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La conception du bonheur chez Aristote : essai sur la hiérarchie des biens dans l'Éthique à NicomaqueCamus, Xavier January 2008 (has links) (PDF)
Le mémoire se donne pour tâche de discerner ce qui constitue l'essence du bonheur dans l'Éthique à Nicomaque. Une telle étude rencontre l'un des plus importants défis exégétiques des études aristotéliciennes ; déterminer l'articulation précise entre les modes de vie pratique et théorétique. Nous nous attachons plus spécifiquement au rapport entre praxis et theôria à l'aune du bonheur idéal, « hê teleia eudaimonia », qu'Aristote postule comme étant la fin ultime de la vie pratique. Il s'agit de circonscrire quelle part des biens pratiques et intellectuels pourrait former la vie heureuse d'un être humain. En premier lieu, nous parcourons tout d'abord la littérature récente sur ce sujet, en suggérant une classification opératoire entre quatre interprétations types, partant de la plus permissive jusqu'à la position la plus exclusive. Cette quadripartition s'appuie sur les deux principales écoles rivales de commentateurs qui ont vu le jour depuis Hardie (1965), celles de l'« inclusivisme » et de la « fin dominante ». Selon les tenants de l'inclusivisme « compréhensiviste », le bonheur, tel que défini par Aristote, doit comprendre plusieurs biens intrinsèques, peu importe qu'ils soient de nature morale ou strictement intellectuelle. S'ils restreignent ces biens aux vertus seules, nous les nommons « inclusivistes arétiques ». Tandis que pour les défenseurs de la position dite
« dominante », seules les vertus rationnelles sont aptes à fonder notre bonheur, en raison de leur niveau ontologique supérieur. Certains d'entre eux iront encore plus loin, estimant que parmi les facultés de la raison, la sophia obtient un statut d'exception, équivalent au plus haut bonheur accessible à l'homme. Nous ne nous en tenons pas à un exposé critique de ces conceptions de l'eudémonisme aristotélicien. Dans la deuxième partie, nous confrontons directement les lectures
« inclusive » et « dominante » au texte nicomachéen. Tout d'abord, en cherchant plusieurs points de raccord significatifs entre les livres l et X, il nous apparaît que le bonheur intellectif défendu au livre X peut recouvrir de nombreux critères du bonheur exposés au livre l, sans pour autant verser dans un inclusivisme pur et simple, incompatible avec la partie conclusive de l'oeuvre. Nous procédons ensuite à une tentative de reconstruction des principaux paliers ontologiques concernant les types de bonheur politique et contemplatif, afin de mettre à l'épreuve l'interprétation exclusiviste, qui a de la difficulté à admettre sa propre radicalité. En fin de parcours, nous traçons un rapide portrait du sophos, de manière à signaler que l'exclusivisme de la sophia semble tout à fait compatible avec une valorisation de la pratique vertueuse, à la condition d'occuper son rang respectif. Et d'après ce motif ontologique, qui respecte une perspective « téléologique », le dieu-sagesse s'avère être un bien indépassable, hê teleia eudaimonia. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Aristote, Éthique à Nicomaque, Bonheur, Éthique, Sagesse.
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Les fonctions de la citation poétique dans l'Éthique à Nicomaque d'AristoteCliche, Mira January 2002 (has links)
Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l'Université de Montréal.
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Alexandre d'Aphrodise, les Problèmes éthiques I-XII : aristotélisme et stoïcisme à l'époque impérialeThibault, Alexis 08 1900 (has links) (PDF)
Le texte des Problèmes Éthiques d'Alexandre d'Aphrodise n'est pas reconnu comme un texte capital de l'ensemble de son œuvre. Son attribution est contestée et son édition est fautive. Il apparaît cependant que ce texte a été négligé alors même qu'il constitue un apport important pour l'éthique aristotélicienne des premiers siècles de notre ère. Sa dimension polémique avec le stoïcisme et ses liens fondamentaux avec le De fato d'Alexandre d'Aphrodise ont souvent été occultés par les commentateurs modernes. En effet, la lecture attentive des Problèmes éthiques rend saillante une structure restée jusque là ignorée par les exégètes modernes, structure qui s'articule autour d'une démonstration de la présence d'un impératif éthique en concurrence avec le déterminisme dans l'explication de l'action humaine. Il naît de cette confrontation un concept de responsabilité hérité des thèses éthiques aristotéliciennes, mais renforcé par la mise à l'épreuve proposée par le stoïcisme. Les Problèmes Éthiques présentent ainsi une structure argumentative, qui rapproche ce texte du De fato par son interaction avec les Stoïciens sur la question du destin et de la responsabilité morale. À travers cette confrontation philosophique présente dans les Problèmes Éthiques, nous découvrirons l'élaboration d'une responsabilité morale aristotélicienne qui répond au déterminisme stoïcien.
