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Travail et responsabilité selon Jean Calvin, une interprétation par le devoir de lieutenance / Work and responsability according to John Calvin, an interpretation by the duty of lieutenancyBauer, Caroline 03 July 2015 (has links)
La thèse analyse la façon dont Calvin justifie un engagement sans limite dans le travail, en faveur de la recherche de prospérité, alors que paradoxalement il condamne la quête d’enrichissement personnel et la poursuite de ses propres intérêts. Le devoir de travailler repose sur un devoir dit de lieutenance (lieu-tenance), qui signifie que tout homme est responsable d’agir tel que Dieu l’aurait fait à sa place. Il en découle la nécessité d’un engagement sans limite dans le travail, un devoir de performance individuelle et une responsabilité sociale. L’humain est compris comme fragile et dépendant des autres, ne pouvant surmonter sa fragilité qu’en s’engageant dans une relation d’alliance avec Dieu et avec les hommes. En contrepartie de son engagement, il trouve le bonheur. Cette interprétation diffère de l’éthique calviniste décrite par Max Weber dans l’Ethique Protestante et l’esprit du capitalisme. Elle accorde une grande valeur aux échanges économiques, à travers lesquels se construit la société. La justice consiste en la mise en œuvre conjointe de l’équité et de la libéralité dans les échanges. / The thesis analyzes the way Calvin justifies a commitment without limit in work, in search of prosperity, while paradoxically condemning the quest for personal enrichment and the pursuit of one’s own interests. The duty to work is based on a duty named lieutenancy. It means that every man or women is responsible for acting as God would have done in his or her place. Goods are given to lead to prosperity as a sign of divine providence in order to constitute a just and contented society. This entails the necessity of a limitless commitment to work, a search for individual performance and social responsibility. The human being is understood as fragile and depending on others, only being able to surmount his or her fragility through a covenantal relationship with God and people. In return for this commitment, he or she finds happiness. This interpretation differs from the Calvinist ethics described by Max Weber in The Protestant Ethic and the spirit of the capitalism. It leads to assigning a high value to economic exchanges, through which a fraternal society is constructed. Justice consists in implementing equity mutually and liberality in the exchanges.
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S'opposer à l'incorporation des professionnels au Québec : une question de justice socialeBélec, Guillaume 04 1900 (has links)
Alors que de multiples compressions ont eu des effets négatifs sur le système public, illustrant la « rigueur budgétaire » des dernières années au Québec, nombreuses sont les pratiques permettant à plusieurs citoyens pourtant très bien nantis d’échapper légalement au fisc. Parmi celles-ci se trouve une stratégie fiscale relativement récente et de plus en plus utilisée: l’incorporation des professionnels. Ce mémoire, qui s’inscrit dans une perspective d’éthique sociale et économique, vise à remettre en question cette pratique fiscale d’un point de vue moral.
Pour ce faire, nous soulignons d’abord les inégalités fiscales évidentes découlant d’un traitement différencié accordé aux professionnels. Comprenons, pour le dire simplement, que les avantages fiscaux liés au statut légal de l’incorporation sont pratiquement inaccessibles à plusieurs entrepreneurs prenant un réel risque financier dont la rémunération est de loin inférieure à une majorité de professionnels pouvant s’incorporer. Or, de telles inégalités posent des problèmes d’équité substantiels, lesquels sont abordés en deuxième partie de ce mémoire. En effet, en permettant l’abaissement du taux effectif d’imposition chez des professionnels bien situés dans l’échelle socio-économique, l’incorporation contrevient notamment à des principes de capacité de payer et à son interprétation possible du sacrifice égal. Enfin, dans la troisième partie de notre projet axée sur une perspective de justice distributive plus largement construite, nous remettons en question la position gouvernementale s’appuyant sur le principe de différence rawlsien et son argument des incitatifs économiques. Nous soulignons, d’une part, qu’une justification de l’incorporation basée sur ces incitatifs laisse place à de larges inégalités et est révélatrice d’une société dans laquelle s’opère une brèche dans la condition élémentaire de communauté. D’autre part, nous soutenons qu’une telle position va à l’encontre d’un ethos égalitariste que devraient promouvoir les citoyens et le gouvernement en respect au principe de différence et que, selon ce point de vue, permettre l’incorporation revient à cautionner une forte injustice. / While many budget cuts have dented public coffers, illustrating the "budgetary rigor" of recent years in Quebec, some fiscal practices allow very well-off citizens to legally reduce their tax burdens. Among them is a relatively recent and increasingly used tax strategy: the incorporation of professionals. This thesis aims to question this tax practice from a moral point of view.
