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Le roman sentimental antillais : appropriation du canon et didactismeCormier, Marie Odile 08 1900 (has links)
Le roman sentimental est un des genres les plus lus, les plus traduits et les plus diffusés. Malgré sa mauvaise réputation, il est étonnant de constater le nombre de ces romans vendus, tous pays confondus. Dans les Antilles, ce phénomène est particulièrement palpable : la présence, et la réception de ces œuvres témoignent de l’engouement pour le genre. Notre étude a pour objectif de dégager d’un corpus sentimental antillais les aspects les plus significatifs. Nous analyserons, d’une part, le schéma narratif élaboré en marge de celui proposé par le roman sentimental classique et, d’autre part, l’esthétique du quotidien mise en place pour créer un sentiment d’appartenance chez le lectorat. Il nous sera ainsi possible de mettre en évidence le discours socioculturel propre à ce genre et plus spécifiquement aux femmes antillaises. Par ailleurs, cette recherche postule que l'appropriation des invariants romanesques et l'élaboration d'une visée didactique participent à l'intégration du roman sentimental antillais dans la sphère des littératures « sérieuses ». Enfin, ce mémoire défend l’idée selon laquelle l’écriture romanesque des auteures étudiées contribue au projet littéraire antillais de réappropriation identitaire. / The sentimental novel is one of the most read, translated and accessible literary genres. Considering its sales rating, its frivolous reputation seems to be a misleading one. Indeed, in the Caribbean, the overall presence and reception of the novels is an indicator of its phenomenal popularity. We consider that the following aspects of the Caribbean sentimental novel are the most significant ones. Firstly, we underline that the specificity of the narrative patterns of these novels is due to its singularity vis-à-vis the canonical sentimental novel. Secondly, these novels tend to create a very strong sense of nationhood for the readers which are generated by a careful depiction of the everyday life. These previous aspects allow us to underscore the fact that the studied novels interact with the Caribbean social-cultural discourse while insisting on the topic of the female condition. This research brings to light the fact that the appropriation of the novelistic schemes as well as the didactic within allows to consider the Caribbean sentimental novel as a part of the institutionally recognized literary productions. Finally, our essay demonstrates that the novels of these “female writers” contribute to the consolidation of the national identity.
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Corps, identité et féminité chez Nelly Arcan et Marie-Sissi LabrècheDugas, Marie-Claude 08 1900 (has links)
Dans une société qui assiste à la confusion des territoires du privé et du
public, le culte du corps et la valorisation de normes esthétiques féminines
semblent littéralement envahir l’espace narratif et magnifier le dualisme entre
l’être et le paraître. Il va sans dire que cette nouvelle façon de penser et de
concevoir le corps, notamment le corps féminin, a une incidence sur l’écriture des
femmes contemporaines. Intimement lié à la construction identitaire du sujet, le
corps incarne dans les oeuvres littéraires une nouvelle « féminité » dont le présent
mémoire vise à explorer les paramètres littéraires, psychanalytiques et
sociologiques.
C’est dans le contexte d’une corporalité reconfigurée que l’inscription de la
triade corps/identité/féminité dans les textes littéraires de Nelly Arcan et de Marie-Sissi Labrèche sera étudiée par l’analyse d’oeuvres significatives publiées au début de ce troisième millénaire : Putain et À ciel ouvert, d’une part, Borderline et La Brèche, d’autre part. Le corps est au coeur de la quête identitaire des protagonistes présentées dans ces récits. Mais ce corps s’érigeant souvent en obstacle devient le lieu d’une difficile image de soi et contribue à renforcer l’agentivité négative, soit cette incapacité du sujet à tracer son avenir de manière positive, contre laquelle se battent les personnages féminins tout au long de la narration. C’est à ce propos que la position ambivalente des deux auteures est représentative des questions de filiation qui marquent la littérature contemporaine. / In a society in which boundaries between the private and the public are confused, body worship and the prizing of women’s beauty standards seem to pervade fiction and magnify the dualism between being and appearing. The new way of thinking about and conceiving the body, the female body in particular, has certainly had an effect on contemporary women’s writing. Inasmuch as the body is entwined with the formation of the protagonist’s identity, it embodies a new
femininity in literary works, of which this master’s thesis strives to explore the
literary, psychoanalytical and sociological parameters.
