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Edition et étude critique des quatre filz Aymon de David Aubert (MS. de base ARSENAL 5073) / Edition and critical study on quatre filz aymon David Aubert (ms. ARSENAL 5073)Sintes-Gianlupi, Emeline 16 December 2014 (has links)
Edition et étude critique d'un manuscrit ARS. 5073 intitulé les quatre filz Aymon de David Aubert.Le premier travail a constitué à transcrire le texte conservé dans un manuscrit du XVème siècle ayant appartenu à la bibliothèque des ducs de Bourgogne (MS. ARS. 5073) soit 357 folios recto verso.L'établissement des variantes s'est fait à partir du manuscrit B.N. 19174.Afin de montrer les différences entre la version en prose et la version en vers qui a servi de base au dérimage, un travail d'analyse a été fait : au fur et à mesure des chapitres de la version manuscrit ARS. 5073 une comparaison avec la version en vers a été écrite afin de mettre en relief les disparitions et les ajouts que l'on peut trouver dans les deux versions.Le texte est accompagné d'un index des noms propres et d'un glossaire.A ce travail est ajouté un relevé des proverbes insérés dans le texte du manuscrit de base.Une étude des miniatures qui sont présentes au début de chaque chapitre de notre texte de base a été élaborée et permet de soulever la richesse du manuscrit à étudier.L'introduction permettant de situer le texte comme un manuscrit de la bibliothèque des ducs de Bourgogne est accompagnée d'une étude codicologique, paléographique et linguistique. / Edition and critical study of an ARS. 5073 manuscript entitled Les quatre fils Aymon written by David AubertThe fist step was to transcribe the text stored in a manuscript from the XVth century kept in the librairy of ducs of Bourgogne (MS. ARS. 5073). We therefore dealt with 357 double sided folios.Then we established the variations from the B.N. 19174 manuscript.In order to point out the difference between the version in prose (ARS.5073) and the other in verse, which served as a basis for the « dérimage », we compared the two versions carefully and highlighted the disappearances and the additions which could be found in both documents ;Along with the texte, we inserted an index where proper nouns are listed and a lexicon.We also included a list of proverbs in the text from the manuscript.We studied the miniatures which appear at the beginning og each chapter in our basic text. The latter underline the richness of the manuscript.The introduction allowing classifying the texte as a manuscript from the library of ducs of Bourgogne also includes codicologic, paleographic and linguistic analyses.
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Expositions de soi : journal intime et reconfiguration de l'intimité à l'heure d'Internet / Self-exposure : the personal diary and reshaping of privacy in the internet ageAupeix, Anaïs 27 September 2013 (has links)
Notre époque contemporaine a vu se démultiplier les phénomènes d'exposition de soi, qui ont littéralement envahi la sphère médiatique ; de la télé-réalité à la presse people, en passant par la littérature autofictionnelle ou les réseaux sociaux, l'intimité – réservée, dans l'imaginaire collectif, à la sphère privée – s'épanouit désormais sur la scène publique. Les réactions critiques sont nombreuses, naviguant entre soupçons d'exhibitionnisme, de narcissisme ou d'impudeur ; pis, certains constats alarmistes concluent à la « mort » de l'intimité – qui, en s'exposant, deviendrait simulacre. C'est dans ce contexte que sont apparus, à l'orée des années 2000, les premiers journaux intimes en ligne – c'est-à-dire tenus publiquement sur le Web. Bouleversant nos représentations d'une écriture diaristique solitaire et auto-destinée, cet objet nous est apparu comme un support d'observation privilégié des variations du rapport de l'individu à l'intime. De façon à mettre en perspective leurs évolutions, nous avons confronté les modalités d’expression et d’exposition de soi du journal intime en ligne à celles de sa forme manuscrite. Nous avons entrepris de mener, dans une perspective généalogique, et en nous appuyant sur l'analyse de plusieurs journaux intimes manuscrits édités, une étude des formulations de l'intime et de ses formes de publicisation, de la naissance du journal intime – au tout début du XIXème siècle – jusqu'à notre époque contemporaine. Dans un second temps, centrant notre regard sur le journal intime en ligne, nous avons procédé à la réalisation de portraits individuels de diaristes en ligne, reposant sur l'association d'une analyse de discours recueillis en situation d'entretien à l'observation des journaux intimes concernés. Par une approche compréhensive des expériences singulières, nous ambitionnons à mettre au jour l'articulation entre dynamiques personnelles et collectives, dont l'analyse prend toute son ampleur dans une synthèse finale transversale. Celle-ci s'attache à mettre au jour le sens que les diaristes confèrent à leur pratique, et à offrir des clés de compréhension de ce phénomène qui met à l'épreuve la perception consensuelle de l'intimité comme secret de l'individu : c'est précisément cette conception qui sera remise en question tout au long de notre étude, et qui nous permettra d'éclairer les fluctuations des frontières privé/public, et la nature fondamentalement paradoxale de l'intimité. / In our present day era, we have witnessed the proliferation of phenomena of self-exposure which have literally invaded the media sphere ; from reality television to the tabloid Press, through autofiction writing or social networks, privacy – belonging in the private sphere in people’s minds – now bursts forth on the public stage. Critical reactions are varied, ranging from suspicions of exhibitionism or narcissism to immodesty ; worse yet, some alarmist reports conclude with the « death » of privacy – which, by its self-exposure, would have become a sham. Thus, the early 2000s saw the appearance of the first on-line personal diaries – that is to say kept publicly on the Web. Overthrowing our ideas of diary writing as solitary and destined for oneself, on-line diaries enable us to observe variations in the individual’s relationship with privacy. In order to put into perspective their evolution, we have compared the modalities of expression and of self-exposure in on-line and handwritten diaries. We have undertaken, from a genealogical point of view and based on the analysis of several handwritten diaries already published, a study of the expressions of privacy and of the ways of their publicizing, from the birth of the diary – at the very beginning of the 19th century – to the present day. Subsequently, concentrating on on-line diaries, we have created individual portraits of on-line diarists by working with an analysis of statements gathered during interviews and observation of the diaries concerned. By a comprehensive analysis of individual experiences, we strive to illuminate the interaction between personal and community dynamics, fully leading to a broad cross-disciplinary synthesis. We aim to reveal the direction intended by the diarists for their practice and offer clues about this phenomenon which puts to the test the general perception of privacy as the individual’s secret. This very perception will be questioned all through our study, and which will allow us to throw light on the fluctuations in the private/public boundaries and the fundamentally paradoxical nature of privacy.
