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En plein milieu des confins - Éléments pour la construction d'une réflexion en traduction pragmatiqueFroeliger, Nicolas 10 June 2013 (has links) (PDF)
Cette note de synthèse se donne pour visée, comme son sous-titre l'indique, de contribuer à la construction d'une recherche en traductologie pragmatique. Cette tâche apparaît nécessaire dans la mesure où cette composante de la traductologie, science elle-même en devenir, s'interroge encore sur son périmètre, ses objectifs et ses voisinages intellectuels, tout en reposant sur une activité professionnelle elle-même en plein développement et en pleine mutation. L'ensemble reprend sous une forme thématique, mais aussi dans une certaine mesure chronologique, les jalons qui m'ont permis d'affiner ma réflexion après une thèse en littérature américaine. Les articles et contributions à des colloques sur lesquels s'est édifiée cette réflexion sont mentionnés en bas de page. D'autres sont en projet. L'essentiel de ces travaux repose sur des exemples dans le sens anglais-français, qui ne sont toutefois évoqués qu'allusivement dans cette note de synthèse, faute de place. L'introduction fournit tout d'abord l'occasion de revenir sur les multiples acceptions du mot traduction, dans la langue de tous les jours, mais surtout les principaux auteurs de ce domaine. Pour ces derniers, la traduction est à la fois une opération ; un moteur, défini avant tout par son objet ; et un produit, qui s'intègre à un ensemble de métiers. Toujours, en tout cas, elle est difficile à cerner, ce qui justifie le recours au discours métaphorique pour mieux la comprendre - au point qu'on peut se demander si la traduction n'est pas ce qui permet d'appréhender le concept de métaphore... Dans ce contexte labile et saturé d'idéologie, il s'agit de dessiner des lignes de partage afin de situer, en l'occurrence, la traduction et la traductologie pragmatiques. La première se définit par une visée de communication, la seconde par la volonté de faire correspondre une recherche et une pratique professionnelle assises sur un ensemble de métiers en pleine évolution. Mais pour commencer, il importe de revenir sur le parcours intellectuel qui mène à cette conclusion. Celui-ci m'a d'abord valu (parallèlement à une activité de traducteur professionnel) de m'intéresser à la littérature américaine contemporaine, avec une thèse sur les romans de Thomas Pynchon (chapitre 1 : Thomas Pynchon : les contraires contrariés). Organisée autour des questions de limite, celle-ci a été soutenue en 1995, et explore la manière dont Pynchon utilise l'épistémologie du XXe siècle pour subvertir, notamment par les stratégies narratives et discursives et par la mise en cause des modes de la représentation, divers repères traditionnels de la forme romanesque : unité des personnages ou temporalité, en particulier. Ce retour critique appelle trois remarques : tout d'abord, les ouvrages publiés par Pynchon après la soutenance de cette thèse viennent plutôt conforter mes observations que les infirmer ; ensuite, et en corollaire, il est peu probable que j'eusse pu pousser cette recherche beaucoup plus avant ; enfin, la véritable originalité de ce travail est de m'avoir permis d'aborder en traducteur technique l'œuvre d'un auteur qui recourt énormément à la technique. La suite de mon parcours intellectuel m'a amené à m'intéresser à divers domaines traductologiques qui ne relèvent pas directement de la sphère pragmatique et, par là, à poser une réflexion sur le rapport de cette dernière à la fois avec la traduction littéraire et avec la littérature tout court (chapitre 2 : De la littérature à la traductologie). La transition du roman américain contemporain à la traduction pragmatique s'est donc opérée en douceur : après avoir envisagé la traduction littéraire tout court en traducteur technique, j'ai pu appliquer à la traduction tout court les outils de la littérature. Cette recherche est passée par les rapports entre traduction et culture de masse, via la traduction de chansons et les clichés en traduction technique, puis par la question de l'autonomisation des différentes composantes de la traductologie. Deux postures traditionnelles me paraissent en effet devoir être remises en cause à cet égard : celle, héritée de la traduction des textes sacrés, qui voudrait que toutes les problématiques traductologiques se retrouvent dans les grands textes, et celle, encore fréquente chez les spécialistes d'autres domaines pour lesquels la traduction est un moyen, mais non un objet de réflexion, en vertu de laquelle seul un expert de tel ou tel sujet puisse traduire sur ce sujet. Parfaitement acceptables sur leur périmètre de sustentation, ces attitudes ne me semblent pas transposables à la traduction pragmatique : celle-ci doit reposer sur ses propres bases professionnelles. La traductologie pragmatique n'a pas à se constituer en opposition ou en annexe à d'autres champs de la traductologie, mais plutôt à