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Tracer l'absence : les représentations contemporaines d'identités abjectes sur la scène artistique canadienneRoy, Cassandre 03 1900 (has links)
L’art abject est entré comme terme et comme concept dans le dictionnaire du monde de l’art
dans les années 1990. Son utilisation a été consacrée par l’exposition Abject Art : Repulsion and
Desire in American Art du Whitney Museum en 1993 qui a, de surcroît, influencé les critères
établis pour déterminer si une œuvre est considérée, dans l’imaginaire collectif, comme étant
abjecte. Cette exposition a ainsi véhiculé une compréhension de l’art abject comme étant, d’un
point de vue matériel, à la fois dégoûtant et fascinant. Lors de la recherche menée pour ce mémoire,
il a notamment été question d’élargir le concept d’art abject pour qu’il recouvre dorénavant des
œuvres représentant des identités appartenant à des communautés marginalisées par un pouvoir ou
une identité dominante. Plus précisément, nous nous sommes penchés.es sur des œuvres exposant
des identités abjectes par rapport à une identité dominante allégoriquement hétéro-homo-normative
masculine et occidentale s’exprimant par l’entremise du tableau de 1814 peint par Jean-Auguste Dominique Ingres, La grande odalisque. Ce tableau est devenu le dénominateur commun d’analyse
pour nos trois études de cas, soit les œuvres Do women have to be naked to get into the Met.
Museum? des Guerrilla Girls, Tapestry de J J Levine et La Grande Intendante de 2Fik. Ces œuvres
– toutes trois ayant été exposées au Canada depuis l’an 2000 – ont permis de questionner la
définition dominante de l’art abject. Elles font conjointement parties d’un grand dialogue, à la fois
contemporain et transhistorique, visant à explorer le potentiel didactique de l’abjection, afin de
comprendre le pouvoir subversif et transformateur contenu dans ce type de création. En effet, en
utilisant les techniques d’autoreprésentation et de réappropriation de motif, les artistes issus.es de
communautés abjectées neutralisent ultimement leur abjection, leur déshumanisation et leur
aliénation politique contemporaine et produisent une culture dont les représentations sont plus
inclusives. / Abject art is a term and concept introduced in the art dictionary in the 1990s. Its use was enshrined
in the Whitney Museum's 1993 exhibition Abject Art: Repulsion and Desire in American Art, which
further established the criteria for work to be considered in the collective imagination as abject.
This exhibition thus conveyed an understanding of abject art as being, from a material perspective,
both disgusting and fascinating. Part of the research for this study is focussed on expanding the
concept of abject art to include works that represent identities that have been marginalized by a
dominant identity. Specifically, we examine works that expose abject identities in relation to an
allegorical dominant hetero-homo-normative Western male identity expressed in Jean-Auguste Dominique Ingres' 1814 painting La grande odalisque. This painting became the common
denominator of analysis for our three case studies: the Guerrilla Girls' Do women have to be naked
to get into the Met. Museum?, J J Levine's Tapestry and 2Fik's La Grande Intendante. These works
- all of which have been exhibited in Canada since the year 2000 - have allowed us to question the
dominant definition of abject art. Their analysis also sparks a larger contemporary and
transhistorical dialogue that explores the didactic potential of abjection in which these types of
creation contain a subversive and transformative power. By using techniques of self-representation
and motif reappropriation, artists from abjected communities ultimately neutralize their abjection,
dehumanization and contemporary political alienation to produce a culture that is more inclusive
in its representations.