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La licence de droit d'auteur / The license of author's right (copyright)Boisson, Alexis 09 December 2011 (has links)
Le droit d'auteur – dont l'identité reste controversée – n'échappe pas à la discussion quant à la nature et au régime des contrats qui le mettent en œuvre. D'une terminologie légale ancrée dans une certaine tradition, mais hasardeuse, on infère l'originalité de l'ensemble des contrats de la matière. Or, la spécificité n'est sur ce point qu'apparente. De l'édition littéraire aux contrats de l'audiovisuel et aux œuvres diffusées sur les réseaux, l'analyse démontre que si l'auteur peut "céder" son œuvre – ce que dit la loi – il peut aussi la louer, c'est-à-dire en concéder la licence – ce qu'elle ne dit pas. Ce constat s'appuie sur une méthode de lecture renouvelée des contrats du droit d'auteur. L'attention portée par la loi impérative à certains contrats (édition, production audiovisuelle, etc.), a pu perturber l'étude de la licence, l'acte par lequel l'auteur se borne à autoriser l'exploitation de son œuvre pour un temps. Or, si la licence apparaît dans un premier temps en contrat spécial du droit d'auteur, elle sera également amenée à devenir la composante élémentaire d'un contrat complexe organisant une exploitation. Il importe donc de distinguer ces deux objets pour mieux en apprécier ensuite les interactions. Le droit d'auteur, droit "spécial", fait ainsi la preuve de son aptitude à accueillir - autant que de raison - les mécanismes du droit des contrats, droit "commun". Cette étude a pour ambition une meilleure compréhension de cette matière complexe des contrats du droit d'auteur, sans omettre le principal objectif de notre loi : la protection de l'auteur. / In the field of the author's right (a concept with a controversial identity), the nature and regime of many contracts is a subject for debate. A traditional but somehow uncertain terminology has often led to infer the originality of most of these contracts. However, this peculiarity is only apparent. From literary publishing to audiovisual contracts through creations published on networks, not only can the author of a work "assign" it – as stated by the law – but also rent it, or in other words license it – even though the law does not state it. This observation rests on a renewed reading method applied to the author's right contracts. Focusing on some of these contracts (e. g. books publishing, audiovisual production, etc.), mandatory copyright law hindered the study of license itself, i. e. the act by which an author authorizes the exploitation of his work for a fixed time. License is a special contract in the field of author's right ; it is also a basis element in a complex agreement designed to organize an exploitation. These two objects should therefore be distinguished and their interactions thoroughly analysed. A "special" right, the author's right nevertheless proves able to host (to a certain extent) the typical process of contract right – a "common" right. The present study aims to attain a better understanding of a complex matter, the author's right contracts, not forgetting the main purpose of the law itself : the protection of the author.
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Figures des psaumes : genèse, poétique et herméneutique des traductions claudéliennes des psaumes / Figures of the Psalms. Genesis, poetics and hermeneutics of the Claudelian translation of the PsalmsBenoteau-Alexandre, Marie-Eve 20 November 2010 (has links)
Cette étude est consacrée aux traductions de psaumes que Paul Claudel compose entre 1918 et 1953. Une édition critique et scientifique met en lumière les aspects génétiques et éditoriaux de cette entreprise peu connue. Elle est le fondement nécessaire à l'étude interne qui, s'appuyant sur une confrontation systématique avec le texte de la Vulgate qui sert de base à la traduction claudélienne, met au jour le fonctionnement à la fois poétique et herméneutique de ces textes. La traduction claudélienne des psaumes se situe en effet à la frontière de divers genres (traduction biblique, traduction poétique, commentaire exégétique, méditation spirituelle, poésie) et l'étude de cette imbrication permet d'apporter un éclairage nouveau sur les rapports que Claudel tisse avec l'univers de la Bible. Loin de former un corpus unifié et homogène, ces textes montrent au contraire une évolution du mode de traduction, vers une disjonction du texte claudélien avec la lettre biblique. L'hypothèse soutenue est que cette déhiscence est à mettre au crédit d'une réflexion sur le statut à la fois herméneutique et poétique de la figure, qui permet de faire se rejoindre l'exégèse figurative patristique et médiévale, dont Claudel hérite par le biais de la liturgie, et le régime figural propre à la littérature. Les Psaumes, à la fois texte poétique par excellence et voix privilégiée de la prière chrétienne, seraient ainsi le lieu où réaliser l'alliance du littéraire et du spirituel. / This thesis concentrates on Paul Claudel's translations of the Psalms, composed between 1918 and 1953. A critical and scientific approach reveals the historical and literary aspects of this little known project. Such an analysis is the necessary basis for a profound study that reveals both the poetical and hermeneutical process of these texts through a systematic comparison with the Latin text of the Vulgate, on which Claudel's translation relies. The Claudelian translation of the Psalms truly stands at the intersection of various genres – biblical translation, poetical translation, exegetical commentary, spiritual meditation, poetry – and studying these interlinking elements helps shed new light on Claudel's relationships with the Bible and its influence. Far from producing a united and homogenous corpus, these texts demonstrate an evolution in the way the process of translation yields a disjunction between the Claudelian text and the biblical one. My hypothesis is that this separation results from Claudel's analysis of both the hermeneutical and poetical status of the figure, that enables the linking of the patristic and medieval figurative exegesis – which he inherits through the liturgy – with the figural regime proper to literature. As both poetical texts par excellence and the privileged expression of Christian prayer, the Psalms are thus the juncture where literature and spirituality coincide.