côté d'elles. In fine, on peut faire valoir que s'il y a une articulation à trouver entre traduction littéraire et traduction pragmatique, celle-ci se trouvera dans la littérature même, en tant que réservoir de formes, de postures intellectuelles et de concepts. Vient ensuite (chapitre 3 : Faire : pratique de la traduction et recherche y afférente) une recherche qui plonge ses racines dans l'exercice même de la traduction, ce qui passe par une interrogation sur le rôle de la norme et sur les modèles esthétiques de la traduction pragmatique. Ceux-ci sont en effet à chercher dans la technique même : la traduction d'un texte technique est déjà un objet technique. Ces investigations se poursuivent avec la question du malentendu : pour moi, celui-ci constitue une donnée du problème et non un repoussoir. On peut même, dans le cas de la traduction juridique, lui trouver une valeur positive : une incompréhension raisonnable entre les parties est parfois ce qui permet de faire la paix. Cette logique m'amène à préciser en quoi la notion d'intention (issue du champ pragmatique) se distingue de celle de sens (tel que défini par la théorie interprétative) et à insister sur le rôle constructif de l'erreur. Viennent ensuite un certain nombre de paradoxes observés en traduction pragmatique : lorsque celle-ci influe sur le texte de départ ou lorsqu'elle nous conduit à réfléchir en géomètres sur l'usage de la nuance. L'ensemble de ces problématiques témoignent de ce que la traduction pragmatique n'est pas qu'affaire de langue : les éléments culturels y sont essentiels. D'où l'intérêt de se pencher sur ce que l'on a appelé, justement, le tournant culturel, pour montrer que l'on gagnerait à appliquer en traduction pragmatique les idées de ce courant a priori très éloigné, voire ennemi de celle-ci. L'un et l'autre en sortiraient rajeunis. Dernier pan de cette recherche fondée sur l'observation de la pratique, de nombreux phénomènes me semblent pouvoir être expliqués par des facteurs psychologiques qui, ensemble, concourent à former, à l'extérieur comme à l'intérieur de la profession, une image des traducteurs. Il en est ainsi de la confiance (sur le marché et dans les textes), du sentiment d'imposture, de la relation à la trahison et au mensonge, ou de l'insécurité linguistique, notamment. Le fil directeur de cette approche est qu'il faut placer le traducteur au cœur de la traductologie. Le dernier volet de cette entreprise visant à constituer une traductologie pragmatique est double : il s'appuie à la fois sur la formation des traducteurs et sur la conception et la conduite de manifestations scientifiques (chapitre 4 : Dire et faire dire : enseignement, responsabilité pédagogique et organisation d'une recherche collective). Dans un secteur qui a vu l'éclosion d'une multitude de diplômes depuis dix ans, il s'agit d'abord de fonder une pédagogie de la traduction pragmatique, et en l'occurrence de le faire sur la traduction technique. Il faut dans un deuxième temps structurer les enseignements qui préparent à un vaste ensemble : celui des métiers de la traduction. Cela suppose de s'interroger sur l'histoire de la professionnalisation dans ces domaines, réflexion qui part d'un cas emblématique (la traduction audiovisuelle) pour s'élargir ensuite à la totalité du secteur, dans ses aspects institutionnels, théoriques, professionnels et, depuis quelques années seulement, internationaux. Un des leitmotivs du chapitre précédent étant le caractère collectif des phénomènes envisagés, il était logique d'en venir à l'organisation d'une recherche elle aussi collective, avec deux manifestations principales et relativement novatrices : la Traductologie de plein champ, créée en 2007 pour réunir enseignants-chercheurs, professionnels et étudiants (cinq éditions jusqu'en 2013) et Tralogy, qui touche cette fois à la convergence entre traducteurs humains (biotraducteurs) et traitement automatique du langage (deux colloques à ce jour : 2011 et 2013). Dans le premier cas, mon rôle a été celui d'initiateur et animateur (responsabilité d'ailleurs partagée depuis 2009) ; dans le second, celui de coordinateur scientifique dans le cadre d'une équipe pluridisciplinaire. L'ensemble de ces réflexions m'amène à proposer de surmonter un antagonisme encore bien enraciné : celui qui oppose la traductologie et la linguistique. Cette dichotomie a eu son utilité, et n'empêche pas de traiter un grand nombre de phénomènes traductologiques ; elle cesse d'être pertinente dès lors que viennent s'intégrer au tableau les outils informatiques, de plus en plus massivement employés en pratique. Ce qui pose à nouveaux frais la question de la structuration idéale d'une recherche traductologique suffisamment interdisciplinaire pour rendre compte de la multiplicité des métiers de la traduction mais suffisamment délimitée pour ne pas englober tout et n'importe quoi. Au final, l'ensemble de ma démarche peut être résumé par la justification d'une légitimité de la traduction et de la