First, we empirically highlight socio-economic inequalities resulting from differential treatment granted to professionals. We assume that the tax advantages associated with the legal status of incorporation are practically inaccessible to many entrepreneurs who take real financial risks and whose remuneration is far less than most professionals who can incorporate. Such inequalities carry substantial equity problems, which will be discussed in the second section of this thesis. Indeed, with the lower effective tax rate of professionals well situated on the socio-economic scale, incorporation contravenes the principle of capacity to pay and its possible interpretation of equal sacrifice. Finally, in the third part of our project focusing on a broader perspective of distributive justice, we question the government's position based on the Rawlsian difference principle and its argument of economic incentives. On one hand, we emphasize that justifying incorporation by appeal to economic incentives leaves place to large inequalities and reveal a society in breach of elementary community condition. On the other, we argue that this viewpoint infringes an egalitarian ethos that should be promoted by the citizens and the government in accordance with the principle of difference and that, according to this view, allowing incorporation amounts to endorse a strong injustice.
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Le modèle ELIE de redistribution des revenus : économie normative et justice socialeGharbi, Jean-Sébastien 12 June 2012 (has links)
Le modèle ELIE (pour Equal Labour Income Equalization) est un modèle inédit de redistribution globale des revenus – qui a été proposé par Serge-Christophe Kolm dans Macrojustice (2005). Les enjeux de ce modèle, qui repose notamment sur une réflexion profonde concernant les implications économiques des systèmes de valeurs acceptés dans les sociétés occidentales contemporaines, méritent d’être discutés. Notre thèse est qu’en prenant ses distances avec le paradigme dominant en économie normative, à savoir le welfarisme, Kolm est conduit à modifier la définition de l’économie normative. Pour être plus précis, alors que l’économie normative ne traitait jusque-là que de la question des modalités de la redistribution, laissant celle de la nature de l’assiette de redistribution à la philosophie morale et politique (comme en atteste la controverse « égalité de quoi ? » initiée par Sen), Kolm entend réintroduire cette seconde question dans le champ de l’économie normative. La thèse se compose de trois parties portant sur les implications de ce changement de paradigme et de la redéfinition du champ de l’économie normative. La première partie s’attache aux fondements du modèle ELIE et plus précisément à la justification de la redistribution des revenus et à la détermination de son intensité à travers la question d’un choix social libéral. La deuxième partie aborde les implications théoriques de ce changement de paradigme et traite plus spécifiquement de la relation du modèle avec la théorie mirrleesienne de la fiscalité optimale et avec le welfarisme en général. La troisième partie se tourne vers les conséquences de ce modèle en termes de règles de redistribution. / The ELIE model (for « Equal Labor Income Equalization ») is a new model of global income redistribution – proposed by Serge-Christophe Kolm in Macrojustice (2005). What is at stake in this model, which is based on a Deep Thought concerning economic implications of values systems accepted in contemporary occidental societies, deserves to be discussed. I defend the idea that by distancing himself from the dominant paradigm in normative economics, namely the welfarism, Kolm is led to modify the definition of normative economics. To be more precise, while until then normative economics dealt only with the question of redistribution modality, leaving the question of nature of redistribution to moral and political philosophy (as shown in the « equality of what? » controversy initiated by Sen), Kolm reintroduces this second question in the field of normative economics. The dissertation is composed of three parts relating to implications of this paradigm shift and to Kolm’s redefinition of normative economics field. The first part focuses on fundaments of the ELIE model and, more precisely, on income redistribution justification and on the determination of the intensity of redistribution, through the question of a liberal social choice. The second part is about implications of this paradigm shift and is devoted more specifically to the relation of the ELIE model with the mirrleesian theory of optimal taxation and with welfarism in general. The third part turns toward this model’s consequences in terms of redistribution rules.