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MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Alexandre d'Aphrodise, aristotélisme, éthique, Éthique à Nicomaque, Problèmes Éthiques, responsabilité, Stoïciens, Stoïcisme.
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L'égalité : fin de la justice, principe de l'amitiéGodbout, Geneviève 13 April 2018 (has links)
± [L']égalité, qui est principium dans l'amitié, est ultimum dans la justice. ¿ Cet énoncé de Thomas d'Aquin cité par J. Tricot dans sa traduction de l'Éthique à Nicomaque (Livre VIII, chap. 9, note de bas de page numéro 2) fut une source d'étonnement, et est devenu l'objet de ce mémoire de maîtrise. Après un survol de l'Éthique à Nicomaque qui nous a permis d'en situer les livres V, VIII et IX dans l'ensemble de l'œuvre, nous avons analysé ces livres en vue de rappeler la pensée d'Aristote au sujet de la justice et de l'amitié .... Ensuite, nous avons clarifié, en quel sens l'égalité est l'ultime de la justice, et nous avons mis en relief le rôle premier de l'égalité dans l'amitié. Il nous restait à dire pourquoi il en était ainsi. En prenant en compte que pour Aristote, l'amour de soi est à la racine de l'amour d'autrui, et que dans l'amitié parfaite, l'ami est un autre soi-même, nous en sommes arrivés à Ia conclusion que l'égalité est présupposée à l'amitié et qu'elle est forcément principe.
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La justice : examen de la division aristotélicienneAuclair, Sylvain. 19 February 2022 (has links)
Ce mémoire a pour but d'examiner dialectiquement le fondement des arguments à l'appui et à l'encontre d'une division tripartite de la justice chez Aristote. Une fois rappelé en quels termes Aristote propose sa division au livre V de son Éthique à Nicomaque, nous avons passé en revue la position des commentateurs à ce sujet. Ceci fait et avec le texte d'Aristote comme référence, nous avons tâché de découvrir les difficultés ou incohérences liées aux différentes positions de même que la part de vérité de chacune, pour finalement dégager l'interprétation qui semble la plus vraisemblable et qui intègre le meilleur des points de vue. Nous concluons sur la base de notre examen dialectique que selon toute vraisemblance, il y a lieu de lire la mention de deux espèces de justice seulement, soit la justice distributive et la justice commutative.
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Éthique et logique au XIIIe siècle : problèmes logico-épistémologiques dans les premiers commentaires artiens (1230-1250) sur l'Éthique à Nicomaque : étude doctrinale, édition critique et traduction française sélectives de l'anonyme Lectura Abrincensis in Ethicam Veterem (ca. 1230-1240)Cervera Novo, Violeta 24 April 2018 (has links)
"Thèse en cotutelle" / Au début du XIIIe siècle, les maîtres ès arts de l'Université de Paris donnent des cours sur l'Éthique à Nicomaque d'Aristote, récemment incorporée au corpus scolaire dans la traduction latine de Burgundio de Pise. Cette première réception de l'Éthique (fondée sur une version incomplète comportant uniquement les trois premiers livres) a été l'objet de diverses discussions. Faut-il voir dans les premières tentatives d'interprétations des artiens une lecture naïve, fort influencée par la théologie, qui « mésinterprète » le texte en le rendant compatible avec la vision chrétienne ? Ou est-il possible de trouver dans ces premiers commentaires une interprétation de l'Éthique qui peut être appelée philosophique au sens propre, et qui est capable de reconnaître les problèmes posés par le texte aussi bien qu'un lecteur d'aujourd'hui ? Ce travail essaie de mettre en relief la valeur proprement philosophique de ces premiers cours artiens sur l'Éthique à travers l'étude approfondie de l'un de ces premiers commentaires : la Lectura Abrincensis in Ethicam Veterem (ca. 1230-1240), texte anonyme qui est ici, pour la première fois, l'objet d'une édition critique sélective (accompagnée d'une traduction française). L'étude propose aussi de comparer la Lectura Abrincensis avec d'autres textes artiens de la période 1230-1250 : le Commentaire de Paris (anonyme, ca. 1235-1240), l'Expositio super Ethica Nova et Vetere de Robert Kilwardby (ca. 1245) et la Lectura cum questionibus in Ethicam Novam et Veterem de l'anonyme communément appelé Pseudo-Peckham (1240-1244). Cette étude comparative se développe autour d'un thème bien précis : les problèmes logico-épistémologiques qui découlent des considérations méthodologiques faites par Aristote lui-même dans ÉN II, 2 (1103b25-30), ÉN I, 1 (1094b11-21), et ÉN II, 2 (1103b34-1104a8). Reconnaissant que l'Éthique a une double finalité, l'une pratique (devenir bons) l'autre théorique (connaître ce qu'est la vertu), les maîtres essayeront de trouver la meilleure manière d'articuler ces deux dimensions sans nuire au caractère proprement scientifique de l'Éthique.