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L´édition indépendante dans un contexte de transition politique au Chili (1990-2010) : investissement local d´une définition transnationale. / La edición independiente en Chile en un contexto de transición política (1990-2010) : movilización local de una definición transnacionalSymmes Coll, Constanza 13 September 2018 (has links)
Cette thèse vise à comprendre l’émergence de l’édition indépendante au Chili depuis le tournant des années 1990. Coïncidant avec le retour vers la démocratie, elle incarne la confrontation entre deux logiques d’internationalisation du marché du livre au niveau mondial : l’une s’inscrivant dans la concentration du marché de l’édition autour de multinationales ; l’autre se nourrissant du capital symbolique accumulé et valorisé au gré d’alliances internationales entre petits éditeurs. Dans cette dernière, il est question de la fabrication de l’indépendance comme stratégie de résistance collective. S’appuyant sur la catégorie de la diversité culturelle et la place du livre « produit pas comme les autres », ces éditeurs ont construit des passerelles entre l’Amérique latine, le Canada et la France - qui leur ont permis d’acquérir une reconnaissance auprès des agences publiques chiliennes dans le champ de la culture, tout en produisant des réaménagements de l’espace éditorial plus vaste. L’étude de ce répertoire d’actions permet de comprendre les ressorts de la reconnaissance politique de ce petit groupe d’éditeurs, qui leur a permis d’assurer leur survie économique au plan national et international face aux logiques néolibérales des multinationales de l’édition et aux contraintes du cadre transitionnel vis-à-vis du livre et de la lecture. / This thesis aims to understand the emergence of independent publishing in Chile since the turn of the 1990s. Coinciding with the return to democracy, this type of publishing is characterized by a confrontation between two different internationalization rationales in the global book market. One rationale is part of the process of concentration of the publishing market around multinationals. The other, is nourished by the symbolic capital accumulated and valued through international alliances between small publishers. In this last rationale, internationalization is about the fabrication of independence as a strategy of collective resistance. Based on the category of cultural diversity and the idea of the book "a product like no other", small publishers have built bridges between Latin America, Canada and France, which have enabled them to gain recognition from Chilean public agencies in the field of culture, while at the same time producing changes in the wider editorial space. The study of this repertoire of actions allow us to understand the political recognition of this small group of publishers, as a mechanism that enabled them to ensure their economic survival at the national and international levels, against the neoliberal logic of multinational publishing companies and the constraints of the transitional framework vis-à-vis books and reading.
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Les aspects juridiques de l'édition électronique : de la création du contenu à la responsabilité des acteursThoumyre, Lionel 12 1900 (has links)
Mémoire numérisé par la Direction des bibliothèques de l’Université de Montréal / Composé de cinq articles publiés, ce mémoire aborde, dans une perspective de droit comparé (France, Canada, Etats-Unis), les principaux aspects juridiques auxquels sont ou seront confrontés l'éditeur et le créateur de contenus sur Internet. Il témoigne principalement du phénomène de résistance de la pensée juridique face à l’évolution des technologies de l'information et propose des voies d'adaptation en suggérant notamment une réinterprétation des notions d'édition, de publication et d'exemplaires ainsi qu'une définition pour chacun des rôles joués par les acteurs actuels des réseaux numériques dans la chaîne de production et de diffusion du contenu: éditeur, hébergeur, fournisseur d'accès et transporteur des informations. Une première partie se concentre plus particulièrement sur l'analyse du processus de dévolution des droits d'auteur portant sur des contenus littéraires et journalistiques ainsi qu'aux relations contractuelles qu'entretiennent auteurs et éditeurs. Une seconde partie examine ensuite les conséquences juridiques que les acteurs du réseau Internet sont susceptibles d'encourir pour la diffusion de contenus illicites ou préjudiciables et, surtout, le degré de responsabilité pénale et civile qu'il convient de leur faire supporter.
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Les effets de trois variables typographiques sur le jugement de préférence d'étudiants adultes relativement à huit mises en pagesChouinard, Michel 25 April 2018 (has links)
Québec Université Laval, Bibliothèque 2016
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Contribution à l'histoire de l'édition francophone belge sous l'Occupation allemande 1940-1944Fincoeur, Michel 30 May 2006 (has links)
<p align="justify"><b>1. Introduction</b><br> <p>Le 10 mai 1940 et pour la seconde fois en vingt ans, la Belgique est envahie par l’Allemagne. Contrairement à l’invasion de la Grande Guerre, il ne faut que dix-huit jours aux armées teutonnes pour écraser l’armée belge et occuper le territoire national tout entier. Peu avant la fin des hostilités, la vie culturelle reprend néanmoins timidement. Dès la fin mai 1940, les cinémas rouvrent leurs portes. La presse reparaît sous surveillance allemande. L’édition du livre, machine beaucoup plus lourde, ne reprend son activité qu’à la fin de l’été de 1940. Avec la signature des conventions bilatérales puis internationales sur la propriété intellectuelle dans la seconde moitié du XIXe siècle, la Belgique a vu le secteur de l’édition du livre s’effondrer. Le public belge marque en outre une certaine désaffection envers les auteurs belges et plus particulièrement envers ceux qui se font éditer localement. N’est-ce pas le mémorialiste français Georges Suarez qui écrivait, en 1932, que « L’écrivain wallon trouve devant lui une route hérissée de difficultés ;son public est clairsemé, épars, capricieux […] ;les snobs locaux, acceptent les yeux fermés tout ce qui vient de Paris […] mais exercent un contrôle hautain sur leurs auteurs nationaux » (Georges Suarez, La Belgique vivante. Préface d’André Tardieu. [Louvain, Editions Rex, 1932], p.28-29). Toutes catégories confondues – presse quotidienne ou périodique, livres et brochures diverses –, la production éditoriale belge – domaines francophone, néerlandophone, germanophone et dialectal wallon confondus – connaît pourtant entre 1936 et 1939 une courbe ascendante ;puis, de 1941 à 1945, une