• Refine Query
  • Source
  • Publication year
  • to
  • Language
  • 12
  • 1
  • Tagged with
  • 14
  • 14
  • 8
  • 8
  • 8
  • 8
  • 7
  • 7
  • 6
  • 6
  • 6
  • 6
  • 6
  • 5
  • 5
  • About
  • The Global ETD Search service is a free service for researchers to find electronic theses and dissertations. This service is provided by the Networked Digital Library of Theses and Dissertations.
    Our metadata is collected from universities around the world. If you manage a university/consortium/country archive and want to be added, details can be found on the NDLTD website.
1

« Contribution à l’histoire de l’édition francophone belge sous l’occupation allemande (1940 – 1944) »

Fincoeur, Michel M 30 May 2006 (has links)
<p align="justify"><b>1. Introduction</b><br> Le 10 mai 1940 et pour la seconde fois en vingt ans, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Contrairement à l’invasion de la Grande Guerre, il ne faut que dix-huit jours aux armées teutonnes pour écraser l’armée belge et occuper le territoire national tout entier. Peu avant la fin des hostilités, la vie culturelle reprend néanmoins timidement. Dès la fin mai 1940, les cinémas rouvrent leurs portes. La presse reparaît sous surveillance allemande. L’édition du livre, machine beaucoup plus lourde, ne reprend son activité qu’à la fin de l’été de 1940. Avec la signature des conventions bilatérales puis internationales sur la propriété intellectuelle dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Belgique a vu le secteur de l’édition du livre s’effondrer. Le public belge marque en outre une certaine désaffection envers les auteurs belges et plus particulièrement envers ceux qui se font éditer localement. N’est-ce pas le mémorialiste français Georges Suarez qui écrivait, en 1932, que « L’écrivain wallon trouve devant lui une route hérissée de difficultés ; son public est clairsemé, épars, capricieux […] ; les snobs locaux, acceptent les yeux fermés tout ce qui vient de Paris […] mais exercent un contrôle hautain sur leurs auteurs nationaux » (Georges Suarez, La Belgique vivante. Préface d’André Tardieu. [Louvain, Editions Rex, 1932], p.28-29). Toutes catégories confondues – presse quotidienne ou périodique, livres et brochures diverses –, la production éditoriale belge – domaines francophone, néerlandophone, germanophone et dialectal wallon confondus – connaît pourtant entre 1936 et 1939 une courbe ascendante ; puis, de 1941 à 1945, une inflexion avant de voir remonter lentement la production de 1946 à 1949. Le pic de l’année 1938 ne sera pas égalé dans les dix années qui suivent. En 1939, nous constatons une très infime baisse de l’offre de titres : 1,1%. Les sommets atteints par l’éventail de titres proposés en 1938 et 1939 s’explique par la mobilisation des réservistes qui n’ont d’autres loisirs que la lecture. En 1940, le chaos qui suit la Campagne des Dix-Huit Jours contraint la plupart des éditeurs à l’inactivité. La reprise de certains secteurs de l’édition au début de l’été permet toutefois de maintenir une production de titres supérieure aux années 1935-1936. La production reprend de façon spectaculaire en 1941, dépassant le niveau de 1939 et se rapprochant de celui de 1938. Nous interprétons cette remontée du nombre de titres par l’effet de la fermeture des frontières et donc par la nécessité de présenter de nouveaux titres au public belge avide de lecture. De 1942 à 1944, la chute spectaculaire s’explique sans doute par la disparition d’une grande partie de la presse périodique et par le caractère de plus en plus contraignant de la censure allemande. Celle-ci réduit le nombre de titres publiés à cause de la raréfaction croissante du papier disponible. Remarquons que la raréfaction des titres disponibles sur le marché n’implique pas obligatoirement une diminution quantitative des tirages. A partir du mois de septembre 1944 et en 1945, un certain nombre d’éditeurs sont placés sous les projecteurs de la Justice militaire et interrompent ou cessent leurs activités. Par ailleurs, une série de petits éditeurs occasionnels qui publiaient n’importe quoi sous n’importe quelle forme disparaissent du champ éditorial. De plus, la pénurie de papier, les ruptures de fourniture d’électricité industrielle qui fait tourner les rotatives et la réouverture des frontières aux importations françaises, puis néerlandaise dans la seconde moitié de l’année 1945, incitent les éditeurs belges à la frilosité. Enfin, en 1946, la reprise peut s’expliquer par la stabilisation économique.</p> <p align="justify"><b>2. L’épuration des bibliothèques et des librairies</b><br> Même si la liberté de presse est garantie par la Constitution, la loi belge organise les délits de presse. Les circonstances exceptionnelles de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne à la suite de l’invasion de la Pologne provoquent la création d’un éphémère Ministère de l’Information nationale (1939-1940), puis d’un Service d’Information du Premier Ministre (1940). Une censure larvée, justifiée par la sécurité du territoire et le respect de la neutralité de la Belgique, est d’ailleurs exercée dès le mois de septembre 1939 afin d’éviter tout prétexte d’intervention de la part des belligérants. Durant les premiers mois de l’Occupation, une épuration anarchique s’exerce à l’encontre des bibliothèques privées et des librairies. Ce sont tantôt des soldats qui brûlent des livres trouvés sur les rayonnages de leur logement réquisitionné, tantôt des officiers qui prennent la mouche en découvrant chez le libraire de leur nouveau lieu de résidence un opuscule de l’espèce J’ai descendu mon premier Boche. Dès le 13 août 1940, la Militärverwaltung ordonne l’épuration systématique des bibliothèques publiques et des librairies. Tout livre ou brochure anti-allemand ou anti-nazi doit être immédiatement mis sous clef et bientôt déposé entre les mains des services allemands. Le soin de déterminer ce qui tombe ou non dans cette catégorie particulièrement vague est laissé à la seule appréciation des bibliothécaires et des libraires. Ceux-ci doivent attendre le mois de septembre 1941 pour que la Propaganda Abteilung daigne publier une liste de 1800 titres interdits. Des compléments sont ensuite régulièrement insérés dans le Journal de la Librairie de la Gilde du Livre et dans les Mededeelingen van het Boekengilde. Le Ministère de l’Instruction publique charge de surcroît des enseignants et des inspecteurs d’épurer les manuels scolaires de tout propos anti-allemands. Cette mesure a pour but d’éviter que l’occupant ne s’en charge lui-même et n’impose le manuel unique à l’instar de ce qui se passe Outre-Rhin. Le 8 octobre 1940, sans en avoir soumis le texte aux autorités allemandes, le Ministère de l’Instruction publique crée donc une Commission chargée de la révision des ouvrages classiques pour l’enseignement normal, moyen, primaire et gardien, plus communément désignée sous le nom de Commission pour la Révision des Ouvrages Classiques. Composée de collaborationnistes notoires mais également d’authentiques résistants, la Commission examinera près de 5000 titres entre la fin octobre 1940 et la fin mai 1944 ; elle interdira l’usage de 564 manuels et en fera modifier 182 autres.