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La social-démocratie. Principes et évolutions d’un modèle politique et social / Social Democracy. Principles and Evolutions of a Social and Political ModelBlanc, Sandrine 04 January 2011 (has links)
Notre thèse offre une lecture des clivages philosophiques à l’arrière-plan de la trajectoire sociale-démocrate. Nous dégageons ainsi deux modèles interprétatifs des institutions sociales-démocrates : le modèle du compromis et celui du libéralisme égalitaire. Sortie de l’orbite marxiste orthodoxe et sur fond d’antinomie entre capitalisme et socialisme, la social-démocratie classique a bien été mise en place dans une logique de compromis par des partis sociaux-démocrates attachés au principe d’appropriation socialiste. Nous avançons qu’il est également possible de réinterpréter le résultat de cette trajectoire historique à partir des exigences rawlsiennes de la justice comme équité, à condition de les étendre à la gouvernance d’entreprise. Ces deux modèles interprétatifs s’opposent sur la question du pluralisme des conceptions de la justice et engagent chacune une conception spécifique de la justice sociale. De plus, ils entraînent des réponses distinctes à la crise contemporaine de la social-démocratie. Le modèle du compromis adapte son projet au nouvel équilibre des forces résultant d’une sociologie politique renouvelée : c’est la piste empruntée par le New Labour. Le modèle libéral égalitaire invite plutôt, sur la base d’une défense de la teneur rawlsienne des principes de justice, à une adaptation des institutions permettant de garantir ou de restaurer leur stabilité. Au final, l’écart entre ces deux identifications possibles constitue l’une des questions majeures auxquelles la tradition sociale-démocrate devra répondre pour clarifier le modèle qu’elle souhaite assumer au XXIème siècle. / In spite of a vast number of political studies on social democracy, little attention has been devoted to its underlying philosophical principles. This doctoral thesis sets out the philosophical distinctions which are crucial to understanding the social-democratic trajectory. It identifies two models through which social democracy can be interpreted, the first centred on the idea of political compromise and the second on liberal egalitarianism. The former echoes the historical development of social democracies. Social democratic parties diverged from Marxist orthodoxy whilst retaining the socialist principle of just appropriation. In this context, social democratic institutions took shape as social democrats compromised with capitalist interests. We suggest, in the second model, that the institutions born through this process are consistent with the Rawlsian perspective of justice as fairness, provided we expand its scope to corporate governance. These rival interpretations of social democracy differ in their conception of social justice and in their stance on the pluralism of conceptions of justice. Moreover, they provide distinct answers to the contemporary crisis of social democracy. The model based on compromise adapts its programme to a new balance of political power resulting from a renewed political sociology – the path followed by the New Labour. The liberal egalitarian model seeks instead to adapt those institutions that can restore support for the Rawlsian principles of justice. Ultimately, the tension between these two interpretations is one of the major questions social democrats need to address to clarify the model they want to put forward in the 21st Century.
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Cristiano, Lionel, Angelina, Gérard et les Français : les rémunérations des stars au prisme de la justice sociale / Cristiano, Lionel,Angelina, Gerard and the French : stars' earnings in the light of social justiceDiallo, Alexandre 27 September 2018 (has links)
Cette recherche doctorale examine, dans un pays en proie à une « passion pour l’égalité » (Forsé et al, 2013), le degré d’acceptation à l’égard des très hauts revenus. Elle se situe au croisement de la sociologie des inégalités, de l’économie du vedettariat et de la justice sociale.Déjà présente dans le débat opposant John Rawls (1971 et 2001) et Robert Nozick (1974) au travers de l’exemple de Wilt Chamberlain, la figure de la star nous permet de répondre à une question centrale et contemporaine : les très hautes rémunérations sont-elles justes socialement ? La thèse se base sur un travail qualitatif articulé autour de la réalisation et de l’analyse de 55 entretiens semi-directifs. Elle repose également sur un travail d’analyse quantitative qui a permis de représenter l’évolution des inégalités de revenus ainsi que l’évolution des revenus des sportif.ve.s et des comédien.ne.s les mieux payé.e.s en France et dans le monde. Des régressions linéaires ayant pour variables à expliquer les rémunérations des stars de football ou de cinéma permettent de mesurer l’effet propre des caractéristiques individuelles des stars.La première partie détermine la place occupée par les comédien.ne.s et les footballeurs professionnels, désigné.e.s par la presse comme stars, dans la distribution des revenus en France. La deuxième partie élabore une définition subjective du statut de