In the context of a remapped corporality, this thesis studies the body, identity
and femininity in four contemporary novels: Putain and À ciel ouvert by Nelly
Arcan, and Borderline and La Brèche by Marie-Sissi Labrèche. Although the body is
at the heart of the protagonists’ search for identity, it also often constitutes a hurdle
for them, resulting in a bad self-image and reinforcing the protagonists’ negative
agency against which all the female characters are struggling. The authors’
ambivalent positions on this matter are representative of the filiation issues
characterizing contemporary fiction.
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Sentimental et engagé : le roman Aïcha la rebelle d’Halima Ben HaddouFarhat, Batoul 08 1900 (has links)
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Érinyes-héroïne ; suivi de, Performativité de la violence dans Travesties-kamikaze et Filles-commandos bandées de Josée YvonLampron, Clarence 08 1900 (has links)
Mémoire en recherche-création / Ce mémoire en recherche-création explore les différentes stratégies scripturales par lesquelles la violence au féminin s'inscrit dans la littérature. La partie « création » de ce mémoire se compose de poèmes féministes qui mettent en scène la violence à travers un chœur de voix féminines et hétérodoxes. Le recueil de poèmes est un hommage à plusieurs auteures féministes, afin de l'inscrire dans une filiation. Ils sont marqués par un ton manifestaire inhérent à la communauté sororale qui émerge de l'écriture. Les voix qui portent la création sont incarnées dans des corps grotesques, permettant de déstabiliser la notion hétéronormative du genre féminin. Les poèmes sont travaillés à la manière du fanzine : ils se situent en marge de l'institution littéraire de par la volonté de transgression qui en émane grâce aux procédés typographiques et langagiers. Ce sont des poèmes de l'oralité qui ont été conçus pour être dits, hurlés, beuglés. Les textes mettent en place une poétique de la guérilla et du terrorisme au féminin, où les bombes langagières ne laisseront personne tranquille.
Fondée sur la manière dont la violence se déploie dans l'écriture de Josée Yvon, la partie « recherche » de ce mémoire s'intéresse à l'émergence d'un féminin construit hors des cadres hégémoniques à travers la colère, l'abject et la parole injurieuse. Dans Filles-commandos bandées (1976) et Travesties-kamikaze (1980), l'écrivaine donne à entendre les cris et les aboiements des « filles », qui par la rage, s'unissent d'une seule voix pour entreprendre une véritable révolte contre l'ordre établi. Afin que leur insurrection soit possible, l'auteure massacre la langue par divers procédés discursifs, façonnant ainsi une poétique fondée sur l'excès. Pour que cette langue châtiée puisse s'incarner dans le texte, elle doit être portée par des corps marqués du sceau de l'abject, au sens où l'entend Julia Kristeva dans Pouvoirs de l'horreur (1980). La mise en spectacle des corps abjects opère une réelle résistance, bouleversant les codes de la représentation. C'est par la réappropriation du discours haineux que les personnages yvoniens pourront investir l'abjection pour construire leur agentivité. Grâce à la « resignification » conceptualisée par Judith Butler (2004), Josée Yvon fait advenir dans le langage patriarcal un sujet féminin qui peut utiliser la parole violente comme lieu d'identification positive. Ce mémoire se penche donc sur la manière dont les « filles » yvoniennes ne sont plus des victimes-objets violentées, mais bien des sujets parlants et violents. / This research-creation dissertation explores the different scriptural strategies with which female violence is inscribed in literature. The “creation” part of this dissertation is made up of feminist poems that stage violence through a chorus of female and heterodox voices. The collection of poems is a tribute to several feminist authors, placing creation in a lineage. They are marked by a manifest tone inherent to the sisterhood community that emerges from the writing. The voices carrying the texts come to life in grotesque and sexual bodies, making it possible to destabilize the heteronormative notion of the female gender. The poems are worked in the style of a fanzine: they are located next to the literary institution by the will to transgress which emanates through typographical and photo-literary processes. These are oral poems that were created to spoken, shouted, barked. The texts set up a poetics of guerrilla and feminine terrorism, where language bombs will not leave any reader indifferent.
