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Le débat sur la Bible en langue vulgaire, 1540-1562. Deux traités de Pierre Viret publiés anonymementPaquin, René 02 1900 (has links)
Le droit pour tous les fidèles d’accéder directement aux textes fondateurs du christianisme dans leur idiome maternel fut au nombre des principales réclamations des réformateurs. La Réforme française ne fait exception à ce chapitre. Henri Estienne, dans son Apologie pour Hérodote, signale l’existence de toute une littérature de complainte publiée au début des années 1540. Ces écrits, précise-t-il, parurent «sans le nom des auteurs». C’est en dressant une liste aussi complète que possible de ces opuscules que notre attention fut attirée par deux petits écrits très rares et pratiquement ignorés des bibliographes. Il s’agit des titres suivants :
1) TRAICTE AUQUEL / est deduict s’il est loisible de / lire la saincte Escriture en / langue Vulgaire, & / du fruict qui en peult sortir. (s.l.n.d. , 8⁰, italique, 94 p., signé a-f8, marginales, titres courants, 2 initiales ornées (a 2r⁰; 3v⁰).
2) TRAITE, / QU’IL EST NECESSAIRE / QUE TOUTES GENS DE QUEL- / que qualité, sexe, ou aage, qu’ils / soient, lisent les Saintes Escri- / tures : Et du moyen qu’on / y peut tenir. (s.l., s.n., 1561, avec une marque aux palmes du martyr couronnées), 8o, italique, 36 ff., signé A-D8, E4, marginales, titres courants, 1 initiale (Aii ro).
Ces deux livrets sont de sensibilité nettement réformée. Les nombreuses citations bibliques, littéraires et patristiques, surtout dans le traité de 1561, montrent que ces textes émanent de la plume de maîtres et non de disciples. Plusieurs candidatures à la paternité ont été considérées. De tous les réformateurs, les écrits de Pierre Viret sont ceux qui offrent le plus de ressemblances avec ces deux opuscules. Les observations accumulées jusqu’ici nous ont convaincu que le premier traité, publié en 1544 et signalé pour la première fois dans l’Index prohibitif de l’Université de Paris en 1549 avec la date 1543, constitue l’édition princeps d’un écrit inédit de Pierre Viret, qui sera réédité fort vraisemblablement à Paris sous une forme profondément remaniée avec nouveau titre en 1561. Cette attribution sera prouvée à l’aide de citations, de rapprochement textuels et d’autres arguments fondés sur la critique interne et externe des sources. Nous résumons ici les grandes lignes de notre démonstration.
L’analyse du premier traité (le T1) révèle une étroite parenté de style et d’idées avec les œuvres de Pierre Viret publiées entre 1542 et 1545. Les parallèles et les correspondances se constatent jusque dans le détail. Parmi les textes évoqués, il faut signaler plusieurs emprunts à De la difference qui est entre les superstitions et idolatries des anciens gentilz et payens … (Genève, 1542), un ouvrage important que Viret a souvent réutilisé dans ses écrits postérieurs. Nous avons également retrouvé un bref extrait du T1 dans les Dialogues du desordre qui est a present au monde (Genève, 1545) et dans la Métamorphose chrestienne (1561), ce qui prouve un usage ultérieur de cette source par Viret. Une lecture attentive du T1 révèle aussi un emprunt important à Marie Dentière (Epistre tresutile, 1539) et à Calvin (Epistre monstrant comment Christ est la fin de la loi, 1543). Nos observations nous ont également permis d’avancer des hypothèses plausibles et instructives qu’il restera à valider sur les circonstances de composition du premier traité. On notera un point important : le T1 paraît au moment où la Bible, le Psautier et le Nouveau Testament commencent à être imprimés régulièrement et largement à Genève et à Lyon, deux centres d’édition biblique où s’affirment des discours éristiques très similaires à travers lesquels se discernent, toutefois, une polarisation des enjeux théologiques en matière d’ecclésiologie.
Nos recherches sur le T1 connurent un prolongement avec la découverte du traité de 1561 (le T2). La collation des deux opuscules suggère que le T2 est une réédition profondément remaniée du T1. Ce rapprochement est signalé ici pour la première fois. Les habitudes de travail de Viret, surtout depuis le milieu des années 1550, s’accordent avec cette hypothèse. Il nous fallait toutefois entreprendre un travail minutieux de comparaison entre le T2 et les publications contemporaines de Pierre Viret avant de pouvoir tirer des conclusions sur la paternité du deuxième livret. Les résultats se sont avérés éloquents : le T2 se recoupe avec la plupart de ses écrits publiés entre 1559 et 1565 (parenté très étroite d’idées et de style, reprises textuelles, paraphrases). Le T2 reprend notamment un passage de De la difference qui est entre les supersitions (1542), un ouvrage dont nous avons souligné, à la suite d’autres historiens, l’importance dans le répertoire bibliographique virétien. Nos observations peuvent donc se résumer de la manière suivante : le T1 emprunte à Viret, Viret emprunte au T1 et au T2, et le T2 emprunte au T1 et à Viret.
Viret a sans doute composé le T2 après son départ de Genève (fin septembre 1561) pour la France. Nîmes est le lieu le plus probable de rédaction. Des indications internes, auxquelles s’ajoutent des témoignages externes donnent à penser que Viret a rédigé ce court traité dans le but de rallier le roi de Navarre et sa cour à la cause réformée à un moment où les Huguenots devenaient toujours plus nombreux dans le royaume, en particulier dans le Midi où les familles de haute naissance et les milieux intellectuels adhéraient avec enthousiasme aux thèses réformées. C’est ainsi qu’au début des années 1560, les réformés constituaient une véritable force politique capable d’infléchir la destinée du royaume dans son centre le plus névralgique : la monarchie.
Le T2 est plus précisément contemporain du colloque de Poissy, un événement de grande importance qui se tint à Paris entre le 9 septembre et le 14 octobre 1561. Il y a tout lieu de croire que ce deuxième traité de Viret fut diffusé largement dans la capitale au cours de cette période, puisque le matériel typographique du T2 correspond à celui employé par Nicolas Edoard et Charles Pesnot, deux éditeurs protestants actifs au moment du colloque. À la différence du T1, le T2 paraît donc à un moment où la confessionnalisation des discours religieux a mis en évidence, depuis des années, deux ecclésiologies conflictuelles et irréconciliables. Le T2 paraît également à un moment où s’amorce très nettement la politisation des controverses religieuses dans le contexte gravissime du déclin des Valois et de la montée des Bourbons.