star et restitue les déterminants, selon les personnes interrogées, de la rémunération des stars. L’analyse des réponses des personnes interrogées à propos des facteurs explicatifs des revenus des cadres d’entreprise permet de mettre en avant la spécificité des stars. La troisième partie analyse l’opinion des Français à l’égard des revenus des stars. Inspirée de l’enquête PISJ (Forsé et Galland, 2011), une liste de 10 métiers – ou statuts — appartenant au décile (voire pour certains au centile ou au millime) supérieur (star de cinéma, star de football, blogueur, mannequin, animateur de télévision, médecin généraliste, professeur d’université, ministre, cadre supérieur et PDG d’une grande entreprise) a permis de constituer un dispositif empirique destiné à apprécier le degré d’acceptation à l’égard des rémunérations des stars dans une réflexion élargie aux plus hautes rémunérations. Il en résulte que le niveau de la rémunération de Cristiano Ronaldo, de Lionel Messi, d’Angelina Jolie et de Gérard Depardieu n’est accepté ni en raison d’une justification libertarienne (Nozick, 1974) ni par rejet de l’arbitraire du mérite individuel (Rawls, 1971 et 2001). Les très hauts revenus — et notamment ceux des stars — font l’objet d’une acceptation qui s’explique majoritairement par la combinaison d’un principe de stratification (logique individuelle de contribution-rétribution) et d’un principe de correction (l’utilité sociale). Enfin, l’examen des variables sociodémographiques montre que plus la personne se situe à gauche du spectre politique, plus elle critique les très hautes rémunérations. L’acceptation des très hauts revenus est donc un jeu à trois pôles entre une logique économique (contribution individuelle-rétribution individuelle), un principe de correction (l’utilité sociale) et un attachement à la notion d’égalité (le positionnement politique). / Drawing on the sociology of inequality, the star system economy and social justice, this PhD dissertation aims to examine whether French people, who live in an “equality-obsessed country“ (Forsé et al. 2013), accept high earnings.The “star”, which has already been used in the debate between Rawls (1971; 2001) and Nozick (1974) through the example of the well-known NBA star-player Wilt Chamberlain, enables us to answer one key and contemporary question: do people believe that high earnings are socially fair? To investigate this issue, I used both qualitative and quantitative methods, working with a total sample of 59 interviewees and conducting 55 semi-structured interviews, each two-hours long on average. The quantitative part of my research consists of a statistical analysis using multiple data sources (INSEE, WID, annual pundit surveys…), in order to provide an account of the evolution of movie and football stars’ earnings, in relation to the general evolution of incomes and incomes in the top percentiles (top 1%, top 0.1%, top 0.01%, and top 0.001%). Regression linear analyses allow us to determine the impact of the stars’ individual characteristics.The aim of the first part of this dissertation is to find how the top paid football players and actors (dubbed as football stars and movie stars by the press) are ranked in France’s income distribution. The second part seeks to provide a subjective definition of the star’s status and to identify, according to the interviewees, how their earnings are garnered. The analysis of the factors explaining the earnings of management executives by the interviewees helps us to insist on the specificity of the stars’ earnings. The third part examines French opinion on stars’ earnings. Using a PISJ-inspired list (Forsé et Galland, 2011) of 10 jobs or statuses belonging to the 10% (or top 1% or top 0.1%) (movie star, football-star, blogger, model, TV host, doctor, university teacher, management executive), I tried to investigate empirically the interviewees’ attitude towards not only stars’ earnings but high earnings in general.Finally, my research shows that interviewees accept the position of Cristiano, Lionel, Angelina Jolie and Gérard Depardieu among top earners, and agree with their earnings exceeding millions of euros. The joint use of the two principles (on the one hand, the stratification principle, based on the acceptance of an economics-based logic, and on the other hand, the corrective principle of social utility) leads to a reasoned acceptance of the earnings of movie stars and football stars. I therefore show that the acceptance of the level of movie stars’ and football stars’ earnings differs from the libertarian approach of Robert Nozick (1974) and from the rejection of individual merit (Rawls, 1971 and 2001). The analysis of the interviewees’ answers in relation to sociodemographic variables indicates that there is a link between the interviewees’ political beliefs and their attitude toward high earnings. The more left-wing they declared themselves, the more critical they were of the perceived hierarchy in earnings and of the very high ones. The acceptance of high earnings can be seen as a ménage-à-trois between an economics-based logic (individual contribution leads to individual earning), a corrective principle (social utility) and the valuation of equality (political belief).
