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L’Incident du 28 février 1947, dernière bataille de la guerre sino-japonaise ? : legs colonial, sortie de guerre et violence politique à Taiwan / The 1947 February 28th Incident, last battle of the Sino-Japanese War? : colonial legacy, war aftermath and political violence in TaiwanLouzon-Benrekassa, Victor 01 December 2016 (has links)
Cette thèse de doctorat en histoire porte sur l’« Incident du 28 février », la révolte qui agita en 1947 Taiwan contre le pouvoir chinois après que la Chine eut récupéré sur l’île en 1945, après cinquante ans de colonisation japonaise. Cette rébellion, rapidement et très brutalement réprimée, est au cœur des luttes mémorielles qui agitent Taiwan depuis sa démocratisation, l’enjeu étant la légitimité de la souveraineté chinoise sur l’île, et l’identité de cette dernière. L’objet de mon travail est la violence politique, ses modalités et sa genèse. J’analyse l’éruption de violence de 1947 à la lumière de cinquante ans de relations sino-japonaises, en particulier la guerre de 1937-1945. Du côté taiwanais, la révolte s’appuie sur les réseaux et le répertoire d’actions et de symboles développés durant la mobilisation pour l’effort de guerre japonais, tant au niveau des troupes coloniales que des groupes paramilitaires et de jeunesse, sans qu’on puisse pour autant qualifier l’insurrection de pro-japonaise. Le passé colonial, et particulièrement la militarisation de la société taiwanaise qui s’est accompagnée d’une assimilation culturelle intensive, sert de ressource pour l’action politique. La violence employée du côté nationaliste chinois remobilise une riche expérience contre-insurrectionnelle, en particulier celle des années 1930. Son intensité disproportionnée s’explique par la perception de la rébellion comme un acte de guerre prolongeant l’invasion japonaise et déniant à la Chine son statut de vainqueur et de puissance civilisée. Elle solde les comptes de la guerre sino-japonaise à l’échelle locale par victimes interposées et parachève l’épuration des élites coloniales. / This PhD dissertation in history deals with the « February 28th Incident », a 1947 Taiwanese revolt against the Chinese rule restored in 1945, after fifty years of Japanese colonization. This rebellion, swiftly and very brutally quelled, has been central in the memory wars that have characterized Taiwan since it democratized. What is at stake is the legitimacy of China’s sovereignty over the island, and Taiwanese identity. The focus of my work is political violence, its modalities and its genesis. I analyze the outburst of violence of 1947 in the light of fifty years of Sino-Japanese relations, particularly the 1937-1945 war. On the Taiwanese side, the revolt taps into the networks and the repertoire of actions and symbols developed during the mobilization for the Japanese war effort. This mobilization affected colonial troops but also youth and paramilitary groups. This does not mean that the insurrection was pro-Japanese. Rather, the colonial past, more specifically the militarization of Taiwanese society during the war and the intensive cultural assimilation that accompanied it, is used as a resource for political action. The violence exerted by the Chinese Nationalist side remobilizes a rich experience of counter-insurgency, particularly that of the 1930s. Its disproportionate intensity stems from the perception of the rebellion as an act of war in the wake of Japan’s invasion of China, which denies the country its newfound status as a victor and a civilized great power. The suppression settles the accounts of the Sino-Japanese war on a local scale through proxies, and completes the purge of the colonial elite.
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La victoire triste ? : espérances, déceptions et commémorations de la victoire dans le département du Puy-de-Dôme en sortie de guerre (1918-1924)Fryszman, Aline 08 December 2009 (has links) (PDF)
La victoire de 1918 est analysée à l'échelle du département du Puy-de-Dôme jusqu'en 1924, quand la Conférence de Londres tente de régler la question des réparations. Elle est une victoire de la nation plus que de la République. Elle est porteuse d'immenses attentes très vite déçues. Les temporalités de la sortie de guerre insistent sur la remobilisation de l'opinion au début de 1918, puis, après la victoire, sur la démobilisation très lente et inégale de l'opinion, remobilisée à nouveau en 1923 au moment de l'occupation de la Ruhr. La sortie de guerre est ritualisée par d'intenses pratiques festives et commémoratives : fêtes de la victoire, du retour des combattants, réinhumations, cérémonies de la Toussaint, inaugurations de monuments aux morts. La victoire a provoqué une formidable liesse mais elle est devenue une victoire triste associée au deuil et aux sacrifices. Elle fait obstacle à une démobilisation culturelle toutefois engagée. Le sens de la victoire est devenu conflictuel.
