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Avoir ou ne pas être : la constitution possessive de l'organisationBencherki, Nicolas 08 1900 (has links)
Comment une organisation peut-elle agir ? Peut-elle être considérée comme un acteur en elle-même ou nécessite-t-elle que d’autres agissent pour elle ? Comment parler de son action sans présumer son existence ? Je voudrais proposer ici une approche proprement communicationnelle à la question de l’action organisationnelle. M’appuyant sur la narratologie de A. J. Greimas pour rendre apparentes certaines des idées centrales de la philosophie de l’individuation, je montre que l’organisation – et tout être social – agit en se faisant attribuer des actions. La philosophie de l’individuation est nécessaire ici pour dériver une théorie de l’action organisationnelle à partir de la manière même dont se constituent les organisations. Cela me permet notamment d’affirmer que l’organisation participe aussi elle-même à ces pratiques d’attribution, car en tant qu’elle existe déjà « plus ou moins et d’une certaine manière », elle appelle des actions particulières. À travers l’imbrication de mandats et de programmes d’actions, dans une logique d’appropriation/attribution, l’organisation peut effectivement agir tout en comptant toujours sur d’autres pour le faire. Nul besoin de s’en remettre à une ontologie essentialiste de l’organisation pour affirmer qu’elle agit elle-même, car il n’y a pas d’opposition entre affirmer que l’organisation agit et que d’autres agissent pour elle.
En fait, loin de s’opposer, ces deux affirmations s’impliquent mutuellement. Les pratiques d’attribution sont nécessaires pour agir légitimement – il faut toujours agir pour autre que soi – mais aussi pour agir tout court, car la logique même de la propriété d’action, donc de pouvoir dire que ceci est mon action, suppose que l’action ne soit jamais tout à fait mienne. Les conséquences de cette proposition sur les questions de pouvoir et d’éthique sont brièvement abordées.
En observant quatre terrains distincts, j’ancre cette proposition théorique dans l’empirique. Ces terrains sont une association de locataires, un projet de réforme d’un grand établissement d’enseignement français, quelques événements dans la vie d’un gestionnaire de gratte-ciel de New York et une réunion entre des représentants de Médecins sans frontières et des administrateurs de santé congolais. Compte tenu de la nature théorique de ma proposition, cette variété de terrains permet de montrer l’utilité de ces idées à l’étude d’une diversité de situations. / How can an organization act? Can it be considered as an actor in itself or does it need others to act on its behalf? How is it possible to address these questions without presupposing the organization? I would like to put forward a specifically communicational approach to the question of organizational action. Borrowing from A. J. Greimas’ narratology to make salient some of individuation philosophy’s most central ideas, I show that the organization – and any ‘social’ being – acts by being attributed actions. Individuation philosophy is necessary to derive a theory of organizational action from the very manner organizations are constituted. This allows me, among other things, to suggest that organizations themselves also play a part in attribution practices, for inasmuch as they exist “more or less and in a certain way”, they call for further actions. Through the imbrication of mandates and of programs of actions, in a logic of appropriation/attribution, the organization can act by always relying on others to do so. There is no need to invoke an essentialist ontology of organization to state that it acts by itself, for there is no opposition between stating that the organization acts and that others act for it.
In fact, far from opposing, both statements imply each other. Practices of attribution are necessary for legitimate action – I must always act for someone other than myself – but also for acting at all. In other words, to be able to say that this is my action, I need this action not to be entirely my own. The consequences of this proposal on questions of power and ethics are also briefly considered.
I provide my theoretical discussion with a firm empirical grounding through the study of four different fields. I analyse audio and video recordings from a tenants association, the reform project of a French higher education institution, events from the daily work of a New York skyscraper manager and a meeting between Doctors without border representatives and Congolese health administrators. Given the theoretical nature of my proposal, this variety of empirical data allows me to show the usefulness of those ideas to the study of a large array of situations. / Thèse réalisée en cotutelle entre le Département de communication de l'Université de Montréal (sous la direction de François Cooren)et le Centre de sociologie des organisation de Sciences Po Paris (Institut d'études politiques de Paris; sous la direction de Bruno Latour).