Based on the way in which violence unfolds in Josée Yvon's writing, the “research” part of this dissertation explores the emergence of a femininity constructed outside hegemonic standards through anger, abject and insultable speech. In Filles-commandos bandées (1976) and Travesties-kamikaze (1980), the writer grants a voice to the cries and barks of her “girls”, who in rage, unite as a single voice to undertake a real revolt against the established order. For their insurrection to be possible, she massacres the language by various discursive processes, thus shaping a poetics based on excess. In order for this chastened language to be take shape in the text, it must be worn by bodies marked with the seal of the abject, in the sense that Julia Kristeva understands it in Powers of Horror (1980). The staging of abject and grotesque bodies operates a true resistance, upsetting the codes of representation. It is through the reappropriation of hate speech that the characters will be able to invest abjection to build their agency. Thanks to the “resignification” of Judith Butler (2004), Josée Yvon brings in patriarchal language a female subject who can use violent speech as a place of positive identification. This dissertation therefore examines the way in which Yvon's “girls” are no longer abused victim-objects, but rather loud and violent subjects.
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La représentation de soi dans l'œuvre poétique de Marie NoëlLecavalier-Hurtubise, Elizabeth 09 1900 (has links)
Les œuvres de Marie Noël (1883-1967) sont surtout lues pour leur dimension spirituelle, mais elles offrent également une réflexion sur le rôle du poète dans un contexte chrétien. Dans un dialogue avec la tradition culturelle et religieuse à laquelle elle appartient, l’auteure s’interroge sur la valeur de l’activité poétique en mettant en scène divers personnages féminins qui se caractérisent par leur faiblesse. Ces personnages se rejoignent par un sentiment d’inutilité qui les marginalisent, mais qui leur permet paradoxalement d’atteindre une vocation plus haute. Dans la présente analyse, nous nous concentrerons sur l’œuvre poétique, c’est-à-dire Les Chansons et les Heures, Les Chants de la Merci, les Chants et psaumes d’automne et les Chants d’arrière-saison. Ces recueils présentent une certaine cohésion en ce qu’ils sont presque entièrement écrits à la première personne. Alors que les analyses critiques publiées jusqu’ici s’appuient généralement sur la biographie de l’auteure, ce mémoire propose une analyse des différentes figures qu'emprunte le sujet lyrique afin de valoriser l'écriture féminine. Plus précisément, nous montrerons comment le personnage de la femme infertile se découvre une fécondité nouvelle et accède à une maternité spirituelle à travers son activité poétique. Nous verrons aussi comment le sujet lyrique légitime sa parole en se revendiquant de l'inspiration divine, ce qui le rapproche de l’écriture mystique. / Most readers of Marie Noël (1883-1967) are interested by the spiritual dimension of her work. Nonetheless, her writings also reflect upon the poet’s role in a Christian world. While dependent on her cultural and religious background, the author wonders about the value of poetry. She introduces various feminine characters who are defined by their inadequacy but are then transformed on their own paths as writers. The following analysis focuses on the lyrical works of Marie Noël, which are Les Chansons et les Heures, Les Chants de la Merci, Chants et psaumes d’automne and Chants d’arrière-saison. These volumes are mostly written from the first-person point of view. Because of this trait, essays previously published insist on the author’s biography. This analysis, however, studies the masks worn by the lyrical subject and its constant desire to highlight the importance of women’s writing. More precisely, we will demonstrate how the character of the barren woman discovers a new fecundity and reaches spiritual motherhood through her poetry. We will also show how the lyrical subject justifies its voice while claiming divine inspiration. In doing so, the female characters are brought closer to the tradition of mystical writing.