Par son immense production littéraire, à laquelle notre thèse ajoute deux nouvelles sources (qu’on pourra lire ici intégralement avec une annotation scientifique), et par son intense activité sur le terrain - tant dans le milieu genevois-romand qu’en France, depuis le début des années 1560 et jusqu’à sa mort en 1571, juste avant le massacre de la Saint-Barthélemy - Pierre Viret aura non seulement été le témoin, mais également un acteur essentiel du débat entourant la démocratisation de la Bible en langue vulgaire et de l’évolution théologique qui a accompagné cette controverse de premier plan au siècle des Réformes. / A direct access to the foundational texts of the Christian faith in vernacular languages was part of the basic demands of the Protestant Reformation in the 16th century. The French linguistic domaine was no exception in this regard. Henri Estienne, in his Apologie pour Hérodote, alludes to a specific anonymous literature dedicated to this question in response to biblical censorship in the 1540’s. Our investigations in these primary sources lead our attention on two pamphlets which have remained almost unknown to most bibliographers:
1) TRAICTE AUQUEL / est deduict s’il est loisible de / lire la saincte Escriture en / langue Vulgaire, & / du fruict qui en peult sortir. (s.l.n.d. , 80, italique, 94 p., signé a-f8, marginales, titres courants, 2 initiales ornées (a 2r0; 3v0).
2) TRAITE, / QU’IL EST NECESSAIRE / QUE TOUTES GENS DE QUEL- / que qualité, sexe, ou aage, qu’ils / soient, lisent les Saintes Escri- / tures : Et du moyen qu’on / y peut tenir. (s.l., s.n., 1561, avec une marque aux palmes du martyr couronnées), 80, italique, 36 ff., signé A-D8, E4, marginales, titres courants, 1 initiale (Aii ro).
These two treatises clearly disclose a protestant and reformed content. Moreover, the numerous biblical, literary and patristic quotations they contain, more specificaly the 1561 edition, show that they where penned by master’s and not by disciples. Many candidates to their authorship have been considered and among these it is the religious work of Pierre Viret that offers the most ressemblances with the two pamphlets.
The observations summed up to this day have convinced us that the first booklet, published in 1544 and mentioned for the first time in 1549 in the Parisian catalogue of prohibited books (Index de Paris, with the notice 1543) forms the editio princeps of an unprecedented work of the Swiss Reformer. It is part of our thesis that this booklet was later completely rewritten by Pierre Viret and published in Paris in 1561 under a new title.
The Viretian paternity of these two tracts will be proven in the present research with the help of quotations, textual connections and other arguments based on the internal and external criticism of primary sources. Here follows a brief summary of our demonstration.
The analysis of the first booklet (henceforth: T1) reveals a tight relationship with the style and ideas of Pierre Viret as can be seen in his works printed between 1542 and 1555. Among the reminiscent passages, one must point out many borrowings from De la difference qui est entre les superstitions et idolatries des anciens gentilz et payens… (Geneva, 1542), an important work which Viret has often reused in his subsequent writings. We also found a brief extract of T1 in the Dialogues du desordre qui est a present au monde (Geneva, 1545) and in the Métamorphose chrestienne (1561), which prove a later reuse of this source by Viret. A carefull reading of T1 also reveals an import from Marie Dentière’s Epistre tresutile (1539) and Calvin’s Epistre monstrant comment Christ est la fin de la loi (1543). Our findings have also allowed us to put forward plausible and instructive suggestions, which still need to be validated, regarding the immediate editorial context of T1. On this matter, one will note that T1 was released when editions of the Bible, the Psalter and the New Testament were regularly and largely printed both in Geneva and Lyon. These geographical area were two biblical publishing centers following very similar patterns of eristic and religious discourses. Several issues were parts of confessional polarization on both sides.
Our research on T1 was extended with the discovery of the 1561 treatise mentioned earlier (henceforth: T2). A carefull comparison of the two treatises suggests that latter is a profoundly reviewed reedition of the former. We are the first to have made this connexion. Viret’s well known literary habits, specially since the mid 1550’s, confirm this hypothesis. However a meticulous comparative study between T2 and Viret’s contemporary writings had to be undertaken before drawing any conclusion. The results of the inquiry are eloquent: T2 overlaps with most of his books published between 1559 and 1565 (strict textual kinship of ideas and style, verbatim recoveries, paraphrases). T2 even picks up a short extract from an important work De la difference qui est entre les supersitions (1542), a book we have underscored, with other historians, the value in Viret's bibliographical and literary repertoire. In short, our findings can be summarized as follows: T1 borrows from Viret, Viret borrows from T1 and T2, and the latter draws from T1 and Viret.
Viret probably composed T2 shortly after he left Geneva for France (at the end of September 1561). Nîmes is the most likely location where he wrote this tract. Internal indications, to which external testimonies can be added, lead us to think that Viret wrote this short pamphlet with the intention of rallying the King of Navarre, his court and the nobility to the Reformed faith that is at a key moment when the Huguenots where largely increasing in numbers accross the kingdom, especially in the Southern cities where highly ranked families and many intellectuals enthousiastically clinged to the protestant theses. Hence, in the beginning of the 1560’s, Hugenots where forming a genuine political strength capable to inflect the Kingdom’s destiny in its most sensitive center: the monarchy.
T2's context falls in line with the colloque de Poissy, an important event that took place in Paris between September 9 and October 14, 1561. There are reasons to believe that Viret's second treatise was largely disseminated in the French capital city since the printed typographical characters match those used by Nicolas Edoard and Charles Pesnot, namely two protestant printers active at the time of the Poissy colloquium.
Differing on this particular point from T1, T2 was thus produced at a time when the process of "confession-building" of religious discourses was making it all the more evident that two conflictual and irreconcilable ecclesiologies were at stake within the same kingdom. In short, the religious debates where now deploying under a political spin.
Hence, T2 appeared at a very critical moment when religious debates revolved around the political implications of the decline of the Catholic Valois and the rise of the Protestant Bourbons. Less than a year after the publishing of T2, on 2 April 1562, Condé and his Protestant followers seized the city of Orléans. Their example was soon followed by Protestant groups across the realm. The same year saw the outbreak of the first of the eight religious wars that would plague the kingdom during the rest of the century.
