude qualitative, avoir attendu que leur douleur soit incapacitante avant de consulter un professionnel. Ces participants s’attendaient alors à recevoir un diagnostic clair et à être référés pour des tests d’imagerie. Finalement, ils espéraient recevoir des explications complètes et se voir proposer des options pertinentes de traitements. Les 19 physiothérapeutes et 16 médecins de famille interrogés dans la deuxième étude qualitative ont indiqué comme barrières à l’utilisation des recommandations des GPC : le manque de connaissances, le manque d’habileté à réaliser une évaluation clinique de l’épaule et la crainte de ne pas détecter une pathologie grave, si présente, sans un test d’imagerie. Le temps insuffisant de consultation avec les patients, leurs attentes et le manque d’accès à certains soins ont aussi été indiqués comme des barrières. Les principales stratégies identifiées suivant ces études incluent donc des interventions éducatives, la préparation de champions cliniques et la création d’équipes cliniques interdisciplinaires. À l’aide de ces stratégies, l’implantation pilote de l’intervention sera réalisée dans des groupes de médecine familiale. L’impact potentiellement bénéfique de cette implantation pourrait, à terme, améliorer la prise en charge des patients atteints de TDE. / Shoulder pain is a common and difficult to manage condition that can affect up to 55% of the general population. To optimize shoulder pain management in primary care, the main objective of this thesis was to develop a knowledge mobilization intervention to implement the recommendations from clinical practice guidelines (CPGs) covering the management of different shoulder disorders. A knowledge mobilization process based on four steps of the Knowledge-to-Action framework was used in this thesis. First, a systematic review of CPGs was performed to identify recommendations to be implemented for improving shoulder pain management in primary care. Then, the evidence-practice gaps were assessed using a survey documenting family physicians and physiotherapists shoulder pain management as well as in a study evaluating the concordance between physiotherapists and orthopedists for shoulder pain diagnosis and management. The determinants influencing CPGs recommendations’ implementation were identified by conducting two qualitative studies. The first study explored the experiences and expectations of patients living with shoulder pain and the second aimed to interview clinicians for identifying barriers and facilitators to the implementation of CPGs recommendations. Finally, based on the identified determinants and using the Behaviour Change Wheel method, we identified strategies for implementing CPGs recommendations covering the management of shoulder pain in primary care. Based on the systematic review of shoulder CPGs, we identified that shoulder pain generally does not initially require diagnostic imaging and referral to a medical musculoskeletal specialist, but that an active rehabilitation program is required. According to the survey results, family physicians (n=76) recommended more imaging than physiotherapists (n=175) for rotator cuff tendinopathy and adhesive capsulitis, although this is not indicated. Up to two out of three physiotherapists selected treatments not recommended by CPGs in the management of shoulder pain. The results of the concordance study showed that the agreement between physiotherapists and orthopedists was good in terms of diagnosis and moderate in terms of triage of surgical candidates. Patients (n=13) interviewed in the first qualitative study reported waiting until their shoulder pain was disabling before seeing a family physician or a physiotherapist. Participants expected a clear diagnosis and imaging tests to explain their shoulder pain. They also wished to receive clear and thorough explanations and relevant treatment options. The 19 physiotherapists and 16 family physicians that participated in focus groups indicated as barriers to the use of CPGs recommendations: lack of knowledge, poor skills in performing a clinical evaluation and fear of not identifying a serious pathology without medical imaging. Patients’ expectations, insufficient consultation time with patients and lack of patients’ access to certain care, such as rehabilitation treatments were also identified as barriers. The main strategies identified following these studies therefore include educational interventions, the preparation of clinical champions and the creation of interdisciplinary clinical teams. Using these strategies, pilot implementation of the intervention will be carried out in family medicine groups. The potentially beneficial impact of this implantation could ultimately improve the management of patients with shoulder pain in primary care.