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Après la guerre : Mobilisations et luttes pour la reconnaissance. Contribution à une analyse sociohistorique de la construction de l'Etat au Kosovo (1945-2012) / After the war : Mobilizations and Struggles for Recognition. A Contribution to an Analysis of the State Formation process in Kosovo (1945-2012)Shtembari, Arber 21 November 2016 (has links)
Cette thèse est consacrée conjointement aux mobilisations et luttes de classement des groupes issus de la guerre de 1998-1999 au Kosovo et aux modalités d'accès à leur reconnaissance légale et légitime, ainsi qu'à l'étude du processus de construction de l’État au Kosovo et de la production de ses formes symboliques de consécration. Deux objectifs orientent ce travail : Le premier est de rompre avec certaines évidences et d'apporter de nouvelles pistes de réflexion sur la formation, l'identification, l'existence et la définition des groupes sociaux issus de la guerre (les victimes civiles, les anciens combattants, les prisonniers de guerre, les familles des personnes disparues, etc.). Le second est d'examiner les relations complexes entre le travail de domination symbolique de l’État au Kosovo et les luttes que mènent les groupes sociaux issus de la guerre pour pouvoir maintenir leur position dans l'espace social. / This thesis examines jointly, the mobilizations and the classification struggles of the post-war groups in Kosovo after 1999, focusing on the access procedures toward their legal and legitimate recognition. It also analyzes the State formation process in Kosovo and the production of its symbolic forms of consecration. Two main contributions of this work are: First, it highlights a number of issues on post-war groups formation, identification, lifestyles and definition (civils victims, war veterans, war prisoners, families of missing persons, etc.) needing reflection and it questions the conventional wisdom. Second, it examines the complex relationships between the symbolic domination work of the State in Kosovo and the struggles of post-war groups in freeing from their social condition.
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Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises (1944-1949) : captivité en France, rapatriement en Allemagne / Die deutschen Kriegsgefangenen in französischer Hand (1944-1949) : gefangenschaft in Frankreich, Repatriierung nach Deutschland / German Prisoners of War in French Hands : Captivity in France : repatriation into Germany (1944-1949)Théofilakis, Fabien 07 December 2010 (has links)
Entre fin 1944 et fin 1948, près d’un million de prisonniers de guerre allemands a été détenu en France métropolitaine par les nouvelles autorités. Figure honnie de l’occupation allemande et de la défaite nazie, ces soldats de Hitler désormais vaincus deviennent un enjeu majeur de la sortie de guerre, ou plutôt des sorties de guerre, tant les temporalités et les modalités diffèrent, parfois divergent selon les nombreux acteurs. Les autorités du GPRF sont tout de suite confrontées à un gigantesque défi logistique : prendre en charge une masse de prisonniers, alors que la France de la Libération peine à subvenir aux besoins de sa propre population. Or ces prisonniers sont avant tout réclamés et gardés comme une main-d’œuvre pour la reconstruction de la France. De militaire, la captivité allemande en mains françaises devient économique et pose avec urgence le problème de l’entretien de cette force de travail. La sortie hors du camp offre certes des solutions, mais diffuse progressivement la gestion à l’ensemble de la société : employeurs, maires, mais aussi populations locales et opinions publiques entrent en contact avec cette nouvelle présence allemande. Et la « question PGA » de devenir une affaire de politique intérieure qui fait rejouer la diversité discordante des vécus de guerre : où se situe la limite entre le traitement économiquement rentable mais politiquement peu patriotique ? Qui doit être prioritaire dans l’affectation de la main-d’œuvre prisonnière ? Le travail de celle-là doit-il revenir à l’employeur ou bénéficier à l’ensemble de la nation ? Les réponses engagent une certaine idée de la Reconstruction. Cette question du traitement des PGA dépasse le cadre national pour devenir un enjeu des relations franco-américaines de l’après-guerre et de facto de la politique allemande des deux alliés au statut si inégal : 70% des prisonniers gérés par les Français ont été cédés par les Américains qui entendent conserver leur responsabilité de