By his immense literary input, to which our thesis now adds two new primary sources (which the reader will find herein with scientific annotations), and by his intensive fieldwork as a reformer – both in the Genevan-Swiss milieu and in France since the early 1560’s up until his death in 1571 (one year before the St. Bartholomew's Day massacre) – Pierre Viret will have not only been an important witness but a leading protagonist of the debate over the democratization of the Bible in the vernacular and the theological evolution surrounding this major controversy of the Reformation and post-Reformation era.
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Promenade en enfer : les livres à l'Index de la bibliothèque (fonds ancien) du Séminaire de Québec : prolégomènes à un objet oxymoreLafond, Pierrette 19 April 2018 (has links)
Tableau d’honneur de la Faculté des études supérieures et postdoctorales, 2010-2011 / Longtemps soumises à la censure ecclésiastique, certaines bibliothèques conservaient, dans une section surnommée l'Enfer, des livres prohibés faisant figure d'oxymores dans la constitution de sa collection. Par l'étude de l'un des rares corpus de livres à l'Index encore existants, cette recherche s'intéresse au paradoxe du livre de bibliothèque défendu appréhendé dans sa dimension d'objet de culture matérielle. Objet de médiation sociale et culturelle, et objet de mémoire occultée, porteur de marques subséquentes au contexte de soumission à l'interdit de lecture, l'inventaire et l'examen de ces traces permettent de reconstituer la biographie d'objet du livre censuré et de découvrir la présence d'acteurs impliqués au fil de son histoire tumultueuse. L'analyse de ce corpus remisé en huis-clos dévoile également des similitudes symboliques de condition de communitas envers l'ensemble des ouvrages de la collection régulière, endossant un statut de perpétuelle marginalité qui expliquerait la conservation de ces ouvrages mis à l'Index plutôt que leur destruction.
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La France face à son histoire : les artistes plasticiens et la guerre d’Algérie, de 1954 a nos jours / France face her History : visual artists and the Algerian War, since 1954 to nowadaysGoudal, Émilie 27 January 2014 (has links)
Entre 1954 et 1962, la guerre d’indépendance ou d’Algérie, selon que l’on se place du côté de la victoire ou de la défaite, marque durablement plusieurs générations d’artistes internationaux, tout en traversant et bousculant des questionnements esthétiques quant à la représentation de l’innommable. Cette thèse, qui récolte les traces de cette déchirure franco-algérienne au travers du prisme de l’art, révèle l’importance d’un sujet historique, ignoré par l’histoire de l’art, dont les répercussions sur la politique contemporaine de la France sont encore perceptibles. Terreau d’une génération d’artistes en devenir, qui confortera son engagement social et artistique dans les évènements de Mai 68, mais aussi d’artistes de l’hybridité postcoloniale, qui revendiquent une modernité non hiérarchisée et l’écriture d’une histoire du non dit, la guerre d’Algérie revêt des enjeux fondamentaux dans la construction contemporaine de la scène artistique française et algérienne. Or, alors que la prescription historique d’une cinquantaine d’années est maintenant révolue, il semble que les conflits mémoriaux inhérents à cette défaite française continuent à entraver l’écriture et l’exposition sereines d’une séquence historique, qui apparaît pourtant matricielle dans la construction de la France contemporaine. Aussi, cette étude se propose de porter un regard critique sur la place des représentations de cette « non-histoire » dans les institutions muséales françaises et tente alors de mesurer l’impact d’une histoire encore non consensuelle dans la création artistique actuelle, aujourd’hui percutée par des enjeux de mémoire et politique, et qui de fait interroge la notion même d’identité(s). / From 1954 to 1962, the Independence War or Algerian War — depending on whether the story is narrated from the perspective of the victors or the defeated — touched many generations of international artist, while also penetrating and pushing aesthetic questions about representations of the unspeakable. By tracing the scar of this break between France and Algeria through the prism of art, this thesis reveals the importance of a crucial historical moment, hitherto unexamined by art history, which continues to bear upon contemporary politics in France. Offering exploratory themes not only to a generation of budding artists who affirmed their social and artistic commitments during the events of Mai 68, but also to artists from postcolonial world who proclaimed a modernity without hierarchy and the writing of unsaid histories, the Algerian War produced some of the fundamental issues underpinning the contemporary French and Algerian art worlds. With the historic prescription of a fifty years’ deferral now being over, the conflicted memories of the French defeat continue to trouble the undisturbed writing and exhibition of this sequence of historical events, formative key to construction of contemporary France. Consequently, this study proposes a critical examination of the representation of this “non history” in the French museum. In so doing, it estimates the impact of a “non-consensual” history on contemporary artistic practice touched by issues of memory and politics, and which interrogate notions of identity(ies).
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Methodological challenges in the comparative assessment of effectiveness and safety of oral anticoagulants in individuals with atrial fibrillation using administrative healthcare dataGubaidullina, Liliya 08 1900 (has links)
La fibrillation auriculaire (FA), l’arythmie cardiaque la plus courante est un facteur de risque majeur pour le développement de l’accident vasculaire cérébral ischémique (AVC). Les anticoagulants oraux directs (AOD) ont largement remplacé la warfarine en usage clinique pour la prévention des AVC dans la FA. Cette recherche a examiné deux défis méthodologiques importants qui peuvent survenir dans les études observationnelles sur l’efficacité et l’innocuité comparatives des AOD et de la warfarine. Premièrement : un biais d’information résultant d’une classification erronée de l’exposition au traitement à la warfarine suite aux ajustements de doses fréquentes qui ne sont pas adéquatement consignés dans les données de dispensations pharmacologiques. Deuxièmement : un biais de sélection, en raison de la censure informative, généré par des mécanismes de censure différentiels, chez les patients exposés aux AOD, ou à la warfarine.
À l’aide des données administratives du Québec, j’ai mené trois études de cohortes rétrospectives qui ont portées sur toutes les personnes ayant initié un anticoagulant oral de 2010 à 2016. Ces études étaient restreintes aux résidents du Québec couverts par le régime public d'assurance médicaments (environ 40% de la population au Québec), c’est-à-dire : des personnes âgées de 65 ans et plus; des bénéficiaires de l’aide sociale; des personnes qui n’ont pas accès à une assurance-maladie privée; et les personnes à leur charge.