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La gestion des risques informationnels dans l’entreprise privée : perspective des gestionnaires de la sécuritéDesroches, Chantal 10 1900 (has links)
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Relations sociétés-nature et stratégies intégrées de conservation et du développement : cas de la Réserve de Biosphère Intercontinentale de la MéditerranéeBoushaba, Kamal 01 1900 (has links)
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L’université québécoise en mutation : entre valorisation du savoir et recherche partenarialeDufour, Gabriel 05 1900 (has links)
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Regard alternatif sur une économie alternative : connaissances économiques d’entrepreneur-e-s québécois-e-s en coopératives de travailRivet-Préfontaine, Louis 09 1900 (has links)
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Cercles citoyens et espace public : la démocratisation organisationnelle à l’épreuve des rodas brésiliennesRuelland, Isabelle 05 1900 (has links)
Au Brésil, les mouvements antiautoritaires engagés notamment dans de la réforme psychiatrique participent de la création de dispositifs de participation sociale parmi les plus innovants qu’on puisse trouver sur le plan de la démocratisation. La présente recherche avait d’abord pour objectif de comprendre comment de ces dispositifs agissent sur les rapports sociaux de pouvoir traversant le réseau de santé mentale de la ville de Campinas dans l’État de São Paulo. Nous problématisons les forces sociales et économiques qui participent de la construction de ce réseau et de son « système d’analyse et de cogestion » ; une organisation participative impliquant côte à côte des destinataires, des travailleurs, des gestionnaires et parfois des élus locaux. En survolant les différents courants de la sociologie des organisations, nous découvrons le rôle central de la prise en compte du destinataire de services pour l’étude de la dimension sociopolitique de l’organisation. Il ne s’agit pas d’étudier les rapports sociaux de pouvoir sous l’angle des dispositifs participatifs, mais bien à partir des expériences vécues et de la production collective de subjectivation politique.
À partir de données recueillies lors d’une ethnographie de huit mois auprès du réseau de santé mentale de Campinas, nous observons en quoi la transformation des rapports sociaux de pouvoir vécue subjectivement par les acteurs renvoie à des configurations collectives spécifiques communément nommées rodas (cercle en portugais). Cette notion fait référence aux situations au cours desquelles un petit groupe d’acteurs se réunit pour réfléchir, débattre et décider d’actions à mener en rapport à la santé mentale dans la ville. Ces configurations collectives permettent aux citoyens de donner sens et forme à un projet local de démocratisation. L’étude se consacre alors à comprendre comment les rodas agissent sur les rapports sociaux de pouvoir induits par l’organisation participative locale. En 2012, le réseau de santé mentale de Campinas traverse une des plus importantes crises de son histoire. Des coupures et la privatisation de services ont mené à une vaste mobilisation citoyenne. Dans ce contexte, nous identifions les points de tensions et d’agencements entre les rodas et les dispositifs participatifs du réseau en portant attention aux expériences quotidiennes.
L’analyse des rodas ouvre de nouvelles pistes de compréhension des dynamiques de pouvoir collectif en contexte organisationnel. Par le partage de temps dans une pluralité d’espaces ouverts, par le partage d’affects ainsi que par la problématisation collective d’évènements critiques affectant le quotidien, les rodas agissent sur la hiérarchisation de manière à la réduire. Cet effort collectif de démocratisation sans cesse renouvelé ne permet toutefois pas de venir à bout des inégalités de pouvoir induites par l’organisation des services et par la société brésilienne. Comme pratique citoyenne, les rodas constituent néanmoins des leviers collectifs pour dénoncer des contradictions et des injustices sociales au sein et en dehors de l’organisation participative. Elles relèvent la possibilité d’une critique collective continue ouverte à la créativité sociale. Cette recherche ouvre un nouveau champ d’études sur les innovations citoyennes en contexte d’organisation participative; un champ d’autant plus prometteur qu’il s’inscrit dans un renouvellement critique de la sociologie des organisations. / In Brazil, anti-authoritarian movements, particularly those engaged in psychiatric reform, are creating some of the newest innovative democratic forms of social participation. The aim of this research is first to understand how these new participatory schema act on the social relations of power across the mental health network in the city of Campinas in the State of São Paulo. I first problematize the social and economic forces involved in the construction of this network and its "system of analysis and co-management". This participatory model of organization requires users, workers, managers and sometimes local elected officials work side by side. Across the different streams of organizational sociology, the user is seen to play a central role in defining the socio-political dimension of the organization. However this is not achieved through participatory schema rather the user arises from the production of political subjectivation and the actual experiments themselves.
