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Théophile Gautier devant la critique, 1830-1872 / Théophile Gautier and his Literary Criticism, 1830-1872Cervoni, Aurelia 14 January 2011 (has links)
L’image de Gautier dans la mémoire collective se réduit souvent à quelques clichés : le gilet rouge de la bataille d’Hernani ; la verve pamphlétaire de la préface de Mademoiselle de Maupin ; « l’art pour l’art » ; l’esthétique « impassible » d’Émaux et camées, qui annonce Le Parnasse contemporain ; la dédicace des Fleurs du mal au « parfait magicien ès lettres françaises ». Se fondant sur un corpus de près de 500 articles, cette thèse se propose d’éclairer l’origine de ces clichés par une étude des controverses suscitées par l’œuvre de Gautier, de 1830, date de publication de ses premières Poésies, à sa mort, en 1872. De 1830 à 1872, Gautier est la cible de la critique conservatrice, qui voit dans son esthétique le signe d’une déperdition des valeurs morales et religieuses et agite le spectre de la décadence littéraire. Rejoignant les conservateurs, les critiques républicains considèrent « l’art pour l’art » comme le produit de la société bourgeoise et mercantile du XIXe siècle. L’auteur a également des détracteurs au sein même du camp romantique. Hormis lors de la publication du Voyage en Espagne, en 1843, son style pittoresque et son indifférence politique sont associés au badinage, à la provocation et à l’antihumanisme. Son succès auprès des « fantaisistes », à partir de 1850, puis des parnassiens, au cours de la décennie suivante, dégrade encore son image : à l’exception de quelques grands critiques, comme Baudelaire, on lui reproche de réduire l’art littéraire à une jonglerie. Dans les années 1860, l’esthétique de Gautier est un repoussoir pour les réalistes et pour les naturalistes. / The image of Gautier is often reduced to a few clichés : The red vest of the battle of Hernani ; the lampoonist eloquence of the Preface to Mademoiselle de Maupin ; "art for art's sake" ; the "impassive" aesthetics of Enamels and Cameos , which is a precursor of the Parnassus Contemporary; the dedication of the Flowers of Evil to the "perfect magician of French letters". With almost 500 articles, this work shall attempt to clarify these clichés and see how they came about by studying the controversies which Gautier's works brought about, when his first Poems were published, until his death in 1872From 1830 to 1872, Gautier has been the target of conservative Literary Critism, which considered his work as a sign of the loss of moral and religious values, stimulating the image of Literary Decadence. Taking the side of the Conservatives, the Republican critics consider “art for art’s sake” as the product of the 19th century middle-class and mercantile society. The author also has detractors within the Romantic side itself. Except during the publication of Voyage en Espagne in 1843, Gautier’s picturesque style and his indifference in regards to politics are linked to his bantering, his provocation, as well as his antihumanism. His success among the “eccentrics” from 1850 on and the Parnassiens during the following decade continues to deteriorate his image : except for some great critics, like Baudelaire, he is criticized for reducing the literary art to the level of jugglery. In the 1860’s, the aesthetics of Gautier is repulsive to the Realists and the Naturalists.
