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Énergie et mélancolie : les entrelacs de l'écriture dans les Notebooks de S.T. Coleridge Volume 1, 2 et 3

Page-Jones, Kimberley 13 September 2013 (has links)
Durant toute sa vie, Samuel Taylor Coleridge, poète et philosophe romantique anglais, a consigné ses pensées et ses réflexions sous forme de fragments dans des Notebooks, aujourd’hui regroupés dans cinq volumes. Derrière cette écriture mosaïque se dessine l’histoire d’un esprit nourri d’une insatiable curiosité pour le monde naturel et la psyché humaine. Libre de toute contrainte de structure et de genre, l’espace des Notebooks est peut-être celui qui s’ajuste le mieux au rythme si particulier de la pensée du poète. Ces textes se donnent ainsi à lire comme le reflet d’une pensée en constante évolution, qui sans cesse digresse, explore des possibles, ouvre des voies inexplorées. Cette thèse se propose donc de tenter d’en saisir les variations par une approche rythmanalytique du corpus d’étude. L’écriture des premiers carnets est essentiellement nomade, elle témoigne d’un plaisir de pérégriner, de s’ouvrir à la texture du monde. Elle se nourrit de l’énergie d’un corps en mouvement et d’une volonté d’habiter poétiquement l’espace. Toutefois, au fil du temps, le regard du poète semble peu à peu substituer le diffus et le nocturne à l’espace géopoétique ; l’écriture des Carnets se replie sur l’intime de l’être et se teinte de mélancolie. L’écriture de la mélancolie ne serait-elle pas dès lors l’envers sombre de l’écriture nomade, une écriture qui se nourrit de l’énergie du désir et de l’angoisse, et qui ne cesse de s’enrouler sur elle-même pour tendre vers ce point obscur ? Néanmoins, la mélancolie des Carnets n’est jamais synonyme d’effondrement ou de néant, elle n’appelle pas le vide mais, bien au contraire, trouve sa source d’inspiration dans une formidable vitalité pour faire advenir au jour de la parole ce qui ne se donne à voir que dans l’obscurité de la nuit. / During all his life, the English poet and romantic philosopher Samuel Taylor Coleridge secretly kept his thoughts and reflections in his Notebooks, which have been published in five volumes. This mosaic writing tells the story of a mind fed on an insatiable appetite and curiosity for the natural world and the human mind. Freed from any structural or generic constraint, the Notebooks certainly offered the poet a scriptural space well-suited for the rhythm of his thought. These texts can thus be read as the reflection of a mind constantly evolving, digressing, exploring new areas and opening new vistas. This work is an attempt to seize the variations of the Coleridgian thought by approaching rhythmically the first three volumes of the Notebooks. The writing of his first notebooks is essentially nomadic and asserts the pleasure of wandering through the natural world and delving into its texture. It feeds upon the energy of a body exploring space and of a mind struggling to inhabit the world poetically. Yet, as time passes, the poet’s gaze seems to linger more on the nocturnal sky than on the natural space. The writing of the Notebooks is then no longer the poetic substrate of the early days; it turns inward, loaded with melancholy. The writing of melancholy could therefore be seen as the darker side of the nomadic writing, one that feeds upon the energy of desire and anxiety, that takes a circumvoluted path towards this “dark spot”. Nevertheless, melancholy does not mean the annihilation of the self nor does it call for hollowness. Its source of inspiration resides in the vital force of creation which strives to bring to the light of speech that which can only be glimpsed at in the darkness of the night.

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