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Mythes et monstres dans Folle et À ciel ouvert de Nelly ArcanJoubi, Pascale 08 1900 (has links)
L’œuvre de Nelly Arcan s’inscrit dans un pan de la littérature contemporaine accueillant les monstres comme figures de la transgression qui, par leur é-normité, interrogent la norme dont ils s’écartent. Ces êtres à la fois fascinants et inquiétants hantent la littérature depuis les récits fondateurs de la mythologie antique. Arcan, à l’instar de plusieurs femmes auteurs, recourt au procédé de la réécriture de plusieurs grands mythes grecs dans Folle (2004) et À ciel ouvert (2007). Dans les deux récits, elle met en scène des personnages en fuite qui, face à leur destin néfaste, se métamorphosent en femmes-monstres et en hommes-monstres. Les personnages masculins empruntent des traits à Jason, Narcisse et Pygmalion, mais sont, par leur déviance sexuelle et leur propension à la domination, beaucoup plus monstrueux que leurs modèles antiques. Contaminées par la monstruosité des hommes qu’elles aiment jusqu’à l’annihilation de soi, les protagonistes des deux récits affichent certains traits de Médée, de Méduse et des Amazones, tirant parti de la puissance de ces figures nocives pour donner une leçon aux personnages masculins. Elles acquièrent ainsi de nouveau leur statut de sujet.
Dans ce mémoire, il s’agira, par le biais de la mythocritique, des théories de la réécriture et de l’effet-personnage, d’étudier les causes, le processus et les effets du « devenir-monstre » des personnages féminins et d’examiner la reconfiguration de mythes antiques par Arcan. En s’intéressant à la greffe des mythes antiques sur les personnages arcaniens, au déplacement et au renversement des mythèmes caractéristiques des figures prédécesseures, cette recherche espère montrer comment Nelly Arcan dissèque les relations de couple qui mènent au « devenir-monstre » des partenaires. Il ressortira de cette analyse une vision apocalyptique du vivre ensemble, entre hommes et femmes, qui rejoue l’ancienne « guerre des sexes » que l’on croyait terminée. / Nelly Arcan’s body of work is in line with a trend in contemporary writing to represent the monster as a transgressive figure, which, through its own “e-normity,” steps out of the norm and questions it. Both fascinating and unnerving, the monster has haunted literature since the tales of ancient mythology came into existence. Following the steps of many women writers, Arcan rewrites numerous Greek myths in Folle (2004) and À ciel ouvert (2007). These novels narrate the stories of characters who transform into monsters due to their ill-fated destinies. The male characters are inspired by Jason, Narcissus and Pygmalion. However, their sexual deviance and tendency to dominate make them much more monstrous than their ancient models. Contaminated by the monstrosity of the men they love to the point of self-annihilation, Arcan’s female protagonists share some characteristics with Medea, Medusa and the Amazons. They gain power from these dangerous mythological figures to teach lessons to the monstrous males, thereby claiming possession of their own subjectivities.
Using literary approaches such as mythocritique, theories of rewriting, and theories of character, this research will focus on the causes, processes and effects of the female characters’ “becoming-monster” and will study Arcan’s reconfiguration of ancient myths. Through an examination of the merging of these myths and an analysis of the displacement and upending of their distinctive mythemes, this master’s thesis hopes to show how Arcan dissects love relationships that lead to the “becoming-monster” of the partners involved. This analysis will bring out Arcan’s apocalyptic vision of co-habitation, a vision which re-enacts the war of the sexes that we thought ended long ago.
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Captive bodies, dissident voices : carcerality and resistance in third-world women's narrativesBoughattas, Imen 11 1900 (has links)
Cette thèse de doctorat renouvelle les réflexions autour du « carcéral » afin de le repenser comme un instrument politique et social coercitif, qui saisit et emprisonne des sujets, des collectivités, des alternatives émancipatrices et des capacités imaginatives. S’appuyant sur des récits de femmes du « tiers monde » (We Lived to Tell : Azadeh Agah, Sousan Mehr, Shadi Parsi, 2007 ; Memoirs from the Women’s Prison : Nawal El Saadawi, 1984 ; Imaginary Maps : Mahasweta Devi, 1994 ; Zoo City : Lauren Beukes, 2010 ; Moxyland : Lauren Beukes, 2008), nous explorons de multiples tropes et sites d’emprisonnement, d’enfermement, de sujétion et d’immobilisation, qui renforcent les logiques carcérales et qui entravent l’agence collective. Nous présentons une critique genrée des mécanismes locaux