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L'amour des livres la plume à la main : écrivains bibliophiles du XIXème siècle / Loving books, writing books : French XIXth century bibliophile writersLe Bail, Marine 02 December 2016 (has links)
Le second tiers du XIXe siècle correspond à un moment d’intenses mutations au sein du champ éditorial : avec l’entrée de l’imprimé dans l’ère de la production et de la consommation de masse, c’est le statut du livre lui-même qui se trouve remis en question. On assiste dès lors aux prémices d’une nouvelle forme de bibliophilie, qui se construit en tournant le dos aux normes de la librairie contemporaine pour privilégier, à l’inverse, des valeurs de singularité et de rareté. Or, un certain nombre d’auteurs, parmi lesquels Charles Nodier, Paul Lacroix, les frères Goncourt, Gérard de Nerval ou encore Octave Uzanne, s’adonnent eux-mêmes à la passion des livres anciens ou précieux, et en nourrissent plusieurs de leurs textes. Cette étude vise précisément à mettre en lumière les rapports étroits qui unissent tout au long du XIXe siècle pratiques bibliophiliques et création littéraire. Au croisement de l’histoire du livre, de l’analyse textuelle, et de l’histoire littéraire, la bibliophilie s’affirme comme un objet éminemment poétique, un répertoire complexe de motifs et de représentations liés au livre. Dans le même temps, elle se présente comme une pratique socio-culturelle singulière qui contribue à mettre au jour les tensions liées à l’irruption de la modernité industrielle dans la production et la transmission de l’imprimé. / Around 1830, the publishing sector experiences numerous shifts : with the printing system submitting itself to new mass producing principles, the status of the book itself is at stake. From this moment on, we witness the beginnings of a new form of bibliophilism, which builds itself by turning its back on the contemporary publishing standards. Some writers, amongst whom Charles Nodier, Paul Lacroix, the Goncourt brothers, Gérad de Nerval, or Octave Uzanne, are dedicated to collecting rare or valuable books, and find in this passion an inspiration for their own work. This study aims at showing the strength of the links between bibliophilism and writing during all of the XIXtch century. At the intersection of several disciplines such as book history, stylistic analysis, or history of literature, bibliophilism appears as a strongly poetical object and as a complex compilation of themes and topics about books. At the same time, bibliophilism ca be defined as a singular socio-cultural habit, that allows us to perceive all the tensions arisen by the development of modern and industrial ways of producing and selling books.
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L'invention de l'architecture de la Renaissance française au XIXè siècle : le regard de Léon Palustre. / The invention of the French Renaissance architecture in nineteenth century's historiography : the sight of Leon PalustreBen Jemâa, Hadhami 18 December 2013 (has links)
La littérature artistique française du XIXe siècle est bipolaire dans sa représentation de l’introduction de l’italianisme en France. Entre décadence du génie français et célébration de la rénovation architecturale opérée par des agents de la Péninsule, rares se font les positions nuancées. La figure de Léon Palustre marque le paysage historiographique de l’époque par une approche dialectique aboutissant à une synthèse réconciliant les styles. Le présent travail analyse les topoï d’une historiographie où le récit événementiel, la rhétorique et l’attributionnisme postulent une symbiose entre Renaissance et génie national / Nineteenth century’s French artistic literature states a dualism in its representation of Italian forms’ appearance in France. Nuanced opinions were rare in between those who pretended the decadence of French genius and those who, contrariwise, extolled the architectural renovation carried out by agents of the Peninsula. Léon Palustre distinguished himself in the historiographical landscape by a dialectical approach generating a reconciling synthesis of styles. This work analyses the topos of a dissertation where history, rhetoric and attributionnism postulate a symbiosis between Renaissance and national genius
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Le XIXe siècle et la question pénitentiaire : un siècle d'expérimentations architecturales dans les prisons de Paris / The 19th century and penitentiary matter : a century of architectural experiments in Parisian prisonsSoppelsa, Caroline 12 February 2016 (has links)
Aboutissement d'un mouvement réformateur initié depuis le milieu du XVIIIe siècle, l'avènement de la prison pour peine après la Révolution française, entraîne une redéfinition de l'architecture carcérale, dès lors érigée en programme architectural autonome. A travers l'exemple des prisons successivement aménagées et édifiées à Paris et dans le département de la Seine au XIXe siècle, qu'il s'agisse de bâtiments réaffectés ou de constructions ex nihilo, la présente étude s'intéresse à l'évolution des formes au regard des ajustements opérés sur la période en matière de politique pénale et de régime d'enfermement. Placés sous les yeux des décideurs, visités sans relâche, les établissements pénitentiaires de la capitale représentent en effet un formidable laboratoire d'expérimentations préalables à une généralisation à l'échelle nationale. L'analyse est centrée sur le travail de l'architecte constructeur de prison et s'articule, après une présentation détaillée du cadre administratif et des procédures, autour des contraintes fortes et multiples, parfois contradictoires, du programme. Puisque la prison, ville dans la ville, entreprend de reproduire derrière des murs tous les aspects de la vie quotidienne d'un grand nombre d'individus, il s'agit de voir comment l'architecture pénitentiaire met en jeu et tente de plier à ses contraintes propres presque l'ensemble des typologies architecturales communes, du logement à l'atelier, de l'hôpital à l'église, de l'école à la caserne, représentant un véritable défi pour l'architecte. Au-delà de la simple étude de cas, cette thèse se veut ainsi un matériau pour une future histoire