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L'essai chez Marguerite Yourcenar : métamorphoses d'une forme ouverte / Marguerite Yourcenar's Essays : Metamorphoses of an Open FormHébert, Julie 20 March 2010 (has links)
Dans la variété des thèmes et des formes offerte par les essais de Marguerite Yourcenar, s’ébauche et s’affine le « portrait d’une voix », incitant le lecteur à réfléchir, à la suite de l’essayiste elle-même, à l’avertissement de Jorge Luis Borges : « Un écrivain croit parler de beaucoup de choses, mais ce qu’il laisse, s’il a de la chance, c’est une image de soi ». Ces essais où s’affrontent des visions contradictoires du temps et de l’identité, retracent l’histoire de la résistance du moi à son extinction, prônée par un je qui reste souverain par-delà les métamorphoses. Des premiers essais, où la jeune « Marg Yourcenar » s’effraie et s’enchante, dans un style « tendu et orné », de la décadence de l’Occident, aux dernières notes jetées dans ses carnets, la métaphore récurrente de l’érosion traduit le travail d’épure auquel est soumis le genre, comme l’autoportrait qui s’y dessine. Ce travail est sous-tendu par une vision du temps qui oscille entre écoulement et permanence, et d’où émerge la valeur accordée à l’instant, premier pas vers la « magie sympathique » qui permet de s’établir en n’importe quel point du temps humain. Ainsi dilaté aux dimensions de la « constellation » universelle née de rencontres aléatoires ou surdéterminées, le moi inextinguible incarne pourtant les résurgences de l’individualité, enfin acceptée comme voie d’accès à l’universel. Au terme de cinquante ans de pratique de l’essai, Marguerite Yourcenar a conquis la liberté propre au genre, aux confins de l’autobiographie longtemps refusée, en acceptant que ses métamorphoses épousent au plus près la fluidité de la vie individuelle. / Through the variety of themes and forms offered by Marguerite Yourcenar's essays, the "portrait of a voice" progressively takes shape, inclining the reader to ponder, after the essayist herself, Jorge Luis Borges's warning : "A writer thinks he is tackling a lot of subjects; what he leaves behind, however - if he is lucky - is an image of himself". The essays, in which two contadictory conceptions of time and identity constantly clash, testify to the way the "self" resists its extinction, strongly recommended by the "I", which remains supreme beyond the metamorphoses. From the first essays, in which the young "Marg Yourcenar", in a tense and ornate style, appears to be both alarmed and enchanted by the decline of the West, to the last remarks jotted down in her notebooks, the recurring metaphor of the erosion conveys the extent to which the form is being refined, as well as the self-portrait that emerges from it. The process involves a conception of time that wavers between the flowing and the permanent, and brings forth the value given to the moment, first step towards the "sympathetic magic" which enables the reader to settle at any point of the human time. Thus expanded to the dimensions of the universal "constellation" born of random, or highly determined, encounters, the irrepressible "self" still embodies the resurgences of the individuality, accepted at last as a path towards the universal. After writing essays for fifty years, Marguerite Yourcenar conquered the liberty that defines the form and borders on the autobiographical, when she finally allowed its metamorphoses to closely match the fluidity of the individual life.
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Ailleurs ; précédé de L'imaginaire métaphysique d'Yves BonnefoyCharbonneau-Rahm, Roland 08 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / Notre essai porte sur le concept d’imaginaire métaphysique chez Yves Bonnefoy et a pour objectif d’en expliquer la portée et de l’approfondir avec la notion de mélancolie telle que la conçoit Charles Baudelaire, afin de montrer que la proposition de Bonnefoy fonctionne et a sa pertinence comme clef de lecture et comme perspective nouvelle sur la littérature. En effet, si l’essai dans lequel Bonnefoy développe sa pensée est d’une assez courte portée, les thèmes et les idées qu’il regroupe traversent l’œuvre essayistique du poète et rejoignent sa conception de la poésie – que l’on sait influencée par la métaphysique, tout particulièrement plotinienne – et rejaillissent ainsi sur l’ensemble de son œuvre. C’est toutefois avec quelques poèmes de Charles Baudelaire que l’imaginaire métaphysique sera éprouvé vers la fin de l’essai, afin non seulement d’en montrer la justesse mais aussi d’élaborer l’imaginaire métaphysique de Baudelaire lui-même : le concept de Bonnefoy éclaire non seulement ce que peut la poésie, mais aussi celle que tout littéraire porte en soi.
Sur cette toile de fond, l’essai-fiction s’attelle à explorer l’imaginaire métaphysique de son auteur par un dialogue soutenu avec une variété de textes, parmi lesquels une place prépondérante est accordée aux essais littéraires. Sous forme de courts textes suivis inspirés par la pratique fragmentaire prônée par le romantisme allemand, l’essai-fiction explore notamment les rapports au plein air et au paysage conçu comme vécu, le rapport à la mémoire et à l’idéalité rétroactive des souvenirs et ce qu’est le pressentiment d’avoir vu. Une part prépondérante de l’essai-fiction suit, enfin, quelques textes de l’essayiste québécois Yvon Rivard autour de ce qu’il nomme « l’expérience littéraire » et renouvelle ainsi la question de l’imaginaire métaphysique de Bonnefoy, à savoir ce que « donne à voir » la poésie et ce qui est, au fond, la marque de toute expérience créatrice. L’essai-fiction erre ainsi de sommets en vallons et aboutit à son propre « paysage métaphysique » réel, nommé la Maison devant le monde, où recommencent les vagues et s’épuise l’écriture. / Our study is about Yves Bonnefoy’s concept of metaphysical imagination and aims to explain the concept and to further develop it in light of the notion of melancholy promoted by Charles Baudelaire, with the objective of demonstrating that Bonnefoy’s concept applies to and can serve as a relevant tool for the reading and promotion of new conceptualizations in literature. While Bonnefoy’s essay within which he develops his ideas is essentially quite short and might be read as pertinent primarily to poetic musings, those same ideas that are regrouped transcend the essays of the poet and fuel his conceptualization of poetry – which we know is influenced by metaphysics, notably Plotinus’ metaphysics – as reflected in his life’s work. However, it is with a few poems by Charles Baudelaire that the concept of metaphysical imagination will be further tested, with the objective of demonstrating its functionality but also to elaborate further the poet’s own metaphysical imagination beyond its origins: Bonnefoy’s concept sheds light not only on what poetry can do, but also on what every litterary carries within his own self.
Against this backdrop, our essay-fiction explores the metaphysical imagination of its author by putting it in dialogue with multiple writings, attending in particular to literary essays. Through short texts inspired by German Romanticism’s genre of the fragment, our work engages specifically with relations to the outdoors and the landscape, treated in terms of its lived experiences, the relation to memory and the retroactive ideality of memories and the having of a premonition of something or a “glimpse”. A sizable part of the text follows the works of Quebec writer Yvon Rivard revolving around what he calls the “literary experience” and so renews Bonnefoy’s metaphysical imagination’s question, which is about the “glimpse” poetry can offer and what in the end essentially characterizes creative experiences. From peaks to valleys, our work wanders and gives rise to its own yet real “metaphysical landscape”, called the House before the world, where waves renew while the writing slowly exhausts itself.
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