</p> <p align="justify"><b>3. La censure des livres</b><br> Au début de l’été, les Allemands chargent l’Union des Industries Graphiques & du Livre (UNIGRA), le syndicat des imprimeurs belges, d’exercer une censure préalable générale et d’empêcher ainsi la publication de tout propos anti-allemand. Cette censure est ensuite circonscrite, à partir du 20 août 1940, à la littérature qui traite de sujets militaires et politiques (en ce compris les questions concernant la race, le judaïsme et la Franc-maçonnerie). Le 24 septembre 1940, la Propaganda Abteilung prend le relais de l’organisme belge. Le Referat Schrifttum est dirigé par le Sonderführer Pr Dr Hans Teske et par son adjoint le Sonderführer Leutenant Bruno Orlick. Durant son premier exercice, ce bureau de la littérature refuse 100 manuscrits sur les 600 qu’il examine. A partir du 15 janvier 1943, invoquant le manque de papier, le Referat Schrifttum impose aux éditeurs de soumettre tous leurs manuscrits. Chaque demande est établie en triple exemplaire. Le premier est conservé dans les dossiers de la Propaganda Abteilung, les deux autres exemplaires sont transmis à l’Office Central du Papier - Papier Centrale (OCP-PC). Celui-ci y appose un numéro correspondant à un bon de consommation de papier. L’un est conservé dans les archives de l’OCP et l’autre est retourné à l’éditeur qui doit le présenter à l’imprimeur. Sans ce bon de consommation, l’imprimeur ne peut entreprendre le travail puisqu’il doit justifier les quantités utilisées dans ses ateliers. Tout le processus de contrôle apparaît dans les livres sous la forme de numéros précédés des mentions « Autorisation PA n° » / « Toelating PA nr » / « Zulassung Nr… » et « OCP n° » / « PC nr ». Parfois encore, le numéro d’affiliation de l’imprimeur auprès de l’OCP figure dans le colophon du volume. Chaque numéro est lié à un titre et à l’éditeur qui le demande. En cas d’annulation du projet par l’éditeur, le numéro est alors perdu. Du côté de la SS, l’Abteilung III C 4 de la Sicherheitsdienst se charge notamment de la surveillance des Editions autorisées. Contrairement à la Propaganda Abteilung qui intervient le plus souvent en amont, la SD intervient essentiellement en aval. Celle-ci saisit les ouvrages « séditieux » qui auraient pu échapper à la sagacité des censeurs de la Propaganda Abteilung, ou à l’autocensure des éditeurs belges.</p> <p align="justify"><b>4. La pénurie de papier</b><br> Avant la guerre, la Belgique importait la quasi-totalité des matières premières destinées à la fabrication du papier et du carton. Mais le déclenchement des hostilités a rendu l’approvisionnement difficile et réduit en conséquence la fabrication du papier. La pénurie des matières premières provoque une réaction rapide de l’administration militaire allemande. Dès le 17 juin 1940, elle exige un état des lieux de la production, des stocks et de la consommation qui permette la rationalisation de l’économie. Parallèlement à ces mesures et en complément à celles-ci, le Ministère des Affaires économiques crée en février 1941 un Office Central du Papier pour veiller à la production et à l’utilisation rationnelle du papier et du carton. Près de la moitié de la cellulose est alors consacrée à la fabrication de produits ersatz comme le carton-cuir pour les chaussures ou le « Balatum » et l’« Unalit ». En mai 1941, l’OCP interdit la fabrication de produits de luxe tels les confettis, les sous-bocks et le papier-dentelle pour tarte. Les besoins en papier et carton augmentent cependant : pour les emballages en replacement d’autres matières devenues rares, pour le papier d’occultation, ou encore pour la paperasserie administrative occasionnée par la rationalisation de l’économie. En avril 1942, le Referat Papier, sous prétexte de rationalisation, ordonne la fermeture de près de la moitié des papeteries. Mais celles qui restent en activité souffrent de la pénurie de matières premières et de combustible qui entraîne une baisse de la production. En octobre 1942, prétextant cette fois la pénurie de papier, le Referat Schrifttum interdit la publication de livres à plus de 5.000 exemplaires mais autorise des dépassements aux éditeurs suffisamment bien en cour. La consommation de papier est alors contrôlée par l’OCP. En avril 1943, le spectre de la pénurie permet encore le recensement des stocks de papier chez les imprimeurs. Or personne n’est la dupe de ces dernières mesures qui relèvent plus de la censure que de l’économie. </p> <p align="justify"><b>5. La restructuration économique et professionnelle</b><br> Dès le début de l’été 1940, la Militärverwaltung commence de saisir les biens ennemis, c’est-à-dire français et britanniques. Grâce à la mise sous séquestre des avoirs du Groupe Hachette, l’actionnaire français de l’Agence Dechenne, le principal distributeur de presse en Belgique est administré par un Allemand, représentant des intérêts du groupe éditorial allemand Amann. Celui-ci obtient le monopole de l’importation de quotidiens étrangers et de la distribution des journaux belges. Il réussit également à devenir le principal grossiste en livres, imposant aux éditeurs le choix de certains titres, le tirage et parfois la couverture des livres. En novembre 1940, tous les éditeurs de livres et de périodiques ainsi que les libraires doivent s’inscrire au Cercle belge de la Librairie ou à son homologue flamand. En juin 1942, le Ministère des Affaires Economiques institue la Gilde du Livre / Boekengilde qui détient, par le biais de ses deux chambres linguistiques, le monopole de la représentation professionnelle. En 1941, l’Occupant suscite la formation d’un organisme de collaboration, la Communauté culturelle wallonne (CCW) qui devrait investir le champ culturel, à l’instar de la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft (DeVlag). Dirigée par l’écrivain prolétarien Pierre Hubermont, la CCW tente de regrouper les auteurs au sein d’une Chambre des Lettres françaises et d’une Chambre des Lettres dialectales. Très peu d’intellectuels se rallieront à cet organisme rapidement démonétisé. A la suite du congrès européen des écrivains tenu à Weimar en octobre 1941, une Europäische Schriftsteller Vereinigung est par ailleurs fondée le 27 mars 1942. Cette Société Européenne des Ecrivains (SEE), destinée à remplacer le PEN-Club international, encourage les traductions et la diffusion des ouvrages de ses membres. Pierre Hubermont est désigné pour tenir le rôle de porte-parole de la Section wallonne et belge de langue française (SWBLF) qui commence d’être organisée dans le courant du mois de mars 1942. Seule une poignée d’écrivains répondront aux sirènes de Weimar. En 