puissance détentrice. Avec la fin du conflit, puis le début de la guerre froide, qui bouleverse les priorités américaines, la gestion des PGA à l’échelle internationale permet d’observer comme le bilatéralisme transatlantique est progressivement intégré dans le cadre européen qui lui impose son calendrier. Comment les Français entendent-ils ainsi répondre aux demandes de libération à partir de 1946 sans contrarier le plan Monnet ? / Between the end of 1944 and the end of 1948, almost one million German prisoners of war were detained in metropolitan France by the new authorities. As hated figures of the German occupation and the Nazi defeat, Hitler’s soldiers, henceforth vanquished, became a main issue of how to get out of the war, which involved a large number of actors. The authorities of the provisional government of the French republic were immediately confronted with a huge logistical challenge: to take care of a mass of prisoners, whereas France at the time of Liberation already had some difficulties to provide for its own population. Whereas German prisoners had been claimed and kept above all as labor to rebuild France. From being military in nature, the German captivity in French hands became an economic phenomenon and posed the question of the maintenance of this labor force. Removing the prisoners from camps presented some solutions, but spread progressively the management to the whole society: employers, mayors, but also local populations and public opinions who came in contact with this new German presence. The “German POWs question” became an issue of domestic policy, which made the conflicting diversity of war experiences resonate: Where is the line between the economically profitable treatment, but politically not so patriotic? Who must have priority in the allocation of POW labor? Must the work of this latter be due to the employer or to benefit the whole nation? Answers to these problems defined a certain idea of the reconstruction. This question of the treatment of POWs exceeds the national framework to become an issue of the Franco-American relationships in the after-war period and, de facto, of German policy - decided by two allies with such unequal status: 70% of the prisoners managed by the French had been transferred by the Americans who wanted to keep the responsibility as the detaining power. With the end of the conflict, then the beginning of the Cold War, which changed American priorities, the management of the German POWs at the international scale gives the opportunity to observe how the transatlantic bilateralism was progressively integrated into the European framework which set its own agenda. How could the French authorities meet the claims for liberation from 1946 without thwarting the Monnet plan?
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La "sortie de guerre" des enfants français : le cas des lettres envoyées au président Woodrow Wilson (1918‐1919)Lefort, Marie-Claire 08 1900 (has links)
L’application aux civils du concept de « sortie de guerre » offre aux historiens de nouvelles pistes de recherche. Bien que la mobilisation culturelle de l’enfance dans la Grande Guerre ait fait l’objet de plusieurs études depuis les dernières années, le processus de démobilisation reste, quant à lui, peu exploré. Ce mémoire s’intéressera donc à la « sortie de guerre » chez les enfants français, à travers des sources inédites : des lettres adressées au président des États-Unis, Woodrow Wilson, à la fin de 1918.
L’analyse met en lumière la perception des enfants sur la paix, la guerre, les Américains, et les changements de leur quotidien depuis l’armistice. Après une première partie historiographique, le deuxième chapitre portera sur la représentation de Wilson, des Américains et de la paix. Dans le dernier chapitre seront analysés le quotidien des enfants dans les mois suivant l’armistice, les représentations de la guerre et le processus de démobilisation.
Fin 1918, la guerre tient encore beaucoup de place dans les propos des enfants et peu de signes de démobilisation émergent de leurs lettres. Ainsi, le président américain est représenté comme le sauveur de la France et le grand vainqueur de la guerre plutôt qu’en apôtre de la paix. Le sujet principal des lettres porte ainsi sur la reconnaissance et la gratitude des enfants envers le président et les États-Unis pour leur participation à la guerre et pour l’aide à la victoire. Les valeurs et le passé communs entre les deux pays alliés, exploités par la propagande de guerre, sont soulignés par les enfants.