Dans la première étude, nous avons émis l'hypothèse que les données sur les réclamations en pharmacie ne reflètent pas correctement la durée de la dispensation de la warfarine. Les écarts entre les renouvellements consécutifs étaient plus grands pour la warfarine que les AOD. Dans cette étude, on a trouvé que l'écart moyen pour les usagers de la warfarine était de 9.3 jours (avec un intervalle de confiance de 95% [IC]: 8.97-9.59), l'apixaban de 3.08 jours (IC de 95%: 2.96--3.20), et de 3.15 jours pour le rivaroxaban (IC de 95%: 3.03-3.27). Les écarts entre les renouvellements consécutifs présentaient une plus grande variabilité chez les personnes qui prenaient de la warfarine comparativement à celles qui prenaient des AOD. Cette variation peut refléter les changements de posologie de la warfarine lorsque la dose quotidienne est ajustée par le professionnel de la santé en fonction des résultats du rapport normalisé international (INR). L’ajustement de la dose peut prolonger (ou raccourcir) la période couverte par le nombre de comprimés délivrés.
Dans la deuxième étude, nous avons émis l'hypothèse que la définition de la durée d'exposition basée sur la variable des « jours fournis », disponible dans la base de données, et le délai de grâce fixe, entraîneront une erreur de classification différentielle de l’exposition à la warfarine par rapport aux AOD. Dans cette étude, on a utilisé deux approches pour définir la durée des dispensations : la variable des « jours fournis » disponible dans la base de données ainsi qu’une approche axée sur les données pour la définition de la durée de dispensation qui tient compte des antécédents de distribution précédents. La deuxième étude a révélé qu'en utilisant la variable des « jours fournis », la durée moyenne (et l'écart type) des durées des dispensations pour le dabigatran, le rivaroxaban, et la warfarine étaient de 19 (15), 19 (14), et de 13 (12) jours, respectivement. En utilisant l’approche fondée sur des données, les durées étaient de 20 (16), 19 (15), et de 15 (16) jours, respectivement. Ainsi, l'approche fondée sur les données s’est rapprochée de la variable des « jours fournis » pour les thérapies à dose standard telles que le dabigatran et le rivaroxaban. Une approche axée sur les données pour la définition de la durée de dispensation, qui tient compte des antécédents de distribution précédents, permet de mieux saisir la variabilité de la durée de dispensation de la warfarine par rapport à la méthode basée sur la variable des « jours fournis ». Toutefois, cela n’a pas eu d’impact sur les estimations du rapport de risque sur la sécurité comparative des AOD par rapport à la warfarine.
Dans la troisième étude, nous avons émis l'hypothèse que lors de l'évaluation de l’effet d’un traitement continu avec des anticoagulants oraux (l'analyse per-protocole), la censure élimine les patients les plus malades du groupe des AOD et des patients en meilleure santé du groupe de warfarine. Cela peut baisser l'estimation de l'efficacité et de l'innocuité comparative en faveur des AOD. L’étude a démontré que les mécanismes de censure chez les initiateurs d’AOD et de warfarine étaient différents. Ainsi, certaines covariables pronostiquement significatives, telles que l’insuffisance rénale chronique et l’insuffisance cardiaque congestive, étaient associées avec une augmentation de la probabilité de censure chez les initiateurs d’AOD, et une diminution de la probabilité de censure chez les initiateurs de warfarine. Pour corriger le biais de sélection introduit par la censure, nous avons appliqué la méthode de pondération par la probabilité inverse de censure. Deux stratégies de spécification du modèle pour l’estimation des poids de censure ont été explorées : le modèle non stratifié, et le modèle stratifié en fonction de l’exposition. L’étude a démontré que lorsque les poids de censure sont générés sans tenir compte des dynamiques de censure spécifiques, les estimés ponctuels sont biaisés de 15% en faveur des AOD par rapport à l'ajustement des estimés ponctuels avec des poids de censure stratifiée selon l’exposition (rapport de risque: 1.41; IC de 95%: 1.34, 1.48 et rapport de risque: 1.26; IC de 95%: 1.20, 1.33, respectivement).
Dans l’ensemble, les résultats de cette thèse ont d’importantes implications méthodologiques pour les futures études pharmacoépidémiologiques. À la lumière de ceux-ci, les résultats des études observationnelles précédentes peuvent être revus et une certaine hétérogénéité peut être expliquée. Les résultats pourraient également être extrapolés à d’autres questions cliniques. / Atrial fibrillation (AF), the most common cardiac arrhythmia is a major risk factor for the development of ischemic stroke. Direct oral anticoagulants (DOACs) replaced warfarin in clinical use for stroke prevention in AF. This research investigated two important methodological challenges that may arise in observational studies on the comparative effectiveness and safety of DOACs and warfarin. First, an information bias resulting from misclassification of exposure to dose-varying warfarin therapy when using days supplied value recorded in pharmacy claims data. Second, a selection bias due to informative censoring with differential censoring mechanisms in the DOACs- and the warfarin exposure groups.
Using the Québec administrative databases, I conducted three retrospective cohort studies that included patients initiating an oral anticoagulant between 2010 and 2016. The studies were restricted to Québec residents covered by the public drug insurance plan (about 40% of Québec’s population), including those aged 65 years and older, welfare recipients, those not covered by private medical insurance, and their dependents.
In the first study, we hypothesized that pharmacy claims data inadequately captured the duration of the dispensation of warfarin. Gaps between subsequent dispensations (refill gaps) and their variation are larger for warfarin than for DOACs. In this study, we found that the average refill gap for the users of warfarin was 9.3 days (95% confidence interval [CI]:8.97-9.59), apixaban 3.08 days (95%CI: 2.96--3.20), dabigatran 3.70 days (95%CI: 3.56-3.84) and rivaroxaban 3.15 days (95%CI: 3.03-3.27). The variance of refill gaps was greater among warfarin users than among DOAC users. This variation may reflect the changes in warfarin posology when the daily dose is adjusted by a physician or a pharmacist based on previously observed international normalized ratio (INR) results. The dose adjustment may lead to a prolongation of the period covered by the number of dispensed pills.
In the second study, we hypothesized that the definition of duration of dispensation based on the days supplied value and a fixed grace period will lead to differential misclassification of exposure to warfarin and DOACs. This may bias the estimate of comparative safety in favor of DOACs. In this study, we used two approaches to define the duration of dispensations: the recorded days supplied value, and the longitudinal coverage approximation (data-driven) that may account for individual variation in drug usage patterns. The second study found that using the days supplied, the mean (and standard deviation) dispensation durations for dabigatran, rivaroxaban, and warfarin were 19 (15), 19 (14), and 13 (12) days, respectively. Using the data-driven approach, the durations were 20 (16), 19 (15), and 15 (16) days, respectively. Thus, the data-driven approach closely approximated the recorded days supplied value for the standard dose therapies such as dabigatran and rivaroxaban. For warfarin, the data-driven approach captured more variability in the duration of dispensations compared to the days supplied value, which may better reflect the true drug-taking behavior of warfarin. However, this did not impact the hazard ratio estimates on the comparative safety of DOACs vs. warfarin.