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Phronesis and Energeia : a reading of Heidegger's early appropriation of Aristotelian Phronesis (1922-24) in the light of EnergeiaAyxela Frigola, Carlos 09 1900 (has links)
L’objectif de cette thèse est d’élucider l’intention, la pertinence et la cohérence de l’appropriation par Heidegger des concepts principaux de la philosophie pratique aristotélicienne dans ses premiers cours. Notre analyse portera principalement sur les notions clefs d’energeia et de phronēsis. La première section de la thèse est préparatoire : elle est consacrée à une analyse étroite des textes pertinents de l’Éthique à Nicomaque, mais aussi de la Métaphysique, en discussion avec d’autres commentateurs modernes. Cette analyse jette les fondations philologiques nécessaires en vue d’aborder les audacieuses interprétations de Heidegger sur une base plus ferme. La deuxième et principale section consiste en une discussion de l’appropriation ontologique de l’Éthique à Nicomaque que Heidegger entreprend de 1922 à 1924, à partir des textes publiés jusqu’à ce jour et en portant une attention spéciale à Métaphysique IX.
Le résultat principal de la première section est un aperçu du caractère central de l’energeia pour le projet d’Aristote dans l’Éthique à Nicomaque et, plus spécifiquement, pour sa compréhension de la praxis, qui dans son sens original s’avère être un mode d’être des êtres humains. Notre analyse reconnaît trois traits essentiels de l’energeia et de la praxis, deux desquels provenant de l’élucidation aristotélicienne de l’energeia dans Métaphysique IX 6, à savoir son immédiateté et sa continuité : energeia exprime l’être comme un « accomplissement immédiat mais inachevé ». L’irréductibilité, troisième trait de l’energeia et de la praxis, résulte pour sa part de l’application de la structure de l’energeia à la caractérisation de la praxis dans l’Éthique à Nicomaque, et du contraste de la praxis avec la poiēsis et la theōria. Ces trois caractéristiques impliquent que la vérité pratique ― la vérité de la praxis, ce qui est l’ « objet » de la phronēsis ― ne peut être à proprement parler possédée et ainsi transmise : plus qu’un savoir, elle se révèle surtout comme quelque chose que nous sommes. C’est ce caractère unique de la vérité pratique qui a attiré Heidegger vers Aristote au début des années 1920.
La deuxième section, consacrée aux textes de Heidegger, commence par la reconstruction de quelques-uns des pas qui l’ont conduit jusqu’à Aristote pour le développement de son propre projet philosophique, pour sa part caractérisé par une profonde, bien qu’énigmatique combinaison d’ontologie et de phénoménologie. La légitimité et la faisabilité de l’appropriation clairement ontologique de l’Éthique à Nicomaque par Heidegger est aussi traitée, sur la base des résultats de la première section.