1943 la Communauté Culturelle Wallonne fonde une nouvelle structure plus discrète, et surtout, moins discréditée : la Fédération des Artistes wallons et belges d’expression française (FAWBEF) dont l’intitulé est très proche de celui de la section locale de la SEE. Il ne s’agit pas d’un repli stratégique de la part de Pierre Hubermont – qui est cependant contraint de constater le semi échec de la CCW – mais d’une tentative d’officialisation de la structure corporative ébauchée par la CCW sous l’œil attentif du Ministère de l’Instruction publique. La FAWBEF ébauche la création d’une Chambre de Littérature subdivisée en Chambre des Ecrivains d’expression française, en Chambre des Ecrivains d’expression wallonne, en Chambre des Traducteurs et en Chambre des Editeurs. Le but est d’aboutir à une adhésion obligatoire et ainsi à un contrôle de l’accès à la profession. Depuis l’instauration de la législation et la signature des conventions internationales sur la protection des droits d’auteur dans la seconde moitié du XIXe siècle, les redevances sont essentiellement perçues en Belgique par des sociétés de droit français. Face à cette situation de perceptions multiples, l’administration militaire allemande impose une perception unique par une société de droit belge. Dans un premier temps, la Militärverwaltung place sous séquestre les sociétés françaises qui disposent du monopole de fait de la perception des droits d’auteur en Belgique francophone. Dans un second temps, au début du mois de janvier 1941, la Nationale Vereeniging voor Auteursrecht (NAVEA) est réquisitionnée et désignée pour détenir le monopole de la perception des droits. Toujours en janvier 1941, une tentative de rallier l’Association des Artistes professionnels de Belgique (AAPB) à la société unique afin d’en faire sa section francophone échoue grâce à la résistance de ses dirigeants. L’AAPB est alors dissoute par les Allemands. Le monopole de la NAVEA pose de nombreux problèmes juridiques. Pour toucher les droits de suite, les artistes et leurs ayants droit doivent devenir membre de la NAVEA, alors que les sociétés françaises interdisent la double appartenance sous peine de perdre les droits à la pension. Après d’âpres pourparlers, la NAVEA s’engage à payer les pensions pour les artistes qui la rejoindraient rapidement. La NAVEA ne collabore pourtant pas avec l’occupant puisque, clandestinement, celle-ci noue un accord avec la société anglaise The Performing Right Society, via Lausanne et Lisbonne, et répartit en secret les droits des auteurs anglais et américains. Elle tente de surcroît de protéger ses affiliés juifs en refusant de livrer la liste des ses adhérents.</p> <p align="justify"><b>6. La production</b><br> Malgré les contraintes liées à la pénurie de papier et celles qu’impose la censure, les éditeurs belges profitent des circonstances pour éditer à tour de bras tout et n’importe quoi, puisant essentiellement dans le vivier des littérateurs locaux. En effet, les Belges s’adonnent au loisir peu onéreux de la lecture. La fermeture des frontières bloque les importations de livres français et néerlandais. D’une part, la culture flamande est revalorisée alors que toute velléité pan-néerlandaise est combattue. D’autre part, la littérature française est contingentée : les Lettres françaises sont systématiquement dénigrées car on les juge délétères. Enfin, la germanisation rampante va bon train grâce à la promotion des Lettres scandinaves et allemandes : il s’agit de remodeler les structures mentales des lecteurs grâce aux traductions. Les tirages sont énormes pour des valeurs sûres comme le Leeuw van Vlaanderen (200 000 exemplaires) d’Hendrik Conscience et De Vlaschaard (100 000 exemplaires) de Stijn Streuvels. La plupart des maisons d’édition développent ou inaugurent des collections de lettres étrangères. A la suite de pressions du Referat Schrifttum, rares sont les grands éditeurs qui ne publient pas de traductions de l’allemand. Aux quelques éditeurs rétifs, le chef du Referat Schrifttum suggère de remplacer les textes allemands par des traductions d’auteurs scandinaves et finno-estoniens. C’est ainsi qu’une maison anti-allemande éditera des romans du prix Nobel norvégien Knut Hamsun pourtant rallié à la collaboration la plus dure. Mais les éditeurs ne peuvent pas publier toutes les traductions : les auteurs slaves du nord (Russes et Polonais), anglo-saxons contemporains et juifs sont considérés comme indésirables et interdits. Le Referat Schrifttum autorise la publication de romans anglo-saxons qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public. Ces autorisations exceptionnelles ont trait à des textes qui dénigrent systématiquement le modèle social britannique et américain. Curieusement sont ainsi traduits des romans remettant en cause un ordre social ou moral comme Babbitt (1943) de Sinclair Lewis, The Grapes of Wrath (De Druiven der gramschap, 1943 et Grappes d’amertume, 1944) de John Steinbeck, The Picture of Dorian Gray (Le Portrait de Dorian Gray, 1944) d’Oscar Wilde ou encore The Rains came (La Mousson, 1944) de Louis Bromfield. La réédition de The Scarlet Pimpernel (Le Mouron Rouge, 1943) de la baronne Emmuska Orczy dénonce le fanatisme de la Révolution Française et stigmatise l’hédonisme de la Gentry anglaise. A titre d’exemple, les Editions de La Toison d’Or, financées par les Allemands, publient 26 % de traductions, les Editions Les Ecrits sortent 31,75 % de traductions. A l’Uitgeverij De Lage Landen qui publie en langues néerlandaise, allemande et française, les traductions constituent 44 % du catalogue néerlandais.</p> <p align="justify"><b>7. Les éditeurs</b><br> La demande permet à une nouvelle génération d’éditeur de se manifester. Certaines maisons d’édition sont créées avec l’appui de l’un ou l’autre service allemand. D’autres, qui ne s’inscrivent pourtant pas dans une politique de collaboration, sont fondées sous le regard attentif de la Propaganda Abteilung. Des maisons jugées hostiles au national-socialisme sont mises sous séquestre. Enfin, des administrateurs provisoires et des directeurs littéraires inféodés au nouveau pouvoir sont nommés. Comme le reste de la population, les acteurs du champ éditorial adoptent un éventail de positions qui va de la Résistance à la Collaboration avec, pour le plus grand nombre, une accommodation à des degrés divers. Si certains choisissent de résister et freinent la politique allemande du livre dans la mesure de leurs moyens, aucun toutefois n’entre dans la clandestinité. A partir du 15 janvier 1943, tous les manuscrits doivent toutefois passer entre les mains de l’administration allemande ; ce sera souvent la seule compromission des éditeurs. La grande majorité des maisons reste patriote, à l’instar des Editions Casterman, des Editions Dupuis ou des Editions Charles Dessart. Un réseau éditorial d’Ordre nouveau est en revanche composé par Léon Degrelle et des rexistes. Le 25 août 1940, la