Cette thèse décrit des engagements pour la cause de personnes disparues au Liban (enlèvement, meurtre ou emprisonnement) durant la guerre civile (1975 à 1989) et les occupations militaires qui ont suivi. Certains proches – notamment des femmes – se sont publiquement engagés depuis les années 1980 pour les retrouver, désigner des responsabilités, faire entendre leurs propres droits. Alliés à d’autres acteurs, ils et elles ont inscrit leur mobilisation de manière plurielle dans l’espace politique où rares sont les dispositifs de traitement du conflit. S’est ainsi façonnée au fil des ans une cause commune malgré leur fragmentation initiale, les drames intimes et les contraintes politiques rencontrées. Le nombre de plus en plus réduit de militants n’a pas tué la cause, mais, à l’épreuve du temps, a transformé les logiques de l’action collective. Par des dispositifs de sensibilisation, l’usage d’outils juridiques et un travail mémoriel, ces militants s’efforcent de faire entendre leur souffrance, mais également de lutter contre l’oubli du conflit voire à obtenir justice. L’observation de leurs activités et l’analyse de leurs témoignages entre 2011 et 2018 m’ont permis de mesurer les effets de leur action sur la cause comme sur leur engagement. Mettre en récit les crimes passés via la formulation d’un problème d’amnésie généralisée n’a pas permis de désigner de responsabilités claires. La remémoration publique des disparus et les procédures engagées en justice par des cause-lawyers ont suscité des dilemmes tant affectifs que stratégiques. C’est finalement à une sociologie des politiques de l’après-conflit au Liban que se propose de contribuer cette thèse / This thesis describes commitments to the cause of the disappeared in Lebanon, disappearances (kidnapping, murder, detention) occurred during the Lebanese civil war (1975-1989) and the military occupations that followed. Some families of missing persons, mostly women, have been publicly committed since the 1980s to finding them, to designate responsibilities, to have their own rights heard. They allied with various actors, and their mobilizations have been embedded in the political space, where few policies focus on post-conflit resolution. These activists have forged a common cause over the years despite the fragmentation of the cases, their parents’ intimate problems and the political constraints for their struggle. The shrinking number of activists did not kill the cause but the test of time has transformed the logics of collective action. Through legal tools, memorial work and “sensitizing devices”, they sought to raise public awareness on their suffering, but also to fight against forgetfulness about the conflict and to obtain justice. Observing their activities and their testimonies between 2011 and 2018 enabled measurement of the effects of their action on their cause and on their commitment. Their telling the story of past crimes through the formulation of a problem of general amnesia did not always enabled a clear designation of responsible parties. The public remembrance of the disappeared and the legal proceedings brought by their cause-lawyers have both given rise to emotional and strategic dilemmas. In the light of the study of these mobilizations, I eventually intend in this thesis to contribute to a sociology of post-conflict politics in Lebanon
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019AIXM0030 |
Date | 05 March 2019 |
Creators | Mirman, Yves |
Contributors | Aix-Marseille, Traïni, Christophe, Catusse, Myriam |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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