L’analyse de ces textes met en lumière la pénétrante opposition établie par Heidegger entre la phronēsis et l’energeia dans son programmatique Natorp Bericht en 1922, une perspective qui diverge fortement des résultats de notre lecture philologique d’Aristote dans la première section. Cette opposition est maintenue dans nos deux sources principales ― le cours du semestre d’hiver 1924-25 Platon: Sophistes, et le cours du semestre d’été 1924 Grundbegriffe der aristotelischen Philosophie. Le commentaire que Heidegger fait du texte d’Aristote est suivi de près dans cette section: des concepts tels que energeia, entelecheia, telos, physis ou hexis ― qui trouvent leur caractérisation ontologique dans la Métaphysique ou la Physique ― doivent être examinés afin de suivre l’argument de Heidegger et d’en évaluer la solidité. L’hypothèse de Heidegger depuis 1922 ― à savoir que l’ontologie aristotélicienne n’est pas à la hauteur des aperçus de ses plus pénétrantes descriptions phénoménologiques ― résulte en un conflit opposant phronēsis et sophia qui divise l’être en deux sphères irréconciliables qui auraient pour effet selon Heidegger de plonger les efforts ontologiques aristotéliciens dans une impasse. Or, cette conclusion de Heidegger est construite à partir d’une interprétation particulière de l’energeia qui laisse de côté d’une manière décisive son aspect performatif, pourtant l’un des traits essentiels de l’energeia telle qu’Aristote l’a conçue. Le fait que dans les années 1930 Heidegger ait lui-même retrouvé cet aspect de l’energeia nous fournit des raisons plus fortes de mettre en doute le supposé conflit entre ontologie et phénoménologie chez Aristote, ce qui peut aboutir à une nouvelle formulation du projet heideggérien. / The purpose of this thesis is to sort out the intent, the philosophical relevance and the consistency of Heidegger’s appropriation of the basic tenets of Aristotle’s practical philosophy in his early lecture courses. Our analysis will focus mainly on the key notions of energeia and phronēsis. The first preparatory section of the thesis is devoted to a close analysis of Aristotle’s relevant texts of the Nicomachean Ethics, but also of the Metaphysics, in discussion with other modern commentators. This lays the philological groundwork which will enable us to engage Heidegger’s challenging interpretations on a more secure footing. The second and main section discusses Heidegger’s ontological appropriation of Aristotle’s Nicomachean Ethics from 1922 to 1924 on the basis of the texts so far published, and with a special attention to Metaphysics IX.
The main result of section I is an insight into the central character of energeia for Aristotle’s project in the Nicomachean Ethics and, more specifically, for his understanding of praxis, which in its genuinely original sense turns out to be a way of being of human beings. Our analysis recognizes three essential traits to energeia and praxis, two of which stemming from the analysis of Aristotle’s own elucidation of energeia in Metaphysics IX 6, namely immediacy and continuity: energeia expresses being as an ‘immediate unfinished fulfillment’. Irreducibility, the third trait of energeia and praxis, results from applying the structure of energeia to the characterization of praxis in the Nicomachean Ethics, and from contrasting it with poiēsis and theōria. These three features entail that practical truth―the truth of praxis, the ‘object’ of phronēsis―cannot be properly possessed and thus transferred: more than something we know, it is something we are. It is this special character of practical truth that primarily attracted Heidegger to Aristotle in the early 1920s.
Section II, devoted to Heidegger’s texts, starts by reconstructing some of the intellectual steps that led him to resort to Aristotle for the development of his own philosophical project, characterized by a profound, yet intriguing intermingling of ontology and phenomenology. The legitimacy and feasibility of Heidegger’s pointedly ontological appropriation of the Nicomachean Ethics is also discussed, on the basis of the results of section I.
The analysis of these texts is characterized by the sharp opposition set by Heidegger between phronēsis and energeia in his 1922 programmatic Natorp Bericht, a perspective that strongly diverges from the results of our philological reading of Aristotle in section I. The assessment of this opposition is maintained throughout the discussion of the two main sources―the 1924-25 winter course Platon: Sophistes, and the 1924 summer course Grundbegriffe der aristotelischen Philosophie. Heidegger’s direct commentary of Aristotle’s text is followed closely in this section: concepts such as energeia, entelecheia, telos, physis and hexis―which find their ontological characterization in the Metaphysics or Physics―need to be scrutinized in order to follow Heidegger’s argument and to assess its soundness. Heidegger’s hypothesis from 1922―namely, that Aristotle’s ontology does not fit the insights of his more penetrating phenomenological descriptions―eventually culminates in a clash between phronēsis and sophia which divides being into two irreconcilable spheres and brings Aristotle’s ontological efforts to a dead end. Yet, this conclusion of Heidegger is built upon a specific interpretation of energeia that critically leaves in the shade its performative side, one of its essential traits as Aristotle conceived it. The fact that in the 30s Heidegger himself comes to see this side of energeia provides us with stronger grounds to question the supposed conflict between ontology and phenomenology in Aristotle, which can result in a new formulation of the Heideggerian project.
