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Trois siècles de variabilité phénotypique dans la vallée du Saint-Laurent durant la période coloniale (Québec) : application de la morphométrie géométrique 3D à la variation morphologique de l’os temporalMartin-Moya, Diane 12 1900 (has links)
codirection : Emmanuel Milot (Université du Québec à Trois-Rivières) / La bioarchéologie donne un accès inédit à l’histoire des populations passées à travers l’analyse directe des restes humains. Au Québec, peu d’études bioarchéologiques explorent l’histoire des populations à grande échelle durant la période coloniale en raison de divers facteurs (ex. fouilles peu exhaustives des cimetières en raison de mandats limités, mauvaise conservation des squelettes, aspects historiques minimisés comme la traite des esclaves). Seules les études génétiques, généalogiques et démographiques ont permis de constituer un portrait phylogénétique des différentes populations qui ont cohabité depuis les premières colonies européennes. Cette thèse vise à appliquer des approches méthodologiques issues de la morphométrie géométrique 3D pour contribuer à explorer l’histoire coloniale à travers la variation phénotypique de l’os temporal.
L’os temporal qui constitue la partie latérale (voire basale) du crâne est l’un des ossements les mieux préservés dans les collections bioarchéologiques au Québec. Comme cet os formé très tôt in utero est reconnu pour être moins influencé par les pressions environnementales externes, sa morphologie reflète des signaux biologiques directement hérités des ancêtres. Un total de 214 os temporaux issus de sept cimetières coloniaux ; cinq catholiques (ascendance française) et deux protestants (ascendance britannique) établis dans la vallée du Saint-Laurent ont été numérisés en 3D au moyen de la photogrammétrie. Des analyses en morphométrie géométrique 3D ont permis d’explorer la variation phénotypique au niveau intra — et inter-régional des cimetières qui retracent des périodes clefs de l’histoire coloniale ; de la formation de la Nouvelle-France sous le régime colonial français, à sa capitulation au profit du régime colonial britannique, jusqu’à l’ère industrielle (XVII-XIXe siècles). Les résultats morphométriques ont révélé une différenciation régionale significative entre tous les cimetières catholiques canadiens-français. Ils montrent notamment (i) la faible variation morphologique observée à Montréal au cours de deux siècles d’occupation coloniale, et (ii) des différences morphologiques significatives entre les cimetières catholiques les plus anciens, reflétant une régionalisation rapide des populations liée à l’effet fondateur, aux goulots d’étranglement et à un éventuel isolement géographique entre la ville et la campagne. L’absence de différences entre le cimetière protestant de Saint-Laurent (Montréal) et tous les cimetières catholiques récents, par rapport au cimetière protestant de Saint-Matthew (Québec), pourrait indiquer la présence potentielle d’individus irlandais. Les cimetières Saint-Lawrence et Saint-Antoine étaient tous deux en usage durant les importantes migrations irlandaises et épisodes épidémiques qui ont causé une importante mortalité chez ses populations. Enfin, trois individus d’origine potentiellement non européenne ont été identifiés dans les cimetières protestants de Saint-Matthew à Québec (n=2 ; ascendance africaine ou métissée) et dans le cimetière catholique de Notre-Dame à Montréal (n=1 ; ascendance autochtone ou métissée). Les deux cimetières reflètent deux périodes importantes : (i) le développement de la colonisation française (Notre-Dame, 1683-1799) et (ii) britannique (Saint-Matthew, 1771-1860). Ces deux périodes et lieux ont également connu la plus forte concentration d’esclaves ; ce qui indique le potentiel statut social de ces trois individus.
Cette recherche met en évidence les avantages de l’utilisation de l’os temporal et de la morphométrie géométrique pour documenter la variation inter — et intra-groupe au niveau phénotypique de populations passées apparentées. Ces nouveaux outils méthodologiques offrent des alternatives aux contraintes taphonomiques tout en minimisant la manipulation des restes humains archéologiques. Combinées à des approches éthiques basées sur la réciprocité, ces méthodes démocratiques permettent d’engager plus activement les communautés de descendants dans le domaine de la bioarchéologie, pour à terme, faciliter les demandes de rapatriement et ramatriement, particulièrement dans le cas d’individus sans documentation précise ni contexte archéologique. / Bioarchaeology provides unique access to past population histories through the direct analysis
of human remains. In Quebec, few bioarchaeological studies explore the history and processes
of admixture during the colonial period, due to a variety of factors (e.g. limited cemetery
excavations, poor skeletal conservation, neglected historical aspects such as the slave trade).
Only genetic, genealogical and demographic studies have provided a phylogenetic overview
of the different populations that have lived alongside each other since the first European
colonies. This thesis aims to apply innovative conceptual and methodological approaches to
help in exploring colonial history through phenotypic variation.
The temporal bone, which forms the lateral (or basal) part of the skull, is one of the bestpreserved bones in general, and in bioarchaeological collections in Quebec in particular.
