1 |
Les arrière-pays des cités phéniciennes à l'époque héllénistique, IVe siècle - IIe siècle ap. J.-C : approches historiques et spatiales d'une aire géoculturelle / The hinterlands of the Phoenician cities in the Hellenistic period (4th – 1st BC) : historical and spatial approaches of a geocultural areaGuillon, Élodie 08 November 2013 (has links)
Cette étude de l’organisation spatiale des cités phéniciennes et des rapports qu’elles entretiennent avec leurs arrière-pays, entre le règne de Darius III (336-330 av. J.-C.) et l’arrivée de Pompée en Orient (66 av. J.-C.), s’appuie sur un corpus archéologiques de cinquante-trois sites identifiés au Liban, en Syrie et en Israël. Le développement des études phéniciennes à partir du XIXe siècle a favorisé l’étude de problématiques centrées sur le lien entre les Phéniciens et la Méditerranée. L’essor, ces dernières années, d’études abordant les dynamiques spatiales comme témoins du rapport des sociétés anciennes à leur territoire invite à repenser ce lien, en étudiant l’organisation des cités et leurs rapports avec leurs-arrière-pays. Représentés par des réseaux d’interaction et de hiérarchie modélisés entre les cinquante-trois sites du corpus, ces rapports sont examinés au miroir du contexte historique hellénistique. Ce dernier, étudié à échelle régionale et locale, livre les grandes logiques géopolitiques impliquant la Phénicie à cette époque, ainsi que des données qui alimentent la représentation des réseaux. Le croisement des données historiques et des résultats de modélisation des réseaux débouche sur une lecture dynamique des arrière-pays phéniciens, principalement centrée sur le fonctionnement politique et les activités commerciales et religieuses des cités / This study of the spatial organization of the Phoenician cities and the link they maintained with their hinterlands between the reign of Darius III (336-330 BC) and the arrival of Pompey in the East (66 BC) is based on an archeological corpus of fifty-three archeological sites identified in Lebanon, Syria and Israel. The development of Phoenician studies from the 19th century onward favoured approaches focusing on the link between the Phoenicians and the Mediterranean Sea. Today, an increasing number of studies are reconsidering the link between the ancient societies and their territories in the light of spatial analysis. Such an approach is used here to study the Phoenician cities and their hinterlands. The links between the fifty-three sites of the corpus are modeled by spatial interaction networks and hierarchical networks and compared with the Hellenistic historical context. This context is studied on a regional and local scale and explains the general geopolitics of Phoenicia at this time. It is also a source of data used in the network models. The cross referencing of historical data and network models offers a dynamic view of the Phoenician hinterlands mostly centered on the political functioning and the commercial and religious activities of the cities
|
2 |
Les monuments "funéraires" thraces : une crise d'identitéMarinov, Ivan 12 1900 (has links)
Cette étude porte sur l’analyse de l’identité, en termes de fonction, des monuments érigés
sous tumulus dans le territoire actuel de la Bulgarie. Ces monuments sont généralement datés du
Ve au IIIe siècle avant notre ère et ont été associés aux peuples thraces qui ont évolué sur ce
territoire durant cette époque. Les monuments thraces sous tumulus, aux structures en blocs de
pierre ou en moellons, ou d’un mélange de matériaux et de techniques différentes, ont été
invariablement recouverts de monticules de terre dès l’Antiquité. Les tumuli ainsi obtenus ont été
utilisés à différentes fins par les peuples locaux jusqu’à l’époque moderne.
Les études plus ou moins détaillées des monuments thraces sous tumulus, qui ont débuté
dès la fin du XIXe siècle de notre ère, ainsi que l’accumulation rapide de nouveaux exemplaires
durant les deux dernières décennies, ont permis de constater une grande variabilité de formes
architecturales en ce qui a trait aux différentes composantes de ces constructions. Cette variabilité
a poussé certains chercheurs à proposer des typologies des monuments afin de permettre une
meilleure maîtrise des données, mais aussi dans le but d’appuyer des hypothèses portant sur les
origines des différents types de constructions sous tumulus, ou sur les origines des différentes
formes architectoniques identifiées dans leurs structures. Des hypothèses portant sur la fonction
de ces monuments, à savoir, sur l’usage qu’en ont fait les peuples thraces antiques, ont également
été émises : certains chercheurs ont argumenté pour un usage funéraire, d’autres pour une
fonction cultuelle. Un débat de plus en plus vif s’est développé durant les deux dernières
décennies entre chercheurs de l’un et de l’autre camp intellectuel. Il a été constamment alimenté
par de nouvelles découvertes sur le terrain, ainsi que par la multiplication des publications portant
sur les monuments thraces sous tumulus. Il est, de ce fait, étonnant de constater que ni les
hypothèses portant sur les origines possibles de ces constructions, ni celles ayant trait à leurs
fonctions, n’ont été basées sur des données tangibles – situation qui a eu pour résultat la
désignation des monuments thraces par « tombes-temples-mausolées », étiquette chargée sinon
d’un sens précis, du moins d’une certaine connotation, à laquelle le terme « hérôon » a été ajouté
relativement récemment.