s.a. La Presse de Rex obtient de pouvoir sortir à nouveau son quotidien de combat, Le Pays Réel (1936). La ligne éditoriale outrancière du journal ne parvient pas à fidéliser son lectorat (moins de 10 000 exemplaires vendus en 1942) et Degrelle renfloue les caisses de la rédaction grâce aux bénéfices du Palais des Parfums, une entreprise juive spoliée, et à des subventions de la SS. En 1943, Degrelle finance un nouveau quotidien, L’Avenir, inspiré de Paris Soir. Le groupe de presse de Degrelle publie également des hebdomadaires : une version collaborationniste du Pourquoi Pas ?, intitulée pour l’occasion Voilà ; Tout, copié sur les géants Match, Tempo et Signal ; Indiscrétions, un magazine de mode qui prend rapidement le titre Elle et Lui ; et une revue pour jeunes gens, Mon Copain « volé ». La Presse de Rex possède encore trois maisons d’édition : les Editions Rex (1929), les Editions Ignis (1939), l’Uitgeverij Ignis (1941) et les Editions de L’Archer (1944). La s.a. Editoria, dirigée par le critique d’art Paul Colin, fait également partie du même réseau. Editoria regroupe la Nouvelle Société d’Edition (1934), l’hebdomadaire Cassandre (1934) et Le Nouveau Journal (1940). Des journalistes rexistes participent à la création de maisons littéraires : Claude Chabry fonde, en 1943, les éditions du même nom, les Editions du Rond-Point (1943) puis les Editions de La Mappemonde (1943) ; Victor Meulenijzer s’associe au caricaturiste de Cassandre René Marinus pour monter Les Editions du Dragon (1944) ; Eugène Maréchal relance en 1941 les Editions Maréchal (1938) et participe à la création des Editions du Carrefour (1943). Julien Bernaerts, le fondateur des Editions de la Phalange (1934) et de l’Uitgeverij De Phalanx (1938), se rallie à l’Ordre nouveau. Il est bientôt remarqué par le SS-Hauptsturmführer Hans Schneider qui travaille pour l’Ahnenerbe, le cercle académique de la SS. En 1943, Schneider persuade Bernaerts de créer l’Uitgeverij De Burcht. Dans le même cadre, Franz Briel, Léon Van Huffel et René Baert mettent sur pied les Editions de La Roue Solaire (1943). Proche de la SS, le directeur de l’Uitgeverij Steenlandt (DeVlag), Jan Acke, est abattu par la résistance. Il n’est pas le seul puisque Paul Colin est bientôt exécuté par un étudiant de l’Université libre de Bruxelles, Arnaud Fraiteur. Toujours dans l’orbite de la collaboration, les deux grands trusts de presse allemands Mundus et Amann essayent de pénétrer le marché belge. Tandis que le groupe germano-slovaque Mundus finance la création des Editions de La Toison d’Or (1941), fondées par Edouard Didier, Guido Eeckels et Raymond De Becker, Amann tente de s’emparer de l’Uitgeverij De Lage Landen (1941) de Guido Eeckels, puis Mundus devient un temps actionnaire de l’entreprise qui publie alors des ouvrages pour le compte du Deutsche Institut. Rappelons que, par l’entremise d’administrateurs provisoires, Amann pèse sur l’édition grâce à l’Agence Dechenne et signalons que Mundus a fait tomber le quotidien mosan La Légia (1940) dans son escarcelle. Les Editions de Belgique de Maximilien Mention, qui porte pourtant l’uniforme noir des cadres rexistes, ne semblent pas exprimer les idées nouvelles. Les journalistes rexistes Jules Stéphane et son épouse Marguerite Inghels dirigent la coopérative Les Auteurs Associés (1942) et Het Boek (1943) qui ne sont pas non plus d’obédience nazie. A la marge de ce réseau, mais très impliquées dans le réseau national-catholique, figurent les Editions L’Essor (1939) de Léon Renard. Comme toutes les coopératives ouvrières, les Editions Labor d’Alexandre André sont placées sous séquestre. André est maintenu à la direction commerciale de la maison tandis que le chef de la CCW est propulsé par l’occupant à la direction littéraire.</p> <p align="justify"><b>8. La Libération</b><br> A la Libération, l’Etat Belge instaure à nouveau un régime de censure larvée dans le but d’empêcher la diffusion des idées ennemies : des auteurs réputés inciviques sont interdits de publication dans la presse, des livres sont saisis et des maisons d’édition sont placées sous séquestre et leurs livres mis à l’index. Quelques éditeurs de la nouvelle génération quittent Bruxelles pour Paris en prétextant la mauvaise conjoncture économique mais en réalité ils fuient un climat qu’ils jugent répressif. Plusieurs retrouvent une place importante dans les champs éditorial et littéraire parisiens où leur passé est ignoré. Notons que la Justice militaire belge a rarement poursuivi un éditeur pour ses activités, comme si les éditeurs n’étaient pas responsables des idées qu’ils ont mises sur le marché. Le refus de livrer la liste de ses adhérents juifs et les accords clandestins avec The Performing Right Society permettent à la NAVEA de survivre après la Libération sous une nouvelle appellation : la Société des Auteurs Belges-Belgische Auteursmaatschappij (SABAM). L’Etat de droit rétabli, les sociétés françaises reprennent leurs activités en Belgique, restaurant ainsi le système de la perception multiple. L’Association des Artistes professionnels de Belgique constitue un jury d’honneur pour sanctionner ses membres qui auraient fauté. L’Association des Ecrivains belges exclut de ses rangs les auteurs compromis. Les Académies expulsent des immortels et en blâment d’autres, les écartant provisoirement de leur honorable société. Des écrivains, peu ou prou impliqués dans la collaboration, suivent le chemin des éditeurs et posent leurs valises sur les bords de la Seine. Les uns deviennent conseillers littéraires de grandes maisons parisiennes, d’autres, comme Paul Kenny, deviennent millionnaires en publiant des romans d’espionnage. Plusieurs exilés ci-devant anti-bolchevistes se lancent dans la traduction de romans anglais et américains. D’aucuns inventent la solderie de livres neufs à prix réduit s’ils ne revêtent pas l’habit vert. La réouverture des frontières aux livres d’écrivains français, néerlandais et anglo-saxons repousse la plupart des littérateurs belges dans l’ombre dont ils étaient sortis à l’occasion de circonstances exceptionnelles. On pourrait croire que l’âge d’or de l’édition est terminé. Or la crise du papier va entraîner l’émergence d’une nouvelle littérature et la création de nouvelles sociétés d’édition : les imprimeurs sont tenus de prendre deux qualités de papier, l’une bonne et l’autre médiocre. Celle-ci est alors utilisée pour des publications à destination de la jeunesse. Naissent ainsi une quinzaine d’hebdomadaires parmi lesquels figurent Franc-Jeu (1944), Lutin (1944), Perce-Neige (1944), Story (1945), Wrill (1945), Cap’taine Sabord (1946), Jeep (1945), Annette (1945) et Tintin (1946). Les deux derniers deviendront de véritables « blanchisseries » pour les réprouvés de l’Epuration… La bande dessinée belge et ses deux écoles, Marcinelle et Bruxelles, ainsi que les sociétés qui éditent leurs albums vont bientôt dominer le marché francophone. </p>
2