In the third study, we hypothesized that when assessing the effect of continuous treatment with oral anticoagulants (per-protocol effect), censoring removes sicker patients from the DOACs group and healthier patients from the warfarin group. This may bias the estimate of comparative effectiveness and safety in favor of DOACs. The study showed that the mechanisms of censoring in the DOAC and the warfarin exposure groups were different. Thus, prognostically meaningful covariates, such as chronic renal failure and congestive heart failure, had an opposite direction of association with the probability of censoring in the DOACs and warfarin groups. To correct the selection bias introduced by censoring, we applied the inverse probability of censoring weights. Two strategies for the specification of the model for the estimation of censoring weights were explored: exposure-unstratified and exposure-stratified. The study found that exposure-unstratified censoring weights did not account for the differential mechanism of censoring across the treatment group and failed to eliminate the selection bias. The hazard ratio associated with continuous treatment with warfarin versus DOACs adjusted with exposure unstratified censoring weights was 15% biased in favor of DOACs compared to the hazard ratio adjusted with exposure-stratified censoring weights (hazard ratio: 1.41; 95% CI: 1.34, 1.48 and hazard ratio: 1.26; 95%CI: 1.20, 1.33, respectively).
Overall, the findings of this thesis have important methodological implications for future pharmacoepidemiologic studies. Moreover, the results of the previous observational studies can be reappraised, and some heterogeneity can be explained. The findings can be extrapolated to other clinical questions.
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Survivre en poésie dans un régime totalitaire : Yéghiché Tcharents, 1933-1937 (pour une tentative de traduction) / Survice in poetry in a totalitarian regime : Yéghiché Tcharents, 1933-1937 (for a translate's attempt)Mouradian, Élisabeth 16 September 2015 (has links)
Le poète arménien Yéghiché Tcharents (1897-1937) devient victime des répressions staliniennes des années 30. Tcharents est déjà un poète connu lorsque la révolution éclate en Russie. Il voit dans la révolution le sauveur de son peuple au destin tragique. Il croit aux idéaux humanistes de Lénine comme beaucoup de ses contemporains. Cependant, le pouvoir totalitaire de Staline change son regard politique. Sa poésie reflète ses inquiétudes. En 1933, le recueil de poèmes Livre du chemin, un compte-rendu de sa vision poétique de la construction de la nouvelle société, ainsi que de l’éducation de l’homme soviétique, est censuré. Il est publié à nouveau avec des modifications. Tcharents, le poète de tous les combats, ne parvient pas à cacher son désaccord, sa désillusion vis-à-vis du pouvoir politique. Il témoigne à travers sa poésie. Le système répressif ne le laisse plus en paix. Il est inculpé comme contre-révolutionnaire, trotskiste, nationaliste, terroriste. En juillet 1936, il est assigné à résidence. La poésie demeure l’unique espace où il pense et écrit librement. Malade et conscient de l’imminence de sa mort, il survit grâce à sa poésie, dans son univers de visions. L’argumentation de la thèse est construite sur l’analyse littéraire des textes du corpus : le Livre du chemin et les textes poétiques de 1935 à 1937 de Tcharents. Une étude concise du contexte historico-politique de sa poésie et une analyse littéraire de son œuvre avant 1933 sont aussi proposées, permettant de mieux percevoir la complexité des relations entre le poète-individu et son époque, et enfin, de réunir tous les éléments nécessaires de traduction faisant partie de l’objectif de cette étude doctorale. / The Armenian poet Yeghishe Charents (1897-1937) becomes victim of Stalin’s repressions in the Thirties. Charents is already known as a poet when the revolution bursts in Russia. He sees in the revolution the saver of his people with the tragic destiny. Like many of his contemporaries he believes in the humanistic ideals of Lenin. However, the totalitarian power of Stalin changes his political views. His poetry reflects his concerns. In 1933, the collection of poems Book of the way, a report of his poetic vision of the new society, as well as the education of the Soviet man, is censored. It is published with changes. Charents, the poet actively involved in a number of social issues, cannot hide his dissension and disillusion with respect to the political power. He bespeaks through his poetry. The repressive system does not leave him any more in peace. He is accused of being a contra-revolutionist, trotskyist, nationalist, terrorist. In July 1936, he is put under house arrest. Poetry remains the sole space where he thinks and writes freely. Ill and aware of the imminence of his death, he survives in his universe of visions thanks to his poetry.The argumentation of this doctoral thesis is built on the literary analysis of the texts in the corpus: the Book of the way and the poetic texts of 1935 to 1937. A concise study of the historical-political context of his poetry and a literary analysis of his work before 1933 are also proposed. This allows to better perceive the complexity of the relations between the poet-individual and his time and, finally joins all the elements necessary for the translation, which is an objective of this doctoral study.
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De la Bretagne au Québec : le succès de Théodore Botrel (1868-1925), chansonnier bretonHellégouarch, Solenn 08 1900 (has links)
La version intégrale de ce mémoire est disponible uniquement pour consultation individuelle à la Bibliothèque de musique de l’Université de Montréal (www.bib.umontreal.ca/MU). / Le chansonnier breton Théodore Botrel est connu pour être le père du mouvement de propagande de la Bonne Chanson. Ce mouvement naît dans le contexte montmartrois, alors qu’en 1900, les chansonniers se réunissent en Congrès pour discuter de l’avenir de leur art, malmené par le flot infatigable des chansons de café-concert. Ce combat pour la « saine » culture, c’est aussi celui de la IIIe République au nom de la moralité. C’est dans ce contexte que Botrel, débutant dans les cabarets artistiques parisiens, choisit de ne chanter que sa Bretagne dans un répertoire exempt de grivoiseries.
Il s’inscrit alors dans un courant qui embrasse la Belle Époque : le régionalisme. Soucieuse de préserver le particularisme des « petites patries » et face au pouvoir centralisateur parisien, l’élite culturelle régionale entreprend un vaste travail de valorisation des régions. La Bretagne occupe une place particulière dans ce courant en tant que conservatoire de la tradition et principale victime des réformes d’Émile Combes qui s’attaquent aux ferments de son identité : sa langue et sa religion.