Using ethnographic data collected during an eight-month period from across the Campinas mental health network, I observe how the transformation of the subjective social relations of power experienced by the actors refers to specific collective configurations commonly known as "rodas" (Circle in Portuguese). The term “rodas” refers to small groups of actors who meet to reflect, debate and decide on actions to be taken in relation to mental health practices in the city. These collective configurations allow citizens to give meaning and form to a local democratization project. The study then focuses on how the rodas influence the social relations of power induced by the local organization. In 2012, the Campinas mental health network went through one of the biggest crises in its history. Cuts and the privatization of services led to widespread citizen mobilization. In this context, I identify tensions and strategies within the rodas and their means for participation across the network paying attention to their everyday experiences.
The analysis of rodas opens up new avenues of understanding the levers of collective power in an organizational context. Through the sharing of time in a plurality of open spaces, through sharing affect as well as through collective problem-solving of critical events impacting affecting daily life, the rodas act to reduce organisational e hierarchy. This collective effort of constantly renew democratization does not however make it possible to overcome the inequalities of power induced by the organization of services and by Brazilian society. As a form of citizen participatory practice, rodas nevertheless provide collective levers that denounce contradictions and social injustices within and outside the organization. Their practices highlight the possibility of a continuous collective criticism open to social creativity. This research opens a new field of study on citizen participation and innovation in the context of the organization; a field that is all the more promising because it is part of a critical renewal of the sociology of organizations.
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La mobilisation pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des migrants et migrantes au Japon : l'expérience d'un groupe de défense des droitsLeroux, Pierre-Hubert 08 1900 (has links)
Bien que le gouvernement japonais ait historiquement été réticent à l’idée d’établir une politique d’immigration pour remédier au vieillissement de sa population, un nombre chaque année grandissant de migrantes et migrants se rendent au Japon pour y travailler, dans des conditions parfois difficiles. Alors que le gouvernement japonais et les principaux syndicats du pays semblent ignorer les revendications pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, de nombreuses organisations de la société civile offrent leur soutien aux communautés migrantes. Afin de mieux comprendre comment s’organise ce mouvement social contemporain, nous avons procédé à une étude de cas au sein d'un tel groupe de défense des droits de la région de Tokyo, au Japon, par une observation participante et dix entretiens individuels. Pour analyser cette action collective, nous mobilisons le cadre conceptuel développé par Benford et Snow (2000) autour des « processus de cadrage », les « répertoires d'actions » et les « structures d’opportunités politiques » théorisés notamment par Tilly et Tarrow (2015) ainsi que les processus de construction d'une identité collective – l’identization – tels que proposés par Melucci (1996).
Il ressort de nos analyses que le problème central identifié par le groupe de défense des droits correspond à l’absence d’une politique nationale d’immigration. Deux principales solutions sont donc mises de l’avant, soit l’adoption d’une telle politique par l’État japonais et la reconnaissance d’une société multiethnique et multiculturelle. Plusieurs limites subsistent toutefois quant à l’appel à l’action collective. Nos analyses permettent notamment de comprendre comment les principales actions mises en place par l’organisation ont historiquement visé le monde politique et peuvent être par moments peu adaptées au public que constitue la société civile japonaise. De plus, nous avons pu constater que la structure d’opportunités politiques, dont la législation portant sur l’immigration et le travail, favorise et limite de différentes façons l’action collective. Enfin, l’étude des processus de construction d’une identité collective nous a permis de mieux comprendre comment les communautés migrantes et d’origines diverses rencontrent certaines difficultés dans leur implication au sein du mouvement, alors qu’elles peuvent ne pas maîtriser la langue d’usage ou ne pas faire partie des réseaux de solidarités pertinents. / Although the Japanese government has historically been reluctant to establish an immigration policy to address the ageing of its population, an increasing number of migrants travel to Japan each year to work, sometimes under difficult conditions. While the Japanese government and the country's main trade unions are reportedly ignoring demands to improve their living and working conditions, many civil society organizations offer their support to migrant communities. In order to better understand how this contemporary social movement is organized, we conducted a case study within one such advocacy group in the Tokyo region, through participant observation and ten individual interviews. To analyze this collective action, we mobilize the conceptual framework developed by Benford and Snow (2000) around the "framing processes", the "repertoire of contention" and the "political opportunity structure" theorized by Tilly and Tarrow (2015) as well as the processes of building collective identities – identization – as proposed by Melucci (1996).