Notre étude propose de dresser un tableau actuel des recherches portant sur les monuments
thraces sous tumulus, ainsi que d’analyser les détails de ce tableau, non pas dans le but de trancher en faveur de l’une ou de l’autre des hypothèses mentionnées, mais afin d’expliquer les
origines et la nature des problèmes que les recherches portant sur ces monuments ont non
seulement identifiés, mais ont également créés. Soulignant un fait déjà noté par plusieurs
chercheurs-thracologues, celui du manque frappant de données archéologiques exactes et précises
dans la grande majorité des publications des monuments thraces, nous avons décidé d’éviter la
tendance optimiste qui persiste dans les études de ces derniers et qui consiste à baser toute analyse
sur le plus grand nombre de trouvailles possible dans l’espoir de dresser un portrait « complet » du
contexte archéologique immédiat des monuments ; portrait qui permettrait au chercheur de puiser
les réponses qui en émergeraient automatiquement, puisqu’il fournirait les éléments nécessaires
pour placer l’objet de l’analyse – les monuments – dans un contexte historique précis, reconstitué
séparément.
Ce manque de données précises nous a porté à concentrer notre analyse sur les
publications portant sur les monuments, ainsi qu’à proposer une approche théoriquement
informée de l’étude de ces derniers, en nous fondant sur les discussions actuelles portant sur les
méthodes et techniques des domaines de l’archéologie, de l’anthropologie et de l’histoire –
approche étayée dans la première partie de cette thèse. Les éléments archéologiques (avant tout
architecturaux) qui ont servi de base aux différentes hypothèses portant sur les constructions
monumentales thraces sont décrits et analysés dans le deuxième volet de notre étude. Sur la base
de cette analyse, et en employant la méthodologie décrite et argumentée dans le premier volet de
notre thèse, nous remettons en question les différentes hypothèses ayant trait à l’identité des
monuments.
L’approche de l’étude des monuments thraces sous tumulus que nous avons adoptée tient
compte tant de l’aspect méthodologique des recherches portant sur ceux-ci, que des données sur
lesquelles les hypothèses présentées dans ces recherches ont été basées. Nous avons porté une
attention particulière à deux aspects différents de ces recherches : celui du vocabulaire technique
et théorique implicitement ou explicitement employé par les spécialistes et celui de la façon dont
la perception de l’identité des monuments thraces a été affectée par l’emploi de ce vocabulaire.
Ces analyses nous ont permis de reconstituer, dans le dernier volet de la présente étude, l’identité
des monuments thraces telle qu’implicitement ou explicitement perçue par les thracologues et de
comparer cette restitution à celle que nous proposons sur la base de nos propres études et observations. À son tour, cette comparaison des restitutions des différentes fonctions des
monuments permet de conclure que celle optant pour une fonction funéraire, telle que nous la
reconstituons dans cette thèse, est plus économe en inférences et mieux argumentée que celle
identifiant les monuments thraces de lieux de culte. Cependant, l’impossibilité de réfuter
complètement l’hypothèse des « tombes-temples » (notamment en raison du manque de données),
ainsi que certains indices que nous avons repérés dans le contexte architectural et archéologique
des monuments et qui pourraient supporter des interprétations allant dans le sens d’une telle
identification de ces derniers, imposent, d’après nous, la réévaluation de la fonction des
constructions thraces sous tumulus sur la base d’une restitution complète des pratiques cultuelles
thraces d’après les données archéologiques plutôt que sur la base d’extrapolations à partir des
textes grecs anciens. À notre connaissance, une telle restitution n’a pas encore été faite.