Ce mouvement trouve écho au Canada français où l’idéologie dominante brandit l’étendard du nationalisme politico-culturel. Parce qu’ils défendent l’idée de la « vocation française » en Amérique et le maintien des « bonnes mœurs », l’élite traditionnelle et les journaux saluent les venues de Botrel au Québec en 1903 et 1922. Patriotique, catholique et conservateur, le chansonnier bénéficie de la conjoncture historico-culturelle québéco-bretonne.
De Paris à la Bretagne, puis au Canada, Botrel connaît un succès sans égal. / The Breton cabaret singer Théodore Botrel is known as the father of the propagandist movement of La Bonne Chanson. In the context of Montmartre's culture, the year 1900 sees the creation of this movement during a Congress uniting cabaret artists to discuss the future of their art, scoffed by the tireless torrent of café-concert songs. This fight for “sane” culture is also the one of the Third Republic in the name of morality. It is in this context that Botrel, who makes his debut in the Parisian artistic cabarets, chooses to sing only about Brittany and without bawdy talk.
Therefore, he is part of a trend which embraces the Belle Époque : regionalism. Concerned about protecting the distinctive identity of “small homelands” and in the face of Parisian centralizing power, the regional cultural elite begins greatly promoting regions. Brittany occupies a particular place in this trend as conservatory of traditions and as the main victim of the reforms of Émiles Combes which attack the ferments of its identity : language and religion.
This movement finds echo in French Canada where the dominant ideology brandishes the banner of politico-cultural nationalism. Because they defend the idea of the “French vocation” in America and seek to preserve “good customs”, the traditional elite and newspapers welcome Botrels’ visits in Quebec in 1903 and 1922. Patriotic, catholic and conservative, the cabaret singer benefits from the historico-cultural circumstances in Quebec and in Brittany.
From Paris to Brittany, then in Canada, Botrel knows an unequalled success.
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Le journalisme amateur à l'ère d'internet : illusion populaire ou nouvel espace de liberté d'expression ? / Amateur journalism in the internet era : popular illusion or space for freedom of expressionJin, Minjung 21 November 2012 (has links)
Rendue possible par les NTIC, une nouvelle forme de journalisme numérique privilégiant la parole publique a pris son essor. Les amateurs se retrouvent désormais au coeur de l’actualité en tant que source ou témoin. Ce phénomène est présent partout dans le monde, mais la Corée du Sud est considérée comme le pays où la participation des amateurs est la plus active. Dans ce pays, les expériences du journalisme « citoyen » sont liées à la logique d’une alternative aux médias de masse. Le succès du site OhmyNews, considéré comme précurseur du journalisme participatif, est dû à la volonté des Coréens de se saisir d'une liberté de parole dont ils ont été privés jusqu'à la fin des années 80. Initiés par ce succès, de multiples pure players et d’innombrable plateformes participatives sont apparus. Ce phénomène a favorisé le développement du journalisme « amateur » et a engendré la fin de l’ère du monopole des médias traditionnels. Le journalisme amateur à l'heure d'internet est-il et a-t-il les moyens d'être une véritable voix d'expression populaire ? Cette recherche montre que la pratique des amateurs permet une nouvelle forme de l'expression médiatique, mais produit désormais une surabondance de l’expression privée. En particulier, les sites-portails génèrent des recettes publicitaires en exploitant le contenu apporté par les utilisateurs en privilégiant de l’information divertissante. Leur domination sur le marché des médias en ligne est le facteur le plus inquiétant non seulement pour les médias traditionnels mais également pour l’avenir de l’information. En parallèle, nous avons observé l’évolution de la culture de la participation politique depuis l’explosion d’Internet. Les internautes informés par diverses plateformes ont participé activement dans les lieux de discussion proposés par la plupart des sites d’actualités. Ces espaces numériques, en favorisant l’apparition d’une nouvelle scène de débat public, ont accru les capacités de mobilisation des citoyens. Mais, cela a finalement provoqué un contrôle trop sévère d’Internet par l’Etat. Dans ce contexte, le journalisme amateur nous semble instrumentalisé par la logique du marché, tandis que l’espace de la parole citoyenne est de plus en plus réduit dans le champ politique. / Thanks to the NTIC, a new form of digital journalism has arisen, which favours public speech. Amateur journalists now find themselves at the heart of the news, as a source or as a witness. This phenomenon is observed everywhere in the world, but South Korea is thought to be the country where amateur journalists are the most involved. In this country, experiments in "citizen" journalism are linked to the logic of an alternative to mass media. The success of the website Ohmynews, considered as the forerunner of participative journalism, is due to the Koreans' desire to grasp the freedom of speech they have been deprived of until the end of the 80s’. Following this success, numerous pure players and countless participative platforms have appeared. This phenomenon has fostered the development of "amateur" journalism and triggered the end of an era of traditional media monopoly. Still one may asks whether, in the internet era, amateur journalism has the means to be a real voice for popular expression. This research shows that the practice of journalism by amateurs allows a new form of media expression, but at the same time produces a superabundance of private expression. In particular, portal sites generate advertising revenues and highlights entertainment news among the content brought by the users. Their domination over the market of online media is the most worrying factor not only for traditional media but also for the future of information as a whole. At the same time, we have observed, in the internet population, an evolution in the culture of political involvement. The net surfers, who are informed through various platforms, have actively taken part in the spaces of discussion available on most news information websites. These digital spaces have encouraged the emergence of a new scene of public debate which, have increased the means of mobilization of digital citizens. But in the end, it has provoked very severe measures of State control. In this context, it appears that amateur journalism is undermined due to the prevailing rules of marketing, and that the space for citizen speech is more and more reduced.