générale de l'architecture pénitentiaire en France / In the wake of a reformatory drive initiated back in the middle of the 18th century, prisons erected after the French Revolution are the results of a redefinition of prison architecture, henceforth a fully fledged architectural programme in its own right. Taking as an example the prisons successively fitted our or built in Paris and in the Seine department in the 19th century, wether reset or built from scratch, the present study deals with the history of designs as a result of the development of penal policies during that period and with regard to confinement regulations. Under the vigilant gaze of decison markers, and regularly inspected, the penitentiary institutions in the capital city represent an outstanding laboratory for experimenting the measures to be later implemented nationwide. This analysis concentrates on the work of the architect responsible for building prisons ; it starts out with a detailed presentation of the administrative framework and procedures centered around the strong and sometimes contradictory requirements of the programme. Since a prison a town within the town, undertakes to reproduce behind its walls all the aspects of the daily life of a large number of individuals, the challenge for prison architecture and architects consists in using and trying to fit to its own constraint practically all common architectural typologies, from lodgins to workshop, from hospitals to church, from school to barracks. Beyond a simple case study, the present thesis is designed to inform a future general history of prison architecture in France
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De l'opéra-comique à la zarzuela : modalités et enjeux d'un transfert sur la scène madrilène (1849-1856) / From opéra-comique to zarzuela : terms and issues of a transfer on Madrid lyrical stage (1849-1856)Porto San Martin, Isabelle 21 September 2013 (has links)
Genre lyrique espagnol né au XVIIe siècle, la zarzuela connait un nouvel essor à partir de 1849. En effet, une génération de compositeurs souhaite lui donner une dimension nationale. Il s’agit principalement de Francisco Asenjo Barbieri, Joaquín Gaztambide, Cristóbal Oudrid, Rafael Hernando, José Inzenga et, dans une certaine mesure, Emilio Arrieta. Cette thèse étudie la manière dont musiciens et librettistes ont construit ce répertoire qui, paradoxalement, s’il se veut espagnol, est en certains points inspiré de la scène lyrique française et plus particulièrement de l’opéra-comique. Le transfert s’opère à travers la dimension littéraire, musicale, humaine, mais aussi culturelle. C’est donc la question des influences, de ses modalités et de ses enjeux, qui fait l’objet d’une réflexion et qui est illustrée par des correspondances entre des oeuvres emblématiques de part et d’autre de la frontière / Zarzuela is a Spanish lyrical genre which was born in the 17th century and experienced a revival from 1849 on; Indeed, a generation of composers wished to give it a national dimension. The most important ones are Francisco Asenjo Barbieri, Joaquín Gaztambide, Cristóbal Oudrid, Rafael Hernando, José Inzenga and to a certain extent Emilio Arrieta; This dissertation analyses the way some musicians and authors constructed the repertoire which, paradoxically, even though it was supposed to be Spanish, was, in certain ways, inspired by the French lyrical stage and more particularly by comic opera. The transfer occurs through the literary, musical, human and even cultural dimensions. Consequently, what is discussed here is the issue of influences, their characteristics and challenges as the basis for a thorough analysis illustrated by the links between emblematic works on the two sides of the boarder
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Photographie et peinture entre Italie et France dans la seconde moitié du XIXème siècle : production, édition et dynamiques de marché / Photography and painting between Italy and France in the second part of Nineteenth century : production, edition and market dynamicsMinervini, Fausto 26 May 2016 (has links)
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, comme dans les autres arts visuels, la France, et plus particulièrement Paris, a été une référence fondamentale quant à la réception des nouveautés provenant du domaine photographique des cercles artistiques italiens. La production photographique française et ses protagonistes ont offert aux communautés italiennes des modèles à suivre, des vecteurs pour la diffusion et l’accueil de leurs productions à l’étranger ainsi qu’un support fonctionnel aux dynamiques qui régulèrent le marché international de leurs œuvres. Cette recherche s’interroge tout d’abord sur le paradigme que la photographie française a pu représenter pour les artistes de la péninsule. Cependant, dans ces dynamiques d’échanges réciproques et profondes entre les deux pays, la photographie de provenance italienne a également joué un rôle décisif pour la maturation de certains mouvements artistiques européens. Ces réflexions mettent l’accent sur l’ampleur de la diffusion de la photographie tout au long du XIXème siècle qui lui permit de devenir une base commune pour des écoles artistiques profondément différentes entre elles. / During the second half of Nineteenth century, as in the other visual arts, France, and particularly Paris, was a fundamental reference point for the reception of the innovations of the photographic domain in the Italian artistic circles. French photography and its protagonists offered to the Italian communities eminent models and vectors for the circulation and the reception of their production abroad, as well as functional medium in the dynamics which regulated the international market of their works. The aim of this research is to investigate the influence of French photography on Italian artists. However, in these deep and mutual exchanges between the two countries, Italian photography also played a decisive role for the development of several European artistic movements. These considerations emphasize the large photography’s circulation throughout the Nineteenth century that allowed it to become a common basis for some deeply different artistic schools.