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Révéler le potentiel des lieux publics à travers les pratiques subversives de Lynne Cohen et du Péristyle NomadeMallette, Sophie 05 1900 (has links)
Ce mémoire porte sur la modification de notre perception de la ville par l’intermédiaire de pratiques artistiques. À travers l’analyse de la performance Cellule R-134 du collectif montréalais Péristyle Nomade et de la photographie Untitled (Astroturf) de la photographe étasunienne-canadienne Lynne Cohen, nous examinons le rôle que peuvent jouer certaines pratiques sur notre façon de percevoir autrement la ville – sans changer la ville elle-même. Ce changement de perception peut mener à une réappropriation de l’espace urbain par la révélation de son potentiel. La définition de certaines notions clefs, comme celles d’espace public, de lieux et de non-lieux, permet d’interroger le caractère paradoxal des lieux publics qui, malgré leur fonction « publique », n’encouragent pas la présence humaine. Ce sont les espaces publics, ou semi-publics, que nous sommes porté.e.s à fréquenter régulièrement en milieu urbain qui sont abordés ici. En effet, bien que la ville occupe une place déterminante dans la vie des personnes qui y vivent, elle n’est pas réellement conçue pour leur bien-être mais plutôt, pour servir des intérêts politiques et économiques. La ville contribue dès lors à générer un sentiment d’aliénation. Cette aliénation est alimentée, entre autres, par les dispositifs de sécurité déployés dans l’espace public. Ces mesures dissimulent bien souvent des motifs de contrôle et d’assujettissement tout en servant à justifier, et à maintenir, l’exclusion de certains groupes marginalisés. Les problèmes de circulation locale en milieu urbain ainsi que l’aspect peu accueillant, voire hostile, de nombreux lieux publics, attestent eux aussi du fait que le bien-être de la population n’est que très rarement une priorité. Les œuvres Cellule R-134 et Untitled (Astroturf), en se réappropriant et détournant les codes des stratégies de surveillance et de contrôle employés dans l’espace public, ou encore, en soulignant les manques d’infrastructures ou d’attention portée dans celui-ci, en révèlent leur absurdité et leur violence. Ces constats confirment la nécessité de percevoir la ville autrement et de se la réapproprier. Ce changement de perception est abordé à travers l’exploration des possibilités qu’offrent deux types d’expériences urbaines : collective, axée sur les échanges et les rencontres, et individuelle, faisant plutôt appel aux sens et aux émotions de façon intime. L’art favorise ces expériences et permet ainsi d’humaniser ces (non-)lieux fréquentés au quotidien. Les œuvres Cellule R-134 et Untitled (Astroturf) proposent ainsi des outils réalistes pour se réapproprier la ville plutôt que de la subir passivement. Elles encouragent l’agentivité dans un contexte où celle-ci est justement limitée et démontrent le pouvoir que nous avons sur notre capacité à faire sens. / This dissertation focuses on artistic practices as means of changing our perspective on the city. Through the analysis of the performance Cellule R-134 by the Montreal collective Péristyle Nomade and the photograph Untitled (Astroturf) by American Canadian photographer Lynne Cohen, we examine the role that certain practices can play on perceiving the city differently – without changing the city itself. This change of perspective can lead to a reappropriation of urban space by revealing its potential. The definition of certain key notions, such as public space, places and non-places, allows us to question the paradoxical character of public places which, despite their “public” function, do not encourage human presence. It is the public, or semi-public, spaces that we tend to frequent daily in an urban environment that are discussed here. Indeed, although the city plays a determining role in the lives of its inhabitants, it is not designed for their well-being but rather, to serve political and economic interests. The city therefore participates in generating a sense of alienation. This alienation is fueled, among other things, by the security measures implemented in public spaces. These measures, often concealing motives of control and subjugation, also serve to justify, and maintain, the exclusion of marginalized groups. Local traffic problems in urban areas as well as the unwelcoming, even hostile, appearance of many public places also attest to the fact that the well-being of the population is rarely a priority. The works Cellule R-134 and Untitled (Astroturf), by reappropriating and hijacking the codes of surveillance and control strategies used in public space, or by highlighting the lack of infrastructure or attention paid to them, reveal their inherent violence and absurdity. These observations confirm the need to perceive the city differently. This change of perspective is approached by exploring the possibilities offered by two types of urban experiences: collective, centered on exchanges and encounters, and individual, engaging the senses and emotions in an intimate way. Art encourages these experiences, humanizing the (non-)places we frequent daily. The works Cellule R-134 and Untitled (Astroturf) offer realistic tools for reappropriating the city rather than passively enduring it. They promote agency in a context where it is precisely limited and demonstrate the power we have over our ability to make sense.