Our analyses indicate that a central problem identified by the advocacy group is the lack of a national immigration policy. Two main solutions are therefore put forward, namely the adoption of such a policy by the Japanese government and the recognition of a multi-ethnic and multicultural society. However, several obstacles remain with regard to the call for collective action. In particular, our analyses help us understand how the main actions implemented by the organization have historically targeted the political world and may at times be ill-suited for Japanese civil society. In addition, we have seen that the structure of political opportunities, including immigration and labour legislation, facilitates and constrains collective action in different ways. Finally, the study of the construction of a collective identity has allowed us to better understand how migrant and foreign communities encounter a number of difficulties in their involvement in the movement, as they may not master the language or be part of the relevant social networks.
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Forme et dynamique sociale de l'entreprise réseau : monographie d'un atelier de dessin techniqueSkerlj, Alexandre 12 1900 (has links)
Le recours à la stratégie du recentrage sur le cœur de métier (core business) par les entreprises fait apparaître, en discours comme en pratique, trois mouvements qui déstabilisent les ensembles bureaucratiques: la réorganisation de la grande firme en « centres de profits », la multiplication des relations inter-firmes et un changement d’ordre qualitatif dans les termes de l’échange. L’avènement et le maintien de ce que nous convenons d’appeler l’« entreprise réseau » demeurent à ce jour problématique : soit cette forme organisationnelle serait le résultat d’une adaptation unilatérale à son environnement; soit la dynamique sociale serait réglée par la confiance entre les acteurs. Notre démarche inductive et exploratoire d’un cas d’entreprise réseau québécoise veut contribuer au démontage de la notion, puis à la compréhension sociologique du phénomène. Nous constatons que cette forme d’entreprise ne peut être comprise que lorsque nous la mettons en perspective avec l’entreprise bureaucratique. / The strategic focus on the core business by bureaucratic firms contributed to the destabilization of this organizational form in three ways: the move to small « profits centers », the multiplication of exchange relations between firms and the changing nature of the relationships between them. The literature that explains the why and how of what we conceptualize as a « network firm » is still problematic. This management literature has two paradigms: either this organizational form is the result of a unilateral adaptation it’s environment ; either the social dynamic between firms is only based on trust. Our inductive research design is based on a single case of a multinational network Quebec firm. It tries to contribute to the analysis of this concept and to its sociological understanding. We conclude that this organizational form cannot be fully understood unless it is putted in perspective with the bureaucratic firm.
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Analyse de l'évolution de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérienChaparro, Natalia 08 1900 (has links)
La présente étude a analysé l’évolution de l’Administration Canadienne de la Sureté du Transport Aérien (ACSTA) depuis sa mise en place jusqu’aujourd’hui, ainsi que les acteurs individuels ou institutionnels impliqués dans ce processus. L’ACSTA gravite dans un champ organisationnel ‐ensemble d’organisations qui constituent un domaine reconnu de la vie institutionnelle (DiMaggio et Powell, 1983)- au sein duquel agissent différents acteurs qui ont influencé non seulement sa création, mais qui ont continué à jouer un rôle important tout au long de son évolution. Nous avons défini le champ de la sûreté aérienne et au sein de celui‐ci, nous avons analysé les mécanismes institutionnels, tout en identifiant et définissant le rôle des différents acteurs en présence. Il ressort de nos analyses que principalement deux types de contraintes institutionnelles (DiMaggio et Powell, 1983) ont influencé la création et le développement de l’ACSTA. Premièrement, mis à part les contraintes coercitives émanant de la règlementation internationale de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale, il apparait que d’autres contraintes du même type proviennent du gouvernement américain, par le biais de pressions visant à la mise en place de mesures sécuritaires, tant au moment de la création que tout le long de l’évolution de l’organisation. Il est à noter, cependant, le rôle du terrorisme et des tentatives d’attentat comme provocant de telles contraintes. Deuxièmement, nous avons identifié des contraintes du type normatif, c’est-à‐dire celles qui proviennent des valeurs, des normes et du bagage professionnel lié à la sécurité et à la sureté aérienne. Il apparait que les contraintes normatives agissent constamment alors que les contraintes coercitives surgissent ponctuellement tout au long de la période analysée. / This study analyzed the evolution of the Canadian Air Transport Security Administration (CATSA) since its creation up to today, as well as the individual and / or institutional actors implied in this process. CATSA gravitates in an organizational field ‐the group of organizations that constitute a recognized area of institutional life (DiMaggio and Powell, 1983)- in which different actors, who not only influenced its creation, continued to play an important role all along its evolution. We have defined the air transport security field and within, we have analyzed the institutional mechanisms while identifying and defining the role of the different actors. Our analysis suggests that mainly two types of institutional isomorphisms (DiMaggio and Powell, 1983) have influenced the creation and the evolution of CATSA. Besides the coercive constraints coming from the International Civil Aviation Organization’s international regulation, it appears that other similar pressures emanate from the government of the United States by the means of coercive isomorphism, aiming the establishment of security measures all along CATSA’s evolution. It should be noted, however, the role of terrorists and their attempts to attack, as the catalyst actors and events of such coercive isomorphism. Second of all, we have also identified normative pressures originating from the values and standards from the professional network, or branch, linked to air transport security. It appears that the normative pressures appear regularly, while the coercive pressures emerge punctually all along the analyzed time period.