L'anticommunisme d'Etat à la fin de la IIIè République et aux débuts de l'occupation allemande : 1939-1942 / No title

Poulhès, Louis 04 May 2018 (has links)
L’étude, principalement centrée sur la région parisienne, se propose d’étudier les continuités et les ruptures dans l’anticommunisme d’Etat entre l’été 1939 et la fin de 1942. Edouard Daladier se propose d’éradiquer le PCF de la société française par la dissolution des organisations communistes (26 septembre 1939) et l’internement administratif (18 novembre 1939), supports d’une répression multiforme aggravée par son successeur Paul Reynaud (décret Sérol 12 avril 1940).Après juin 1940, les Allemands imposent d’abord leur propre législation répressive, puis la continuité est rétablie dès l’automne 1940, les occupants trouvant avantage à transférer la répression anticommuniste aux autorités françaises sur le fondement de la législation nationale, sous leur surveillance très attentive.A la suite de l’invasion de l’Union soviétique le 22 juin 1941, ils procèdent d’emblée à une vaste opération préventive d’internement des communistes. Les actions armées communistes les incitent d’une part à exhorter le gouvernement de Vichy à aggraver la répression, ce qu’il fait par l’institution de tribunaux d’exception, d’autre part à appliquer aux communistes une répression qui leur est propre : fusillades par suite de condamnations à mort par leurs tribunaux militaires et exécutions d’otages. Le partage des tâches initial est brouillé par l’intervention contre les communistes des deux circuits répressifs distincts. La répression anticommuniste est associée un temps par les Allemands à la persécution antisémite dans la catégorie du « judéo-bolchévisme », avant que la politique de persécution anti-juive prenne son autonomie à partir de la mi-juillet 1942. Les autorités vichistes se plaignent ponctuellement de l’empiétement des Allemands dans la répression anticommuniste, mais la collaboration des polices se poursuit comme auparavant.Après une redistribution des pouvoirs au printemps 1942, les négociations entre autorités allemandes et françaises aboutissent fin juillet 1942 à renouer officiellement avec le partage des tâches antérieur. La répression des communistes est normalement confiée aux autorités françaises, à l’exception des auteurs d’actes dirigés directement contre les occupants, mais en pratique les Allemands se saisissent de qui ils souhaitent. Après une interruption de deux mois et demi, ils reprennent les exécutions d’otages en août et septembre 1942, puis ils l’interrompent à cette date en prenant acte de son caractère contre-productif. Pour sa part, la police française fait montre de son efficacité aux yeux des occupants en obtenant d’importants succès dans la lutte contre les communistes, démantelant régulièrement leurs organisations tant en matière d’action politique que d’action armée, sans pour autant réussir à les éradiquer.L’étude précise de l’anticommunisme d’Etat se termine à la fin de 1942, quand l’invasion de la zone sud ouvre une nouvelle période qui étend les enjeux de l’Occupation à l’ensemble du territoire national, mais quelques indications sont données sur le devenir des années suivantes : basculement de l’opinion française à l’été 1943, déchainement de la violence des occupants appuyée par un l’Etat français milicien entièrement à son service en 1944, alors qu’à la base certains policiers et magistrats commencent à se mettre en retrait..Au-delà des vicissitudes des événements : occupation du pays et changement de régime politique en juin-juillet 1940, invasion de l’Union soviétique et déclanchement de la lutte armée à l’été 1941, les ruptures dans l’histoire de la France ne se traduisent pas par des ruptures durables dans l’anticommunisme d’Etat, renforcé néanmoins par l’intervention d’un double circuit répressif à partir de l’été 1941 et la radicalisation progressive de la répression, mais fondamentalement appuyée sur la législation établie à la fin de la IIIe République dans une continuité toujours revendiquée par Vichy avec l’autorisation des occupants. / No abstract
3