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La performativité algorithmique : construction identitaire et interférenceBeaupré-Daignault, Alexis 08 1900 (has links)
Dans ce mémoire, nous tentons de déterminer si les SIA participent à la détérioration de la justice sociale. En ce sens, notre hypothèse est qu’une force performative émerge de la répétition des décisions algorithmiques, laquelle interfère avec la construction identitaire des individus. Selon le cadre d’analyse préconisé, lequel s’inscrit au sein de la conception de la justice d’Iris Marion Young, nous soutenons que l’interférence identitaire est injuste puisqu’elle contribue à l’oppression de l’impérialisme culturel. S’avérant, ce phénomène de performativité algorithmique expliquerait, d’une part, l’interaction entre l’identité et les algorithmes, et permettrait d’autre part son exploitation. Ultimement, nous soutenons que la performativité des algorithmes pourrait être manipulée afin qu’elle soit mise au service de la justice sociale. / In this thesis, we try to determine if artificial intelligence systems contribute to the deterioration of social justice. In this sense, our hypothesis is that a performative force emerges from the repetition of algorithmic decisions, which interferes with the identity construction of individuals. According to the recommended analytical framework, which is part of Iris Marion Young's conception of justice, we argue that identity interference is unjust because it contributes to the oppression of cultural imperialism. If it turns out, this phenomenon of algorithmic performativity would explain, on the one hand, the interaction between identity and algorithms, and on the other hand allow the exploitation of the latter. Ultimately, we argue that the performativity of algorithms could be manipulated so that it is put at the service of social justice.
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L'horreur cinématographique et la justice sociale à l'ère de Black Lives Matter et du #MeTooCarignan, Rosalie 08 1900 (has links)
La présente étude propose une analyse des intersections entre les luttes sociales et les films d’horreur issus de la dernière décennie. En premier lieu, elle se penche sur l’émergence des mouvements Black Lives Matter et #MeToo au sein du paysage sociohistorique des années 2010 en présentant des événements précurseurs comme les émeutes de Los Angeles en 1992 et l’élection présidentielle de Donald Trump en 2017 avant de décortiquer les politiques spécifiques aux mouvements. Ensuite, l’étude se penche sur la signifiance des sous-genres de l’horreur cinématographique – notamment les films d’entailles, de viol-revanche et d’horreur Noire – dans le contexte des études culturelles en s’attardant plus particulièrement aux écrits de Carol J. Clover, Kevin Wynter et Robin R. Means Coleman. L’essai revisite finalement les contextes sociohistoriques et la théorie culturelle dans l’analyse des neuf longs-métrages constituant le corpus d’œuvres, soit Get Out (Jordan Peele, 2017), Revenge (Coralie Fargeat, 2017), Cam (Daniel Goldhaber, 2018), The Perfection (Richard Shepard, 2019), His House (Remi Weekes, 2020), Bad Hair (Justin Simien, 2020), Candyman (Nia DaCosta, 2021), Scream (Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, 2022) et Master (Mariama Diallo, 2022), afin de faire ressortir l’influence que les politiques de Black Lives Matter et #MeToo ont eu sur le traitement esthético-narratif des rapports de « race », des agressions sexuelles et de la justice sociale. / This study analyzes the intersections between social struggles and the horror films of the last decade. First, it examines the emergence of the Black Lives Matter and #MeToo movements within the socio-historical landscape of the 2010s, presenting precursor events such as the 1992 Los Angeles riot and Donald Trump's 2017 presidential election before unpacking the movements' specific politics. Next, the study examines the significance of the horror subgenres – most notably the slasher, rape-revenge and Black horror films – in the context of cultural studies, focusing in particular on the writings of Carol J. Clover, Kevin Wynter and Robin R. Means Coleman. The essay then revisits elements of the socio-historical contexts and the cultural study writings in the analysis of the nine feature films making up the corpus, namely Get Out (Jordan Peele, 2017), Revenge (Coralie Fargeat, 2017), Cam (Daniel Goldhaber, 2018), The Perfection (Richard Shepard, 2019), His House (Remi Weekes, 2020), Bad Hair (Justin Simien, 2020), Candyman (Nia DaCosta, 2021), Scream (Matt Bettinelli-Olpin and Tyler Gillett, 2022) and Master (Mariama Diallo, 2022), in order to highlight the influence that the politics of Black Lives Matter and #MeToo have had on the aesthetic and narrative treatment of "race" relations, sexual violence and social justice.