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Phronesis and Energeia : a reading of Heidegger's early appropriation of Aristotelian Phronesis (1922-24) in the light of EnergeiaAyxela Frigola, Carlos 09 1900 (has links)
L’objectif de cette thèse est d’élucider l’intention, la pertinence et la cohérence de l’appropriation par Heidegger des concepts principaux de la philosophie pratique aristotélicienne dans ses premiers cours. Notre analyse portera principalement sur les notions clefs d’energeia et de phronēsis. La première section de la thèse est préparatoire : elle est consacrée à une analyse étroite des textes pertinents de l’Éthique à Nicomaque, mais aussi de la Métaphysique, en discussion avec d’autres commentateurs modernes. Cette analyse jette les fondations philologiques nécessaires en vue d’aborder les audacieuses interprétations de Heidegger sur une base plus ferme. La deuxième et principale section consiste en une discussion de l’appropriation ontologique de l’Éthique à Nicomaque que Heidegger entreprend de 1922 à 1924, à partir des textes publiés jusqu’à ce jour et en portant une attention spéciale à Métaphysique IX.
Le résultat principal de la première section est un aperçu du caractère central de l’energeia pour le projet d’Aristote dans l’Éthique à Nicomaque et, plus spécifiquement, pour sa compréhension de la praxis, qui dans son sens original s’avère être un mode d’être des êtres humains. Notre analyse reconnaît trois traits essentiels de l’energeia et de la praxis, deux desquels provenant de l’élucidation aristotélicienne de l’energeia dans Métaphysique IX 6, à savoir son immédiateté et sa continuité : energeia exprime l’être comme un « accomplissement immédiat mais inachevé ». L’irréductibilité, troisième trait de l’energeia et de la praxis, résulte pour sa part de l’application de la structure de l’energeia à la caractérisation de la praxis dans l’Éthique à Nicomaque, et du contraste de la praxis avec la poiēsis et la theōria. Ces trois caractéristiques impliquent que la vérité pratique ― la vérité de la praxis, ce qui est l’ « objet » de la phronēsis ― ne peut être à proprement parler possédée et ainsi transmise : plus qu’un savoir, elle se révèle surtout comme quelque chose que nous sommes. C’est ce caractère unique de la vérité pratique qui a attiré Heidegger vers Aristote au début des années 1920.
La deuxième section, consacrée aux textes de Heidegger, commence par la reconstruction de quelques-uns des pas qui l’ont conduit jusqu’à Aristote pour le développement de son propre projet philosophique, pour sa part caractérisé par une profonde, bien qu’énigmatique combinaison d’ontologie et de phénoménologie. La légitimité et la faisabilité de l’appropriation clairement ontologique de l’Éthique à Nicomaque par Heidegger est aussi traitée, sur la base des résultats de la première section.
L’analyse de ces textes met en lumière la pénétrante opposition établie par Heidegger entre la phronēsis et l’energeia dans son programmatique Natorp Bericht en 1922, une perspective qui diverge fortement des résultats de notre lecture philologique d’Aristote dans la première section. Cette opposition est maintenue dans nos deux sources principales ― le cours du semestre d’hiver 1924-25 Platon: Sophistes, et le cours du semestre d’été 1924 Grundbegriffe der aristotelischen Philosophie. Le commentaire que Heidegger fait du texte d’Aristote est suivi de près dans cette section: des concepts tels que energeia, entelecheia, telos, physis ou hexis ― qui trouvent leur caractérisation ontologique dans la Métaphysique ou la Physique ― doivent être examinés afin de suivre l’argument de Heidegger et d’en évaluer la solidité. L’hypothèse de Heidegger depuis 1922 ― à savoir que l’ontologie aristotélicienne n’est pas à la hauteur des aperçus de ses plus pénétrantes descriptions phénoménologiques ― résulte en un conflit opposant phronēsis et sophia qui divise l’être en deux sphères irréconciliables qui auraient pour effet selon Heidegger de plonger les efforts ontologiques aristotéliciens dans une impasse. Or, cette conclusion de Heidegger est construite à partir d’une interprétation particulière de l’energeia qui laisse de côté d’une manière décisive son aspect performatif, pourtant l’un des traits essentiels de l’energeia telle qu’Aristote l’a conçue. Le fait que dans les années 1930 Heidegger ait lui-même retrouvé cet aspect de l’energeia nous fournit des raisons plus fortes de mettre en doute le supposé conflit entre ontologie et phénoménologie chez Aristote, ce qui peut aboutir à une nouvelle formulation du projet heideggérien. / The purpose of this thesis is to sort out the intent, the philosophical relevance and the consistency of Heidegger’s appropriation of the basic tenets of Aristotle’s practical philosophy in his early lecture courses. Our analysis will focus mainly on the key notions of energeia and phronēsis. The first preparatory section of the thesis is devoted to a close analysis of Aristotle’s relevant texts of the Nicomachean Ethics, but also of the Metaphysics, in discussion with other modern commentators. This lays the philological groundwork which will enable us to engage Heidegger’s challenging interpretations on a more secure footing. The second and main section discusses Heidegger’s ontological appropriation of Aristotle’s Nicomachean Ethics from 1922 to 1924 on the basis of the texts so far published, and with a special attention to Metaphysics IX.