La fin de la guerre commence à peine à se faire ressentir dans le quotidien des enfants. La période est marquée par les célébrations de la victoire. De plus, la peur tend à s’atténuer avec la fin des violences de guerre et des nouveaux deuils. Les perturbations de la guerre demeurent cependant chez plusieurs enfants, particulièrement chez les réfugiés et les orphelins de guerre : la pauvreté, les séparations familiales et les privations alimentaires en affectent ainsi plusieurs. La perpétuation de ce climat de guerre influence la démobilisation des enfants, qui manifestent leur patriotisme et leur haine de l’ennemi. Les représentations de l’ennemi et des combattants du temps de la guerre prévalent donc encore, mais les enfants expriment néanmoins leur lassitude du conflit et leur désir d’un rapide retour à la normale. / Applied to civilians, the study of how French got out of the war (“sortie de guerre”) offers new perspectives to historians. The cultural mobilization of children during the Great War has led to several studies but demobilization is yet overlooked. This master thesis will examine the “coming out of the war” of French children through previously unexamined sources : letters to the American president Woodrow Wilson in late 1918. This analysis highlights the perception of children regarding peace, war, the American people, and the changes in their daily life since the armistice. The first chapter of this dissertation will address historiographical issues. The second will examine the representations of Wilson and the American people in the letters as well as the children perception of peace. The last chapter will focus on the children’s depictions of their daily life in the months following the armistice, their representations of the war and the youth demobilization process. At the end of 1918, the war still takes plenty of room in the children letters and only few signs of cultural demobilization emerges in them. The president is portrayed as the savior of France but, more interestingly as a great man of the war, rather than as an apostle of peace. The main purpose of the children’s letters is to show gratitude to the president for the participation of his country in the victorious war. The common values and shared history between the two allied countries, drawn from the war propaganda, are often highlighted by the children. The end of the war is just beginning to be felt in the lives of children. This period is marked by celebrations of victory, as fear disappears with the end of war violence and of new grieves. However, for several children, the disruption of war remains, particularly among refugees and war orphans. Poverty, food deprivation and family separations affect many children. This outgoing situation influences the demobilization of children, who show their patriotism and their hatred of the Germans through their letters. Although if wartime representations of the enemy and soldiers still prevail, children continue to express their weariness of the conflict and their desire for a rapid return to normalcy.
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La "sortie de guerre" des enfants français : le cas des lettres envoyées au président Woodrow Wilson (1918‐1919)Lefort, Marie-Claire 08 1900 (has links)
L’application aux civils du concept de « sortie de guerre » offre aux historiens de nouvelles pistes de recherche. Bien que la mobilisation culturelle de l’enfance dans la Grande Guerre ait fait l’objet de plusieurs études depuis les dernières années, le processus de démobilisation reste, quant à lui, peu exploré. Ce mémoire s’intéressera donc à la « sortie de guerre » chez les enfants français, à travers des sources inédites : des lettres adressées au président des États-Unis, Woodrow Wilson, à la fin de 1918.
L’analyse met en lumière la perception des enfants sur la paix, la guerre, les Américains, et les changements de leur quotidien depuis l’armistice. Après une première partie historiographique, le deuxième chapitre portera sur la représentation de Wilson, des Américains et de la paix. Dans le dernier chapitre seront analysés le quotidien des enfants dans les mois suivant l’armistice, les représentations de la guerre et le processus de démobilisation.
Fin 1918, la guerre tient encore beaucoup de place dans les propos des enfants et peu de signes de démobilisation émergent de leurs lettres. Ainsi, le président américain est représenté comme le sauveur de la France et le grand vainqueur de la guerre plutôt qu’en apôtre de la paix. Le sujet principal des lettres porte ainsi sur la reconnaissance et la gratitude des enfants envers le président et les États-Unis pour leur participation à la guerre et pour l’aide à la victoire. Les valeurs et le passé communs entre les deux pays alliés, exploités par la propagande de guerre, sont soulignés par les enfants.
La fin de la guerre commence à peine à se faire ressentir dans le quotidien des enfants. La période est marquée par les célébrations de la victoire. De plus, la peur tend à s’atténuer avec la fin des violences de guerre et des nouveaux deuils. Les perturbations de la guerre demeurent cependant chez plusieurs enfants, particulièrement chez les réfugiés et les orphelins de guerre : la pauvreté, les séparations familiales et les privations alimentaires en affectent ainsi plusieurs. La perpétuation de ce climat de guerre influence la démobilisation des enfants, qui manifestent leur patriotisme et leur haine de l’ennemi. Les représentations de l’ennemi et des combattants du temps de la guerre prévalent donc encore, mais les enfants expriment néanmoins leur lassitude du conflit et leur désir d’un rapide retour à la normale. / Applied to civilians, the study of how French got out of the war (“sortie de guerre”) offers new perspectives to historians. The cultural mobilization of children during the Great War has led to several studies but demobilization is yet overlooked. This master thesis will examine the “coming out of the war” of French children through previously unexamined sources : letters to the American president Woodrow Wilson in late 1918. This analysis highlights the perception of children regarding peace, war, the American people, and the changes in their daily life since the armistice. The first chapter of this dissertation will address historiographical issues. The second will examine the representations of Wilson and the American people in the letters as well as the children perception of peace. The last chapter will focus on the children’s depictions of their daily life in the months following the armistice, their representations of the war and the youth demobilization process. At the end of 1918, the war still takes plenty of room in the children letters and only few signs of cultural demobilization emerges in them. The president is portrayed as the savior of France but, more interestingly as a great man of the war, rather than as an apostle of peace. The main purpose of the children’s letters is to show gratitude to the president for the participation of his country in the victorious war. The common values and shared history between the two allied countries, drawn from the war propaganda, are often highlighted by the children. The end of the war is just beginning to be felt in the lives of children. This period is marked by celebrations of victory, as fear disappears with the end of war violence and of new grieves. However, for several children, the disruption of war remains, particularly among refugees and war orphans. Poverty, food deprivation and family separations affect many children. This outgoing situation influences the demobilization of children, who show their patriotism and their hatred of the Germans through their letters. Although if wartime representations of the enemy and soldiers still prevail, children continue to express their weariness of the conflict and their desire for a rapid return to normalcy.