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Le musée céramique de la manufacture de Sèvres : progrès techniques, enjeux artistiques et pratiques savantes en France (1800-1914) / The Musée céramique of the Sèvres manufactory : technical progress, artistic stakes and learned practices in France (1800-1914)Auffret, Anne-Lise 29 November 2014 (has links)
L’administrateur de la manufacture de Sèvres, Alexandre Brongniart, ouvrait au public en 1824 le musée royal céramique et vitrique, envisagé dès 1802, et qui se voulait d’un genre nouveau. À vocation encyclopédique, dans l’esprit des Lumières, il ambitionnait de présenter les céramiques de tous les lieux et de tous les temps afin de former les ouvriers et les artistes. L’histoire de l’institution, que nous avons souhaité retracer et analyser sur plus d’un siècle, n’est pas linéaire et son évolution se dessine au gré des changements économiques, esthétiques ou des bouleversements politiques. Dès lors, notre étude entreprend de montrer de quelle manière se construit le passage d’un musée technique créé par un naturaliste évoluant au sein du Muséum, vers une construction vouée entièrement à l’art, à la mise en patrimoine de la céramique, au monde du collectionnisme. Les nombreux legs et donations d’amateurs, la nomination du collectionneur Champfleury à sa direction, le développement de recherches historiques sur ce domaine artistique, sont autant de facteurs qui vont contribuer à façonner le musée en ce XIXe siècle fasciné par l’objet manufacturé. À travers ces pistes de recherche, notre approche consiste à étudier le rôle de cet établissement dans un contexte d’essor industriel et d’un intérêt nouveau pour les « arts mineurs ». Ainsi, nous proposons, par le biais de ce travail, de contribuer aux réflexions, toujours actuelles, sur les interactions entre l’art et l’industrie. / The Musée Céramique et Vitrique was opened to the public in 1824 by Alexandre Brongniart, the administrator of the Sèvres manufactory. The museum was conceptualized in 1802, and aimed to be of a new sort. In the spirit of the Age of Enlightenment Brongniart aimed to create an encyclopaedia of ceramic education and skills for future ceramics workers and artists. We have attempted to redraw and analyze the history of the institution for over a century, and we have discovered that it does not follow a linear path. The evolution of the institution was influenced by economic, aesthetic, and political upheavals. Our current study attempts to show how a museum, created by a naturalist and dedicated to technical knowledge, evolved to what it is now, an institution focused on the art and history of ceramics, with a lesser emphasis on collectibles. Many factors shape the museum in this XIXth century, including; the legacy and donations of amateurs, the management of collector Champfleury, and historical research on the art of ceramics. Our approach will be to study the role of the museum in the context of industrial development, and a renewed interest in the “minor arts”. Through this study, we aim to show the interactions between art and the industry.