L'occupation de la mémoire : le souvenir délirant de la France occupée dans La place de l'étoile de Patrick Modiano et La compagnie des spectres de Lydie Salvayre

Vallet, Noémie January 2009 (has links) (PDF)
À près de trente ans d'écart, les romans de La Place de l'étoile (1968) de Patrick Modiano et de La Compagnie des spectres (1997) de Lydie Salvayre font référence à l'Occupation allemande en France. A travers le discours délirant et la logorrhée des personnages de Modiano et de Salvayre transparaît ce que Régine Robin appellerait une «mémoire saturée». Cette saturation de la mémoire émerge d'un double contexte historique. D'une part, l'histoire racontée se rapporte à la période de l'Occupation dont les souvenirs ne parviennent pas à s'effacer chez les protagonistes de ces romans; d'autre part, la narration rend compte d'une réalité sociale plus récente de la France qui, aujourd'hui encore, accepte mal son passé et qui, paradoxalement, multiplie les commémorations et les monuments à la mémoire des morts provoqués par cette guerre. Par là, on peut juger que les personnages de Schlemilovitch, de Louisiane et de Rose qui ne parviennent pas à trouver leurs identités personnelles et qui sont obsédés, voire hantés par le passé, renvoient à une collectivité plus vaste, la France, qui ne semble pas non plus parvenir à s'acquitter de son histoire. Le souvenir de l'Occupation, tant au niveau des personnages fictionnels que de la réalité française actuelle, semble en effet toujours tourmenter les consciences. Pour saisir ce tourment mémoriel, nous étudierons, dans notre premier chapitre, la place qu'occupent l'histoire et la mémoire dans la fiction afin d'observer les tensions qui se manifestent entre ces notions. Les textes de Modiano et de Salvayre nous amèneront à nous interroger sur la manière dont s'articule la mémoire à des faits historiques, et sur les modalités de la fiction. Nous verrons que la fiction permet d'ouvrir un espace nouveau à partir d'un monde réel et connu d'où peut surgir une représentation mémorielle d'une réalité factuelle. Dans le second chapitre, nous examinerons ensuite comment le souvenir de l'Occupation travaille les personnages de La Place de l'étoile et de La Compagnie des spectres pour modeler leur discours selon un verbalisme délirant. Ce chapitre sera consacré à l'étude des personnages de Schlemilovitch, de Rose et de Louisiane, et de l'univers fictionnel dans lequel ils évoluent, ce qui nous permettra de saisir en quoi consiste leur pathologie mémorielle où passé et présent ne sont plus mis à distance. Dans le troisième et dernier chapitre, nous replacerons ces deux romans dans leur paysage mémoriel respectif, notamment grâce à l'étude de l'historien Henry Rousso sur l'évolution de la mémoire de l'Occupation et ce qu'il a nommé le «syndrome de Vichy». Nous verrons comment ces deux récits rendent compte de l'éclatement de la mémoire en mémoires particulières par lequel se manifeste une difficulté à disposer d'une unité qui saurait rassembler la société française sous un même attachement. Nous terminerons avec la mise au jour du paradoxe des Français qui désirent garder du passé une mémoire vivante, mais qui, par trop vouloir se le rappeler, finissent, sans le vouloir, par l'oublier. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Mémoire, Occupation allemande, Fiction, Salvayre, Modiano.
4

Fremdherrschaft und Kollaboration : die Niederlande unter deutscher Besatzung 1940-1945 /

Hirschfeld, Gerhard, January 1984 (has links)
Diss. : Geschichte : Düsseldorf : 1980 soutenue sous le titre "Die Kollaboration mit der deutschen Besatzungsmacht in den Niederlanden während des Zweiten Weltkrisegs". - Bibliogr. p. 290-305. Index. -
5

La transgression dans les années noires : Nancy 1940-1944 / Transgression in the dark years in 1940-1944 Nancy

Perrin, Didier 16 October 2018 (has links)
Si la transgression se rencontre dans l’historiographie, elle n’a cependant jamais donné lieu à une véritable théorisation. C’est l’objet de cette thèse d’en dresser une définition qui en fait la contestation d’une loi en appui sur une volonté, la conscience d’une possible sanction, la projection d’un au-delà normatif et une capacité de nuisance contre l’autorité. La validité du concept a été éprouvée en le confrontant aux rapports de police quotidiens rédigés dans le Nancy occupé de 1940 à 1944. L’objectif est d’étudier comment la transgression se transforme en un phénomène d’envergure au point d’apparaitre comme une nouvelle normalité. Dans un premier temps, l’analyse des conditions de la déviance dresse l’état des lieux d’une société provinciale en temps de guerre et les mutations physiques et humaines du territoire urbain. Les champs de la transgression dévoilent, ensuite, le caractère protéiforme de la désobéissance au niveau politique, des opinions, de la violence, de l’économie, des mœurs, des mobilités, des identités et des attitudes. On y croise à la fois les phénomènes de collaboration, de Résistance, de déportation, les comportements journaliers de survie aussi bien que les imaginaires et les représentations. Enfin, l’analyse approche le transgresseur à hauteur d’homme pour dresser une sociologie du crime, construire le portrait-type du déviant et approcher des figures singulières de résistants, de Justes, ou de conformiste critique. Au final, les 1550 jours d’occupation plongent Nancy dans un hors-temps où l’« a-normal » est la règle. L’angle de la transgression permet de comprendre les stratégies mises en œuvre par le corps social pour tenter de s’y adapter / Although transgression has already been dealt with in historiography, its theorising has never been fully and thoroughly achieved. This thesis aimt at providing a definition that will be read as the result of a law-challenging will combined with the awareness of looming threats, the ability to build up strategy beyond a normative framework together with the ability to undermine existing power. The concept has been tested and validated through 1940-1944 daily police reports that were written in then German-occupied Nancy. The aim is to study how transgression becomes and overwhelming phenomenon so that it almost looks like conventional normality. First, the study of the way deviance was implemented gives us information about war-time provincial society and about physical changes in urban landscape. Transgression thus reveals its multifaceted aspects in political disobedience, opinions, violence, economics, morals, transport, identity and behaviour. There we’ll follow the markers of collaboration with the nazis, resistance, deportation, survival behaviour as well as psyche and mental representations. Last the transgressor will be analysed on a human scale in order to build up a sociology of crime, draw up the typical profile of deviant people and make you closer to notable figures of resistants fighters, those entitled « Righteous among the nations » and meet conventional yet critical citizens. Those 1550 days in German-occupied Nancy give the opportunity to steep yourself into times when ab-normality was the rule. The view through the prism of transgression should allow us to better understand the strategies implemented by society to fit with the situation
6

Attitude empreinte d'ambivalence : le New York Times face au régime de Vichy, 1940-1942