De plus, le résultat de notre analyse des données archéologiques ayant trait aux
monuments thraces sous tumulus, ainsi que des hypothèses et, plus généralement, des publications
portant sur les origines et les fonctions de ces monuments, nous ont permis de constater que : 1)
aucune des hypothèses en question ne peut être validée en raison de leur recours démesuré à des
extrapolations non argumentées (que nous appelons des « sauts d’inférence ») ; 2) le manque
flagrant de données ou, plus généralement, de contextes archéologiques précis et complets ne
permet ni l’élaboration de ces hypothèses trop complexes, ni leur validation, justifiant notre
approche théorique et méthodologique tant des monuments en question, que des études publiées
de ceux-ci ; 3) le niveau actuel des connaissances et l’application rigoureuse d’une méthodologie
d’analyse permettent d’argumenter en faveur de la réconciliation des hypothèses « funéraires » et
« cultuelles » – fait qui ne justifie pas l’emploi d’étiquettes composites comme « templestombes
», ni les conclusions sur lesquelles ces étiquettes sont basées ; 4) il y a besoin urgent dans
le domaine de l’étude des monuments thraces d’une redéfinition des approches méthodologiques,
tant dans les analyses théoriques des données que dans le travail sur le terrain – à défaut de
procéder à une telle redéfinition, l’identité des monuments thraces sous tumulus demeurera une
question d’opinion et risque de se transformer rapidement en une question de dogmatisme. / This thesis analyzes the identity of the tumular monuments designated as “Thracian”,
discovered in the territory of present day Bulgaria and dated between the 5th and the 3rd centuries
B.C. These monuments, built in ashlar masonry or in unprocessed stones, or a mix of different
materials and building techniques, were invariably covered by earthen mounds (called tumuli)
which have been used to varied ends by local populations from Antiquity until the present day.
More or less detailed studies of these tumular monuments began to appear by the end of the 19th
century, while the list of newly discovered structures continues to grow almost exponentially.
These publications and discoveries revealed that the sample of known Thracian monuments is
characterised by what has been described as a great variety of architectural forms. Overwhelmed
by this apparent variety, and in an attempt to explain it, certain researchers have tried to
categorise what they have perceived as different types of monuments. Many hypotheses bearing
on the function of the latter have also been proposed, although they differ only in the details and
can be categorised in two main groups: that arguing for a funerary function of the monuments,
and that arguing for a cultual one. Through the years, a heated debate has developed between
researchers adhering to one or to the other of these hypotheses – discussion which has been fueled
by a constant discovery of new monuments. It is thus surprising to note that neither the hypothesis
pertaining to the possible origins of these buildings, nor those attempting to explain their
functions, have been based on tangible data – a situation which has resulted in the attribution to
the monuments of dubious labels such as “tombs-temples-mausoleums-heroons”.
This study provides a comprehensive analysis of the hypotheses pertaining to the functions
and, in more general terms, the identity of the Thracian tumular monuments. Its main objective is
to explain the problems that these hypotheses have helped to identify, and which, ironically, they
have contributed to sustain. It is noted that, despite the lack of precision in the accumulated
empirical data relating to the Thracian monuments, most, if not all, researchers working in the
field have tended to sink into an excessive positivism. This approach resulted in the implicit or
explicit expression of the belief that that the inclusion of the maximum quantity of empirical data
in a given analysis will necessarily result in a more complete understanding of a given
archaeological context, which can then be inserted in a previously elaborated historical context, so as to paint a clearer picture of the past. Contrary to this tendency, and because of the lack of
precise data, the present research focuses first, and foremost, on the publications bearing on the
Thracian monuments and proposes a theoretically informed approach of the study of the latter. As
described in Part I, this approach is based on current discussions concerning the methods and
techniques of analysis in the fields of archaeology, anthropology and history, which have
developed around similar circumstances defined by “incomplete” empirical data. The different
hypotheses relating to the identity (or function) of the Thracian monuments have been based on
specific archaeological elements (mainly of architectural nature), which are described and
analysed in the second part of the thesis. The different interpretations of the Thracian monuments
are then examined in the light of these analyses. Finally, in Part III of this thesis, the identities
attributed to the Thracian monuments are scrutinised on the basis of these analyses and a
restitution of the practices related to these monuments is proposed.