inflexion avant de voir remonter lentement la production de 1946 à 1949. Le pic de l’année 1938 ne sera pas égalé dans les dix années qui suivent. En 1939, nous constatons une très infime baisse de l’offre de titres :1,1%. Les sommets atteints par l’éventail de titres proposés en 1938 et 1939 s’explique par la mobilisation des réservistes qui n’ont d’autres loisirs que la lecture. En 1940, le chaos qui suit la Campagne des Dix-Huit Jours contraint la plupart des éditeurs à l’inactivité. La reprise de certains secteurs de l’édition au début de l’été permet toutefois de maintenir une production de titres supérieure aux années 1935-1936. La production reprend de façon spectaculaire en 1941, dépassant le niveau de 1939 et se rapprochant de celui de 1938. Nous interprétons cette remontée du nombre de titres par l’effet de la fermeture des frontières et donc par la nécessité de présenter de nouveaux titres au public belge avide de lecture. De 1942 à 1944, la chute spectaculaire s’explique sans doute par la disparition d’une grande partie de la presse périodique et par le caractère de plus en plus contraignant de la censure allemande. Celle-ci réduit le nombre de titres publiés à cause de la raréfaction croissante du papier disponible. Remarquons que la raréfaction des titres disponibles sur le marché n’implique pas obligatoirement une diminution quantitative des tirages. A partir du mois de septembre 1944 et en 1945, un certain nombre d’éditeurs sont placés sous les projecteurs de la Justice militaire et interrompent ou cessent leurs activités. Par ailleurs, une série de petits éditeurs occasionnels qui publiaient n’importe quoi sous n’importe quelle forme disparaissent du champ éditorial. De plus, la pénurie de papier, les ruptures de fourniture d’électricité industrielle qui fait tourner les rotatives et la réouverture des frontières aux importations françaises, puis néerlandaise dans la seconde moitié de l’année 1945, incitent les éditeurs belges à la frilosité. Enfin, en 1946, la reprise peut s’expliquer par la stabilisation économique.</p><p><p><p align="justify"><b>2. L’épuration des bibliothèques et des librairies</b><br> <p>Même si la liberté de presse est garantie par la Constitution, la loi belge organise les délits de presse. Les circonstances exceptionnelles de la déclaration de guerre de la France et de l’Angleterre à l’Allemagne à la suite de l’invasion de la Pologne provoquent la création d’un éphémère Ministère de l’Information nationale (1939-1940), puis d’un Service d’Information du Premier Ministre (1940). Une censure larvée, justifiée par la sécurité du territoire et le respect de la neutralité de la Belgique, est d’ailleurs exercée dès le mois de septembre 1939 afin d’éviter tout prétexte d’intervention de la part des belligérants. Durant les premiers mois de l’Occupation, une épuration anarchique s’exerce à l’encontre des bibliothèques privées et des librairies. Ce sont tantôt des soldats qui brûlent des livres trouvés sur les rayonnages de leur logement réquisitionné, tantôt des officiers qui prennent la mouche en découvrant chez le libraire de leur nouveau lieu de résidence un opuscule de l’espèce J’ai descendu mon premier Boche. Dès le 13 août 1940, la Militärverwaltung ordonne l’épuration systématique des bibliothèques publiques et des librairies. Tout livre ou brochure anti-allemand ou anti-nazi doit être immédiatement mis sous clef et bientôt déposé entre les mains des services allemands. Le soin de déterminer ce qui tombe ou non dans cette catégorie particulièrement vague est laissé à la seule appréciation des bibliothécaires et des libraires. Ceux-ci doivent attendre le mois de septembre 1941 pour que la Propaganda Abteilung daigne publier une liste de 1800 titres interdits. Des compléments sont ensuite régulièrement insérés dans le Journal de la Librairie de la Gilde du Livre et dans les Mededeelingen van het Boekengilde. Le Ministère de l’Instruction publique charge de surcroît des enseignants et des inspecteurs d’épurer les manuels scolaires de tout propos anti-allemands. Cette mesure a pour but d’éviter que l’occupant ne s’en charge lui-même et n’impose le manuel unique à l’instar de ce qui se passe Outre-Rhin. Le 8 octobre 1940, sans en avoir soumis le texte aux autorités allemandes, le Ministère de l’Instruction publique crée donc une Commission chargée de la révision des ouvrages classiques pour l’enseignement normal, moyen, primaire et gardien, plus communément désignée sous le nom de Commission pour la Révision des Ouvrages Classiques. Composée de collaborationnistes notoires mais également d’authentiques résistants, la Commission examinera près de 5000 titres entre la fin octobre 1940 et la fin mai 1944 ;elle interdira l’usage de 564 manuels et en fera modifier 182 autres.</p> <p><p><p align="justify"><b>3. La censure des livres</b><br> <p>Au début de l’été, les Allemands chargent l’Union des Industries Graphiques & du Livre (UNIGRA), le syndicat des imprimeurs belges, d’exercer une censure préalable générale et d’empêcher ainsi la publication de tout propos anti-allemand. Cette censure est ensuite circonscrite, à partir du 20 août 1940, à la littérature qui traite de sujets militaires et politiques (en ce compris les questions concernant la race, le judaïsme et la Franc-maçonnerie). Le 24 septembre 1940, la Propaganda Abteilung prend le relais de l’organisme belge. Le Referat Schrifttum est dirigé par le Sonderführer Pr Dr Hans Teske et par son adjoint le Sonderführer Leutenant Bruno Orlick. Durant son premier exercice, ce bureau de la littérature refuse 100 manuscrits sur les 600 qu’il examine. A partir du 15 janvier 1943, invoquant le manque de papier, le Referat Schrifttum impose aux éditeurs de soumettre tous leurs manuscrits. Chaque demande est établie en triple exemplaire. Le premier est conservé dans les dossiers de la Propaganda Abteilung, les deux autres exemplaires sont transmis à l’Office Central du Papier - Papier Centrale (OCP-PC). Celui-ci y appose un numéro correspondant à un bon de consommation de papier. L’un est conservé dans les archives de l’OCP et l’autre est retourné à l’éditeur qui doit le présenter à l’imprimeur. Sans ce bon de consommation, l’imprimeur ne peut entreprendre le travail puisqu’il doit justifier les quantités utilisées dans ses ateliers. Tout le processus de contrôle apparaît dans les livres sous la forme de numéros précédés des mentions « Autorisation PA n° » / « Toelating PA nr » / « Zulassung Nr… » et « OCP n° » / « PC nr ». Parfois encore, le numéro d’affiliation de l’imprimeur auprès de l’OCP figure dans le colophon du volume. Chaque numéro est lié à un titre et à l’éditeur qui le demande. En cas d’annulation du projet par l’éditeur, le numéro est alors perdu. Du côté de la SS, l’Abteilung III C 4 de la Sicherheitsdienst se charge notamment de la surveillance des Editions autorisées. Contrairement à la Propaganda Abteilung qui intervient le plus souvent en amont, la SD intervient essentiellement en aval. Celle-ci saisit les ouvrages « séditieux » qui auraient pu échapper à la sagacité des censeurs de la Propaganda Abteilung, ou à l’autocensure des éditeurs belges.