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La comédie de magie espagnole (1840-1930) : Le spectaculaire flamboyant / Spanish Magical Theatre (1840-1930) : The Blazing SpectacularJankovic, Lisa 22 November 2014 (has links)
Ce travail de recherche porte sur les comédies de magie qui succèdent à l’événement théâtral qu’a constitué La pata de cabra, de Juan de Grimaldi (1829) dans l’histoire de la scène espagnole. L’angle choisi est celui de l’histoire culturelle, dans le dessein d’éclairer le “faire spectaculaire” de ce genre aussi bien du point de vue esthétique et artistique que technique et budgétaire. Ce théâtre de l’enchantement est abondant et il fit recette, malgré les critiques acerbes dont il fut l’objet, mais il est aujourd’hui tombé dans l’oubli. Si la comédie de magie est un genre mineur en apparence, elle s’inscrit pourtant dans une longue tradition “néo-ritualiste” espagnole et européenne et elle a sans conteste influencé d’autres genres (dans l’exploitation de tous les moyens qu’offre la scène) qui jouissent d’une plus grande renommée qu’elle. L’enjeu de l’étude est d’analyser l’aspect performantiel de cet objet culturel, fabrique des avant-gardes scéniques en Espagne. La comédie de magie est envisagée en tant que niche de talents et phénomène culturel d’exception en matière de technique représentative (décors, costumes, machinerie et autres dispositifs). / La pata de cabra (1829) by Grimaldi was a turning point in the history of Spanish Magical Theater. My dissertation is enquiry into 19th and 20th-Century Post- Grimaldian enchanting comedies. I use a cultural historical approach to shed light on this genre’s specific search for a “spectacular dimension” and to examine it from an aesthetic and artistic point of view, as well as a technical and budgetary one. This Magical Theatre was very prolific and successful at the time (despite harsh critics), but it has largely been forgotten since. Although Magical Comedy seems to be a minor genre, it is nonetheless part of a long “neo-ritualistic” Spanish and European tradition and, because of its extensive optimization of on-stage possibilities, it has undoubtedly influenced more renowned genres. I discuss the performance aspect of this cultural object and I argue that it is a workshop for Spanish Avant-Garde theatre. I show how Magical Comedy fostered theatrical creativity among artists and I discuss to which extent this singular cultural phenomenon shaped specific representative techniques (scenery, costumes, machinery and other devices) in Spanish theatre.
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Le Corps dans la poésie de Rimbaud / The body in the Rimbaud’s poeticsTsukashima, Mami 20 September 2014 (has links)
La présente étude se propose d’éclairer la signification du corps chez Rimbaud par le biais de son combat spirituel contre le christianisme. Sa méthode pour devenir poète, le « dérèglement de tous les sens » et la richesse des descriptions et des évocations du corps montrent l’importance du corps dans sa poésie. Rares sont les études qui se sont interrogées sur la thématique du corps en relation avec la morale chrétienne. Pourtant, chez Rimbaud, la description du corps est un moyen essentiel d’exprimer sa révolte contre la religion catholique. Notre thèseexamine en premier lieu l’idée du corps selon la morale religieuse de l’époque à travers des documents relatifs à l’enseignement religieux. Elle aborde ensuite les textes de Rimbaud en suivant l’ordre chronologique. Dès ses premiers poèmes en vers, la beauté et l’amour sont définis comme deux valeurs principales du corps, alors que Rimbaud n’hésite pas à fouiller la réalité du corps laid et grotesque placé sous le joug de la morale religieuse et bourgeoise. Il découvre ainsi la force subversive dans la violence de l’énergie physique. Le lien entre sa poétiquedu corps et la religion chrétienne se manifeste dans la richesse poétique de la figure de Jésus, être ambivalent, à la fois spirituel et physique, ainsi que dans la redécouverte de la réalité sensuelle à travers le parcours métaphysique à rebours des valeurs chrétiennes dans Une saison en enfer. Dans les Illuminations, le corps est fragmenté et libéré de la raison par la passion amoureuse pour renaître, même si cet état frénétique de renaissance n’est pas éternel. / The present study aims at clarifying the meaning of the body in Rimbaud’s works through his spiritual battle against Christianity. His method to become poet, "the derangement of all senses" and the affluence of descriptions and evocations of the body demonstrate the importance of the body in his poetry. Few studies analyze the theme of the body in relation to Christian morality. The description of the body is an essential way for Rimbaud to express his revolt against the Catholic religion. This work first examines the idea of the body according to religiousmorality during Rimbaud’s era through documents on religious education. It then analyses the texts of Rimbaud in chronological order. From his earliest poems, beauty and love are defined as two main values of the body, while Rimbaud does not hesitate to explore the reality of the body under the restraint of religious and bourgeois morality. He discovers the subversive force in the violence of physical energy. The link between his poetic of the body and the Christian religion is also proved by the poetic richness of the figure of Jesus in his works, his ambivalentexistence, both spiritual and physical, as well as the rediscovery of a sensual reality in the metaphysical journey against Christian values in A Season in Hell. In the Illuminations, the body is fragmented and liberated from the reason by the passion of love, to reborn, although this frenetic time of rebirth does not last forever.