The approach to the study of the Thracian tumular monuments that has been adopted in
this thesis takes into account not only the methodological aspect of the research published by
specialists in the field, but also the data on which the different hypotheses relating to these
monuments have been based. Particular attention has been drawn to two aspects present in all
publications on the subject: the “technical” and “theoretical” vocabulary implicitly or explicitly
employed by the authors and the manner in which it affects their perception of the identity of the
Thracian monuments. Part III analyzes and underlines the outcome of the different uses of the
implicitly or explicitly defined vocabularies employed by thracologists, leading to a comparison
between the already published perceptions of the identity of the Thracian monuments and the
reconstitution of their function proposed by the author of this thesis. This comparison, as well as
the application of the methodology presented in Part I, show that the restitution of the monuments
as having had a funerary function is the most parsimonious and better founded in the material
record than the cultual function for which some have argued. However, the function of the
monuments, as reconstituted by the author of this thesis, differs from most of the “funerary”
explanations of the monuments published to date – these tend to venture far beyond the inductions
permitted by the available data. Furthermore, this (or any other) restitution of the monuments’
function as funerary does not automatically exclude the possibility of them having been used as
cultual places/buildings. Despite the apparent similarity between such an argument with those that have been emitted towards the identification of the Thracian monuments as “temple-tombs”,
the author expresses the opinion that the use of such labels is dubious and allows for unfounded
critique and ineffectual comparisons between the classical Greek idea of the “temple” and
Thracian cultual places.
The result of the analysis of the different elements pertaining to the reconstitution of the
Thracian monuments’ identity have led to the following conclusions: 1) none of the already
published hypotheses arguing for a funerary or for a cultual explanation of the monuments can be
validated because of the excessive recourse by their authors to extrapolations lacking proper
argumentation; 2) the lack of precise data or, more importantly, of precisely excavated and
reconstituted archaeological contexts, prohibits the elaboration of complex hypotheses such as
those proposed by specialists in the field; 3) nevertheless, the current state of knowledge
regarding the material culture related to the Thracian monuments, and the rigorous application of
a methodical analysis of the data show that a reconciliation between the “funerary” and the
“cultual” identities of the monuments is possible – however, this fact should not be perceived as a
justification of the use of labels similar to “temple-tombs”, nor of the conclusions upon which
such labels are based; 4) there is an urgent necessity for a re-definition of the methodological
approaches used (or the lack thereof) in the theoretical analyses of the Thracian monuments, as
well as those employed on the field, during excavations. A failure to take account of these facts
and shortcomings by proceeding with such a re-definition would mean that the identity of the
Thracian tumular monuments would remain a matter of opinion and could even be transformed
into a matter of dogma.
The analyses in this thesis can serve as a base for the re-evaluation of the identity of the
Thracian monuments because of their theoretical and methodological soundness. However, such a
re-evaluation must also be based on a reconstitution of Thracian ritual practices based on the
archaeological record. Paradoxically, despite the impressive amount of publication on the subject
of the Thracian tumular monuments as places of cultual practices, a systematic reconstitution of
Thracian ritual based on Thracian material culture is yet to be proposed.
|
3 |
Les arrière-pays des cités phéniciennes à l'époque héllénistique, IVe siècle - IIe siècle ap. J.-C : approches historiques et spatiales d'une aire géoculturelleGuillon, Élodie 08 November 2013 (has links) (PDF)
Cette étude de l'organisation spatiale des cités phéniciennes et des rapports qu'elles entretiennent avec leurs arrière-pays, entre le règne de Darius III (336-330 av. J.-C.) et l'arrivée de Pompée en Orient (66 av. J.-C.), s'appuie sur un corpus archéologiques de cinquante-trois sites identifiés au Liban, en Syrie et en Israël. Le développement des études phéniciennes à partir du XIXe siècle a favorisé l'étude de problématiques centrées sur le lien entre les Phéniciens et la Méditerranée. L'essor, ces dernières années, d'études abordant les dynamiques spatiales comme témoins du rapport des sociétés anciennes à leur territoire invite à repenser ce lien, en étudiant l'organisation des cités et leurs rapports avec leurs-arrière-pays. Représentés par des réseaux d'interaction et de hiérarchie modélisés entre les cinquante-trois sites du corpus, ces rapports sont examinés au miroir du contexte historique hellénistique. Ce dernier, étudié à échelle régionale et locale, livre les grandes logiques géopolitiques impliquant la Phénicie à cette époque, ainsi que des données qui alimentent la représentation des réseaux. Le croisement des données historiques et des résultats de modélisation des réseaux débouche sur une lecture dynamique des arrière-pays phéniciens, principalement centrée sur le fonctionnement politique et les activités commerciales et religieuses des cités
|
4 |
Les monuments "funéraires" thraces : une crise d'identitéMarinov, Ivan 12 1900 (has links)
Cette étude porte sur l’analyse de l’identité, en termes de fonction, des monuments érigés
sous tumulus dans le territoire actuel de la Bulgarie. Ces monuments sont généralement datés du
Ve au IIIe siècle avant notre ère et ont été associés aux peuples thraces qui ont évolué sur ce
territoire durant cette époque. Les monuments thraces sous tumulus, aux structures en blocs de
pierre ou en moellons, ou d’un mélange de matériaux et de techniques différentes, ont été
invariablement recouverts de monticules de terre dès l’Antiquité. Les tumuli ainsi obtenus ont été
utilisés à différentes fins par les peuples locaux jusqu’à l’époque moderne.