</p><p> <p><p align="justify"><b>4. La pénurie de papier</b><br> <p>Avant la guerre, la Belgique importait la quasi-totalité des matières premières destinées à la fabrication du papier et du carton. Mais le déclenchement des hostilités a rendu l’approvisionnement difficile et réduit en conséquence la fabrication du papier. La pénurie des matières premières provoque une réaction rapide de l’administration militaire allemande. Dès le 17 juin 1940, elle exige un état des lieux de la production, des stocks et de la consommation qui permette la rationalisation de l’économie. Parallèlement à ces mesures et en complément à celles-ci, le Ministère des Affaires économiques crée en février 1941 un Office Central du Papier pour veiller à la production et à l’utilisation rationnelle du papier et du carton. Près de la moitié de la cellulose est alors consacrée à la fabrication de produits ersatz comme le carton-cuir pour les chaussures ou le « Balatum » et l’« Unalit ». En mai 1941, l’OCP interdit la fabrication de produits de luxe tels les confettis, les sous-bocks et le papier-dentelle pour tarte. Les besoins en papier et carton augmentent cependant :pour les emballages en replacement d’autres matières devenues rares, pour le papier d’occultation, ou encore pour la paperasserie administrative occasionnée par la rationalisation de l’économie. En avril 1942, le Referat Papier, sous prétexte de rationalisation, ordonne la fermeture de près de la moitié des papeteries. Mais celles qui restent en activité souffrent de la pénurie de matières premières et de combustible qui entraîne une baisse de la production. En octobre 1942, prétextant cette fois la pénurie de papier, le Referat Schrifttum interdit la publication de livres à plus de 5.000 exemplaires mais autorise des dépassements aux éditeurs suffisamment bien en cour. La consommation de papier est alors contrôlée par l’OCP. En avril 1943, le spectre de la pénurie permet encore le recensement des stocks de papier chez les imprimeurs. Or personne n’est la dupe de ces dernières mesures qui relèvent plus de la censure que de l’économie. </p><p><p><p align="justify"><b>5. La restructuration économique et professionnelle</b><br> <p>Dès le début de l’été 1940, la Militärverwaltung commence de saisir les biens ennemis, c’est-à-dire français et britanniques. Grâce à la mise sous séquestre des avoirs du Groupe Hachette, l’actionnaire français de l’Agence Dechenne, le principal distributeur de presse en Belgique est administré par un Allemand, représentant des intérêts du groupe éditorial allemand Amann. Celui-ci obtient le monopole de l’importation de quotidiens étrangers et de la distribution des journaux belges. Il réussit également à devenir le principal grossiste en livres, imposant aux éditeurs le choix de certains titres, le tirage et parfois la couverture des livres. En novembre 1940, tous les éditeurs de livres et de périodiques ainsi que les libraires doivent s’inscrire au Cercle belge de la Librairie ou à son homologue flamand. En juin 1942, le Ministère des Affaires Economiques institue la Gilde du Livre / Boekengilde qui détient, par le biais de ses deux chambres linguistiques, le monopole de la représentation professionnelle. En 1941, l’Occupant suscite la formation d’un organisme de collaboration, la Communauté culturelle wallonne (CCW) qui devrait investir le champ culturel, à l’instar de la Deutsch-Vlämische Arbeitsgemeinschaft (DeVlag). Dirigée par l’écrivain prolétarien Pierre Hubermont, la CCW tente de regrouper les auteurs au sein d’une Chambre des Lettres françaises et d’une Chambre des Lettres dialectales. Très peu d’intellectuels se rallieront à cet organisme rapidement démonétisé. A la suite du congrès européen des écrivains tenu à Weimar en octobre 1941, une Europäische Schriftsteller Vereinigung est par ailleurs fondée le 27 mars 1942. Cette Société Européenne des Ecrivains (SEE), destinée à remplacer le PEN-Club international, encourage les traductions et la diffusion des ouvrages de ses membres. Pierre Hubermont est désigné pour tenir le rôle de porte-parole de la Section wallonne et belge de langue française (SWBLF) qui commence d’être organisée dans le courant du mois de mars 1942. Seule une poignée d’écrivains répondront aux sirènes de Weimar. En 1943 la Communauté Culturelle Wallonne fonde une nouvelle structure plus discrète, et surtout, moins discréditée :la Fédération des Artistes wallons et belges d’expression française (FAWBEF) dont l’intitulé est très proche de celui de la section locale de la SEE. Il ne s’agit pas d’un repli stratégique de la part de Pierre Hubermont – qui est cependant contraint de constater le semi échec de la CCW – mais d’une tentative d’officialisation de la structure corporative ébauchée par la CCW sous l’œil attentif du Ministère de l’Instruction publique. La FAWBEF ébauche la création d’une Chambre de Littérature subdivisée en Chambre des Ecrivains d’expression française, en Chambre des Ecrivains d’expression wallonne, en Chambre des Traducteurs et en Chambre des Editeurs. Le but est d’aboutir à une adhésion obligatoire et ainsi à un contrôle de l’accès à la profession. Depuis l’instauration de la législation et la signature des conventions internationales sur la protection des droits d’auteur dans la seconde moitié du XIXe siècle, les redevances sont essentiellement perçues en Belgique par des sociétés de droit français. Face à cette situation de perceptions multiples, l’administration militaire allemande impose une perception unique par une société de droit belge. Dans un premier temps, la Militärverwaltung place sous séquestre les sociétés françaises qui disposent du monopole de fait de la perception des droits d’auteur en Belgique francophone. Dans un second temps, au début du mois de janvier 1941, la Nationale Vereeniging voor Auteursrecht (NAVEA) est réquisitionnée et désignée pour détenir le monopole de la perception des droits. Toujours en janvier 1941, une tentative de rallier l’Association des Artistes professionnels de Belgique (AAPB) à la société unique afin d’en faire sa section francophone échoue grâce à la résistance de ses dirigeants. L’AAPB est alors dissoute par les Allemands. Le monopole de la NAVEA pose de nombreux problèmes juridiques. Pour toucher les droits de suite, les artistes et leurs ayants droit doivent devenir membre de la NAVEA, alors que les sociétés françaises interdisent la double appartenance sous peine de perdre les droits à la pension. Après d’âpres pourparlers, la NAVEA s’engage à payer les pensions pour les artistes qui la rejoindraient rapidement. La NAVEA ne collabore pourtant pas avec l’occupant puisque, clandestinement, celle-ci noue un accord avec la société anglaise The Performing Right Society, via Lausanne et Lisbonne, et répartit en secret les droits des auteurs anglais et américains. Elle tente de surcroît de protéger ses affiliés juifs en refusant de livrer la liste des ses adhérents.