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Les combats des défenseurs des droits en Russie post-soviétique : l'exemple d'une association d'aide aux migrants et aux réfugiésBlais, Agnès 13 December 2023 (has links)
Le mouvement de défense des droits qui a émergé en URSS dans les années 1960, a contribué à la mise en pratique des droits internationaux inscrits dans des traités. Il a légué une éthique de non-violence, de soutien aux victimes de l'arbitraire, d'action dans les cadres du droit, d'appels au respect de la Constitution russe et de recours aux traités internationaux relatifs aux droits de l'homme et aux institutions transnationales chargées de les garantir. Dans la Russie post-soviétique, cette mémoire de la défense des droits s'actualise et se régénère à travers l'engagement de jeunes défenseurs des droits dans un contexte de forte répression des voix dissidentes et critiques du pouvoir depuis le tournant autoritaire de 2012. Cette thèse aborde l'évolution du mouvement de défense des droits de l'homme et du milieu associatif dans la Russie des années 2010, et celle de la catégorisation des étrangers. Elle s'inscrit dans le questionnement anthropologique sur la concrétisation et la mise en pratique des droits de l'homme. Pour ce faire, elle arrime les combats des défenseurs des droits à l'ethnographie, effectuée entre 2012 et 2016, d'une association russe d'aide aux migrants et aux réfugiés située à Moscou : le Comité « Assistance civique » (CAC). Dans une perspective historique et anthropologique, l'aide octroyée par le CAC est étudiée en suivant, depuis l'éclatement de l'URSS, les vagues d'exilés qui arrivent à Moscou ou les personnes qui deviennent des étrangers, soit parce qu'elles n'arrivent pas à se légaliser, soit parce qu'elles ne peuvent pas accéder à la pleine citoyenneté en raison de la xénophobie, ou d'obstacles bureaucratiques et législatifs. L'objectif est d'analyser, d'un côté, qui est étranger en Russie et comment ces étrangers sont traités par les instances étatiques et, d'un autre côté, de mettre en relief les solidarités qui s'expriment au sein du CAC en lien avec l'accueil des étrangers et les limites de cette aide. Dans les années 1990, le CAC vient en aide essentiellement aux réfugiés de l'ex-URSS, puis aux déplacés intérieurs de la Tchétchénie. À partir de 1998, il devient le principal partenaire du Haut Commissariat aux réfugiés en Russie. Il s'inscrit alors dans un réseau d'aide humanitaire transnationale aux normes juridiques définies et accueille des réfugiés de pays plus éloignés. Outre les arrivées successives des citoyens ex-soviétiques, des Afghans, des Syriens et des Ukrainiens, cette thèse se penche plus spécifiquement sur la « vie sociale des droits » (Goodale 2009) des migrants et des réfugiés de différents pays d'Afrique qui se retrouvent à Moscou dans une situation particulièrement vulnérable et étudie la violence institutionnelle et populaire dont ils peuvent être victimes, ainsi que les violations de leurs droits La réalisation des droits des migrants et des réfugiés est entravée par le contexte de répression des associations et des défenseurs des droits, par un discours étatique qui fait primer la sécurité de l'État sur les droits individuels et en opposition aux valeurs occidentales (dont les droits de l'homme), par la primauté du critère ethnique sur la promotion d'une citoyenneté individuelle, par une approche policière des migrations et par la réduction des migrants et des réfugiés à des travailleurs temporaires. Les membres du CAC se battent pour l'application du droit d'asile et la réalisation des droits civiques et socioéconomiques. Pour ce faire, ils ont recours au discours des droits et aux instances internationales et transnationales qui les soutiennent. Toutefois, afin d'offrir une aide plus efficace et humaine, ils combinent à leur approche juridique dominante, des solidarités plus pragmatiques, un engagement personnel fort et une aide humanitaire et caritative. / The human rights movement that emerged in the USSR in the 1960s has contributed to the implementation of international rights written in treaties. It has transmitted an ethic of non-violence, support for the victims of arbitrariness, action within the framework of law, calls for the respect of the Russian Constitution, and recourse to international treaties on human rights and transnational institutions responsible for guaranteeing them. In post-Soviet Russia, this memory of the defense of rights is being updated and regenerated through the engagement of young human rights defenders in a context of strong repression of dissenting voices and critics of power since the authoritarian turn of 2012. This thesis examines the development of the human rights movement and associations in Russia in the 2010s, and the evolution of foreigners' categorizations. It participates to the anthropological questioning of the realization of human rights. To do this, it links the struggles of human rights defenders to the ethnography, carried out between 2012 and 2016, of a Russian association helping migrants and refugees and located in Moscow: the "Civic Assistance" Committee (CAC). From a historical and anthropological perspective, the help given by the CAC is studied by following, since the breakup of the USSR, the waves of refugees who arrive in Moscow or the people becoming foreigners, either because they fail to legalize, either because they cannot have access to full citizenship due to xenophobia, or bureaucratic and legislative obstacles. The objective is to analyze, on