Les études plus ou moins détaillées des monuments thraces sous tumulus, qui ont débuté
dès la fin du XIXe siècle de notre ère, ainsi que l’accumulation rapide de nouveaux exemplaires
durant les deux dernières décennies, ont permis de constater une grande variabilité de formes
architecturales en ce qui a trait aux différentes composantes de ces constructions. Cette variabilité
a poussé certains chercheurs à proposer des typologies des monuments afin de permettre une
meilleure maîtrise des données, mais aussi dans le but d’appuyer des hypothèses portant sur les
origines des différents types de constructions sous tumulus, ou sur les origines des différentes
formes architectoniques identifiées dans leurs structures. Des hypothèses portant sur la fonction
de ces monuments, à savoir, sur l’usage qu’en ont fait les peuples thraces antiques, ont également
été émises : certains chercheurs ont argumenté pour un usage funéraire, d’autres pour une
fonction cultuelle. Un débat de plus en plus vif s’est développé durant les deux dernières
décennies entre chercheurs de l’un et de l’autre camp intellectuel. Il a été constamment alimenté
par de nouvelles découvertes sur le terrain, ainsi que par la multiplication des publications portant
sur les monuments thraces sous tumulus. Il est, de ce fait, étonnant de constater que ni les
hypothèses portant sur les origines possibles de ces constructions, ni celles ayant trait à leurs
fonctions, n’ont été basées sur des données tangibles – situation qui a eu pour résultat la
désignation des monuments thraces par « tombes-temples-mausolées », étiquette chargée sinon
d’un sens précis, du moins d’une certaine connotation, à laquelle le terme « hérôon » a été ajouté
relativement récemment.
Notre étude propose de dresser un tableau actuel des recherches portant sur les monuments
thraces sous tumulus, ainsi que d’analyser les détails de ce tableau, non pas dans le but de trancher en faveur de l’une ou de l’autre des hypothèses mentionnées, mais afin d’expliquer les
origines et la nature des problèmes que les recherches portant sur ces monuments ont non
seulement identifiés, mais ont également créés. Soulignant un fait déjà noté par plusieurs
chercheurs-thracologues, celui du manque frappant de données archéologiques exactes et précises
dans la grande majorité des publications des monuments thraces, nous avons décidé d’éviter la
tendance optimiste qui persiste dans les études de ces derniers et qui consiste à baser toute analyse
sur le plus grand nombre de trouvailles possible dans l’espoir de dresser un portrait « complet » du
contexte archéologique immédiat des monuments ; portrait qui permettrait au chercheur de puiser
les réponses qui en émergeraient automatiquement, puisqu’il fournirait les éléments nécessaires
pour placer l’objet de l’analyse – les monuments – dans un contexte historique précis, reconstitué
séparément.
Ce manque de données précises nous a porté à concentrer notre analyse sur les
publications portant sur les monuments, ainsi qu’à proposer une approche théoriquement
informée de l’étude de ces derniers, en nous fondant sur les discussions actuelles portant sur les
méthodes et techniques des domaines de l’archéologie, de l’anthropologie et de l’histoire –
approche étayée dans la première partie de cette thèse. Les éléments archéologiques (avant tout
architecturaux) qui ont servi de base aux différentes hypothèses portant sur les constructions
monumentales thraces sont décrits et analysés dans le deuxième volet de notre étude. Sur la base
de cette analyse, et en employant la méthodologie décrite et argumentée dans le premier volet de
notre thèse, nous remettons en question les différentes hypothèses ayant trait à l’identité des
monuments.
L’approche de l’étude des monuments thraces sous tumulus que nous avons adoptée tient
compte tant de l’aspect méthodologique des recherches portant sur ceux-ci, que des données sur
lesquelles les hypothèses présentées dans ces recherches ont été basées. Nous avons porté une
attention particulière à deux aspects différents de ces recherches : celui du vocabulaire technique
et théorique implicitement ou explicitement employé par les spécialistes et celui de la façon dont
la perception de l’identité des monuments thraces a été affectée par l’emploi de ce vocabulaire.