</p><p><p><p align="justify"><b>6. La production</b><br> <p>Malgré les contraintes liées à la pénurie de papier et celles qu’impose la censure, les éditeurs belges profitent des circonstances pour éditer à tour de bras tout et n’importe quoi, puisant essentiellement dans le vivier des littérateurs locaux. En effet, les Belges s’adonnent au loisir peu onéreux de la lecture. La fermeture des frontières bloque les importations de livres français et néerlandais. D’une part, la culture flamande est revalorisée alors que toute velléité pan-néerlandaise est combattue. D’autre part, la littérature française est contingentée :les Lettres françaises sont systématiquement dénigrées car on les juge délétères. Enfin, la germanisation rampante va bon train grâce à la promotion des Lettres scandinaves et allemandes :il s’agit de remodeler les structures mentales des lecteurs grâce aux traductions. Les tirages sont énormes pour des valeurs sûres comme le Leeuw van Vlaanderen (200 000 exemplaires) d’Hendrik Conscience et De Vlaschaard (100 000 exemplaires) de Stijn Streuvels. La plupart des maisons d’édition développent ou inaugurent des collections de lettres étrangères. A la suite de pressions du Referat Schrifttum, rares sont les grands éditeurs qui ne publient pas de traductions de l’allemand. Aux quelques éditeurs rétifs, le chef du Referat Schrifttum suggère de remplacer les textes allemands par des traductions d’auteurs scandinaves et finno-estoniens. C’est ainsi qu’une maison anti-allemande éditera des romans du prix Nobel norvégien Knut Hamsun pourtant rallié à la collaboration la plus dure. Mais les éditeurs ne peuvent pas publier toutes les traductions :les auteurs slaves du nord (Russes et Polonais), anglo-saxons contemporains et juifs sont considérés comme indésirables et interdits. Le Referat Schrifttum autorise la publication de romans anglo-saxons qui ne sont pas encore tombés dans le domaine public. Ces autorisations exceptionnelles ont trait à des textes qui dénigrent systématiquement le modèle social britannique et américain. Curieusement sont ainsi traduits des romans remettant en cause un ordre social ou moral comme Babbitt (1943) de Sinclair Lewis, The Grapes of Wrath (De Druiven der gramschap, 1943 et Grappes d’amertume, 1944) de John Steinbeck, The Picture of Dorian Gray (Le Portrait de Dorian Gray, 1944) d’Oscar Wilde ou encore The Rains came (La Mousson, 1944) de Louis Bromfield. La réédition de The Scarlet Pimpernel (Le Mouron Rouge, 1943) de la baronne Emmuska Orczy dénonce le fanatisme de la Révolution Française et stigmatise l’hédonisme de la Gentry anglaise. A titre d’exemple, les Editions de La Toison d’Or, financées par les Allemands, publient 26 % de traductions, les Editions Les Ecrits sortent 31,75 % de traductions. A l’Uitgeverij De Lage Landen qui publie en langues néerlandaise, allemande et française, les traductions constituent 44 % du catalogue néerlandais.</p><p><p><p align="justify"><b>7. Les éditeurs</b><br> <p>La demande permet à une nouvelle génération d’éditeur de se manifester. Certaines maisons d’édition sont créées avec l’appui de l’un ou l’autre service allemand. D’autres, qui ne s’inscrivent pourtant pas dans une politique de collaboration, sont fondées sous le regard attentif de la Propaganda Abteilung. Des maisons jugées hostiles au national-socialisme sont mises sous séquestre. Enfin, des administrateurs provisoires et des directeurs littéraires inféodés au nouveau pouvoir sont nommés. Comme le reste de la population, les acteurs du champ éditorial adoptent un éventail de positions qui va de la Résistance à la Collaboration avec, pour le plus grand nombre, une accommodation à des degrés divers. Si certains choisissent de résister et freinent la politique allemande du livre dans la mesure de leurs moyens, aucun toutefois n’entre dans la clandestinité. A partir du 15 janvier 1943, tous les manuscrits doivent toutefois passer entre les mains de l’administration allemande ;ce sera souvent la seule compromission des éditeurs. La grande majorité des maisons reste patriote, à l’instar des Editions Casterman, des Editions Dupuis ou des Editions Charles Dessart. Un réseau éditorial d’Ordre nouveau est en revanche composé par Léon Degrelle et des rexistes. Le 25 août 1940, la s.a. La Presse de Rex obtient de pouvoir sortir à nouveau son quotidien de combat, Le Pays Réel (1936). La ligne éditoriale outrancière du journal ne parvient pas à fidéliser son lectorat (moins de 10 000 exemplaires vendus en 1942) et Degrelle renfloue les caisses de la rédaction grâce aux bénéfices du Palais des Parfums, une entreprise juive spoliée, et à des subventions de la SS. En 1943, Degrelle finance un nouveau quotidien, L’Avenir, inspiré de Paris Soir. Le groupe de presse de Degrelle publie également des hebdomadaires :une version collaborationniste du Pourquoi Pas ?intitulée pour l’occasion Voilà ;Tout, copié sur les géants Match, Tempo et Signal ;Indiscrétions, un magazine de mode qui prend rapidement le titre Elle et Lui ;et une revue pour jeunes gens, Mon Copain « volé ». La Presse de Rex possède encore trois maisons d’édition :les Editions Rex (1929), les Editions Ignis (1939), l’Uitgeverij Ignis (1941) et les Editions de L’Archer (1944). La s.a. Editoria, dirigée par le critique d’art Paul Colin, fait également partie du même réseau. Editoria regroupe la Nouvelle Société d’Edition (1934), l’hebdomadaire Cassandre (1934) et Le Nouveau Journal (1940). Des journalistes rexistes participent à la création de maisons littéraires :Claude Chabry fonde, en 1943, les éditions du même nom, les Editions du Rond-Point (1943) puis les Editions de La Mappemonde (1943) ;Victor Meulenijzer s’associe au caricaturiste de Cassandre René Marinus pour monter Les Editions du Dragon (1944) ;Eugène Maréchal relance en 1941 les Editions Maréchal (1938) et participe à la création des Editions du Carrefour (1943). Julien Bernaerts, le fondateur des Editions de la Phalange (1934) et de l’Uitgeverij De Phalanx (1938), se rallie à l’Ordre nouveau. Il est bientôt remarqué par le SS-Hauptsturmführer Hans Schneider qui travaille pour l’Ahnenerbe, le cercle académique de la SS. En 1943, Schneider persuade Bernaerts de créer l’Uitgeverij De Burcht. Dans le même cadre, Franz Briel, Léon Van Huffel et René Baert mettent sur pied les