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Les promesses de la Bretagne : Mordrel, Delaporte, Lainé, Fouéré : génération de l'apocalypse et mystique nationale (1901-1948) / Brittany's Promises : Mordrel, Delaporte, Lainé and Fouéré : generation of the apocalypse and national mystic (1901-1948)Carney, Sébastien 24 November 2014 (has links)
Au sortir de la Grande Guerre, de jeunes hommes d’une génération promise au combat mais privée de la mission eschatologique qui lui était dévolue, donnent un sens à leur vie en s’investissant dans la lutte pour la Bretagne. Hantés par l’expérience perdue de la guerre, ils conçoivent l’idée que la Bretagne elle-même a perdu la guerre. A leurs yeux, cette défaite justifie leur combat : le nationalisme breton de l’entre-deux-guerres est une guerre continuée, que les biographies croisées de quatre de ces jeunes hommes permettent de suivre, pas à pas.Dans leur lutte, Mordrel, Delaporte, Lainé et Fouéré cherchent des alliés, choisis en fonction d’une parenté de sort supposée. Ce sont d’abord les Irlandais, les Gallois, les Écossais. Mais l’interceltisme est un échec et les nationalistes bretons se tournent vers la Flandre, la Corse et l’Alsace, ainsi que vers l’Allemagne, pays vaincu qui anime clandestinement la contestation des nationalités européennes afin de remettre en cause les traités de 1919.Par ces échanges, les jeunes Bretons inscrivent leur action dans les divers courants de réflexion qui traversent l’Europe de la fin des années 1920 et du début des années 1930. Ainsi, l’expérience de la création d’une littérature bretonnante que l’on espère novatrice est une déclinaison locale de la Révolution conservatrice pensée en Allemagne ; le Parti Autonomiste Breton est fédéraliste et européiste, à l’instar des groupes « réalistes » qui s’expriment à Paris ; les cadres du Parti National Breton font l’expérience du « spiritualisme » et du « personnalisme » que théorisent les « relèves »parisiennes et européennes, certains adhèrent également au nordisme que leur inspirent des intellectuels proches de la SS.Dans cette optique, il apparaît clairement que le combat breton tel qu’il fut mené dans l’entre-deux-guerres n’a rien de spécifiquement breton : il est l’expression locale de mouvements de pensée européens, autant que la projection d’angoisses et de préoccupations personnelles de quelques meneurs plus ou moins charismatiques. Il en résulte une multiplication des revues ou actions aussi complémentaires que concurrentes, ainsi qu’une grande variation de la qualité des relations interpersonnelles, notamment au sujet de questions aussi cruciales en Bretagne que la religion.En 1939, les connivences avec les milieux de la Révolution Conservatrice allemande, les diverses expérimentations idéologiques, les choix personnels et diverses opportunités conduisent les meneurs nationalistes bretons à entretenir une alliance avec l’occupant dont ils obtiennent bien moins que ce qu’ils espèrent, sans toutefois que cela ne remette en cause les gages que nombre de militants bretons ne cessent d’offrir aux Allemands, à divers degrés. Mais si de l’histoire du mouvement breton, on ne retient volontiers que quelques épisodes spectaculaires et dramatiques de la Seconde Guerre mondiale, force est de constater que cette dernière ne fut pour lui qu’une mise en application d’idées énoncées bien avant partout en Europe, et adaptées à la Bretagne par quelques personnalités hors norme. / In the aftermath of the First World War, a generation of young men sworn to combat - yet restricted from the eschatological mission destined to them - resolve to find meaning in their lives by fully devoting themselves to fight for Brittany. Somewhat haunted by the wasteful experience of war, they consider Brittany itself as having failed. In their opinion, this defeat justifies their fight : the Breton nationalism of the inter-war period is a continued war, and can be traced through the biographies of four young men.In their struggle, Mordrel, Delaporte, Lainé and Fouéré seek for allies from supposed similar backgrounds, looking first to Ireland, Wales, and Scotland. Nevertheless, this kind of pan-Celticism fails, so the Breton nationalists direct their energies towards Flanders, Corsica and Alsace - as well as Germany, a defeated country which clandestinely challenges European nationalities, in order to dispute the various 1919 Treaties.As a result of these foreign exchanges, the young Bretons invest themselves into various schools of thought which spread across Europe in the late 1920s and the early 1930s. Thus the creation of a Breton Literature believed to be innovative can indeed be