et mondiaux, micropolitiques et macropolitiques de la violence contre les sujets captifs et les communautés précaires. Ce dispositif de déconstruction se base sur une analyse multidisciplinaire des arrangements carcéraux, qui incluent des institutions punitives, des États-nations hétéronormatifs, des discours patriarcaux, le trafic sexuel, la servitude pour dettes, le capitalisme, la surveillance numérique, la privation économique et la déshumanisation politique. Ce travail de recherche invite également à une relecture de récits carcéraux qui permettent la réinvention des vocabulaires, des pratiques et de l’éthique de résistance, ainsi que l’émergence de projets collectifs de libération qui transgressent les confins politiques, sociaux, discursifs et épistémologiques de l’agenda néolibéral. À travers ses différents cadres théoriques, notre lecture s’engage dans un dialogue critique entre les études littéraires, féministes, postcoloniales et matérialistes, afin d’élucider de nouvelles façons de penser la carcéralité, la liberté et la résistance. / This dissertation seeks to produce new understandings of the “carceral” as a mode of subject formation and social production that captures and contains subjects, collectivities, emancipatory alternatives, and imaginative capacities. Drawing on “Third-World” women’s narratives (We Lived to Tell : Azadeh Agah, Sousan Mehr, Shadi Parsi, 2007 ; Memoirs from the Women’s Prison : Nawal El Saadawi, 1984 ; Imaginary Maps : Mahasweta Devi, 1994 ; Zoo City : Lauren Beukes, 2010 ; Moxyland : Lauren Beukes, 2008), this dissertation investigates multiple tropes and sites of imprisonment, enclosure, subjection, and immobilization that reinforce carceral logics and impede collective agency. Through a multidisciplinary examination of carceral arrangements that include punitive institutions, heteronormative nation states, patriarchal discourses, sexual trafficking, debt bondage, global capital, political dehumanization, digital surveillance, and corporate violence, this dissertation offers a gendered critique of the local and global, micropolitical and macropolitical mechanisms of violence against captive subjects and precarious communities. The dissertation also invites a rereading of carceral narratives that enable the reinvention of vocabularies, ethics, and practices of resistance and the emergence of collective liberatory projects that transgress the political, social, discursive, and epistemological confines of the neoliberal agenda. Through its different theoretical frameworks, this dissertation engages in a critical dialogue between literary, feminist, postcolonial, and materialist studies in order to elucidate new ways of thinking about carcerality, freedom, and resistance.
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Quand proférer, c’est faire : resignifications des filles « ingouvernables » chez Josée Yvon, Chloé Savoie-Bernard et Catherine LalondeAnctil-Raymond, Camille 08 1900 (has links)
Fondé sur la force performative de l’injure qui travaille l’écriture de trois poètes québécoises, ce mémoire s’intéresse aux stratégies discursives grâce auxquelles elles renversent la stigmatisation du féminin inscrite dans le discours haineux. Les « fées mal tournées », « plotes de riches », « crisse de folles », « bâtardes », « sorcières » et « chiennes » sont légion dans Filles-commandos bandées (1976) de Josée Yvon, Royaume scotch tape (2015) de Chloé Savoie-Bernard et La dévoration des fées (2017) de Catherine Lalonde. Les poètes font toutes trois entendre des voix qui se réapproprient des injures pour les « resignifier », au sens où l’entend Judith Butler dans Le pouvoir des mots (1997). À la fois injuriées et injurieuses, elles s’emparent du pouvoir qui anime l’insulte pour la dévier, y aménagent des significations inattendues et la transforment même parfois en un lieu positif d’identification. Reprenant à leur compte les injures reçues, les écrivaines les entremêlent aux personnages puissants de l’Amazone, de la sorcière et de la fée, et façonnent des figures qui rejettent les corsets dans lesquels on tente d’enserrer non seulement leur corps, mais également leur discours. Parfois violentes, vulnérables, souffrantes ou effrayantes, ces « filles » brillent d’une souveraine irrévérence. Ainsi, elles apparaissent toutes comme des incarnations de la « femme ingouvernable » (1995) de Kathleen Rowe, symbole d’insoumission. Emportés par les affects qui les habitent, leurs corps excessifs, désirants, désacralisés et parfois grotesques, voire abjects, sont traversés de pulsions et de fantasmes violents. Ce mémoire se penche donc sur les manières dont les « filles » d’Yvon, de Savoie-Bernard et de Lalonde s’approprient le pouvoir de la colère et, en se positionnant entre vulnérabilité et ingouvernabilité, se font à la