Editions de La Roue Solaire (1943). Proche de la SS, le directeur de l’Uitgeverij Steenlandt (DeVlag), Jan Acke, est abattu par la résistance. Il n’est pas le seul puisque Paul Colin est bientôt exécuté par un étudiant de l’Université libre de Bruxelles, Arnaud Fraiteur. Toujours dans l’orbite de la collaboration, les deux grands trusts de presse allemands Mundus et Amann essayent de pénétrer le marché belge. Tandis que le groupe germano-slovaque Mundus finance la création des Editions de La Toison d’Or (1941), fondées par Edouard Didier, Guido Eeckels et Raymond De Becker, Amann tente de s’emparer de l’Uitgeverij De Lage Landen (1941) de Guido Eeckels, puis Mundus devient un temps actionnaire de l’entreprise qui publie alors des ouvrages pour le compte du Deutsche Institut. Rappelons que, par l’entremise d’administrateurs provisoires, Amann pèse sur l’édition grâce à l’Agence Dechenne et signalons que Mundus a fait tomber le quotidien mosan La Légia (1940) dans son escarcelle. Les Editions de Belgique de Maximilien Mention, qui porte pourtant l’uniforme noir des cadres rexistes, ne semblent pas exprimer les idées nouvelles. Les journalistes rexistes Jules Stéphane et son épouse Marguerite Inghels dirigent la coopérative Les Auteurs Associés (1942) et Het Boek (1943) qui ne sont pas non plus d’obédience nazie. A la marge de ce réseau, mais très impliquées dans le réseau national-catholique, figurent les Editions L’Essor (1939) de Léon Renard. Comme toutes les coopératives ouvrières, les Editions Labor d’Alexandre André sont placées sous séquestre. André est maintenu à la direction commerciale de la maison tandis que le chef de la CCW est propulsé par l’occupant à la direction littéraire.</p><p><p><p align="justify"><b>8. La Libération</b><br> <p>A la Libération, l’Etat Belge instaure à nouveau un régime de censure larvée dans le but d’empêcher la diffusion des idées ennemies :des auteurs réputés inciviques sont interdits de publication dans la presse, des livres sont saisis et des maisons d’édition sont placées sous séquestre et leurs livres mis à l’index. Quelques éditeurs de la nouvelle génération quittent Bruxelles pour Paris en prétextant la mauvaise conjoncture économique mais en réalité ils fuient un climat qu’ils jugent répressif. Plusieurs retrouvent une place importante dans les champs éditorial et littéraire parisiens où leur passé est ignoré. Notons que la Justice militaire belge a rarement poursuivi un éditeur pour ses activités, comme si les éditeurs n’étaient pas responsables des idées qu’ils ont mises sur le marché. Le refus de livrer la liste de ses adhérents juifs et les accords clandestins avec The Performing Right Society permettent à la NAVEA de survivre après la Libération sous une nouvelle appellation :la Société des Auteurs Belges-Belgische Auteursmaatschappij (SABAM). L’Etat de droit rétabli, les sociétés françaises reprennent leurs activités en Belgique, restaurant ainsi le système de la perception multiple. L’Association des Artistes professionnels de Belgique constitue un jury d’honneur pour sanctionner ses membres qui auraient fauté. L’Association des Ecrivains belges exclut de ses rangs les auteurs compromis. Les Académies expulsent des immortels et en blâment d’autres, les écartant provisoirement de leur honorable société. Des écrivains, peu ou prou impliqués dans la collaboration, suivent le chemin des éditeurs et posent leurs valises sur les bords de la Seine. Les uns deviennent conseillers littéraires de grandes maisons parisiennes, d’autres, comme Paul Kenny, deviennent millionnaires en publiant des romans d’espionnage. Plusieurs exilés ci-devant anti-bolchevistes se lancent dans la traduction de romans anglais et américains. D’aucuns inventent la solderie de livres neufs à prix réduit s’ils ne revêtent pas l’habit vert. La réouverture des frontières aux livres d’écrivains français, néerlandais et anglo-saxons repousse la plupart des littérateurs belges dans l’ombre dont ils étaient sortis à l’occasion de circonstances exceptionnelles. On pourrait croire que l’âge d’or de l’édition est terminé. Or la crise du papier va entraîner l’émergence d’une nouvelle littérature et la création de nouvelles sociétés d’édition :les imprimeurs sont tenus de prendre deux qualités de papier, l’une bonne et l’autre médiocre. Celle-ci est alors utilisée pour des publications à destination de la jeunesse. Naissent ainsi une quinzaine d’hebdomadaires parmi lesquels figurent Franc-Jeu (1944), Lutin (1944), Perce-Neige (1944), Story (1945), Wrill (1945), Cap’taine Sabord (1946), Jeep (1945), Annette (1945) et Tintin (1946). Les deux derniers deviendront de véritables « blanchisseries » pour les réprouvés de l’Epuration… La bande dessinée belge et ses deux écoles, Marcinelle et Bruxelles, ainsi que les sociétés qui éditent leurs albums vont bientôt dominer le marché francophone. </p><p> / Doctorat en philosophie et lettres, Orientation langue et littérature / info:eu-repo/semantics/nonPublished
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LA CRITIQUE LITTÉRAIRE D'ALFRED JARRY À LA REVUE BLANCHE.Gosztola, Matthieu 12 October 2012 (has links) (PDF)
JARRY SEMBLE AVOIR TOTALEMENT ABANDONNÉ LES COMPLICATIONS STYLISTIQUES QUI CARACTERISAIENT SES PREMIERS TEXTES LORSQU'IL FAIT ŒUVRE DE CRITIQUE LITTERAIRE À LA REVUE BLANCHE. EN RÉALITÉ, L'AUTEUR DE MESSALINE CONTINUE, MAIS DE FAÇON EXTRÊMEMENT SOUS-JACENTE, À PRATIQUER UNE FORME D'OBSCURITE, ELLE PARADOXALE, DANS LE SENS OÙ ELLE EST INAPPARENTE, ET QUI SE TRADUIT PAR LE DÉVELOPPEMENT CONSTANT D'UNE ESTHÉTIQUE DU RACCOURCI ET PAR UN APPARENT RETRAIT DE SA PRÉSENCE DE CRITIQUE JUSQUE DANS L'ACTE MÊME DU COMPTE RENDU, JARRY DONNANT TOUTE SA PLACE AU TEXTE COMMENTÉ, EN TAISANT CETTE FAÇON QU'IL A, INCESSAMMENT, DE LE CITER. AINSI, CE TRAVAIL EST CONDUIT D'UNE PART PAR NOTRE SOUCI DE FAIRE AFFLEURER LA FAÇON DONT SE FAIT JOUR L'ESTHÉTIQUE DU RACCOURCI (JARRY PROCÈDE PAR SYNTHESES INCESSANTES QUI, À FORCE D'AFFIRMATION, EN DEVIENNENT SOIT OBSCURES SOIT INSAISISSABLES) AU SEIN DE CES TEXTES APPAREMMENT ALIMENTAIRES QUE SONT LES CRITIQUES LITTERAIRES DE JARRY, L'AUTEUR DU SURMÂLE PRÉSENTANT DE VÉRITABLES CONCRÉTIONS DE SENS, EN LIEN AVEC LA NOTION D'ÉRUDITION, DANS DES DOMAINES EXTRÊMEMENT DIVERS. D'AUTRE PART, NOTRE TRAVAIL VISE À MONTRER COMMENT SE FAIT JOUR CHEZ JARRY LE DÉTOURNEMENT DE L'USAGE HABITUEL DE LA CITATION, QUI PORTE EN CREUX UNE CRITIQUE CORROSIVE DU STATUT DE CRITIQUE, L'AUTEUR DE LA CHANDELLE VERTE DEVENANT UN CRITIQUE QUI NE S'EXPRIME LE PLUS SOUVENT QUE SUIVANT L'ABSENCE TOTALE DE PROPOS CRITIQUE - PUISQUE LORSQU'IL S'AGIT D'ÉNONCER DES " JUGEMENTS ", C'EST EN FAIT POUR CONTINUER DE TISSER UNE FILIATION AVEC UNE COMMUNAUTE D'AUTEURS DESQUELS IL SE SENT PROCHE ET AINSI, PRINCIPALEMENT, AVEC LE LIEU DU MERCURE DE FRANCE.