The main result of section I is an insight into the central character of energeia for Aristotle’s project in the Nicomachean Ethics and, more specifically, for his understanding of praxis, which in its genuinely original sense turns out to be a way of being of human beings. Our analysis recognizes three essential traits to energeia and praxis, two of which stemming from the analysis of Aristotle’s own elucidation of energeia in Metaphysics IX 6, namely immediacy and continuity: energeia expresses being as an ‘immediate unfinished fulfillment’. Irreducibility, the third trait of energeia and praxis, results from applying the structure of energeia to the characterization of praxis in the Nicomachean Ethics, and from contrasting it with poiēsis and theōria. These three features entail that practical truth―the truth of praxis, the ‘object’ of phronēsis―cannot be properly possessed and thus transferred: more than something we know, it is something we are. It is this special character of practical truth that primarily attracted Heidegger to Aristotle in the early 1920s.
Section II, devoted to Heidegger’s texts, starts by reconstructing some of the intellectual steps that led him to resort to Aristotle for the development of his own philosophical project, characterized by a profound, yet intriguing intermingling of ontology and phenomenology. The legitimacy and feasibility of Heidegger’s pointedly ontological appropriation of the Nicomachean Ethics is also discussed, on the basis of the results of section I.
The analysis of these texts is characterized by the sharp opposition set by Heidegger between phronēsis and energeia in his 1922 programmatic Natorp Bericht, a perspective that strongly diverges from the results of our philological reading of Aristotle in section I. The assessment of this opposition is maintained throughout the discussion of the two main sources―the 1924-25 winter course Platon: Sophistes, and the 1924 summer course Grundbegriffe der aristotelischen Philosophie. Heidegger’s direct commentary of Aristotle’s text is followed closely in this section: concepts such as energeia, entelecheia, telos, physis and hexis―which find their ontological characterization in the Metaphysics or Physics―need to be scrutinized in order to follow Heidegger’s argument and to assess its soundness. Heidegger’s hypothesis from 1922―namely, that Aristotle’s ontology does not fit the insights of his more penetrating phenomenological descriptions―eventually culminates in a clash between phronēsis and sophia which divides being into two irreconcilable spheres and brings Aristotle’s ontological efforts to a dead end. Yet, this conclusion of Heidegger is built upon a specific interpretation of energeia that critically leaves in the shade its performative side, one of its essential traits as Aristotle conceived it. The fact that in the 30s Heidegger himself comes to see this side of energeia provides us with stronger grounds to question the supposed conflict between ontology and phenomenology in Aristotle, which can result in a new formulation of the Heideggerian project.