fois menaçantes et rassembleuses. / Based on the performative force of insults that shapes the writing of three Quebec poets, this dissertation explores the discursive strategies through which they reverse the stigmatization of women embedded in injurious speech. Such vocabulary as “fées mal tournées”, “plotes de riche”, “crisse de folles”, “bâtardes”, “sorcières” and “chiennes” is plentiful in Filles-commandos bandées (1976) by Josée Yvon, Royaume scotch tape (2015) by Chloé Savoie-Bernard and La dévoration des fées (2017) by Catherine Lalonde. The poets all create voices that reclaim insults in order to “re-signify” them, as Judith Butler conceives in Excitable Speech (1997). Being both the insulted and the insulting, they seize the power that animates insults to deflect them, endowing them with unexpected meanings and transforming them into neutral and even positive terms of identification. Taking up the insults received, the writers intertwine them with the powerful characters of the Amazon, the witch and the fairy, and shape figures who reject the corsets that enclose not only their body, but also their speech. These “girls”, at times violent, vulnerable, suffering or frightening, all shine with sovereign irreverence. In that, they appear to be incarnations of Kathleen Rowe’s Unruly Woman (1995), a symbol of insubordination. Carried away by the affects that inhabit them, their excessive, desiring, desacralized and sometimes grotesque, even abject bodies, are filled with impulses and violent fantasies. This research thus examines the ways in which the “girls” of Yvon, Savoie-Bernard and Lalonde appropriate the power of anger and, positioning themselves between vulnerability and ungovernability, reveal themselves as both threatening and unifying.
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Ethos et écriture performative dans le manifeste avant-gardiste : l'apport des autrices et femmes artistesBeauchamp Houde, Sarah-Jeanne 08 1900 (has links)
Thèse en cotutelle / Le genre du manifeste prend son essor dans la première moitié du XXe siècle, notamment
dans le contexte des avant-gardes historiques en réaction aux nombreux bouleversements sociopolitiques et esthétiques à l’aube des deux guerres mondiales. Alors que les signataires des
manifestes dits « fondateurs » des mouvements futuriste, dadaïste et surréaliste se sont vu arroger
le titre de « chef de file » dans la foulée de leur publication, la faible participation des femmes dans
leur élaboration est remarquable, se limitant tout au plus à une co-signature (comme dans le cas de
Sophie Taeuber et du manifeste Dada-Zurich). Or, nombreuses sont les autrices et les artistes à
avoir investi ce genre mêlant création et théorie dans une volonté de négocier avec la pensée
dominante d’un mouvement avant-gardiste donné et – cela va sans dire – avec les conventions
littéraires et esthétiques institutionnalisées.
Observer leurs productions dans une approche à la fois féministe et rhétorique montre que
les femmes signataires investissent singulièrement cette écriture marquée par la provocation et la
violence verbale. Elles forcent ainsi la redéfinition des trois principes fondateurs du geste
manifestaire : l’opposition, l’imposition et le regroupement. En résultent des programmes
polémiques en réaction explicite aux manifestes officiels ainsi qu’à d’autres consacrés à la défense
et à l’illustration d’une pensée artistique qui se veut plus indépendante des textes signés par des
hommes. En se mettant elles-mêmes en scène, les créatrices incarnent des positions de dissociation par rapport à certaines idées, valeurs ou pratiques scripturaires et artistiques défendues plus largement dans l’un ou l’autre des mouvements. Dès lors, le manifeste devient le lieu d’une réelle performance de soi rendant possible l’appropriation par les femmes de ce genre historiquement investi par les hommes pour l’adapter à un discours qui s’inscrit dans une marginalité complète. / The genre of the manifesto is linked to the cultural history of the first half of the 20th century
with the historical avant-gardes, in reaction to the numerous socio-political and aesthetic upheavals
at the dawn of the two world wars. While the signatories of the so-called « founding » manifestos
of the Futurist, Dada and Surrealist movements were given the title of « chef de file » in the wake
of their publication, the low level of participation by women in their elaboration is remarkable,
limited at most to a co-signature (such as Sophie Taeuber with the Dada-Zurich manifesto). Yet
many female authors and artists have taken up this genre, which combines creation and theory, in
a desire to negotiate with the dominant thought of a given avant-garde movement and – it goes
without saying – with institutionalized literary and aesthetic conventions.