traductologie pragmatiques reposant sur une mise en concordance de l'enseignement, de la recherche et de la pratique : un débutant doit passer du dire au faire, un traducteur expérimenté doit passer du faire au dire. Il s'agit donc de remplacer les oppositions frontales (traduction technique/traduction littéraire, sciences humaines/sciences exactes...) par une cartographie des domaines de validité et des emboîtements entre les divers champs de la traduction. À travers ce cheminement est posée une question simple et ambitieuse : qu'est-ce qui fait sens dans l'étude de la traduction pragmatique aujourd'hui ? Comment faire œuvre utile lorsqu'on est soi-même ancien traducteur, soucieux du devenir d'un secteur d'activité à la fois fragile et en pleine évolution, préoccupé, en tant que responsable de formation, par l'avenir des étudiants et des professionnels de ce secteur, mais aussi par la place de la traduction et du multilinguisme dans la société en général - en un mot aussi impliqué que désireux de prendre du recul ? Contribuer, en particulier par l'encadrement de thèses, à asseoir une recherche solide dans ce domaine précis du savoir me semble une réponse pertinente.
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L'analyse des processus cognitifs comme aide à la formation initiale et au perfectionnement des traducteurs / The analysis of cognitive processes as a tool for translator trainingCarré, Alice 26 October 2017 (has links)
Les formations à la traduction pragmatique offrent un enseignement professionnalisant dense et multiforme. Or il n’est pas certain que les étudiants intègrent au mieux compétences déclaratives et opérationnelles, faute d’avoir suffisamment conscience de leurs méthodes de travail. Par ailleurs, les recherches sur l’expertise montrent qu’une formation initiale solide et des années d’expérience ne suffisent pas à garantir le développement optimal des compétences professionnelles. Outre un environnement de travail favorable au développement de ces compétences, la solution résiderait dans l’adoption d’une démarche d’apprentissage autorégulé.La présente contribution vise à évaluer la capacité des étudiants à adopter ponctuellement une telle démarche à la suite d’une séquence d’enseignement renforçant leurs compétences métacognitives. Une collecte de données de référence et deux expérimentations ont permis d’estimer l’effet de la régulation sur l’activité traduisante et d’évaluer l’intérêt du dispositif d’enseignement proposé.Il en ressort que les étudiants qui ont eu l’occasion d’analyser leurs propres processus cognitifs et de les comparer à ceux de leurs pairs et à ceux de professionnels présentant un degré élevé de régulation auraient les capacités d’agir consciemment sur leurs habitudes de travail. Ces résultats, qui demandent néanmoins à être vérifiés auprès de cohortes plus larges, indiquent que le dispositif d’enseignement proposé pourrait donner aux étudiants des clés pour intervenir sur leurs habitudes de travail et, plus largement, sur leur environnement de travail. Ce faisant, il s’inscrirait dans la dynamique actuelle qui sensibilise les étudiants en traduction à l’ergonomie cognitive, physique et organisationnelle au poste de travail. / Translator training programmes comprise a wide range of contents and of instructional methods. But it would appear that students do not bridge the gap between declarative and procedural competences to the best of their abilities as a result of their lack of knowledge and understanding of their own working habits. Moreover, expertise research has shown that however robust the initial training, the mere accumulation of experience does not automatically lead to the optimal development of professional competence. The key to expertise would rest both in a suitable working environment and in deliberately self-regulated practice.The present contribution aims at assessing the ability of students to deliberately alter a given aspect of their translation habits after taking part in a workshop designed to strengthen their metacognitive skills. Reference data were collected and analysed to work out the effect of regulation on translating. Our proposed teaching sequence was then tested on two groups of students.It would seem that those students who were able to analyse their own habits and to compare them to those of their fellow students and of professional translators displaying a high level of regulation were able to consciously alter their working habits to a certain extent. Due to the limited number of participants, these results need confirmation through repetition on wider cohorts. But it seems that the proposed teaching sequence could provide students with a tool to proactively improve their working habits or their working environment. As such, it could be part of the wider movement of raising students’ awareness of the importance of cognitive, physical and organisational ergonomics at the workplace that is currently taking place in translator training.