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Inventing interventions : strategies of reappropriation in Native American and First Nations literaturesHenzi, Sarah 10 1900 (has links)
Ma thèse de doctorat, intitulée Inventing Interventions: Strategies of Reappropriation in Native and First Nations Literatures traite du sujet de la réappropriation de la langue anglaise et de la langue française dans les littératures autochtones du Canada et des États-Unis, en tant que stratégie d’intervention de re-narration et de récupération. De fait, mon projet fait abstraction, autant que possible, des frontières nationales et linguistiques, vu que celles-ci sont essentiellement des constructions culturelles et coloniales. Ainsi, l’acte de réappropriation de la langue coloniale implique non seulement la maîtrise de base de cette dernière à des fins de communication, cela devient un moyen envers une fin : au lieu d’être possédés par la langue, les auteurs sur lesquels je me penche ici possèdent à présent cette dernière, et n’y sont plus soumis. Les tensions qui résultent d’un tel processus sont le produit d’une transition violente imposée et expérimentale d’une réalité culturelle à une autre, qui, pour plusieurs, n’a pas réussie et s’est, au contraire, effritée sur elle-même. Je soutiens donc que les auteurs autochtones ont créé un moyen à travers l’expression artistique et politique de répondre (dans le sens de « write back ») à l’oppression et l’injustice. À travers l’analyse d’oeuvres contemporaines écrites en anglais ou en français, que ce soit de la fiction, de l’autobiographie, de la poésie, du théâtre, de l’histoire ou du politique, ma recherche se structure autour de quatre concepts spécifiques : la langue, la
résistance, la mémoire, et le lieu. J’examine comment ces concepts sont mis en voix, et comment ils sont interdépendants et s’affectent à l’intérieur du discours particulier issu des littératures autochtones et des différentes stratégies d’intervention (telles la redéfinition ou
l’invention) et du mélange de différentes formules littéraires. / My doctoral thesis, entitled Inventing Interventions: Strategies of Reappropriation in Native and First Nations Literatures, explores the reappropriation of the English and French languages, as a strategy for retelling and reclaiming hi/stories of the Aboriginal people of Canada and the United States. In effect, my project disregards national and linguistic borders since these are, in essence, cultural and colonial constructs. To reappropriate the colonial language, then, entails not only its mastery as a means for basic communication, but claims it as a means to an end: instead of being owned by and subject to the language, it is now these authors who own the language. The resulting tensions of this process are the product of the imposed and tentative violent transition from one cultural realm to another, which, for many, never succeeded to its fullest, but rather crumbled back upon itself: for First Nations and Native American authors, I argue, creating means through art and politics to “write back” against oppression and injustice. My thesis, an examination
of contemporary fictional, autobiographical, historical and political, prosaic and poetic
works written in French and English, is structured along the analysis of specific keywords – language, resistance, memory and place. I explore how these concepts are voiced, and how they are not only inter-related but affect each other within the particular discursive framework of Indigenous writing, set in motion by different strategies of intervention
(redefinition, invention) and the mixing of different literary devices.
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Le cinéma des Premières Nations du Québec et des Inuit du Nunavut : réappropriation culturelle et esthétique du sacré.Bertrand, Karine 04 1900 (has links)
Résumé
Cette thèse de doctorat porte sur le cinéma envisagé comme un agent de réappropriation culturelle pour les Premières Nations du Québec et les Inuit du Nunavut. De manière plus spécifique, nous avons cherché à comprendre comment les peuples autochtones et inuit se servent d’un médium contemporain pour prendre la parole, revendiquer leurs droits politiques et réécrire une histoire ayant été jusqu’à récemment racontée selon le point du vue de médiateurs externes.
À cet effet, l’emprunt d’éléments propres aux méthodologies autochtones, autant dans la forme que dans le contenu, auront permis de faire ressortir un aspect particulier des cultures autochtones, soit la manifestation d’une pensée orale centrée autour de la notion du sacré. La première partie de cette recherche est ainsi consacrée à la théorisation d’un sacré autochtone omniprésent dans toutes les sphères de leur quotidien, et qui se transpose à l’écran sous la forme d’une esthétique particulière, que nous nommons esthétique du sacré.