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Le dramaturge dissident. Le théâtre de Louis Lemercier entre Lumières et Romantisme (suivi de l’édition critique d’Agamemnon et Pinto, ou la journée d’une conspiration) / A dissident playwright between Enlightenment and Romanticism. The dramatic productions of Louis Lemercier. (followed by critical editions of Agamemnon and Pinto, ou la journée d’un conspiration) / Il drammaturgo dissidente. Il teatro di Louis Lemercier tra Illuminismo e Romanticismo (seguito dall’edizione critica di Agamemnon e Pinto, ou la journée d’une conspiration)De Santis, Vincenzo 04 March 2013 (has links)
La production dramatique de Jean-François-Louis-Népomucène Lemercier s’inscrit justement dans ce moment de transition entre ce que l’on a appelé Néoclassicisme et le Romantisme. Né en 1771 et mort en 1840, cet homme de lettres et académicien a assisté aux bouleversements qui ont caractérisé l’histoire de France du tournant des Lumières jusqu’à la Révolution de Juillet et même après. L’étendue de sa vie et surtout de son activité de dramaturge dépassent donc amplement ce « long dix-huitième siècle » que l’histoire littéraire tend à prolonger jusqu’en 1820. Ce travail s’intéresse donc à la production d’un dramaturge qui, dans son ambigüité intrinsèque, s’avère à plusieurs égards révélatrice d’une ambigüité caractérisant de manière plus générale l’ensemble de cette période de transition. Auteur de celle que l’on retient souvent comme la dernière tragédie classique – c’est le cas de son Agamemnon de 1797 – Lemercier est également considéré, déjà à partir du dix-neuvième siècle et notamment par Schlegel, comme l’un des premiers auteurs proprement romantiques, son Pinto de 1800 étant justement une protoforme de drame romantique. Ce travail se compose de deux grandes parties, la première consistant en une étude monographique sur l’ensemble de la production dramatique de Lemercier, la deuxième en une édition critique des œuvres majeures du dramaturge, son Agamemnon, qui représente un de plus grands succès tragiques de la période directoriale dont les reprises continuent jusqu’en 1826, et Pinto, une « comédie historique » qui fut en revanche un succès de scandale lors de sa création à la Comédie-Française et qui encourût par la suite la désapprobation de cinq régimes politiques. / The dramatic productions of Jean-François-Louis Népomucène Lemercier (1771-1840) reveal a transition between Neoclassicism, Preromanticism and Romanticism. This writer and academician witnessed the political and social upheavals that characterized France from the twilight of the Enlightenment until the July Revolution and thereafter. The span of his life and works amply exceeds the "long Eighteenth Century" that literary historians have extended to 1820 (Claude Pichois). This dissertation includes two main parts: a monographic study of Lemercier’s dramatic production and a critical edition of the playwright’s major works, Agamemnon (1797), one of the most successful tragedies during the “Directoire” and to 1826; and Pinto, a “historical comedy” composed between 1798 and 1800, and which was seen as a “romantic” triumph in 1834. Lemercier has often been regarded as the author of one of the last classical tragedies (Agamemnon i.e.); nevertheless, in spite of being, at times, one of Romanticism’s fiercest detractors, he emerges in Nineteenth century criticism – and above all in Schlegel’s writings – as one of the most influential pioneers of romantic drama. The intrinsic ambiguity of Lemercier’s dramatic production reveals the uncertainties of this transitional age. This ambiguity thus demands a holistic approach: the context of Lemercier’s literary works will be analyzed from an esthetic, historical and political point of view, emphasizing their intricate relationships with literary and political authorities and censorship issues throughout the period. / La produzione drammatica di Jean-François-Louis Népomucène Lemercier si inserisce in quel momento di transizione tra Neoclassicismo, Preromanticismo e Romanticismo che caratterizza gli ultimi anni del Diciottesimo e il primo trentennio del Diciannovesimo secolo. Nato nel 1771 e morto nel 1840, questo scrittore e accademico ha assistito agli sconvolgimenti che hanno caratterizzato la storia della Francia dal tournant des Lumières fino alla Rivoluzione di Luglio e anche oltre. La sua vita e la sua attività poetica oltrepassano ampiamente il “lungo Settecento” che la storia letteraria tende ad estendere sino al 1820 già a partire dalla periodizzazione proposta da Claude Pichois. Questo lavoro si concentra sulla produzione di un autore che, nella sua intrinseca ambiguità, è sotto molti aspetti indicativa di un’indeterminatezza che caratterizza più in generale questo periodo di transizione estetico-letteraria. Spesso considerato, in primis da Madame de Stael, come l’autore dell’ultima tragedia classica - è il caso di Agamemnon del 1797 - Lemercier è stato visto, già a partire dal XIX secolo e in particolare da Schlegel, come uno dei primi autori di drammi romantici, di cui Pinto, ou la journée d’une conspiration (1800) rappresenterebbe una protoforma. Il presente lavoro, che si focalizza sul macrotesto teatrale di Lemercier senza tuttavia negligere altri aspetti della sua variegata opera, consta essenzialmente di due sezioni, una dedicata allo studio del macrotesto teatrale dell’autore, con un’attenzione particolare al contesto-storico letterario e alla ricezione; l’altra all’edizione di due opere, Agamemnon e Pinto, che rappresentano per molti aspetti due degli esempi più significativi della sua produzione drammatica. Il rapporto conflittuale di Lemercier con l’autorità politica e con la nascente “scuola” romantica saranno inoltre oggetto di questa riflessione.
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Survivre en poésie dans un régime totalitaire : Yéghiché Tcharents, 1933-1937 (pour une tentative de traduction) / Survice in poetry in a totalitarian regime : Yéghiché Tcharents, 1933-1937 (for a translate's attempt)Venturini, Élisabeth 16 September 2015 (has links)
Le poète arménien Yéghiché Tcharents (1897-1937) devient victime des répressions staliniennes des années 30. Tcharents est déjà un poète connu lorsque la révolution éclate en Russie. Il voit dans la révolution le sauveur de son peuple au destin tragique. Il croit aux idéaux humanistes de Lénine comme beaucoup de ses contemporains. Cependant, le pouvoir totalitaire de Staline change son regard politique. Sa poésie reflète ses inquiétudes. En 1933, le recueil de poèmes Livre du chemin, un compte-rendu de sa vision poétique de la construction de la nouvelle société, ainsi que de l’éducation de l’homme soviétique, est censuré. Il est publié à nouveau avec des modifications. Tcharents, le poète de tous les combats, ne parvient pas à cacher son désaccord, sa désillusion vis-à-vis du pouvoir politique. Il témoigne à travers sa poésie. Le système répressif ne le laisse plus en paix. Il est inculpé comme contre-révolutionnaire, trotskiste, nationaliste, terroriste. En juillet 1936, il est assigné à résidence. La poésie demeure l’unique espace où il pense et écrit librement. Malade et conscient de l’imminence de sa mort, il survit grâce à sa poésie, dans son univers de visions. L’argumentation de la thèse est construite sur l’analyse littéraire des textes du corpus : le Livre du chemin et les textes poétiques de 1935 à 1937 de Tcharents. Une étude concise du contexte historico-politique de sa poésie et une analyse littéraire de son œuvre avant 1933 sont aussi proposées, permettant de mieux percevoir la complexité des relations entre le poète-individu et son époque, et enfin, de réunir tous les éléments nécessaires de traduction faisant partie de l’objectif de cette étude doctorale. / The Armenian poet Yeghishe Charents (1897-1937) becomes victim of Stalin’s repressions in the Thirties. Charents is already known as a poet when the revolution bursts in Russia. He sees in the revolution the saver of his people with the tragic destiny. Like many of his contemporaries he believes in the humanistic ideals of Lenin. However, the totalitarian power of Stalin changes his political views. His poetry reflects his concerns. In 1933, the collection of poems Book of the way, a report of his poetic vision of the new society, as well as the education of the Soviet man, is censored. It is published with changes. Charents, the poet actively involved in a number of social issues, cannot hide his dissension and disillusion with respect to the political power. He bespeaks through his poetry. The repressive system does not leave him any more in peace. He is accused of being a contra-revolutionist, trotskyist, nationalist, terrorist. In July 1936, he is put under house arrest. Poetry remains the sole space where he thinks and writes freely. Ill and aware of the imminence of his death, he survives in his universe of visions thanks to his poetry.The argumentation of this doctoral thesis is built on the literary analysis of the texts in the corpus: the Book of the way and the poetic texts of 1935 to 1937. A concise study of the historical-political context of his poetry and a literary analysis of his work before 1933 are also proposed. This allows to better perceive the complexity of the relations between the poet-individual and his time and, finally joins all the elements necessary for the translation, which is an objective of this doctoral study.