the one hand, who is a foreigner in Russia and how these foreigners are treated by state authorities and, on the other hand, to highlight the solidarities that are expressed within the CAC in connection with the reception of foreigners and the limits of this assistance. In the 1990s, the CAC provided aid primarily to refugees from the former USSR, then to internally displaced persons from Chechnya. In 1998, it became the main partner of the High Commissioner for Refugees in Russia. Therefore, it was further involved in a transnational humanitarian aid network with defined legal standards, and welcomed refugees from more distant countries. In addition to the successive arrivals of ex-Soviet citizens, Afghans, Syrians and Ukrainians, this thesis examines more specifically the "social life of rights" (Goodale 2009) of migrants and refugees from different African countries, who are in a particularly vulnerable situation in Moscow, and studies the institutional and popular violence they may suffer, as well as the violations of their rights The realization of the rights of migrants and refugees is hampered by the context of repression of associations and activists, by a state discourse that prioritizes security over individual rights and in opposition to Western values (including human rights), by the primacy of the ethnic criterion over the promotion of individual citizenship, by a police approach to migration, and by the reduction of migrants and refugees to temporary workers. Activists at the CAC fight for the application of the right of asylum and the realization of civil and socioeconomic rights. To do this, they rely on the discourse of rights and the international and transnational bodies that support them. However, in order to offer an aid that is more effective and humane, they combine their dominant legal approach with more pragmatic solidarity, strong personal commitment and humanitarian and charitable aid.
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Lutte au racisme et organismes communautaires dans les villes de Québec et Montréal : enjeux et contre-pouvoirBoutet, Benjamin-André 14 November 2024 (has links)
Le présent mémoire consiste en une étude anthropologique portant sur le rôle des organismes à but non lucratif (OBNL) dans les villes de Québec et de Montréal dans la lutte au racisme ainsi que sur les enjeux que ceux-ci peuvent vivre. Certains de ces organismes adoptent une approche militante, tandis que d'autres se concentrent davantage sur la distribution de services aux personnes immigrantes. Cependant, dans les deux cas, ces OBNL se retrouvent dans des situations où ils sont confrontés à des situations de racisme et leur implication dans la lutte demeure très importante. Afin de cerner le rôle de ces OBNL dans la lutte au racisme ainsi que les enjeux que ceux-ci peuvent vivre, j'ai réalisé douze entretiens semi-dirigés auprès de membres de douze organismes différents travaillant tous de près ou de loin sur des enjeux liés au racisme. Les résultats démontrent que le financement est l'un des principaux enjeux que vivent les OBNL. En effet, la majorité des OBNL sont sous-financés par le gouvernement québécois et peinent à répondre à leurs objectifs. Cependant, les membres des OBNL font preuve d'agencéité et, malgré le problème de financement, réussissent à élaborer des stratégies afin d'honorer leur mission et de répondre à la demande. Les résultats montrent également que ces OBNL tiennent un rôle de contre-pouvoir face à l'État québécois, avec lequel ils sont parfois en opposition sur le plan idéologique. Par exemple, le débat du racisme systémique n'est pas toujours abordé de la même manière chez les membres des OBNL et les acteurs gouvernementaux. Bien que le gouvernement reconnaisse l'existence du racisme, la dimension systémique ne fait pas l'unanimité. Cela cause donc des divergences dans les moyens employés pour lutter contre le racisme dans la province du Québec. / This master's thesis is an anthropological study examining the role of non-profit organizations in Quebec City and Montreal concerning the fight against racism and the issues they encounter in fulfilling this role. Sometimes these organizations are fully committed to their activism, while at other times they are more involved in providing services to immigrants. However, in both cases, these NPOs find themselves in situations where they are confronted with racism, and their involvement in the struggle remains very important. In order to analyze the role of these NPOs in the fight against racism, as well as the challenges they may face, I conducted twelve semi-structured interviews with members of twelve different organizations working directly or indirectly on issues related to racism. The results show that funding is one of the main issues facing NPOs. Indeed, the majority of NPOs are underfunded by the Quebec government, and struggle to meet their objectives. However, NPO members are resourceful, and despite their funding shortages, they manage to develop strategies to honor their mission and meet the needs of the population they serve. The results also show that these NPOs act as a counterpower to the Quebec state, with which they are sometimes ideologically opposed. For example, the debate on systemic racism is not always approached in the same way by NPO members and government players. Although the government acknowledges the existence of racism, the systemic dimension is not unanimously accepted. This leads to differences in the means used to combat racism in the province of Quebec.