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Décodage de l'expression de gènes cryptiquesMoreira, Sandrine 08 1900 (has links)
Pour certaines espèces, les nouvelles technologies de séquençage à haut débit et les pipelines automatiques d'annotation permettent actuellement de passer du tube Eppendorf au fichier genbank en un clic de souris, ou presque. D'autres organismes, en revanche, résistent farouchement au bio-informaticien le plus acharné en leur opposant une complexité génomique confondante. Les diplonémides en font partie. Ma thèse est centrée sur la découverte de nouvelles stratégies d'encryptage de l'information génétique chez ces eucaryotes, et l'identification des processus moléculaires de décodage.
Les diplonémides sont des protistes marins qui prospèrent à travers tous les océans de la planète. Ils se distinguent par une diversité d'espèces riche et inattendue. Mais la caractéristique la plus fascinante de ce groupe est leur génome mitochondrial en morceaux dont les gènes sont encryptés. Ils sont décodés au niveau ARN par trois processus: (i) l'épissage en trans, (ii) l'édition par polyuridylation à la jonction des fragments de gènes, et (iii) l'édition par substitution de A-vers-I et C-vers-T; une diversité de processus posttranscriptionnels exceptionnelle dans les mitochondries.
Par des méthodes bio-informatiques, j'ai reconstitué complètement le transcriptome mitochondrial à partir de données de séquences ARN à haut débit. Nous avons ainsi découvert six nouveaux gènes dont l'un présente des isoformes par épissage alternatif en trans, 216 positions éditées par polyuridylation sur 14 gènes (jusqu'à 29 uridines par position) et 114 positions éditées par déamination de A-vers-I et C-vers-T sur sept gènes (nad4, nad7, rns, y1, y2, y3, y5).
Afin d'identifier les composants de la machinerie réalisant la maturation des ARNs mitochondriaux, le génome nucléaire a été séquencé, puis je l'ai assemblé et annoté. Cette machinerie est probablement singulière et complexe car aucun signal en cis ni acteur en trans caractéristiques des machineries d'épissage connues n'a été trouvé. J'ai identifié plusieurs candidats prometteurs qui devront être validés expérimentalement: des ARN ligases, un nombre important de protéines de la famille des PPR impliquées dans l'édition des ARNs dans les organites de plantes, ainsi que plusieurs déaminases.
Durant ma thèse, nous avons mis en évidence de nouveaux types de maturation posttranscriptionnelle des ARNs dans la mitochondrie des diplonémides et identifié des candidats prometteurs de la machinerie. Ces composants, capables de lier précisément des fragments d'ARN et de les éditer pourraient trouver des applications biotechnologique. Au niveau évolutif, la caractérisation de nouvelles excentricités moléculaires de ce type nous donne une idée des processus de recrutement de gènes, de leur adaptation à de nouvelles fonctions, et de la mise en place de machineries moléculaires complexes. / Thanks to new high throughput sequencing technologies and automatic annotation pipelines, proceeding from an eppendorf tube to a genbank file can be achieved in a single mouse click or so, for some species. Others, however, fiercely resist bioinformaticians with their confounding genomic complexity. Diplonemids are one of them. My thesis is centered on the discovery of new strategies for encrypting genetic information in eukaryotes, and the identification of molecular decoding processes.
Diplonemids are a group of poorly studied marine protists. Unexpectedly, metagenomic studies have recently ranked this group as one of the most diverse in the oceans. Yet, their most distinctive feature is their multipartite mitochondrial genome with genes in pieces, and encryption by nucleotide deletions and substitutions. Genes are decrypted at the RNA level through three processes: (i) trans-splicing, (ii) polyuridylation at the junction of gene pieces and (iii) substitutions of A-to-I and C-to-T. Such a diverse arsenal of mitochondrial post-transcriptional processes is highly exceptional.
Using a bioinformatics approach, I have reconstructed the mitochondrial transcriptome from RNA-seq libraries. We have identified six new genes including one that presents alternative trans-splicing isoforms. In total, there are 216 uridines added in 14 genes with up to 29 U insertions, and 114 positions edited by deamination (A-to-I or C-to-T) among seven genes (nad4, nad7, rns, y1, y2, y3, y5).
In order to identify the machinery that processes mitochondrial RNAs, the nuclear genome has been sequenced. I have then assembled and annotated the genome. This machinery is probably unique and complex because no cis signal or trans actor typical for known splicing machineries have been found. I have identified promising protein candidates that are worth to be tested experimentally, notably RNA ligases, numerous members of the PPR family involved in plants RNA editing and deaminases.
During my thesis, we have identified new types of post-transcriptional RNA processing in diplonemid mitochondria and identified new promising candidates for the machinery. A system capable of joining precisely or editing RNAs could find biotechnological applications. From an evolutionary perspective, the discovery of new molecular systems gives insight into the process of gene recruitment, adaptation to new functions and establishment of complex molecular machineries.
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