En outre, le visionnement et l’analyse de courts et de long-métrages autochtones et inuit ont fait ressortir avec force les principaux éléments d’une esthétique du sacré qui s’exprime entre autres à travers une éthique de travail privilégiant la collaboration communautaire et une écoute attentive de la parole de l’interlocuteur, ainsi qu’à travers la remédiation des récits issus de la tradition orale. Ainsi, l’exploration de l’œuvre documentaire d’Alanis Obomsawin met de l’avant l’importance du rôle joué par les femmes autochtones au sein de leurs communautés, celles-ci se présentant comme les principaux agents de changement et médiatrices de leur culture. Dans la même veine, l’étude du projet Wapikoni Mobile nous a permis d’esquisser un portrait nouveau de la jeunesse autochtone, les œuvres réalisées par ces cinéastes néophytes reflétant l’importance pour eux de réactualiser la tradition tout en nourrissant des liens de confiance avec leurs aînés, ces gardiens de la mémoire. Enfin, le dernier chapitre portant sur l’élaboration d’une nouvelle cinématographie inuit démontre comment le cinéma est un outil apte à traduire avec justesse les subtilités présentes dans les récits issus de la tradition orale. / This Ph.D. dissertation addresses the subject of First Nations and Inuit cinema, in Quebec and Nunavut. More specifically, we examine the role of cinema as an agent of cultural re-appropriation for Indigenous and Inuit communities, who have been using a western and contemporary medium to both claim their political and economic rights, and re-write a history that, until recently, has been told by external mediators.
Therefore, choosing to borrow elements found in indigenous methodologies, will have allowed us to bring into light a particular aspect of First Nations cultures, i.e. the manifestation of an oral thought process centered on the notion of the sacred. The first part of this thesis is thus dedicated to the theorization of the sacred, a notion that is envisioned by the First Nations peoples as a way of life that can be transposed on-screen through what we chose to name the aesthetics of the sacred.
Furthermore, the viewing and analysis of short and long-length films have allowed us to identify the principal elements of an aesthetic of the sacred that reveals itself in the work ethics of the filmmakers (participation of the community in the filmmaking process, attentive listening by the filmmakers of the person speaking) as well as in the remediation, on-screen, of oral tradition. Thereby, the exploration of Abénaquis filmmaker Alanis Obomsawin’s documentary films has put forward the importance of the role played by native women in their communities, the latter remaining the principal agents of cultural change as well as the mediators of their stories and cultures. In the same way, examining the contents of the short films produced by the young Wapikoni Mobile filmmakers has allowed us to discover new facets of native youth, the majority of those short films reflecting a desire to update tradition while building relationships based on trust with the elders of their community. Finally, the last chapter addressing the subject of Inuit cinematography, demonstrates how cinema presents itself as the medium most fit to translate accurately the subtleties found in stories hailing from oral tradition.