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Le leadership en matière de justice sociale : cas d’une direction d’école primaire francophone de milieu défavorisé de MontréalSballil, Ibrahim 04 1900 (has links)
Cette recherche consiste en une étude de cas qui a pour objectif de décrire en quoi consiste l’exercice d’un leadership porté sur la justice sociale par une direction d’école primaire de milieu défavorisé de Montréal (cas exemplaire).
En utilisant le cadre opérationnel pour l’étude du leadership transformatif, un concept très proche de celui de la justice sociale élaboré par Archambault et Garon (2011a), nous avons tracé le portrait émergeant du discours de la direction de l’école, des autres acteurs de l’école (enseignants et autres membres de l’équipe-école, parents et membres de la communauté) et de notre observation continue (shadowing) de la direction.
Ce portrait présente les trois constituantes du cadre conceptuel. Tout d’abord, il fera état des connaissances portant sur la notion de leadership de justice sociale, sur le contexte des élèves de milieu défavorisé et sur leurs attitudes et comportements liés à la justice sociale. Il présentera aussi des attitudes, croyances et valeurs traduisant la volonté du leader de changer les choses pour promouvoir plus de justice sociale au sein de son école. Finalement, ce portrait fera état des comportements (rapportés ou observés) qui traduisent la mise en place par la direction de l’école de stratégies pour changer les choses vers plus de justice sociale. Le portrait émergeant placerait la direction d’école étudiée dans la lignée des directions ayant un intérêt pour la justice sociale dans les milieux défavorisés de Montréal et qui mettent en œuvres des actions pour redresser les injustices au sein de leurs écoles (Archambault et Garon, 2013).
Cette étude de cas présente, en plus, un portrait bâti sur la base de l’observation de la direction jumelée à des entrevues semi-dirigées avec elle-même, avec d’autres membres de l’équipe-école et des membres de la communauté scolaire en général; notre étude présente de ce point de vue un portrait assez complet et nuancé du leadership porté sur la justice sociale de la direction de l’école. Elle met également en évidence l’utilité du cadre opérationnel pour l’étude de leadership transformatif (Archambault et Garon, 2011a).
Cette recherche n’aspire pas à une quelconque généralisation de ses résultats, c’est une étude de cas qui espère toutefois avoir présenté un cas exemplaire qui répondrait à l’intérêt pour l’étude du leadership de justice sociale dans le contexte des écoles primaires de milieux défavorisés de Montréal / This qualitative case study aims at drawing a portrait of an elementary school principal practicing a leadership for social justice in disadvantaged areas of Montreal.
Using the operational framework for the study of transformative leadership (Archambault & Garon, 2011a), we present an emerging portrait from the discourse of the principal, teachers and other members of the school staff and from the shadowing of the principal. This portrait presents first, the knowledge of the leader concerning leadership for social justice and matters related to justice at school. Second, it presents the leader’s attitudes, beliefs and values reflecting her desire to change things towards more justice in her school. Third, the portrait presents reported behaviours (self-reported or reported by other participants) and observed behaviours reflecting strategies implemented by the leader to effect change towards more justice.
This portrait aligns the studied principal with those showing interest for social justice and acting to change things to promote equity and justice in their schools from disadvantaged areas of Montreal as reveled by the study of Archambault & Garon (2013).
The case study presents a portrait built from results obtained from shadowing combined with interviews with the principal herself and with other participants, thus it presents a fairly complete and nuanced picture of the leadership for social justice practiced by the principal. It also shows the utility of the operational framework for the study of transformative leadership (Archambault & Garon, 2011a).
Due to its nature (case study), this research does not aspire to any generalisation of its results; it rather pretends to present an instructive case to meet the interest for studying the leadership for social justice in elementary schools from disadvantaged areas of Montreal
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