Ces analyses nous ont permis de reconstituer, dans le dernier volet de la présente étude, l’identité
des monuments thraces telle qu’implicitement ou explicitement perçue par les thracologues et de
comparer cette restitution à celle que nous proposons sur la base de nos propres études et observations. À son tour, cette comparaison des restitutions des différentes fonctions des
monuments permet de conclure que celle optant pour une fonction funéraire, telle que nous la
reconstituons dans cette thèse, est plus économe en inférences et mieux argumentée que celle
identifiant les monuments thraces de lieux de culte. Cependant, l’impossibilité de réfuter
complètement l’hypothèse des « tombes-temples » (notamment en raison du manque de données),
ainsi que certains indices que nous avons repérés dans le contexte architectural et archéologique
des monuments et qui pourraient supporter des interprétations allant dans le sens d’une telle
identification de ces derniers, imposent, d’après nous, la réévaluation de la fonction des
constructions thraces sous tumulus sur la base d’une restitution complète des pratiques cultuelles
thraces d’après les données archéologiques plutôt que sur la base d’extrapolations à partir des
textes grecs anciens. À notre connaissance, une telle restitution n’a pas encore été faite.
De plus, le résultat de notre analyse des données archéologiques ayant trait aux
monuments thraces sous tumulus, ainsi que des hypothèses et, plus généralement, des publications
portant sur les origines et les fonctions de ces monuments, nous ont permis de constater que : 1)
aucune des hypothèses en question ne peut être validée en raison de leur recours démesuré à des
extrapolations non argumentées (que nous appelons des « sauts d’inférence ») ; 2) le manque
flagrant de données ou, plus généralement, de contextes archéologiques précis et complets ne
permet ni l’élaboration de ces hypothèses trop complexes, ni leur validation, justifiant notre
approche théorique et méthodologique tant des monuments en question, que des études publiées
de ceux-ci ; 3) le niveau actuel des connaissances et l’application rigoureuse d’une méthodologie
d’analyse permettent d’argumenter en faveur de la réconciliation des hypothèses « funéraires » et
« cultuelles » – fait qui ne justifie pas l’emploi d’étiquettes composites comme « templestombes
», ni les conclusions sur lesquelles ces étiquettes sont basées ; 4) il y a besoin urgent dans
le domaine de l’étude des monuments thraces d’une redéfinition des approches méthodologiques,
tant dans les analyses théoriques des données que dans le travail sur le terrain – à défaut de
procéder à une telle redéfinition, l’identité des monuments thraces sous tumulus demeurera une
question d’opinion et risque de se transformer rapidement en une question de dogmatisme. / This thesis analyzes the identity of the tumular monuments designated as “Thracian”,
discovered in the territory of present day Bulgaria and dated between the 5th and the 3rd centuries
B.C. These monuments, built in ashlar masonry or in unprocessed stones, or a mix of different
materials and building techniques, were invariably covered by earthen mounds (called tumuli)
which have been used to varied ends by local populations from Antiquity until the present day.
More or less detailed studies of these tumular monuments began to appear by the end of the 19th
century, while the list of newly discovered structures continues to grow almost exponentially.
These publications and discoveries revealed that the sample of known Thracian monuments is
characterised by what has been described as a great variety of architectural forms. Overwhelmed
by this apparent variety, and in an attempt to explain it, certain researchers have tried to
categorise what they have perceived as different types of monuments. Many hypotheses bearing
on the function of the latter have also been proposed, although they differ only in the details and
can be categorised in two main groups: that arguing for a funerary function of the monuments,
and that arguing for a cultual one. Through the years, a heated debate has developed between
researchers adhering to one or to the other of these hypotheses – discussion which has been fueled
by a constant discovery of new monuments. It is thus surprising to note that neither the hypothesis
pertaining to the possible origins of these buildings, nor those attempting to explain their
functions, have been based on tangible data – a situation which has resulted in the attribution to
the monuments of dubious labels such as “tombs-temples-mausoleums-heroons”.