Observing their productions from both a feminist and a rhetorical perspective shows that
the women signatories are singularly invested in this form of writing marked by provocation and
verbal violence. In doing so, they force a redefinition of the three founding principles of the
manifesto gesture: opposition, coercion and grouping. The result is polemical programs in explicit
reaction to official manifestos, as well as others devoted to the defense and illustration of an artistic
thought more independent of texts signed by men. By putting themselves on stage, women creators
embody positions of dissociation from certain ideas, values or scriptural and artistic practices
defended more broadly in one or other of the movements. From then on, the manifesto becomes
the site of a real self-performance, making it possible for women to appropriate a genre historically
invested by men and adapt it to a discourse that is completely marginal.
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« Quelque chose en moi n’a jamais été là » : écriture de la dépersonne dans Putain, Folle et À ciel ouvert de Nelly ArcanFlipot Meunier, Gabrielle 08 1900 (has links)
Les trois premiers récits de Nelly Arcan présentent des narratrices (Putain, 2001 ;
Folle, 2004) et des protagonistes (À ciel ouvert, 2007) habitées par un état d’absence à soi
et au monde. Paraissant n’être jamais tout à fait là, elles ont en commun une présence au
monde spectrale ainsi qu’un sentiment de vacuité dont émerge le désir de pousser à son
paroxysme l’effacement de soi. C’est à ces personnages féminins dont la subjectivité paraît
rompue d’emblée que s’intéresse ce mémoire, en proposant de qualifier cet état trouble de
« dépersonne », terme employé par Marguerite Duras pour décrire l’héroïne de son roman
Le ravissement de Lol V. Stein (1964) avec qui les personnages d’Arcan partagent plusieurs
ressemblances mais aussi certaines divergences. Il s’agira d’interroger, dans une perspective féministe et à la lumière des concepts psychanalytiques de l’inquiétante étrangeté et du stade du miroir, les manifestations et
conséquences de la « dépersonne » en postulant qu’elles s’articulent principalement autour
du rapport qu’entretiennent ces figures féminines à leur corps-objet et à l’altérité. Il sera
question du décalage entre la conscience et le corps que produit « l’acharnement
esthétique » qui cristallise l’image d’un vide intérieur et inscrit sur le corps et dans la
psyché le paradoxe spectral d’une présence/absence. De cette obsession du corps naît
également une difficulté à se différencier de l’autre féminin, de sorte que se profilent
l’inquiétante figure du double ainsi qu’une conception sérielle de la féminité, lesquelles
compliquent un rapport à autrui déjà fragilisé par un besoin désespéré, chez ces
personnages, d’être vues et désirées, comme pour éprouver leur propre réalité sans cesse
remise en doute. / Nelly Arcan’s first three publications feature narrators (Putain, 2001; Folle, 2004) and
characters (À ciel ouvert, 2007) afflicted by a state of absence from themselves and the
world. Seemingly never quite there, they share a spectral presence, and a sense of
emptiness from which emerges a desire to bring their self-effacement to its completion.
This dissertation focuses on these female characters whose subjectivity seems fractured
from the outset, proposing to name this troubled state “dépersonne”, a term used by
Marguerite Duras to describe the protagonist of her novel Le ravissement de Lol V. Stein
(1964), with whom Arcan’s characters share many similarities but also some divergences. From a feminist perspective, and in light of the psychoanalytical concepts of the uncanny and the mirror stage, this research will examine the manifestations and
consequences of this “dépersonne”, postulating that they mainly revolve around these
female figures’ relationship to their bodies and to others. It will analyse the offset between
the conscience and the body that is produced by the relentless work the characters operate
on their physical appearance, which is called by Arcan “l’acharnement esthétique” and
which crystallizes the image of an inner void and inscribes on the body and psyche the
spectral paradox of a presence/absence. This obsession also creates a difficulty in
differentiating oneself from the feminine Other: this evokes the troubling figure of the
double and a serial conception of femininity, both of which complicate a relationship to
alterity that is already fragilized by a desperate need in Arcan’s characters to be seen and
desired, as to test their own reality constantly called into question.
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