Cecil, Sarah January 2011 (has links)
Au cœur de la Seconde Guerre mondiale, lorsque l'Allemagne brise la défense de la ligne Maginot et que la France abandonne le combat et déclare l'armistice en juin 1940, les États-Unis ne comprennent pas ce qui a pu arriver à l'une des forces armées les plus fortes au monde et qui a permis l'instauration du régime de Vichy. Si le gouvernement de Washington cherche à fuir le combat actif tout en maintenant un contact avec le gouvernement de Vichy, le New York Times laisse libre cours à ses impressions sur le conflit européen, particulièrement sur le régime vichyste et ses politiques. Le présent mémoire cherche à comprendre l'attitude adoptée par le New York Times face à la défaite française, à la collaboration franco-allemande et aux relations franco-américaines de 1940 à 1942. La consultation d'éditoriaux du quotidien, pendant les deux premières années du régime, nous a permis de constater que le journal est dévasté par la défaite et anxieux face à la collaboration, puis démontre une compréhension vis-à-vis des actions de Washington envers Vichy qui se transforme en une désapprobation face au maintien de leurs relations diplomatiques.
7

Une histoire des Mouvements Unis de Résistance (de 1941 à l'après-guerre). Essai sur l'expérience de la Résistance et l'identité résistante

Vast, Cécile 10 November 2008 (has links) (PDF)
Il s'agit ici d'interroger la singularité d'une identité modelée par l'expérience de la Résistance, à travers l'ensemble formé par trois mouvements de résistance non communistes de la zone sud fondés en 1941 (Combat, Libération Sud et Franc-Tireur), regroupés en 1943 dans les Mouvements Unis de Résistance (MUR), puis en 1944 dans le Mouvement de Libération nationale (MLN). Ce cadre d'étude permet la multiplication des angles d'observation, et le choix dune démarche comparative rend compte de la diversité des composantes, des ancrages géographiques, des préoccupations et des vécus. Une place particulière est accordée au parcours d'Alban Vistel : responsable de Libération-Sud à Vienne puis chef régional des MUR, sa personnalité imprègne l'histoire des mouvements unis de la région de Lyon. L'approche par le détour de l'identité rompt avec la vision d'une Résistance conçue comme un bloc et confirme l'idée d'un édifice en construction. Entre 1941 et le début de 1943, c'est par référence à l'entité "mouvements" que s'exprime l'appartenance identitaire. Par la suite, jusqu'à la Libération, cette identité de groupe se transforme en identification totale à l'idée "Résistance". La pluralité des services et des lieux de résistance diversifie les modes d'appropriation de l'expérience et donne à cette identité résistante son caractère multidimensionnel. Quelques grands éléments constitutifs, inégalement mais peu à peu partagés, structurent la singularité de la Résistance : Témoignage, appropriation du temps, dimension légendaire, responsabilité sociale et élitisme, idéal unitaire, identification à la France comme idée, éthique de l'action.
8

Occupations et logiques policières: la police communale de Bruxelles pendant les première et deuxième guerres mondiales, 1914-1918 et 1940-1944

Majerus, Benoît 08 December 2004 (has links)
En tant que pays occupé pendant les deux conflits mondiaux, la Belgique s’avère être un laboratoire pour étudier le phénomène des occupations pendant le XXe siècle. Pour la bureaucratie étatique, ces occupations posent la question de leur positionnement face à une dissociation entre Etat et Nation. La comparaison diachronique de la police communale de Bruxelles – à travers l’angle organisationnel et à travers sa pratique dans l’espace social – a permis de dégager plusieurs thèses. <p>Le développement des appareils administratifs a pris de telles dimensions dans le XIXe siècle que l’occupant est obligé de trouver un modus vivendi avec les institutions existant sur les territoires occupés, lui-même étant incapable de gérer seul les pays sous son contrôle. Cette constellation donne une marge de manœuvres importante à la police locale, l’institution qui fait l’objet de notre étude.<p>Pendant les deux guerres, la police est soumise à un processus de réformes visant à améliorer son fonctionnement :centralisation du commandement, spécialisation d’unités, élargissement géographie des compétences d’intervention… Ces changements s’inspirent d’une part d’idées ambiantes en Belgique et d’autre part de projets réalisés en Allemagne dans les deux périodes procédant la guerre.<p>L’intégration de l’appareil policier communal à l’intérieur d’un régime d’occupation est facilitée par le professionnalisme de celui-ci qui contraste fortement avec la pratique des polices auxiliaires pour lesquelles l’ordre patriotique et/ou idéologique peut prendre le dessus sur le ‘maintien d’ordre classique’. Cette prédominance professionnalisante explique la continuité du fonctionnement de l’institution qui poursuit ses tâches entre 1914-1918 et 1940-1944.<p>En m’inspirant des travaux de l’historien allemand Alf Lüdtke et du sociologues français Dominique Montjardet, j’ai essayé de questionner trois postulats sous-jacents dans l’historiographie :<p>-\ / Doctorat en philosophie et lettres, Orientation histoire / info:eu-repo/semantics/nonPublished
9

« Ici en deux » : étude critique et génétique de l’album Matière et mémoire, ou les lithographes à l’école, de Jean Dubuffet et Francis Ponge / " Here in two " : critical and genetic study of the album Matière et mémoire, ou les lithographes à l’école, of Jean Dubuffet and Francis Ponge

