Alors que les politiques de santé sont passées au cours des dix dernières années d'un traitement de la procréation en contexte VIH comme une « exception » à un discours de « normalisation », la thèse vise à comprendre les conditions et les effets de cette évolution. L'enquête ethnographique a été conduite sur une période de dix ans auprès de personnes vivant avec le VIH sous thérapie antirétrovirale, de femmes vivant avec le VIH ayant eu une expérience de procréation, et de professionnels de santé intervenant en PTME dans deux structures de santé de la reproduction au Sénégal. Cette étude met en lumière un « système moral » de la prévention du VIH, contradictoire à certains égards, qui offre aux femmes peu de moyens socialement acceptables pour se protéger du risque VIH. La procréation peut être perçue comme une stratégie pour réaffirmer une identité féminine, tester la capacité d'un corps « normalisé » par les ARV à enfanter sans transmettre le VIH, raffermir les liens conjugaux en souffrance et réduire les risques de stigmatisation sociale. Ces logiques ne sont pas toujours comprises par des professionnels de santé « spécialistes du VIH » souvent débordés dans la prise en charge médicale et psychosociale des PvVIH, qui soutiennent peu ces processus. Les hommes vivant avec le VIH apparaissent isolés, fragiles, voire « oubliés » . Ce travail montre les multiples usages sociaux de la procréation : objet d'émulation, de résistance, de souffrance et de rivalité pour les femmes VIH et leurs conjoints. Parallèlement à la normalisation « décrétée » par les instances de santé publique, les femmes vivant avec le VIH se sont réapproprié la possibilité de procréer. / Since the last decade has seen a transition from treating childbearing in the context of HIV as an “exception” to a discourse of “normalization,” this dissertation aims to understand the conditions and effects of this change. This ethnographic survey was conducted over a period of ten years among people living with HIV receiving antiretroviral therapy, women living with HIV who experienced childbearing and healthcare professionals working in PMTCT in two reproductive health facilities in Senegal. This study sheds lights on a “moral system” for HIV prevention, contradictory in some respects, that provides women few socially acceptable means to protect themselves from the risk of HIV. Childbearing may be perceived as a strategy to reaffirm female identity, test the capacity of a body made “normal” by ARVs to give birth without transmitting HIV, strengthening strained marital bonds, and reducing the risk of social stigmatization. Men living with HIV appear isolated, fragile, unsupported, and even “forgotten” relative to childbearing while they themselves are suffering or are affected by the situations of their wives or families. Health professionals now integrate HIV counseling and testing in their practices but continue to project attitudes of “exception” about treating PLHIV and pregnant HIV-Positive women. This study shows the various social uses of childbearing : a subject leading to emulation, resistance, suffering, and rivalry for women living with HIV and their spouses. Alongside the normalization “decreed” by public health officials, women living with HIV have reclaimed the possibility to procreate.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013AIXM3048 |
Date | 23 September 2013 |
Creators | Sow, Khoudia |
Contributors | Aix-Marseille, Desclaux, Alice |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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