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Le cinéma des Premières Nations du Québec et des Inuit du Nunavut : réappropriation culturelle et esthétique du sacréBertrand, Karine 04 1900 (has links)
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Représentations culturelles et pratiques sociales de genre dans le SMS des adolescentsMoise, Raluca 13 July 2011 (has links)
L’apparition du SMS, il y a déjà plusieurs années, a egendré des logiques d’adoption<p>différentes. Dès son premier usage, le SMS était vu par les compagnies de téléphonie mobile<p>comme un moyen de transmission d’informations utiles pour les adultes – l’évolution de la<p>Bourse, des informations sur la météo (Ling, 2001). Par son passage à l’adoption par les<p>jeunes dans les années 1995 et 1997 et jusqu’aujourd’hui, le SMS devient un phénomène qui<p>suscite des représentations diverses et des discours assez contradictoires, même virulents par<p>rapport à son appropriation par les jeunes. Si, dans l’espace francophone et anglophone, le<p>sujet du “langage SMS” est bien connu, constituant une figure récurrente des discours des<p>mass-médias et des enseignants qui sortent en évidence les effets négatifs sur les compétences<p>orthographiques des élèves, ailleurs, et notamment en Roumanie, les discours des massmédias<p>constatent l’existence du phénomène, sans mettre en évidence les aspects négatifs, s’il<p>en existe. Un autre registre est celui de l’espace soi-disant virtuel, où des sites Internet relèvent les divers usages du SMS dans le monde3, dans le cadre des diverses industries (le politique4, les<p>services publics5, le divertissement6). Hors de ces présences qui attestent l’explosion de la<p>communication par l’intermédiaire du SMS, il existe aussi, par exemple, des concours de<p>poésie par SMS: leur enjeu est de voir comment la créativité individuelle peut être compactée<p>en 160 caractères, en résultant un possible mélange entre le hai-ku et cette technologie de<p>dernière génération. Le SMS, dont on décriera l’évolution plus tard, dépasse ainsi ses<p>fonctions primaires de communication et de socialisation, en devenant un milieu de créativité<p>et d’innovation artistique.La vie quotidienne est aussi un domaine où le SMS est très visible et qui détermine la création d’une représentation collective qui attribuerait le SMS aux jeunes à part d’autre type de public. Constamment, autour de soi, on peut voir des jeunes utilisant le téléphone mobile pour envoyer des messages. La scène déjà évoquée, issue de mes observations<p>ethnographiques, en est particulièrement illustrative. Toutes ces contextes donnent une présence active de l’usage du SMS. A chaque<p>contexte, un discours spécifique. Cette diversité contextuelle et discursive incontestable a<p>constitué une première raison d’approfondir le sujet du SMS. Alors, la question fondamentale surgit :comment peut-on traiter d’un tel sujet ?Quelle est la « bonne » voie interprétative ?Nous nous proposons de relier deux aspects, la<p>communication et les usages, ce qui nous semble essentiel pour la construction de l’objet du<p>SMS. Il s’agit donc d’étudier les discours caractéristiques de la culture des jeunes, sur le plan des pratiques comme des représentations, en mettant un accent particulier sur leur façon de<p>construire des stratégies pour surmonter les contraintes imposées par l’objet technique (le<p>SMS présente en fait des caractéristiques linguistiques liées aux spécificités du support<p>technique) mais aussi sur leur façon de « se mettre en scène » dans les SMS. Nous verrons<p>ainsi en quoi il y a une prise en compte des règles du groupe de pairs dans la culture<p>adolescente, en même temps qu’une élaboration de stratégies de distanciation. C’est la<p>démarche spécifique à l’anthropologie de la communication. On pourrait aborder le SMS en mobilisant les approches de réseau, dans des termes de fonctionnabilité du réseau, de rôles de chaque acteur qui y participe et du principe du pouvoir qui leur serait intrinsèque (Latour 1991) :le message reçu par le jeune légitime la bonne<p>fonctionnalité du réseau, dont les autres jeunes font partie, ainsi que leurs positions à<p>l’intérieur du réseau social. Le fait d’avoir partagé le SMS est un signe de pouvoir symbolique<p>envers les autres. Ces approches omettent cependant un aspect que nous considérons comme<p>important, à savoir le caractère ludique, que ce soit le ludique intrinsèque du message<p>(exprimé par un contenu amusant, une blague, un ragot, etc.) ou le ludique extérieur du<p>message (exprimé par l’acte d’envoyer un message, qui surmonte l’ennui temporel).