This study provides a comprehensive analysis of the hypotheses pertaining to the functions
and, in more general terms, the identity of the Thracian tumular monuments. Its main objective is
to explain the problems that these hypotheses have helped to identify, and which, ironically, they
have contributed to sustain. It is noted that, despite the lack of precision in the accumulated
empirical data relating to the Thracian monuments, most, if not all, researchers working in the
field have tended to sink into an excessive positivism. This approach resulted in the implicit or
explicit expression of the belief that that the inclusion of the maximum quantity of empirical data
in a given analysis will necessarily result in a more complete understanding of a given
archaeological context, which can then be inserted in a previously elaborated historical context, so as to paint a clearer picture of the past. Contrary to this tendency, and because of the lack of
precise data, the present research focuses first, and foremost, on the publications bearing on the
Thracian monuments and proposes a theoretically informed approach of the study of the latter. As
described in Part I, this approach is based on current discussions concerning the methods and
techniques of analysis in the fields of archaeology, anthropology and history, which have
developed around similar circumstances defined by “incomplete” empirical data. The different
hypotheses relating to the identity (or function) of the Thracian monuments have been based on
specific archaeological elements (mainly of architectural nature), which are described and
analysed in the second part of the thesis. The different interpretations of the Thracian monuments
are then examined in the light of these analyses. Finally, in Part III of this thesis, the identities
attributed to the Thracian monuments are scrutinised on the basis of these analyses and a
restitution of the practices related to these monuments is proposed.
The approach to the study of the Thracian tumular monuments that has been adopted in
this thesis takes into account not only the methodological aspect of the research published by
specialists in the field, but also the data on which the different hypotheses relating to these
monuments have been based. Particular attention has been drawn to two aspects present in all
publications on the subject: the “technical” and “theoretical” vocabulary implicitly or explicitly
employed by the authors and the manner in which it affects their perception of the identity of the
Thracian monuments. Part III analyzes and underlines the outcome of the different uses of the
implicitly or explicitly defined vocabularies employed by thracologists, leading to a comparison
between the already published perceptions of the identity of the Thracian monuments and the
reconstitution of their function proposed by the author of this thesis. This comparison, as well as
the application of the methodology presented in Part I, show that the restitution of the monuments
as having had a funerary function is the most parsimonious and better founded in the material
record than the cultual function for which some have argued. However, the function of the
monuments, as reconstituted by the author of this thesis, differs from most of the “funerary”
explanations of the monuments published to date – these tend to venture far beyond the inductions
permitted by the available data. Furthermore, this (or any other) restitution of the monuments’
function as funerary does not automatically exclude the possibility of them having been used as
cultual places/buildings. Despite the apparent similarity between such an argument with those that have been emitted towards the identification of the Thracian monuments as “temple-tombs”,
the author expresses the opinion that the use of such labels is dubious and allows for unfounded
critique and ineffectual comparisons between the classical Greek idea of the “temple” and
Thracian cultual places.
The result of the analysis of the different elements pertaining to the reconstitution of the
Thracian monuments’ identity have led to the following conclusions: 1) none of the already
published hypotheses arguing for a funerary or for a cultual explanation of the monuments can be
validated because of the excessive recourse by their authors to extrapolations lacking proper
argumentation; 2) the lack of precise data or, more importantly, of precisely excavated and
reconstituted archaeological contexts, prohibits the elaboration of complex hypotheses such as
those proposed by specialists in the field; 3) nevertheless, the current state of knowledge
regarding the material culture related to the Thracian monuments, and the rigorous application of
a methodical analysis of the data show that a reconciliation between the “funerary” and the
“cultual” identities of the monuments is possible – however, this fact should not be perceived as a
justification of the use of labels similar to “temple-tombs”, nor of the conclusions upon which
such labels are based; 4) there is an urgent necessity for a re-definition of the methodological
approaches used (or the lack thereof) in the theoretical analyses of the Thracian monuments, as
well as those employed on the field, during excavations. A failure to take account of these facts
and shortcomings by proceeding with such a re-definition would mean that the identity of the
Thracian tumular monuments would remain a matter of opinion and could even be transformed
into a matter of dogma.
The analyses in this thesis can serve as a base for the re-evaluation of the identity of the
Thracian monuments because of their theoretical and methodological soundness. However, such a
re-evaluation must also be based on a reconstitution of Thracian ritual practices based on the
archaeological record. Paradoxically, despite the impressive amount of publication on the subject
of the Thracian tumular monuments as places of cultual practices, a systematic reconstitution of
Thracian ritual based on Thracian material culture is yet to be proposed.