considered as a local variation of German conservative revolutionary thinking. The Breton Autonomist Party is federalist and pro-Europe, such as other 'realist' groups which are forming in Paris. The directors of the Breton National party experiment in « spiritualism » and « personalism » as theorised by Parisian and European « relèves » (relief teams), and some of these directors are also inspired to adhere to Nordism by intellectuals inclose contact with the SS.With all this in mind, it appears that the activities carried out in the name of the « Breton struggle » during the inter-war period are in no way unique to Brittany. Rather, they are the local expression of movements of European thinking, as well as the projection of anxiety and personal issues of some considerably charismatic leaders. This results in an increase in the publication of reviews and actions - both complementary and opposing to the cause - as well big differences in the quality of interpersonal relationships, in particular about issues as crucial to Brittany as religion.In 1939, collusion with the German Conservative Revolution, various ideological experiments, personal decisions, and other diverse factors conduce the nationalist Breton leaders to engage in an alliance with the occupier. This alliance offers them signifìcantly fewer benefits than were hoped for, yet at the same time many Breton militants do not question their involvement and pledges made with the Germans, to varying degrees.If we only remember a few dramatic and sensational episodes of the Breton movement during the Second World War, it must be noted that these episodes are largely the execution of theories circulating long before, all over Europe, and adapted to the Breton cause by a small number of atypical people.
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Les soldats alsaciens-lorrains de la Grande Guerre dans la société française (1918-1939) / Alsatian and Lorrainer soldiers of the Great War in postwar French society (1918-1939)Georges, Raphaël 12 June 2018 (has links)
Cette thèse considère la place réservée aux soldats alsaciens-lorrains de la Grande Guerre dans la société française d’après-guerre, jusqu’à la fin des années 1930. En effet, en raison de l’histoire de leur province, annexée depuis 1871 à l’Empire allemand, ceux-ci sont appelés à servir dans les rangs de l’armée allemande tout au long du conflit. Or, pour l’essentiel, ils deviennent Français au lendemain de la guerre. Dans ce nouveau cadre national, la qualité d’anciens soldats allemands détermine pour beaucoup leur retour à la vie civile, et plus largement leur insertion sociale. Nous proposons donc d’interroger les implications non seulement concrètes, mais aussi symboliques et mémorielles qui caractérisent ce passé militaire hors norme dans le champ de la société française de l’entre-deux-guerres. Pour cela, nous analysons dans un premier temps le processus de retour et d’accueil des soldats, les modalités d’assistance et d’accompagnement en vue de leur réinsertion sociale, notamment pour les mutilés de guerre, ainsi que les recompositions sociales provoquées par leur expérience de guerre. Dans un second temps, nous tentons d’identifier les représentations véhiculées à leur sujet, afin de comprendre les enjeux mémoriels et sociaux qu’elles comportent et qui déterminent leur place dans la société. / This thesis examines the place reserved for Alsatian and Lorrainer soldiers of the Great War in postwar French society, from 1918 until the end of the 1930s. It is indeed because of the history of their province – annexed since 1871 to the German Empire – that they are called to serve as German soldiers throughout the conflict. Yet most of them become French citizens in the aftermath of the war. In this new national setting, it is their status as former German soldiers that largely determines their return to civilian life and, to a greater extent, their social integration. We thus intend to question the practical, symbolic and memory implications of this atypical military past, in the field of French society during the interwar years. To this purpose, we firstly analyze the process of return and reception of the soldiers, the terms and conditions of assistance and support with the aim of their social reintegration – particularly for the disabled veterans – as well as the social reorganizations caused by their war experience. Secondly, we try to identify the representations that were circulated and they were subjected to, so as to understand the memory and social issues at stake that determine their place in society.
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