<p>J’argumenterai que le ludique est le facteur qui explique le grand succès du SMS et de sa<p>consolidation auprès des jeunes.<p>Par rapport à la constitution de l’anthropologie comme discipline, les études<p>anthropologiques de nouvelles technologies informationnelles et communicationnelles<p>(NTIC) sont apparues très récemment, au cours des années 1990 du dernier siècle. S’agissant<p>d’un groupe assez réduit de chercheurs qui, en plus, ne connaissaient pas les travaux de leurs<p>pairs, les études initiales étaient plutôt descriptives et empiriques ;le SMS y était présenté en tant qu’une réalité « exotique ». Son « exotisme » a penché sur le discours anthropologique assez longtemps, jusqu’à la fin des années 1990, quand l’anthropologie fait son bilan et elle découvre que la période des études descriptives doit finir et commencer l’étape de<p>problématisation. Ainsi, les anthropologues se ciblent sur le rapport entre le nouveau et<p>l’ancien dans la communication médiatisée par NTIC, commencent à rechercher dans le passé<p>des usages similaires, pour construire une théorie des nouveaux modèles communicationnels.<p>L’anthropologie de la communication du fin des années 1990 et le début des 20008<p>s’éloigne de la sociologie par sa démarche diachronique et comparative. L’usage est remplacé<p>par le concepte de la pratique (ce qui impliquait une interprétation des usages dans leur<p>dynamique). Par la suite, la perspective synchronique laisse la place à une démarche<p>diachronique, les anthropologues décrivant la façon dont les pratiques communicationnelles<p>d’un certain médium prennent des nouvelles significations, en fonction de contexte et des<p>individus. Si la sociologie réalisait des comparaisons entre les usages des divers NTIC dans le même contexte temporel, l’anthropologie de la communication emploie la méthode<p>comparatiste au niveau diachronique aussi. L’ancien et le nouveau dans la communication<p>médiatisée par NTIC constituent la cible scientifique des anthropologues. Cette focalisation est importante aussi pour la spécialisation de l’objet de la recherche ;son évolution poursuit le schème suivant en anthropologie de la communication :NTIC → type d’objet électronique (téléphone mobile, ordinateur, tam-tam etc) → une fonctionnalité de l’objet technologique qui connaît des développement surprenants (SMS, vidéo-appel, MMS, chat, Instant Messenger,Facebook, MySpace etc). On passe de la « computer mediated communication » aux pratiques communicationnelles spécifiques à chaque fonctionnalité, de singulier au pluriel.<p>Il n’est resté que peu de temps jusqu’à ce que l’objet technologique devienne sujet des<p>interrogations dans la culture matérielle. De date très récente, dans l’espace anglo-saxon9 et<p>francophone10, ces études mettent dans le centre de leur analyse la relation entre l’individu et<p>l’objet technologique, donc la consommation. Les rapports entre les deux instances de la<p>relation décrivent deux directions de l’action :l’incorporation de l’objet (l’objet agit sur<p>l’individu) et l’excorporation de l’objet (l’individu agit sur l’objet). Cette relation est vue dans ces concrétisations en divers lieux du monde, les anthropologues présentant une localisation des pratiques et des représentations d’un certain objet technologique. La culture matérielle reprend la dimension synchronique d’un objet technologique (les usages en divers contextes)dans le cadre plus large diachronique, segmenté en fonction des étapes d’appropriation :<p>l’adoption, la création de l’utilité, la consolidation des usages. Cette trajectoire de l’objet décrit une démarche paradigmatique, dont chaque étape est construite par les pratiques et les représentations créées par les usagers. Le processus d’appropriation est donc le cadre<p>théorique plus large dans lequel les anthropologues intègrent les conceptes de la sociologie et de l’anthropologie communicationnelle. Influencée par la sémiotique, la culture matérielle décrit, donc, les significations complexes de la relation entre l’individu et l’objet technologique (que nous allons décrire en détail dans le premier chapitre de la thèse). On comprend assez facilement pourquoi le téléphone mobile est un objet technologique soumis au processus d’appropriation, mais pourrait-on dire que le SMS est un objet de consommation ?