Because this bone is formed in utero, it is known to be less influenced by external
environmental pressures. Its morphology reflects biological signals directly inherited from
ancestors. Temporal bones (n=214) from seven colonial cemeteries, five Catholic and two
Protestant ones, in the St. Lawrence Valley were digitized in 3D using photogrammetry.
Geometric morphometric analyses explored phenotypic variation at intra- and inter-regional
levels for cemeteries that illustrate key periods of colonial history; from the formation of New
France under French colonization to its handover under British colonization through to the
industrial era (17th-19th centuries). Morphometric results revealed significant regional
differentiation between all French-Canadian Catholic cemeteries. They demonstrate (i) low
morphological variation observed in Montreal over two centuries of colonial occupation, and
(ii) significant morphological differences between the oldest Catholic cemeteries. It reflects,
rapid regionalization linked to the founder effect, bottlenecks and possible geographical
isolation between city and countryside. The absence of differences between the Protestant
cemetery of Saint-Lawrence (Montreal) and all recent Catholic cemeteries, compared with the
Protestant cemetery of Saint-Matthew (Quebec), could indicate the potential presence of Irish
individuals. Finally, three individuals of potentially non-European origin were documented in
the Protestant cemeteries of Saint-Matthew in Quebec City (n=2; African ancestry or admixed)
and in the Catholic cemetery of Notre-Dame in Montreal (n=1; Indigenous ancestry or admixed). Both cemeteries reflect two important periods: (i) French colonization (NotreDame, 1683-1799); (ii) followed by British colonization (Saint-Matthew, 1771-1860). Both
periods and locations also had the highest concentration of slaves, indicating their potential
social status.
This research highlights the benefits of using temporal bone and geometric morphometrics to
document, inter- and intra-group variation at the phenotypic level and investigate colonial
variability along the St. Lawrence Valley. These new methodological tools offer alternatives to
taphonomic constraints while minimizing the manipulation of archaeological human remains.
Combined with ethical approaches based on reciprocity, these democratic methods make it
possible to engage descendant communities more actively in the field of bioarcheology,
ultimately with the aim of easing repatriation and rematriation requests -especially in the case
of individuals without precise documentation or archaeological context.
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Potentiel et limites de l’approximation faciale forensique sur un crâne sec assistée par le phénotypage d’ADNDurand-Guévin, Ariane 08 1900 (has links)
La reconstruction faciale permet d’approximer un visage sur la base d’un crâne, lorsque des restes
humains sont retrouvés. En science forensique, elle est l’un des outils utilisés dans un but
d’identification post-mortem. Les procédures actuelles d’approximation ne sont pas standardisées
et constamment revisitées. Il est également possible d’obtenir des prédictions du phénotype d’un
individu (caractères physiques apparents) à partir de son ADN, qui pourraient être ajoutées aux
reconstructions pour maximiser les chances de reconnaissance. Cette recherche vise à étudier
l’approximation faciale à des fins de reconnaissance et l’apport du phénotypage par l’ADN à cette
pratique. Le crâne et le relevé biologique d’un donneur du laboratoire d’anatomie de l’UQTR ont
été utilisés. Six praticiens ont approximé son visage à partir d’une copie de son crâne et de ses
données phénotypiques et anthropologiques. Les résultats corroborent qu’il existe un manque de
standardisation des méthodes et techniques, menant à différents résultats selon le praticien. Des
tests de reconnaissance et de ressemblance ont été effectués à l’aide d’un échantillon de 46
participants. Malgré la variabilité des approximations, elles ont toutes été reconnues au moins une
fois lors des tests de reconnaissance, soulevant la possibilité que la reconnaissance d’un visage est
idiosyncratique. Les caractéristiques qui semblent influencer davantage la reconnaissance sont la
forme, la taille et la position des yeux, de la bouche et du nez. Finalement, au regard des incertitudes
propres à la méthode et du rôle investigatif de l’approximation faciale, il est recommandé que le
phénotypage accompagne l’accompagne par écrit. / Facial reconstruction is a process by which a face is approximated from a skull when human
remains are found. In forensic science, it is one of the many tools used for the purpose of post-mortem identification. The current approximation procedures are not standardized and are always
revisited. Nowadays, it is possible to obtain phenotype (apparent physical traits) predictions from
an individual’s DNA. These predictions could be added to facial approximations to maximize the
chances of recognition. This research aims to study facial approximation for recognition purposes
and the plus-value of DNA phenotyping to facial approximation. The skull and biological material
from one donor of the UQTR’s anatomy laboratory were used. Six practitioners approximated the
donor’s face using a copy of his skull, and phenotyping and anthropological data. The results
corroborated the lack of standardization regarding the approximating methods and techniques,
which leads to different resulting approximations depending on the practitioner. Recognition and
resemblance tests were carried out with a sample of 46 participants. Despite the wide variability of
the approximations, they were all recognized at least once during the recognition tests, raising the
possibility that the recognition of a face is idiosyncratic. The characteristics that seemed the most
important to recognition were the shape, size and position of the eyes, the mouth, and the nose.
Finally, with regard to the uncertainties specific to the method and the final investigative role of
facial approximation, phenotyping would benefit in feeding a spoken portrait.
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