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La controverse autour du code des personnes et de la famille au Mali : enjeux et stratégies des acteursKoné, Ousmane 09 1900 (has links)
L’objectif de cette thèse est d’analyser et de comprendre la dynamique de la controverse autour de l’adoption en 2009 du code des personnes et de la famille au Mali. Elle s’intéresse particulièrement aux principaux enjeux, c'est-à-dire aux questions à l’origine de cette controverse ainsi qu’aux stratégies mises en place par les différents acteurs sociaux (les organisations islamiques et leurs alliés, d’une part, et d’autre part, les organisations féminines et les leurs) afin d’infléchir le processus. En plus du pourquoi et du comment de cette controverse, notre recherche visait à comprendre le bilan du processus tiré par les acteurs eux-mêmes, le sentiment qui les anime à l’issu de ce long processus, leur appréciation de leur expérience, et leur vision de l’avenir.
Pour étudier cette problématique, nous avons choisi l’approche de l’action collective protestataire, laquelle s’inspire à la fois des théories de l’action collective, et de celles des mouvements sociaux et des dynamiques contestataires. Afin d’analyser les enjeux au cœur de cette controverse, les stratégies utilisées par les acteurs ainsi que leur bilan du processus, nous avons opté pour une démarche qualitative. En plus de la littérature grise, des articles de presse, documents audio et audiovisuels sur le sujet, notre travail de terrain de quatre mois dans la capitale malienne nous a permis de réaliser plusieurs entrevues auprès des acteurs impliqués dans ce processus.
S’étendant de 1996 à 2011, soit seize ans, l’élaboration du code des personnes et de la famille au Mali fut un processus long, complexe, inhabituel et controversé. Les résultats de notre recherche révèlent que plusieurs enjeux, notamment sociaux, étaient au cœur de cette controverse : le «devoir d’obéissance » de la femme à son mari, la légalisation du mariage religieux, l’« égalité » entre fille et garçon en matière d’héritage et de succession et la reconnaissance de l’enfant naturel ont été les questions qui ont suscité le plus de débats. Si durant tout le processus, les questions relatives à l’égalité de genre, au respect des droits de la femme et de l’enfant, étaient les arguments défendus par les organisations féminines et leurs alliés, celles relatives au respect des valeurs religieuses (islamiques), sociétales ou socioculturelles maliennes étaient, par contre, mises de l’avant par les organisations islamiques et leurs alliés.
Ainsi, si le discours des OSC féminines portait essentiellement sur le « respect de l’égalité des sexes » conformément aux engagements internationaux signés par le Mali, celui des OSC islamiques s’est, en revanche, centré sur le « respect des valeurs islamiques et socioculturelles » du Mali. Quant aux canaux de communication, les OSC féminines se sont focalisées sur les canaux classiques comme la presse, les radios, les conférences, entre autres. Les OSC islamiques ont également utilisé ces canaux, mais elles se sont distinguées des OSC féminines en utilisant aussi les prêches. Organisés généralement dans les mosquées et autres espaces désignés à cet effet, ces prêches ont consacré la victoire des OSC islamiques. Les radios islamiques ont joué elles aussi un rôle important dans la transmission de leurs messages. Pour ce qui est des stratégies d’actions, l’action collective qui a changé la donne en faveur des OSC islamiques (renvoi du code en seconde lecture, prise en compte de leurs idées), a été le meeting du 22 août 2009 à Bamako, précédé de marches de protestation dans la capitale nationale et toutes les capitales régionales du pays. Quant aux OSC féminines, elles n’ont mené que quelques actions classiques (ou habituelle) comme les pétitions, le plaidoyer-lobbying, les conférences-débats, au point que certains observateurs ont parlé de « stratégie d’inaction » chez elles. L’analyse a également révélé l’utilisation de stratégies inusitées de menaces et d’intimidation par certains acteurs du camp des OSC islamiques à l’endroit des partisans du code. Si chaque groupe d’acteurs a noué des alliances avec des acteurs locaux, les OSC féminines sont les seules à reconnaitre des alliances avec les acteurs extérieurs. Aujourd’hui, si la plupart des membres des OSC islamiques ne cachent pas leur satisfaction face à leur « victoire » et se présentent en « sauveur de la nation malienne », la plupart des membres des OSC féminines se disent, quant à elles, très « déçues » et « indignées » face à l’adoption du code actuel. Elles ne comprennent pas pourquoi d’un « code progressiste », le Mali s’est retrouvé avec un « code rétrograde et discriminatoire » envers les femmes.