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L'arithmétique de Boèce : le transfert de savoir mathématique grecTamitegama, Nadiejda 11 1900 (has links)
Auteur romain du 6ème siècle connu pour ses traductions en latin des textes en grec
d’Aristote, Boèce a aussi rédigé une traduction-adaptation d’un texte de Nicomaque de
Gérase sur l’arithmétique. La première partie de ce mémoire de maîtrise est consacrée à
l’étude de Boèce en tant que passeur de savoir. Sa relation avec son père adoptif est mise
en valeur afin de soutenir l’hypothèse selon laquelle Boèce aurait acquis sa connaissance
du grec et son éducation tout en restant à Rome, sans avoir séjourné dans les écoles
athéniennes ou alexandriennes. La deuxième partie porte sur le contenu mathématique
du De institutione arithmetica. Après avoir montré comment le De arithmetica était relié
à l’oeuvre de traduction par Boèce des philosophes grecs, le choix de l’Introduction à
l’Arithmétique de Nicomaque comme point de départ du traité d’arithmétique de Boèce est
étudié. Un catalogue raisonné des concepts mathématiques présentés est ensuite proposé,
organisé autour des notions de quantité en soi et quantité relative qui conservent l’opposition
entre le Même et l’Autre et rappellent l’opposition fondamentale entre Limité et Illimité,
si chère aux pythagoriciens. Ce mémoire se termine par une analyse de la transmission du
De institutione arithmetica et de son influence sur les mathématiques et l’enseignement du
quadrivium au Moyen-Âge. / Roman author of the 6th century known for his Latin translations of Aristotle’s Greek
texts, Boethius has also composed a translation-adaptation of a treatise on arithmetics
written by Nicomachus of Gerasa.
The first section of this master’s thesis focuses on
characterizing Boethius as a intermediary, transferring Greek knowledge to the Latin West.
His relationship with Symmachus is highlighted in order to argue that Boethius had been
able to learn Greek and reach such a high level of learning in Rome, without the need
to study in the Athenian or Alexandrian schools of his time. The mathematical content
of the De institutione arithmetica is the main topic of the second section. After showing
how the De arithmetica is related to Boethius’ magnum opus – the Latin translation of
the Greek philosophers – the choice of Nicomachus of Gerasa’ Introduction to Arithmetics
as the source of Boethius’ treaty on arithmetics is studied. Then, a catalogue raisonné
of the mathematical concepts showcased is provided, organized around the notions of
quantity constant of itself and relative quantity which retain the opposition between the
Same and the Other and stems from the pythagoricians’ fondamental opposition between
the Limited and the Unlimited. This masters’ thesis ends with an analysis of the medieval
transmission of the De institutione arithmetica and of its influence on medieval mathematics
and education through the quadrivium.
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L'idéal éthique des maîtres ès arts de Paris vers 1250, avec édition critique et traduction sélectives du Commentaire sur la Nouvelle et la Vieille Éthique du Pseudo-PeckhamBuffon, Valeria Andrea 12 April 2018 (has links)
Au XIIIe siècle, la réception latine de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote en Occident - plus précisément à la Faculté des arts de l'Université de Paris- s'est déroulée en deux phases. Premièrement, avant 1250, l'exégèse des maîtres es arts se base sur des traductions partielles de l’Éthique à Nicomaque (EN), à savoir l’Ethica Noua (EN I) et l’Ethica Vêtus (EN II-III) ; deuxièmement, après cette date, les interprètes disposent du texte complet (en dix livres) traduit par Robert Grosseteste. Le but de notre recherche consiste à éclaircir certains points de la première phase de cette réception, à travers l'édition critique sélective, la traduction et l'examen philosophique comparé du Commentaire sur la Nouvelle et la Vieille Éthique -que nous avons daté des années 1245-1247- d'un maître es arts de Paris, communément appelé 'Pseudo-Peckham' (de par une ancienne attribution incorrecte au théologien Jean Peckham). Nous éditons, selon les règles de l'ecdotique, le Prologue et deux leçons du commentaire. À partir de ce texte - ainsi que des autres commentaires éthiques et de certains traités artiens de la même époque avec lesquels nous le mettons en parallèle -, nous sommes en mesure de décrire l’Idéal éthique des maîtres es arts de Paris, selon trois complexes conceptuels principaux qui ressortent de l'analyse philosophique de la portion éditée. D'abord, la théorie des transcendantaux fonde la possibilité de l'éthique comme une science dont le sujet est le bien. Ensuite, à l'aide de la doctrine des deux faces de l'âme, notre auteur justifie la division aristotélicienne des vertus en intellectuelles et en morales, tout en s'insérant dans une longue histoire de textes, tributaire originellement de Plotin. Finalement, le Pseudo-Peckham établit une hiérarchie des vertus intellectuelles - sagesse, intelligence et fronesis, des vertus exercées par la face supérieure de l'âme - qui suit l'ordre notionnel des transcendantaux ; à partir des vertus intellectuelles et, particulièrement, de la fronesis, notre maître arrive à la connaissance et à la dilection du souverain bien, qui constitue l'idéal éthique des maîtres es arts de Paris.
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