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Le soupçon ludique. Les poètes officiels de la Révolution cubaine, de La Havane à Madrid (1966-2002) / The playful suspicion. The official poets of the Cuban Revolution, from Havana to Madrid (1966-2002) / La sospecha lúdica. Los poetas oficiales de la Revolución cubana, de La Habana a Madrid (1966-2002)Damerdji, Amina 06 October 2018 (has links)
La formation, à partir de 1966, d’un groupe de quatorze poètes autour de la revue El Caimán Barbudo affiliée au Parti Communiste de Cuba a fait émerger un nouvel ethos littéraire. Nous l’appelons « soupçon ludique » pour la méfiance facétieuse qu’il provoque chez le lecteur. Quels sont les traits définitoires, les implications et les incidences idéologiques et esthétiques de cet ethos ? En s’appuyant sur les 48 recueils produits par les membres du groupe entre 1966 et 2002, année de sa dispersion définitive, sur 29 entretiens ainsi que sur le dépouillement de dix fonds d’archives situés à Paris, Madrid et La Havane, cette thèse montre d’abord que la naissance de leur écriture répond à une série d’injonctions politiques et esthétiques paradoxales : être une « avant-garde officielle », rebelle mais pas trop critique, marxiste mais lyrique. Après le renvoi éclair du groupe par le Parti en 1968 puis la forte censure du Quinquennat Gris (1971-1976), l’esprit ludique déserte leurs poèmes politiques devenus solennels et sérieux pour se replier dans la sphère amoureuse et érotique. Dans ces poèmes d’apparence inoffensive, la mise en scène parodique des identités de genre constitue une cri- tique voilée des identités politiques produites par la Révolution. À partir de 1991, la dissidence de plusieurs membres du groupe, sa recomposition partielle autour de la revue Encuentro de la cultura cubana fondée à Madrid en 1996 avec le soutien du gouvernement espagnol invitent à évaluer à nouveaux frais leur écriture : les dissidents quittent le soupçon ludique pour une écriture de la dénonciation qui thématise toutefois le jeu comme le symbole de leurs illusions perdues. / From 1966 onwards, the formation of a group of fourteen poets around the Cuban Communist Party-affiliated journal El Caimàn Barbudo created a new literary ethos named “playful suspicion” because of the mischievous mistrust it provokes in the reader. What are the defining traits, implications and ideological and aesthetic occurrences of this ethos? This dissertation was based on the 48 collections produced by the group members between 1966 and 2002 (year of its final dissolution), on 29 interviews, and on the examination of 10 archival holdings in Paris, Madrid and Havana. This dissertation first shows that the birth of their writ- ing responded to a series of paradoxical political and aesthetic demands: to be an “official avant-garde”, to be rebellious but not overly critical, to be both Marxist and lyrical. After the sudden dismissal of the group by the Party in 1968, then the harsh censorship of the five Grey Years (1971-1976), their playful spirit deserts the political poems which become solemn and serious, and withdraws to the romantic and erotic sphere. The parodic staging of gender identities in these seemingly harmless poems constitutes a veiled criticism of the political identi- ties produced by the Revolution. Starting in 1991, the dissent of several members of the group dissent and its partial recomposition around the journal Encuentro de la cultura cubana founded in Madrid in 1996 with the support of the Spanish government invites a new evaluation of their writing. The dissidents abandon playful suspicion in favor of denunciative writing, which nevertheless thematically places playfulness as a symbol of their lost illusions. / En Cuba, a partir de 1966, se forma un grupo de catorce poetas en torno a la revista El Caimán Barbudo, afiliada al Partido Comunista nacional, generando un nuevo ethos literario que nosotros llamamos “sospecha lúdica”, por el recelo divertido que provoca en el lector. ¿Cuáles son los rasgos definotorios, las implicaciones y los impactos ideológicos y estéticos de este ethos? Para responder la tesis se basa en el estudio de los 48 poemarios escritos por los miembros del grupo entre 1966 y 2002, año de su desaparición, 29 entrevistas y 10 fondos de archivo sitos en Madrid, París y La Habana. El trabajo muestra en primer lugar que el naci- miento de esta escritura responde a una serie de requisitos políticos y estéticos paradójicos: ser una “vanguardia oficial”, rebelde pero no demasiado crítica, marxista pero lírica. En se- gundo lugar mostramos que, después del súbito desahucio del grupo por el Partido y la fuerte censura del Quinquenio gris (1971-1976), el espíritu lúdico deserta los poemas políticos, que se vuelven solemnes y serios, para replegarse en la esfera amorosa y erótica. En estos poemas aparentemente inofensivos, la paródica puesta en escena de identidades de género constituye une crítica velada de las identidades políticas producidas por la Revolución. A partir de 1991, la disidencia de varios miembros del grupo, su parcial recomposición en torno a la revista Encuentro de la cultura cubana, fundada en Madrid en 1996 con el apoyo del gobierno espa- ñol, son elementos que invitan a reevaluar esta escritura: los disidentes abandonan la sospecha lúdica por una escritura de la denuncia que, sin embargo, tematiza el juego como el símbolo de sus ilusiones perdidas.
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