La thèse confirme non seulement la difficile conciliation entre droit coutumier, loi islamique et droit « moderne », mais également l’idée que le droit demeure l’expression des rapports de pouvoir et de domination. Enfin, notre recherche confirme la désormais incontournable influence des acteurs religieux sur le processus d’élaboration des politiques publiques au Mali. / The objective of this thesis is to analyze and understand the dynamics surrounding the controversy following the adoption of the Code of Persons and Family in Mali in 2009. It is particularly interested by the main issues, that is to say, the questions at the root of this controversy and the strategies implemented by different social actors (Islamic organizations and their allies, on the one hand, and women's organizations and theirs, on the other) in order to influence the process. In addition to the “why” and the “how” of this controversy, our research focuses on the understanding of the process assessment made by the actors involved, the feeling that animates them at the end of this long process, their appreciation of their experience, and their vision of the future.
To investigate this issue, we have chosen collective action protest's approach, which inspired both theories of collective action, and those of social movements and protest dynamic. In order to analyze the stakes of this controversy, the strategies used by the actors and their assessment of the process, we opted for a qualitative approach. In addition to the gray literature, newspaper articles, audio and audiovisual materials on the subject, our field work during four months in the Malian capital has allowed us to make several interviews with the actors involved in this process. Stretching from 1996 to 2011, namely for sixteen years, the redaction of the Persons and Family Law in Mali was a long, complex, unusual and controversial process. Our research findings reveal that several issues, notably those social, were at the heart of this controversy: "duty obedience" of the wife to her husband, legalization of religious marriage, gender "equality" with regard to inheritance, and recognition of the illegitimate child were the questions that have generated the most debate. If during the whole process, questions related to gender equality, respect for women and children’s rights were the arguments defended by women's organizations and their allies, those relating to the respect of religious (Islamic), societal or sociocultural values of Mali were, on the contrary, put forward by Islamic’s organizations and their allies.
Thus, if the discourse of women's organizations focused mainly on the "respect of gender equality" in accordance with international commitments signed by Mali, the discourse of Islamic organizations has, however, focused on the "respect of Islamic and socio-cultural values" of Mali. As for communication channels, women's CSOs have focused on traditional channels like press, radio, conferences, among others. Islamic CSOs have also used these channels, but they have distinguished themselves from women's CSOs by using also sermons. Generally organized in mosques and other spaces designated for that purpose, these sermons have consecrated the victory of Islamic CSOs. Islamic radios have also played an important role in the transmission of their messages.
Concerning the strategies of action, the collective action that changed the situation in favor of the Islamic OSCs (resending the code for a second reading, inclusion of their ideas) was the meeting of August 22nd, 2009 in Bamako, preceded by protest marches in the national capital and all regional capitals of the country. As for women's CSOs, they have only carried out some classic (or usual) actions like petitions, advocacy-lobbying, conferences and debates, to the point that some observers spoke of "inaction strategy" on their part. The analysis also revealed the use of unusual strategies of threats and intimidation by some actors of Islamic camp towards to the supporters of the code. If each group of actors has formed alliances with local actors, women's CSOs are the only ones to recognize alliances with external actors. Today, if most members of Islamic CSOs don't hide their satisfaction with their "victory" and present themselves like "savior of the Malian nation", most members of women CSOs, meanwhile, say that they are very "disappointed" and "indignant" against the adoption of the current code. They don’t understand why from a "progressive code ", Mali ended up with a "retrograde and discriminatory code" towards women.
The thesis confirms the difficult reconciliation of customary law, Islamic law and modern law, but it also suggests the idea that the law remains an expression of power relations and domination. Finally, our research confirms the now unavoidable influence of religious actors on the public policy making process in Mali.
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