|
5 |
Passion et Esthétique : le pathétique amoureux dans la poésie hellénistique / Passion and Aesthetics : romantic pathos in Hellenistic poetryDaniel-Muller, Bénédicte 15 December 2012 (has links)
Il est reconnu que la poésie hellénistique a donné à l’expression du sentiment amoureux une importance inédite, mais la rupture que constitue ce fait littéraire par rapport aux œuvres du passé n’a cependant pas toujours été suffisamment mise en avant. Cette étude propose donc d’examiner les spécificités de cette représentation de l’amour et de montrer qu’elle ressortit principalement au registre pathétique. Ainsi, dans une perspective diachronique, elle s’attache tout d’abord à rappeler les particularités de la représentation de l’amour dans la poésie des époques archaïque et classique, et à montrer notamment le rôle secondaire qu’y tient cette thématique. Puis, après avoir analysé les caractéristiques, complexes mais toujours éminemment négatives, que les poètes hellénistiques attribuent à l’amour, essentiellement réduit pour eux à l’ἔρως, elle examine les modalités précises de son expression pathétique, une innovation importante grâce à laquelle la thématique amoureuse a pu accéder en littérature au rang d’un véritable sentiment. Cette étude permet enfin de montrer que la représentation pathétique du sentiment amoureux est l’une des clefs pour comprendre plusieurs caractéristiques et enjeux fondamentaux de la poésie hellénistique, à propos de laquelle il convient de parler d’une véritable poétique de l’amour. En effet, le pathétique amoureux peut s’y lire comme un paradigme méta-poétique qui ne reflète pas seulement les nouvelles valeurs esthétiques de l’époque hellénistique mais également les conditions, inédites, de création et de réception des œuvres littéraires, en particulier dans leurs rapports, aussi étroits qu’ambigus, aux cours royales et à la tradition. / Hellenistic poetry attributed an importance to love never encountered in poetry before. This literary break with the past has only ever received scant attention. This study sets out to examine the specifics of how love was represented and to show how it essentially emerges from the pathetic register. From a diachronic perspective, the study aims to focus on the particular characteristics of the representation of love in the poetry of the classical and archaic periods, and above all demonstrate the secondary role the theme was accorded. After an analysis of the complex, but always eminently negative, characteristics, attributed to love by Hellenistic poets, which, to them, is essentially reduced to ἔρως, the study examines the precise modalities of its expression through pathos, an important innovation through which the theme of love became recognised as a genuine feeling in literature. This study ultimately enables us to show that the pathetic representation of love is one of the keys to understanding several characteristics and fundamental issues of Hellenistic poetry, through a genuine poetics of love. Romantic pathos can indeed be interpreted here as a meta-poetic paradigm which does not only reflect the new aesthetic values of the Hellenistic age but also the new conditions of creation and reception of literary works, in particular in their close and ambiguous relationships with royal courts and tradition.
|
6 |
L'exploitation artisanale des matières dures d'origine animale au Proche-Orient entre le IIIe s. av . J.-C. et le VIIe s. apr. J.-C. : une approche techno-économique / Hard animal materials' craftmanship in the Near East between the third century BC and the seventh century AD : a techno-economical approachKhan, Bénédicte 22 March 2019 (has links)
Au Proche-Orient, l'os, l'ivoire, la corne et l'écaille de tortue ont été exploités pour fabriquer des objets très divers durant les époques hellénistique à byzantine. Or, alors que des objets dans ces matières sont mis au jour sur de nombreux sites, les façons dont les artisans transformaient la matière première en objet fini, de même que leur insertion dans la société à laquelle ils appartenaient, sont encore méconnus. Pour combler ces lacunes, l'étude d'assemblages provenant de contextes dits artisanaux a été réalisée suivant une approche technologique. Adaptée des travaux en Préhistoire et fondée sur le concept de technique en tant qu'action élémentaire sur la matière, cette approche, multidisciplinaire, a pour but de remettre l'artisan et son savoir-faire dans son contexte économique et social. À travers le croisement des données historiques, archéozoologiques et technologiques, nous avons ici tenté de reconstituer les rapports que l'artisan entretient non seulement avec la matière qu'il transforme, mais également avec les autres acteurs de l'exploitation des matières animales (boucher, tanneur), ainsi que sa place dans la société dans laquelle il évolue. / For a period covering Hellenistic to Protobyzantine times - and beyond -, bone, horn, ivory and turtle shell were used to produce a wide variety of items in the Near East. While these items are regularly uncovered on excavation sites, the production processes, as well as the craftsman's place in Hellenistic to Protobyzantine societies, are still poorly understood. To better assess them, collections from so-called artisanal contexts were studied using a technological approach. Set up from a Prehistorian-developed method and based on the concept of the technique as an elementary action on the material, this multidisciplinary approach aims to put the craftsman and his ways of working back into the economic and social context of the society he lives in. Through the study of written, archaeozoological, and technological sources, we searched to understand the relationships not only between the craftsman and the materials he works with, but also between him and the other actors involved with animal materials, as well as to determine his place in the society he is part of.
|
Page generated in 0.0936 seconds