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Traduire des livres : parcours de formation à la traduction pragmatique pour l'édition / How to translate books : suggestions for translator trainingLéchauguette, Sophie 14 November 2015 (has links)
La traduction pragmatique n’est pas le domaine réservé des traducteurs travaillant dans les secteurs économiques en dehors de l’édition. De nombreux traducteurs d’édition sont aussi des traducteurs pragmatiques. Dans ce domaine, leur spécialisation ne se confond pas avec le domaine dans lequel ils travaillent. Leur métier est méconnu et il n’existe aucune formation pour préparer les aspirants traducteurs à cette spécialisation. Cette recherche s’efforce de combler cette lacune. Elle commence par décrire les ouvrages pragmatiques afin de montrer que dans ce secteur, la réflexion traductive porte sur le texte dans sa mise en page. L’unité de traduction s’hybride, puisqu’elle est composée de rubriques textuelles aux fonctions communicatives précises et d’éléments visuels. Il s’ensuit que la réflexion traductive demande une approche multisémiotique qui s’appuie sur une connaissance approfondie du livre pris comme un espace signifiant dont le texte n’est qu’une composante parmi d’autres. La connaissance du livre est au cœur de la spécialisation des traducteurs pragmatiques actifs dans l’édition. Le milieu de l’édition attend des auteurs et traducteurs un travail de rédacteurs. Les tapuscrits fournis sont relus et corrigés, voire partiellement réécrits pour les améliorer, par les correcteurs. Il n’y a plus un auteur mais une fonction auteur qui réunit les différents intervenants de la chaîne du livre. L’apprentissage du métier doit donc comporter une part de socialisation seconde, intégrée aux exercices de traduction proposés, pour préparer les aspirants traducteurs à s’insérer dans cette équipe. Tout en se perfectionnant en traduction, les jeunes traducteurs doivent se muer en collaborateurs fiables capables de prendre part au processus de fabrication du livre en agissant en tant que médiateur culturel. Leur action s’exprime principalement par l‘écriture de la traduction mais aussi par leurs commentaires sur la fabrication du livre. / Pragmatic translation is thought as the area of specialized translators working for clients outside of the publishing industry, which is deemed to contract literary translators. This is true to some extend. However a large sector of the publishing industry is not concerned with literature but with pragmatic books dealing with all sorts of topics. Many pragmatic translators working for the publishing industry are in fact specialized in translating pragmatic books, not texts. They have to understand the way pragmatic books, made of visual and linguistic messages, convey information to their readers to translate them. This aspect of translation is little known and, outside the study of translation for advertising, research investigating the interaction of texts and iconography is scarce. There is even less on translator training. This thesis endeavours to contribute the observations of a professional translator turned translator trainer. It begins by describing the layout of pragmatic books and showing how the translator must take in the text and the iconography to make sense of the message. The double page is a visual unit splitting the information between text and images. As a result, a translation unit is a mix of texts and images. It follows that translators have to approach the translation of books as a multisemiotic activity. Therefore, when translating pragmatic books, translators have to consider them as signifying space in which textual units are no longer the only source of information. The core of the specialisation of pragmatic translators working in the publishing industry is a profound understanding of how books communicate meaning. Publishers expect both authors and translators to be able to write following style specifications for a given book series. Tapuscrits are proofread and sometimes partially rewritten to be put in agreement with the social communicative norms. At the end of the process leading to the publication of a book, the published text is a collective product and no longer the text originally provided by its “author”. To translate in this context, trainees must learn how to work in a team, albeit working from home. Translation training, at this point, aims at turning students into independent professional able to rewrite and adapt texts, taking into account the visual around, to accommodate readers’ expectations as defined by publishers. As they strive to improve their translation techniques, soon to be translators also need to learn to become cultural mediator and to criticize the books they are translating so as to improve them if need be. Invisible to readers, their contribution to the making of a book, appears in the writing of the translation and in comments on the book itself; and it is very visible to publishers they work for.
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