<p>Gérald Gaglio ainsi l’interprète :« Ce tour d'horizon a permis d'identifier les étapes de la<p>diffusion d'une nouvelle pratique sociale liée à un support technique, le SMS. Elle apparaît<p>suite à une ruse qui consiste à contourner le coût de l'appel téléphonique et profite d'un effet<p>de réseau. Elle s'enrichit de la création d'un univers de sens puis interpelle par l'action d'une "<p>minorité active " constituée par les adolescents. Elle sort enfin de son contexte de création<p>9 Heather Horst et Daniel Miller 2006, The cell phone: An Anthropology of communication, Berg. In press,<p>Oxford.<p>10 Bernard Blandin 2002, La construction du social par les objets, Presses Universitaires de France, Paris.<p>11<p>puisqu'elle est appropriée par d'autres populations qui élargissent les types de contenus<p>transmis. »11<p>Dominique Desjeux partage la même opinion quand elle compare la diffusion du SMS<p>en Chine, France et Pologne: « In the field of telephony, mobile or fixed, and more generally<p>in that of electronic information technologies, SMS is an interesting example of the spread of<p>an innovation because it has occurred without the need for any special marketing action. Its<p>spread has been spontaneous except in Poland where the later arrival of SMS meant that it<p>was immediately associated with uses of mobile phones. Hence, its success is linked to<p>invisible uses and associations that existed potentially in society before the expansion of<p>SMS. It is interesting to review these in order to understand at least partially the logic<p>underlying the spread of future innovations. Hence the purpose of this article is to show the<p>invisible uses that have been gradually revealed by surveys on SMS practices, especially<p>qualitative ones and mostly on a micro-social scale, carried out in France (partly under my<p>direction) by Catherine Lejealle (2003), in Poland by Malgorzata Kamieniczna (2004) and in<p>China by Anne Sophie Boisard (2004). Another aim is to show the shared or singular<p>practices of the three cultures analysed. The social uses of SMS in the world fit into a<p>dynamic that is constantly evolving among users, from the youngest to the oldest, and are<p>based on a written expression that constantly invents new codes or forms of the written<p>language. »12<p>Les deux chercheurs se situent en continuité avec notre grille d’analyse ;tous les deux<p>reconnaissent l’émergence du SMS dans des pays différents, dans le cadre des sous-cultures<p>délimitées par l’âge. G. Gaglio et D. Desjeux voient dans la pratique du SMS un exemple de<p>détournement du préscrit, déterminé par la capacité des usagers d’innover. Influencés par la<p>thèorie de Norbert Alter sur l’innovation ordinaire13, les deux anthropologues, à la suite d’une<p>démarche comparative entre plusieurs espaces, considèrent que le SMS est un objet de<p>consommation. Ses développements différents, les pratiques changeantes, expression d’une<p>créativité individuelle et collective, font que le SMS accomplisse « les conditions » pour être<p>considéré un objet soumis au processus complexe de la consommation.<p>11 Gérald Gaglio, 2005, “La pratique du SMS en France: analyse d'un comportement de consommation in tant<p>que phénomène social”, Paris, Consommations et société n°4, electronic journal, www.argonautes.fr<p>12 Dominique Desjeux ,2005, „SMS uses and issues in China, France and Poland”, Paris, Consommations et<p>société n°4, electronic journal, www.argonautes.fr.<p>13 Norbert Alter, 2000, L'innovation ordinaire, Paris, PUF.<p>12<p>Cette façon d’aborder le SMS est celle que nous suivrons aussi ;quand même,<p>l’explication de l’émergence du SMS ne nous suffit pas. Considérer l’explosion du SMS<p>comme ayant ses racines que dans la capacité créative des usagers (les innovateurs ordinaires)<p>nous semble une explication un peu aride, qui laisse à coté les conditions du contexte qui ont<p>fait que le détournement se réalise. Et, en plus, en quoi consiste-t-elle, cette capacité créative ?<p>Suffit-il de le nommer pour expliquer tout un phénomène ?Quels sont donc les ressorts<p>intérieurs du passage de « manières de faire » aux « arts de faire »14 ?<p>Ces sont des questionnements qui font de SMS un objet qui peut être soumis à une<p>interrogation scientifique et à tout un travail de terrain. / Doctorat en Sciences politiques et sociales / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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Inventing interventions : strategies of reappropriation in Native American and First Nations literaturesHenzi, Sarah 10 1900 (has links)
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