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De la vue au regard : littérature et photographies au XIXe siècle / From seing to looking : Literature and photographs in the XIXth centuryPallas, Basile 29 November 2017 (has links)
Au XIXe siècle, la photographie est vue comme une image vraie. Produite mécaniquement, elle serait la copie fidèle de la réalité, ce qui justifie la croyance en la vérité de ses images. Dès les premiers discours tenus à son égard, la photographie apparaît comme une image transparente, ne donnant rien d’autre à voir que la réalité, ce qui explique notamment les postures de rejet généralement adoptées par les écrivains et les artistes face à cette image, antithèse de l’art. Notre travail s’efforce de montrer comment, à l’inverse, la photographie a été, dans les textes littéraires en particulier, rendue à sa visibilité, c’est-à-dire à sa nature de vraie image. Pour cela, nous déterminons comment le phénomène optique de l’aberration, qui suppose une déformation de l’image plus ou moins visible, rend compte d’une pensée s’attachant à concevoir la photographie comme vectrice de troubles dans sa représentation. Nous examinons alors différentes manifestations de ces phénomènes dans la littérature, qui sont liées à une conscience de la matérialité des images, de leur mode de fabrication particulier, mais aussi de leurs défauts, opacifiant ce qu’elles représentent. L’attention de certains écrivains portée à ce que nous appelons la dimension photographique des photographies ouvre des pistes multiples sur la poétique des textes et situe le modèle photographique dans un ailleurs du réalisme. La réflexion sur la photographie dans les textes permet également de mesurer les conséquences d’une croyance en la vérité des images, croyance qui se révèle, à différents niveaux, comme aberrante. En effet, le fantasme d’une visibilité parfaite n’a pas seulement été appréhendé comme un moyen de mesure rationnelle du monde. La visibilité accrue et excessive de la photographie révèle au contraire ce que la réalité a de plus étrange et de plus inquiétant. Dans les textes, le modèle photographique éclaire alors une représentation fantastique du monde, lorsque celui-ci s’ouvre aux fantasmes et aux hallucinations. Nous tentons de cerner, à travers des œuvres littéraires et photographiques variées (Nerval, Champfleury, Nadar, Maupassant, Geffroy, Rachilde, Bonnetain, etc…) les différents phénomènes qui apparaissent comme les principaux agents de déréalisation de l’image photographique. / In the nineteenth century, photographs are first seen as true images. Produced mechanically, they would be the faithful copy of reality. This justified the belief in the truth of photographic images. From the earliest speeches made about it, photographs appeared as transparent images, giving nothing more to see than reality. This explains the postures of rejection generally adopted by writers and artists in the face of the photographic image, seen as the antithesis of art. Our work tries to show how, on the contrary, photography has been rendered in literary texts, to its visibility, that is, to its nature as a true image. To do this, we determine how the optical phenomenon of aberration, which is a deformation of the image, accounts for a line of thought which tries to conceive of photography as a vector of disturbances in its representation of reality. We then examine different manifestations of this phenomenon in literature. They are linked to a growing awareness of the materiality of the images and their particular mode of manufacture, but also of the defects opacifying what they represent. The attention given by certain writers to what we call the “photographic dimension” of photographs opens up multiple avenues to the poetics of texts and situates the photographic model beyond realism. The inquiry on photography in texts also makes it possible to measure the consequences of a belief in the truth of images, a belief that reveals itself, at different levels, as aberrant. Indeed, the fantasy of perfect visibility has not been apprehended only as a means of rational measurement of the world. The increased and excessive visibility of photography reveals, on the contrary, what is strangest and most disturbing in reality. The photographic model illuminates a fantastical representation of the world’s fantasies and hallucinations. The different phenomena studied then appear as the principal agents of derealization of the photographic image.
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