Conesa, Severine 22 March 2011 (has links)
L’ouvrage que nous allons étudier est un objet singulier, objet d’art, œuvre littéraire, œuvre d’art, livre de peintre ou album, il présente au lecteur de multiples facettes. Offrant au public une collaboration inédite et captivante entre le poète Francis Ponge et le peintre Jean Dubuffet, l’ouvrage se présente comme un album de lithographies : une série de trente-quatre épreuves, composées par Jean Dubuffet de septembre à novembre 1944, sont précédées et « préfacées » par un texte de Francis Ponge. L’album, intitulé Matière et mémoire, ou les lithographes à l’école, est publié en novembre 1945 – soit exactement un an après la rencontre du peintre et du poète - à l’atelier Fernand Mourlot, il ne sera tiré qu’à une soixantaine d’exemplaires avant que ne soit détruite la pierre lithographique. Cette sorte d’ouvrage se caractérise par un certain « rapport de force » entre le texte et l’image, rapport inverse à celui qui s’opère dans le livre illustré traditionnel, puisque c’est ici l’image qui préexiste, le texte étant élaboré à partir, à cause même des lithographies. Suivant pas à pas le chemin de la genèse de l’œuvre, nous verrons comment s’est engendré ce projet, sa réalisation et la part non négligeable prise par Jean Paulhan – alors en relation et correspondance suivie avec Jean Dubuffet et Francis Ponge – dans l’élaboration de l’œuvre commune, livre de rencontre plus que de dialogue. Notre exemplaire de référence porte le numéro 22, conservé à la Bibliothèque Nationale de France ; il comporte le dossier de notes de Francis Ponge, l’invitation à l’exposition des lithographies à la Galerie André et possède une reliure originale, réalisée en 1985 par Max Leroux. / The work which we are going to present is a singular object, a work of art, a literary work, a work of art, painter's book(pound) or album, it presents to the reader of multiple facets. Offering to the public a new and fascinating collaboration between the poet Francis Ponge and the painter Jean Dubuffet, the work appears as an album of lithographies: a series of thirty four tests, consisted by Jean Dubuffet from September till November, 1944, are preceded and "introduced" by Francis Ponge's text. The album, entitled Matière et mémoire, ou les lithographes à l'école, is published in November, 1945 - exactly one year after the meeting of the painter and the poet - to the workshop Fernand Mourlot, it will be pulled only in about sixty copies before is destroyed the lithographic stone. This kind of work is characterized by a certain "balance of power" between the text and the image, report inverts to the one who takes place in the traditional illustrated book, because it is here the image which preexists, the text being elaborated to leave, before cause of lithographies. According to step by step the road of the genesis of the work, we shall see how engendered this project, its realization and the not insignificant part taken by Jean Paulhan - then in relation and correspondence followed with Jean Dubuffet and Francis Ponge - in the elaboration of the common work, a book of meeting more than dialogue. Our reference copy wears the number 22, kept by the Bibliothèque Nationale de France; it contains the file of Francis Ponge's notes, the invitation in the exhibition of lithographies in the Gallery André and possesses an original binding, realized in 1985 by Max Leroux.
10

Les entreprises de la Gironde occupée (1940-1944) : restrictions, intégrations, adaptations / Enterprises in Occupied Gironde (1940-1944) : restrictions, integrations, adaptations

Durand, Sébastien 08 December 2014 (has links)
Tandis que la Drôle de Guerre est l’occasion d’une première confrontation avec la réglementation et la réquisition, la signature de l’armistice marque pour les entreprises de la Gironde occupée le début d’un dialogue complexe et fécond avec le gouvernement de Vichy et les autorités allemandes. Celles-ci font face à une polycratie franco-allemande, imposant des nouveaux cadres, administratifs et territoriaux, à leur activité. L’entreprise devient un enjeu réel de pouvoir. Apparaissent à la fois des réels points de convergence (aryanisation des « entreprises juives », rémunérations du travail) et d’importantes surfaces de tension (contrôle du port, concentration de la production, départ d’ouvriers pour l’Allemagne). Par ailleurs, le régime de Vichy ne lésine pas sur les moyens, en vue de faire de l’entreprise une vitrine idéologique (Révolution nationale) : cérémonies collectives, structures d’entraide, corporatismes, associations politiques, mouvements collaborationnistes. Armé d’un redoutable arsenal législatif et répressif, il parvient – avec le soutien des Allemands – à en faire un lieu d’exclusion, d’où sont violemment extraits les éléments jugés indésirables, que ce soit pour leurs activités politiques (les communistes) ou pour leur appartenance religieuse abusivement qualifiée de « raciale » (les juifs). À l’inverse, la stratégie consistant à faire de chaque établissement un lieu d’intégration à ses idéaux, ne rencontre qu’un succès mitigé. L’attachement des acteurs de l’entreprise à la personne même du maréchal Pétain, réel au début de la période, s’estompe sous l’effet des épreuves et des sujétions dont sont victimes les Girondins. De ce point de vue, la politique sociale de l’État français (Charte du travail et comités sociaux) ne lui permet pas – sauf exception – de « ramener » patrons et ouvriers dans le giron vichyste. Dans un contexte de graves pénuries (matières premières, main-d’œuvre, moyens de transport), les entreprises girondines cherchent bien des alternatives à ce qu’on appelle communément la « collaboration économique » : utilisation de produits de remplacement, reconversion des activités, réadaptation de l’appareil productif, essor des pratiques illicites (marché noir). Mais rares sont les patrons à ne pas devoir se poser la question de l’opportunité de proposer une offre de services à l’occupant. Cette offre est largement répandue, mais variable selon les métiers, les branches et les temps de l’Occupation. Les occupants tirent ainsi profit des atouts du tissu économique local, puisqu’ils parviennent à intégrer à leur économie de guerre les industries anciennement mobilisées pour la Défense nationale et plus encore les richesses tirées du sol girondin : le bois, la résine, le vin. / While the Phoney War occasioned a first confrontation with regulations and requisition, the signing of the Armistice marked the start of a complex period for the enterprises in occupied Gironde, in that it prompted a fruitful dialogue with the Vichy government and the German authorities. These enterprises faced a French German polycracy, which imposed new administrative and territorial executives on their activities. Enterprise became a real power issue. There were points of convergence (the aryanisation of “Jewish enterprises”, the remuneration of work) as there were of conflict (the control of the port, the concentration of production, the workers' departure for Germany). Moreover, the Vichy regime did all it could to make enterprise an ideological showcase (“Révolution Nationale”): ceremonies, support groups, corporatism, political associations, collaborationist movements. Armed with a formidable legislative and repressive arsenal, it managed – with the support of the Germans – to create a place of exclusion, from which were violently removed, any elements that were judged undesirable either for their political activities (communists) or for their religious affiliation, abusively qualified as “racial” (Jews). On the contrary, the strategy which consisted in making each establishment a place of integration of its ideals, was not met with much success. The attachment that the actors of the enterprises had for Maréchal Pétain himself, which was very real in the beginning, soon faded with the trials and constraints that the people of Gironde had to suffer. From this point of view, the social policy of the French State (“Charte du Travail”) did not allow it – with some exceptions – to “bring” employers and workers back to the Vichy realm. In a context of severe shortage (primary goods, labour and means of transport), enterprises in Gironde looked for alternatives to what we commonly call the “economic collaboration”: use of products of replacement, reconversion of activities, readjustment of the productive machine, development of illicit practices (black market). Few entrepreneurs, however, missed the business opportunity that lay in offering their services to the occupying forces. These services were widespread, but varied according to jobs, fields of activity and times of the Occupation. In this way, the occupying forces benefited, from the strengths of the local economic fabric, since they managed to integrate into their war economy not only the industries that had earlier been mobilized for the “Défense Nationale” but also the natural resources of the land: wood, resin, wine.

Page generated in 0.5157 seconds